samedi 20 mars 2010

Flirt avec la crise

En ce moment, ma vie est essentiellement tournée vers une seule chose : ma grossesse.
Je sais.
J'avais juré que jamais, Ô grand jamais, je ne ferai comme toutes ces futures mères à ne penser qu'à ça, tous les jours, toute la journée...
Du coup, je ne voudrais pas non plus que ce blog devienne un blog maman-couche-qui-montre-les-petits-petons-de-son-rejeton, même si parfois, j'ai envie de crier à la terre entière que ça y est, je suis enfin fière d'être enceinte, que j'assume complètement maintenant, et que je suis impatiente de savoir si c'est un garçon ou une fille qui me file des coups de latte à l'intérieur de mon utérus.

Bref.

J'ai donc repris le boulot il y a 15 jours, et je dois dire qu'il a fallu que je me refasse un peu la main avec les chieurs élèves difficiles.
Ils m'ont contrainte à donner au moins 3 heures de colle dès le lundi de la rentrée... nanméo, quoi, merde, c'est moi, Kanou, ils savent qu'il ne faut pas rigoler avec moi.
Bon.
Je pense qu'il y a également le facteur hormonal qui entre en jeu, et il va falloir que je me contienne pour ne pas partir au quart de tour (t'as vu, je ne peux pas faire autrement que d'en parler !).
Et puis il y a eu ce départ de feu au dernier étage du collège, l'alarme qui n'a pas fonctionné, les portes coupe-feu qui ne se sont pas refermées, et les élèves et les profs qui auraient pu griller si une super surveillante n'était pas passée par là (non, ce n'est pas moi... j'ai perdu mes galons en chopant une hépatite : une super surveillante vient bosser même lorsqu'elle est à l'article de la mort, ça force le respect chez les élèves et la direction) et avait éteint le feu à mains nues avec l'extincteur le plus proche. D'ailleurs, laisse-moi te dire que c'est dégueulasse sur le lyno maintenant, la neige carbonique !

Les profs sont à bout, même après 15 jours de vacances, la faute à des élèves ingérables et une direction qui remet sans cesse en cause leur travail d'enseignants.
La vie scolaire est à cran, après 2 mois de boulot en sous-effectif (il manque entre 2 et 3 postes à temps plein sur 7), la faute à des élèves ingérables et une direction qui ne prend pas la peine de recruter des assistants d'éducation pour enfin compléter l'équipe. Un des 3 CPE nous a même affirmé que ça ne servait à rien, vu qu'il ne restait QUE 3 mois et que ça faisait déjà 2 mois que l'équipe tournait comme ça.
Mais tout ça, c'est la faute de la crise, nous dit-on au rectorat... les situations économiques se dégradent, les parents sont perdus, ce qui se répercute sur les enfants, de la maternelle à l'université. C'est sûr que de supprimer 16 000 postes dans l'Éducation Nationale pour les remplacer par des étudiants à peine pubères, des retraités dopés au prozac ou des EMS (Equipes Mobiles de Sécurité... tu sais, ce sont des flics qui surveillent les entrées et sorties des établissements au cas où des élèves tenteraient d'introduire quelque objet contondant... ), ça va changer la donne de la violence à l'école.
J'espère que mardi prochain, journée de grève interprofessionnelle, la vie scolaire sera mobilisée... pas forcément en grève étant donné notre salaire de misère (on ne va pas en plus d'être exploités et sous-payés laisser du fric à l'Etat non plus !), mais sous d'autres formes... débrayages, rétention d'informations, téléphone mort, arrêts de maladie (ben quoi, on n'est pas titulaires... faudrait pas non plus se foutre dans la merde plus qu'on ne l'est déjà, hein !).
Moi, au lieu d'aller à la manif (pour Paris, départ 14h, République-Bastille-Nation) pendant mon jour de décharge syndicale, je serai à ma première séance de préparation à l'accouchement avec une sage-femme haptonome. Tu vois, j'y peux rien, j'suis obligée d'en parler !

