mardi 27 juillet 2010

Puissance 3

En ce début de dernier mois de grossesse, avec MaB, il nous a semblé bon, dans la liste des dernières choses à faire avant la ponte, de nous rendre à la mairie pour faire une reconnaissance anticipée de Sapinou.

Bon.

Au fil des nos lectures forumesques et bloguesques sur la question, pour que MaB puisse aller déclarer (et non pas reconnaître, rien à voir) Sapinou dans les trois jours suivant la naissance, nous avions vu qu'il fallait qu'elle soit munie de cet acte de reconnaissance anticipée, de sa pièce d'identité et de l'attestation de présence à l'accouchement fournie par la maternité.

Forcément, en tant que novices en la matière, nous étions un peu approximatives, et n'avions pas toutes les armes pour un combat équitable contre cette machine de guerre qu'est l'administration...

Nous nous sommes pointées dans la mairie de notre lieu d'habitation.
Service d'état civil un lundi à 15h, ticket 183, 2 secondes 30 d'attente.
Je décline mon identité, explique que je souhaite pré-déclarer mon futur, le tout à une adjointe-administrative qui a l'air coincée du cul.
Et c'est là que je pose THE question qui nous brûlait les lèvres : lorsque MaB, ma COMPAGNE, viendra déclarer NOTRE fils, sera-t-il possible d'inscrire sur l'acte de naissance que le tiers déclarant est la COMPAGNE de la mère ?
L'adjointe me regarde gênée en souriant, sans rien dire (j'avais envie de lui dire qu'il fallait qu'elle se détende, et que je n'allais pas la violer tout de suite sur son bureau), puis appelle sa collègue à l'aide pour nous répondre.
Sa collègue, plus jeune, apparemment moins coincée, nous explique que :
- pour tout le monde c'est comme ça, oncle, tante, voisine, sage-femme, beau-père, compagne, c'est "tiers déclarant" ;
- que de toute façon, si c'est la maternité qui déclare, l'acte de naissance est signé par des agents de service (je crois bien qu'elle a même dit agent d'entretien... alors qu'il faut être présent à l'accouchement...)(je n'aimerai pas trop qu'un agent d'entretien soit dans la salle d'accouchement le jour J à me mâter le cul à l'air...) ;
- et puis au final, en regardant MaB droit dans les yeux, un enfant ne peut pas avoir 2 mamans, et que MaB n'était rien juridiquement pour Sapinou.
Elle n'a surtout rien voulu entendre lorsque je lui ai demandé expressément de formuler une requête auprès de l'officier d'Etat-Civil (en lui faisant bien comprendre que non, elle ne faisait pas la loi, elle, la secrétaire de mairie), pour justement savoir si cela était possible, de manière totalement symbolique.
Pour l'anecdote, et c'est cela qui m'a mis la puce à l'oreille de sa connerie, elle nous a affirmé que si l'on voulait une reconnaissance de notre couple parental, MaB pouvait faire une demande d'adoption... j'ai ri à l'intérieur de moi (non parce qu'à l'extérieur, j'évite en ce moment, surtout en public, parce que soit j'ai un besoin irrémédiable d'uriner, soit j'ai une petite contraction, de rien, mais contraction quand même).
Bref.
Connasse puissance 1.

Mais puisque nous étions sur place, nous en avons profité pour demander :
- si il était possible de faire une célébration de PACS en mairie, symbolique puisque la signature se fait au tribunal, étant donné le bord politique du maire et des engagements de son parti ;
- si le parent social pouvait signer l'acte de parrainage civil à la place du sacro-saint père, qui de fait, dans notre histoire, n'existe pas.

Pour le PACS, on ne change pas une équipe qui gagne : "ça ne s'est pas encore fait... et puis honnêtement, il y a déjà tellement de mariages à célébrer que de rajouter encore du travail en plus, ça ferait trop... mais ça n'a rien à voir avec la politique". Mouais. Je crois que nous allons nous fendre d'un petit courrier au maire communiste avec un rappel des engagements LGBT de son parti, le Parti Communiste Français, parce que ça n'est pas tout de défiler à la Marche des Fiertés pour differ des tracts et des autocollants colorés, il faut que ça suive dans les actes.
Connasse puissance 2.

Pour le parrainage civil, elle nous a rétorqué que de toute façon, ça n'avait, là encore, aucune valeur juridique, mais que légalement, un "tiers" autre que le père ou la mère ne pouvait signer l'acte de parrainage... mais ça, on le savait. Entre nous, c'est un peu du foutage de gueule : soit le parrainage a une valeur juridique, soit il n'en a pas... et s'il n'en a pas, pourquoi se prendre la tête avec des histoires de légalité sur qui va signer l'acte ?? Juste au niveau symbolique, nous voudrions que MaB apparaisse en tant que parent... Elle a même osé nous conseiller de mettre MaB comme marraine ! M'enfin ?! Elle est mère, pas marraine ! Là aussi, un petit courrier au maire fera peut-être l'affaire... et puis si ça ne passe pas, en plus de dénoncer cette pratique discriminante à qui voudra bien l'entendre (région, département, instance nationale, et soyons folles, pourquoi pas la presse LGBT ?), nous ferons ça en Bretagne, dans le petit village familial, socialiste actuellement, où j'ai moi-même été parrainée civilement il y a près de 30 ans
Connasse puissance 3.

Sur le coup, j'étais tellement dans l'euphorie de déclarer mon fils à la mairie que je n'ai pas vraiment réagi aux propos plus que limites de cette connasse secrétaire de mairie.
Et puis, en sortant, lorsque je me suis rendue compte que MaB était au bord des larmes, j'ai compris que la petite phrase sur la valeur juridique de son engagement parental l'avait profondément blessée. Limite, j'ai presqu'eu envie d'y retourner seule pour lui mettre le cerveau à l'envers et lui faire comprendre que ça n'est pas au petit personnel de mairie de faire des jugements de valeur sur les situations familiales des administréEs et d'interpréter à sa sauce la loi...

Tout ça pour nous rendre compte qu'au final, la déclaration de Sapinou ne se ferait pas à la mairie de notre domicile, mais dans celle de la maternité.
Nous sommes donc bonnes pour reposer la question de la déclaration de naissance dans la mairie de la maternité... peut-être même que nous allons demander à parler directement à l'officier d'État Civil, histoire d'avoir à faire à quelqu'un de compétent.

Puissance 4 ?

Sinon, tant pis... on se remettra de la valeur symbolique de cette déclaration, MaB sera tout de même inscrite sur l'acte intégral de naissance en tant que tiers déclarante, et pour nous, c'est déjà symbolique.
Au final, ce qui importe, c'est ce que l'on vit, pas les symboles, même si ça peut parfois faire avancer les choses !

samedi 17 juillet 2010

Son cul sur la commode

Dans l'épreuve de marathon qu'est la grossesse, après la quête du matériel puéricole indispensable, il y a l'étape "aménagement du nid".

Au départ, nous avions choisi un modèle de lit assorti à une commode-table à langer auprès des parents de MaB. Jusque-là, tout roulait : la livraison a eu lieu mi-juin, avec un petit matelas et une petite couette en plus.
Sauf (oui, forcément, sinon, ça n'est pas drôle !) qu'en déballant un des paquets, nous nous sommes rendues compte qu'en fait, le perlin pin peint en blanc façon lasure, ça n'allait pas du tout avec les meubles laqués blanc des suédois. C'en était même moche, c'est dire !!
Du coup, forte de cet argument esthétique imparable, MaB a négocié un échange express de modèle avec ses parents : validé.
Il a donc fallu contacter le SAV pour demander un échange, avec reprise des colis antérieurs et livraison des nouveaux assez rapidement.
Avec un SAV situé au Maroc, un service de livraison près de Roubaix, et un stockage dans une zone industrielle du sud de Paris, je trouve que nous ne nous en sommes pas trop mal sorties : en moins de 15 jours, le tour était joué.

Donc, la première étape de l'aménagement du nid, c'était la construction de cette commode-table à langer en kit pas suédois (tu verras que cette précision a toute son importance par la suite).
Avec les grosses chaleurs et les quelques contractions pas vraiment inquiétantes mais tout de même, la maternité m'avait conseillé de rester tranquille jusqu'à mi-juillet.
J'ai donc respecté ces conseils à la lettre : ce n'est que le 15 que nous nous sommes lancées dans cette grande aventure.
Oui.
Nous.
Parce que j'ai appris à me laisser aider.
La mission de MaB : me soutenir moralement, et accessoirement, me passer les vis et autres chevilles.