Mais en dehors de ça, de la crise, des tensions, tous ça, la plupart des élèves sont adorables. Vu qu'à la fin de mon quatrième mois de grossesse (chut), ça commence à se voir, et qu'avec la chaleur tropicale qui s'abat sur la région parisienne depuis deux jours une semaine, finis les gros pulls amples, bonjour les petits t-shirts près du corps (mais pas trop, parce que les plus petits sont trop petits... ma poitrine prend plus de place en haut, du coup, j'ai le bide à l'air, et ça, pas moyen). La nouvelle s'est répandue comme une traînée de coke poudre chez les élèves, qui viennent me voir dans la cour, dans les couloirs, à la cantine, en petit comité d'enquête :
- C'est vrai Kanou que t'es enceinte ?
- Ben oui, pourquoi ça ne serait pas vrai ?
- Rho lala, ça s'voit pas ! C'est pour ça que t'étais pas là ?
- Ben non, j'étais malade, j'ai eu une hépatite A, c'est un v...
- T'as eu la grippe Aaaaaaa ?
- Non. L'hépatite A. C'est un virus qui touche le foie. Ça donne une jaunisse et ça fatigue beaucoup. Mais maintenant, je suis guérie, et en pleine forme, donc : retournez vous ranger/dans la cour/vous asseoir (au choix).

En gros, voilà à quoi se résument les enquêtes des élèves... quelques questions autour du bébé, garçon ou fille, de la date d'accouchement, mais ça s'arrête souvent là.
Lily Rush a encore de beaux jours devant elle niveau investigation.
Il ne manquerait plus qu'ils me demandent comment on fait les bébés, ou si le futur papa est content ! Et ma vie privée, alors ?

Bientôt, il faudra que je te parle de nos nouveaux projets anti-crise avec MaB !

samedi 6 mars 2010

Recherche styliste désespérément

Ça ne va pas du tout... un mois sans billet, c'est du gros foutage de gueule.
Il faut dire que de végéter sur un canapé toute la journée, devant la Ferme, les Jeux Olympiques ou l'intégrale de Dexter, en attendant que mon foie se remette, ça ne casse pas trois pattes à un canard boiteux. Même, ça lobotomise un petit peu.
Mes seuls liens avec l'extérieur étaient la mailing liste du syndicat (j'avoue... j'ai pratiqué le télé-travail depuis 2 mois), mes visites à la supérette du coin (je me suis fait draguer suis devenue presque pote avec le vigile, d'ailleurs) et le rendez-vous quotidien avec l'infirmier pour la piqure d'anti-coagulants de MaB.
Tu comprendras que j'aie passé sous silence cette période trépidante de ma vie.
Mais là, un mois, c'est trop. Et puis je reprends le boulot lundi, après un arrêt depuis le 18 décembre, ça va me faire bizarre de retrouver mes petits sauvageons (au collège, parce que dans la rue, chez le boulanger, au supermarché, dans le bus, ils ne m'ont pas quittés !)... j'ai loupé quasi un trimestre, et ça ne m'a pas manqué... c'est fou, non ?
Passons, je te dirais si je me fais arrêter jusqu'aux vacances de Pâques la semaine prochaine !

L'événement de ces deux mois passés à ne rien faire à part attendre que l'hépatite passe, en dehors de l'achat du soutien-gorge grande taille, reste sans doute la recherche d'un pantalon de grossesse... la mission suprême, la quête du Graal, la lutte finale... une vraie galère.
Pour m'accompagner, j'avais mandaté ma mère (qui n'avait plus fait ça depuis au moins 15 ans, après, elle avait lâché l'affaire d'essayer de choisir des habits pour sa fille, et surtout, de supporter des heures interminables d'essayage avant de trouver LE jean qui tombait bien...)(je ne suis pas très shopping depuis cette période... j'ai un modèle de jean, et ça me suffit... je vais dans la boutique, je cherche ma taille, et je m'arrache). Vu qu'elle avait décidé de m'offrir quelques fringues de grossesse, ça tombait bien qu'elle voit le résultat directement sur la bête !
Donc nous voilà parties vers LA rue commerçante de la ville à côté de notre villégiature (oui, je finis mon arrêt de travail par 15 jours de vacances, il faut ce qu'il faut).
Rien.
Que des boutiques de fringues pour enfants, ados ou adultes anorexiques.
Une vendeuse nous fait remarquer que le H&M de la galerie commerciale a un "super" rayon pour future maman. Je te laisse imaginer le cadre : galerie commerciale d'une petite ville bretonne, touchée de plein fouet par la crise économique depuis plusieurs années, associée à des bandes de jeunes désœuvrés... un vigile devant les cabines d'essayage. Je ne fus pas dépaysée, ça ne m'a pas changé des centres commerciaux de la banlieue parisienne !
Qu'à cela ne tienne : j'ai essayé une dizaine de futals (futaux ?) dans une chaleur étouffante. Et là, j'ai pu constater que la majorité des femmes enceintes n'avait jamais, au grand jamais, fait fonctionner les muscles de leurs cuisses... Donc, même si j'ai trouvé des pantalons pas trop "girly", aucun ne m'allait... pour faire passer les cuisses, la taille était trop large, donc un sac ou ça, il n'y aurait pas eu grande différence.
Étape deux : la zone commerciale à la sortie de la ville. Aubert, Bébé neuf, Natalys... pas d'habit. J'ai fini par atterrir chez Gémo en désespoir de cause, et à ma grande surprise, j'ai trouvé, enfin, un modèle assez ample au niveau des cuisses, et bien ajusté à la taille. Le seul hic, c'est que c'est du lin, et que je vais devoir attendre que les journées se réchauffent un peu avant de le porter sans caleçon long en dessous !!
Bon, là je te raconte ça avec une certaine désinvolture, mais sur le moment, j'étais au bord des larmes dans les cabines d'essayage au douzième pantalon (j'ai attendu d'être à la maison pour vraiment ma lâcher sur l'épaule de MaB... bouhouhou... j'suis difforme... j'rentre dans rien... comment j'vais faire... j'peux pas aller bosser en jogging ou en boubou... bouhouhou)(tu vois le genre, les hormones, tout ça).
Pour me rendre compte hier soir que le jean de grossesse La Redoute offert par Belle-Maman me va comme un gant, même en longueur... blasée je suis.