Bon.
Déjà, ça ne commençait pas terrible : sur la première page du mode d'emploi, à côté des références et des outils nécessaires, se tenaient deux silhouettes d'hommes, des polytechniciens, français, j'en suis sûre (je ne dis pas ça parce que je ne les aime pas hein, mais il faut avouer que ce genre d'individu a l'esprit vraiment mal tourné lorsqu'il s'agit de créer des modes d'emploi... même pas sûre qu'ils sachent eux-mêmes monter leurs meubles... tandis que les suédois, rien à voir... clair, simple, concis, et démontable à volonté) pour 1h de montage.
A deux nanas, dont une blonde enceinte et une brune pas du tout motivée, je me suis dit qu'on allait y passer la nuit.
Qu'à cela ne tienne, je ne me suis pas laisser intimider, n'est pas butch qui veut : ça n'est pas un lego-technic grandeur nature qui va me faire peur !
MaB en a déjà marre, elle ne fait pas la différence entre les vis D et les chevilles H.

Nous avons commencé aux alentours de 17h. Ce casse-tête nous a tout de même menées jusqu'à 19h30-20h, mais je n'ai rien démonté-remonté suite à une erreur d'inattention : lentement, mais sûrement. MaB était au bord de la syncope tellement ça l'a saoulée, et moi, j'ai failli ne pas réussir à me relever de la moquette (j'ai finalement réussi, mais ce fut, là aussi, quasi épique), terrassée par une pute de crampe au fessier.
Je peux te dire que nous étions fières de nous : tous les éléments étaient utilisés (il ne restait pas une petite pièce de rien, que tu te rends compte qu'il fallait l'utiliser sur l'étape 6, et qu'il faut démonter les étapes 8 et 9 que tu as mis une plombe à comprendre sur le schéma abscons...), et la commode-table à langer se tenait là, solide et stable (même Xynthia n'aurait rien pu contre elle, tellement elle est massive).

Bé oui.
Tellement massive que du coup, elle ne tient pas là où elle est sensée être dans la chambre... il manque genre 15 cm.
Et puis ça fait trop tassé.
Et du coup, ça ne met pas en valeur le berceau.
Il va falloir qu'on joue à Tétris encore un peu : un lit 1 place et une étagère suédoise basse blindée d'encyclopédies et de livres savants du temps où j'étais géographe...

Sinon, on gère !
L'étape "layette lavée repassée prête-à-porter" est en cours de finition (c'est fou d'ailleurs de voir comme c'est petit, et qu'un jour j'ai pu rentrer dans ces petites grenouillères conservées précieusement par ma mère)(ça m'a fait un peu halluciner d'ailleurs de constater que ma layette était toujours intacte et pas si ringarde que ça - à part quelques brassières en laine complètement kitchs - 30 ans après !).
L'étape "décoration du nid" est sur le point d'être presque démarrée (il faut juste que nous choisissions la couleur du papier peint et que nous trouvions une bonne âme pour nous filer un coup de main, mais ça ne saurait tarder vu que c'est l'affaire d'une après-midi).
L'étape "dernière ligne droite" ne va pas tarder non plus à arriver !

dimanche 11 juillet 2010

Et si ...?

Si mon congé de maternité commence officiellement aujourd'hui, voilà déjà presqu'une semaine que je suis en vacances.
Presqu'une semaine où je n'ai plus qu'à me préoccuper de ce qui va arriver dans un peu plus d'un mois, là, tu sais, le petit paquet qui va me faire douiller ma vie et que l'on va me déposer sur le ventre, encore tout violacé...
Bon. Et évidemment, de ne penser plus qu'à ça, forcément, ça finit par devenir une obsession, voire même, j'ose le dire, une source non-négligeable d'angoisse profonde.

Faut-il vraiment un nid d'ange pour sortir de la maternité en plein mois d'août ?
Et si les petits habits en 50 cm sont trop petits ?
Et ceux en 54 cm sont trop grands ?
Pas assez/trop chauds ?
Va-t-il passer ses journées en body/pyjama le premier mois ?
Est-ce qu'un pyjama d'allaitement sera vraiment nécessaire, ou un t-shirt suffira ?
Est-ce que la chambre sera prête à temps ?
La déco sera-t-elle au point ?
Oui mais laquelle ?
Ambiance maritime, version bleu de la mer et petits bateaux ? C'était notre idée de départ, mais au final, tout cela nous parait un peu cul-cul...
Ambiance savane, version vert et jaune des hautes herbes, girafe et éléphants ? Cette idée s'est développée au fur et à mesure de nos recherches décos... surtout depuis notre découverte d'un tour de lit assorti à une gigoteuse en tissu wax...
Un sticker ?
Du papier peint ?
Oui, mais lesquels/où/quand ?
Est-ce qu'on va finir par trouver un doudou pas gnangnan ?
Et le mobile, hein, comment on l'accroche si on n'a pas de potence ni de boitier à musique ?
Les produits de toilette et de soins de bébé sont-ils à acheter maintenant ou un peu plus tard ?
Quel lait en poudre si je n'arrive pas à allaiter ?
Et si l'échographie de contrôle de croissance de la semaine prochaine prescrite pendant la visite du 8è mois était annonciatrice d'une mauvaise nouvelle ? (ce qui fait que par la même occasion, je dois rester sur Paris, et non plus partir en Bretagne pour profiter un peu de la fraîcheur Costarmoricaine)(et là, j'ai chaud, très chaud, je gonfle, j'ai soif, je me traîne...)
Et si je panique complètement pendant l'accouchement, que va-t-il se passer ?

Et puis MaB qui flotte de plus en plus sur un petit nuage pendant que mon cerveau cogite nuit et jour pour tenter de non-répondre à toutes ces questions... lorsque j'évoque une question, j'ai l'impression que ça ne lui avait pas effleuré l'esprit jusqu'à ce que je lui en parle.
Ça me fait encore plus stresser ; j'ai peur qu'elle n'appréhende pas vraiment l'arrivée de ce bébé dans le concret... dans les couches sales, les renvois de lait caillé sur l'épaule et la désinfection du cordon ombilical... mais plus dans le fantasme de l'affectif (qui sera réel, ça n'est pas la question, et bien sûr que moi aussi, je suis en plein dedans ce rêve éveillé, hein !). Et que du coup, elle ne prenne pas d'initiatives dans les soins de cet enfant... comment il faut faire, et là, je fais comment, tu crois que.

Sans compter le dernier grand coup de ma mère, qui nous a avancé 300€ pour l'achat des derniers objets "techniques" (biberons, chauffe-bireron, stérilisateur, tire-lait, coussinets, thermomètre, mouche-bébé, transat, écharpe de portage...). Somme qu'est sensé me rembourser mon père, une fois prévenu des achats. Sauf qu'au lieu de me laisser appeler mon père comme une gentille fille que je suis, ma mère s'est empressée de lui envoyer un mail mensonger dans lequel elle lui demandait de lui rembourser immédiatement l'intégralité de la somme (je te passe les détails de l'acte 3-scène 5 en accompagnement). J'ai donc du appeler mon père ('fin, là, j'ai été lâche, et j'ai laissé MaB s'en occuper, d'une main de maître...) pour lui expliquer le pourquoi du comment, et jurer que jamais, ô grand jamais, nous n'avions eu l'intention de lui imposer quoique ce soit.
Grosse contrariété.
Acidité gastrique.
Grosse contraction.
Ou deux.

Bref.

Je suis au bord de la crise, là (voir même, en plein dedans, à certains moments).

Lorsque j'ai parlé de tout ça à la psy qui nous suit avec MaB à la maternité, elle m'a renvoyé vers la PMI la plus proche de chez moi.

Mouais.
Je pourrai poser toutes mes questions techniques concernant les tenues vestimentaires et le matériel en tout genre.
Mais la sage-femme ne va pas me conseiller sur le choix de mon papier peint ou sur l'ambiance décorative de la chambre...
Ni sur le paiement de mes indemnités de maternité à la fin du mois de juillet, qui, forcément, vont arriver bien plus tard qu'en temps et en heure (4 semaines de délais en plein été, c'est trop court comme délais pour la sécurité sociale... au mois de janvier, ça a presque pris 8 semaines... mais c'était pour un simple congé de maladie).

Le pire dans tout ça, c'est que je ne peux ni faire passer ça avec un coup à boire ou à fumer, ni évacuer tout ce stress par un effort physique modéré à intense, ni même tenter une bonne marche active (des contractions en plein pic d'ozone, ça le fait moyen)... la seule alternative reste le bain... et figure-toi que c'est relativement efficace, sauf sur les doigts fripés et la peau qui se dessèche à cause du chlore et du calcaire (mais je ne vais pas me prendre des bains au lait d'ânesse ou à l'eau minérale).
Même que je trouve que 37°C, ça n'est pas si chaud, et que 34°C, c'est un bain frais.

Il va falloir que je m'occupe un peu l'esprit à autre chose pendant les quelques semaines qui vont venir, sinon, en plus d'être absolument imbuvable avec MaB, je vais me préparer un bon petit pétage de câble postpartum.