Mais bon, cette petite aventure m'a fait penser qu'il n'y avait pas de boutique pour butch enceinte, et ça, c'est carrément un bon créneau par les temps qui courent... enfin disons que ça m'aurait grandement facilité la tâche.
En temps normal, je me sape plutôt chez les hommes : un jean 501, des t-shirts plus ou moins près de corps, polaire ou gilet unisexe. Au niveau de la carrure, je n'ai pas trop le choix : avec le jean, Belle-Maman m'a également offert une blouse... entre les épaules de nageuse est-allemande et mon opulente poitrine, le 46 de La Redoute est trop étroit en haut, beaucoup trop large en bas... un sac en coton. Je n'ai pas pleuré cette fois là.
Le truc, c'est qu'il n'y a pas encore des vêtements de grossesse dans les rayons masculins...
Et je ne sais pas à quoi pensent les stylistes lorsqu'ils créent une ligne de prêt-à-porter, mais ils doivent se dire que les femmes enceintes sont des êtres à part et qu'il faut absolument mettre leurs formes en valeur, avec des trucs hyper féminins, limite obscènes, et surtout trop ringards (même chez H&M)(ou alors je n'ai peut-être pas suivi le cours de la mode féminine ces dernières années...). Et que j'te mets du rose, et que j'te mets du cache cœur, et que j'te mets du pantalon de yoga en velours synthétique que même pour les cours de préparation à l'accouchement j'le mettrai pas, et que j'te mets des bandeaux de ventre bariolés, et que j'te mets des décolletés plongeants à la limite de l'indécence (j'assume mon nouveau corps de mieux en mieux, mais de là à dévoiler la profondeur de mon décolleté, je ne suis pas super à l'aise encore), et que j'te mets de la matière synthétique à tout va (lorsque tu as une transpiration abondante comme moi, le nylon c'est l'horreur... un bon vieux coton, y'a que ça de vrai).
Je vais devoir me résigner à porter des trucs de fille (peut-être même que je me laisserai tenter par une robe par dessus un legging court)(nan, j'déconne, je n'ai pas craqué à ce point, même si je m'apprête à me lancer dans le tricotage d'un pull en laine pour MaB)(ouais, carrément... cherche pas, ce sont les hormones, je ne peux rien y faire)... à moins qu'enfin, une boutique de fringues "spéciale lesbienne enceinte" ne fasse son apparition dans les semaines à venir.
Même sur internet, je suis preneuse.
On ne sait jamais, les miracles existent, non ? Surtout, ça m'éviterait une visite impromptue au Kiabi près de chez moi... il parait qu'il y a un rayon grossesse "super sympa".
Donc toi, la styliste des pages future maman de La Redoute, de chez H&M (utilise un traducteur, je ne parle pas encore couramment le suédois), de chez Gémo, ou de tout autre ailleurs, entend ma complainte : des fringues masculines, en coton, avec la place pour mettre un 100E et un tour de ventre supérieur au mètre...