Ça non plus, hein, les femmes enceintes soit disant épanouies n'en parlent pas de ces angoisses qui surviennent dans les dernières semaines.
Et rien pour rassurer celles qui osent en parler... limite elles passent pour des extra-terrestres à stresser comme ça, pour si peu.
Ça m'étonnerait que leur gentil mari assure plus que MaB (parce que la Matmut MaB, elle assure, grave même)(non je ne dis pas ça ma chérie pour que tu ailles me chercher un croissant pour fêter le début de mon congé de maternité ou l'entrée dans ma 34ème semaine de grossesse).
MaB, tu peux la réveiller en pleine nuit pour qu'elle te fasse un câlin parce que tu as rêvé que ton fils était nain.
Tu peux même la réveiller à 5h du mat' pour qu'elle te prépare un petit-déjeuner parce que, même si tu es encore épuisée, tu as si faim que tu ne peux te rendormir l'estomac perclus de crampes.
Cerise sur la gâteau, elle peut même t'aider, à pas d'heure, à étendre la lessive du matin oubliée dans la machine.
Et ça, je peux te dire que c'est assurer grave, dans mes critères de meuf qui assure.

Voilà. C'est ça ma vie de desp'rate pregnant-wife... j'espère que ça ne va pas trop traîner, parce que c'est un peu usant.

mardi 6 juillet 2010

L'après-midi du grand soir, round 3

Enfin, c'était plutôt ce matin... et de grand soir, ça n'en avait plus vraiment la saveur.

Pour les deux premiers épisodes, c'est et.

La fatigue de la grossesse, la fin des six années de contrats pour certains autres représentants syndicaux, le stress des résultats de concours et/ou d'examens pour d'autres.
Bref, nous n'étions pas vraiment autant au taquet qu'il y a un mois.
Mais nous étions tous présents, histoire de faire honneur à cette commission paritaire spéciale "questions diverses".

Cette fois-ci, le Rectorat avait sorti le grand jeu. Non pas pour assouvir nos revendications, mais pour mieux endormir nos velléités syndicales par de la communication bien rodée.
Après le Directeur des ressources humaines, puis son adjointe, cette dernière CCP de l'année fut présidée par le Secrétaire Général du Rectorat.
Pour les néophytes, c'est le mec juste en-dessous du Recteur.

Bon.
Même si certaines de nos exigences ont été entendues, le secrétaire Général nous a renvoyé dans les cordes pour la plupart de nos revendications visant à améliorer les conditions de travail des assistants d'éducation.
L'argument Mimi-Mathy passe-partout : ces revendications concernent une situation nationale, le Rectorat ne peut interférer auprès du Ministre pour changer les choses, ni même émettre un avis, c'est donc aux instances syndicales nationales de faire remonter cela jusqu'au ministère.
En gros, si la précarité existe, l'académie n'y est pour rien, il faut se plaindre directement au ministère.
Même, il s'est un peu foutu de ma gueule lorsque je lui ai balancé, légèrement agacée par 1h30 de consensus mou de communiquant, qu'il ne tenait qu'au Recteur de défendre les droits de ses personnels auprès de son ministre de tutelle, qu'il s'agissait même d'un positionnement politique.
En gros, j'ai, à demi-mot, sous-entendu que le Recteur était une petite fiotte à la botte de son maître.

Toujours est-il que nous avons tout de même obtenu un certain nombre d'engagements, qui seront effectifs, au plus tard, à partir du mois de novembre, comme :
- la fin des contrats de 6 mois éventuellement renouvelables, signés en début d'année (fini donc les périodes d'essai de 6 mois camouflées) ;
- le respect de l'ancienneté des assistants d'éducation pour le calcul de leurs droits, notamment en cas de congés de maladie, grâce à une petite note et une formation auprès des secrétaires d'établissements : ces dernièrEs feront les corrections sous la responsabilité des chefs d'établissements employeurs, en attendant que le nouveau logiciel, géré par des intervenants extérieurs (sous-traitance...), soit modifié ;
- l'égalité de traitement avec les autres personnels contractuels de l'académie, avec un maintien effectif du salaire en cas d'arrêt de maladie (et non pas une interruption du traitement, avec un délais de parfois plusieurs mois en attendant les indemnités de la sécurité sociale) ;
- et puis un Vade Mecum de 12 pages rappelant les droits et le cadre juridique de la gestion des assistants d'éducation, à destination des chefs d'établissements (pour les assistants d'éducation, walouh, z'ont qu'à se démerder !).

Pour le reste, je pense qu'il faudra revenir à la charge à partir de la rentrée :
- le secrétaire général a donné une nouvelle lecture de la circulaire autorisant les absences pour examens et concours sans récupération... genre les jours d'examens et/ou concours peuvent être décomptés des 200h de crédits formation (ce qui fait qu'au lieu de bosser 41h/semaine, les étudiants à plein temps ne bossent QUE 35h... si en plus tu dois rattraper tes journées d'absences pour concours et/ou examens, tu perds tout avantage à bosser dans l'Éducation Nationale en étant étudiant) ;
- aux situations de sous-effectif dans les vies scolaires, le Rectorat s'est défaussé sur le ministère qui attribue des enveloppes de fonctionnement limitée pour le recrutement des assistants d'éducation... lorsque l'enveloppe est vide, le Rectorat n'a plus de marge de manœuvre. En revanche, il est toujours capable de financer à hauteur de 10% les emplois aidés, en partenariat avec le pôle Emploi.

Voilà.
Nous nous sommes fait promener par une bien belle langue de bois.
C'est ça aussi l'apprentissage.
L'an prochain, il faudrait exiger que les engagements soient effectifs... sinon, peut-être qu'on tentera des actions plus "par le fait"... comme s'enchaîner aux grilles du Rectorat pour un blocage en bonne et due forme... ou un dossier au tribunal administratif pour obtenir certains salaires dus depuis le mois de janvier 2010 et qui n'ont toujours pas été versés, la faute aux erreurs de logiciel et/humaines.
Je verrai si les épreuves écrites du concours sont effectivement repoussées, et puis si Sapinou ne prend pas tout mon temps.

En attendant, maintenant, c'est vacances congé de maternité, j'oublie tout, ou presque !
A moi la layette, les stickers décoratifs et les exercices d'assouplissement du périnée !!

dimanche 4 juillet 2010

La première blague

Parce qu'il faut bien passer à autre chose progressivement, sache qu'à partir d'environ mardi midi, ma petite vie va tourner quasi-exclusivement autour de mon utérus et/ou de mes montées de lait.
Bon.
Nous sommes parées.
Plus que 2 ou 3 laies de papier peint à poser, une commode en kit à monter et de la layette à laver/repasser.
Sinon, le reste, c'est tout bon : poussette, baignoire, berceau, transat, biberons, tire-lait, mouche-bébé, thermomètre, stérilisateur.

Mais avant qu'Il arrive, le divin enfant Sapinou tant attendu, Il nous a fait sa première blague.
Rien de grave.
Juste 145 €.
Que je t'explique.

Mi-juin, nous avions tous rendez-vous pour l'échographie obligatoire des 32 SA (semaines d'aménorrhées). J'avais hâte de revoir notre têtard, depuis mi-avril, ça faisait long !
La veille, môssieur a décidé que c'était le moment de changer l'aménagement de sa chambre. Résultat : un ventre qui se gondole pendant une plombe, des contractions bizarres et un bébé la tête en bas, prêt à naître.
Manque de bol pour lui, c'était pas le moment. Il y avait encore 2-3 trucs à fignoler avant de sortir.
Donc le jour J, nous voilà parties vers une nouvelle rencontre. Dans un cabinet d'échographie conseillé par mon gynéco, histoire de faire vivre un peu les copains... pas vraiment convaincue de la qualité supérieure de la prestation, mais bon... il fallait bien les faire quelque part ces trois échographies obligatoires (pour la prochaine grossesse, nous ferons autrement, c'est sûr !).
Sapinou est donc mesuré de tous les côtés, c'est toujours un garçon, le cœur bat parfaitement bien, il y a tout ce qu'il faut là où il faut.
Sauf que, comme moi, ce bébé a hérité du gène familial des petits fémurs... des petites jambes et un grand buste. Donc les calculs que l'échographe a pu faire sont faussés par ce paramètre essentiel (déjà qu'il a essayé de me faire croire que j'étais enceinte depuis avant l'insé, compte tenu du très beau développement du foetus en début de grossesse... je me marre !). Et nous, on ne sait toujours pas si on doit acheter du naissance (50 cm) en plus du 1 mois (55 cm) déjà en stock.

Et puis vient le moment des photos souvenirs... parce que bon, à 145€, il y a moyen de se faire plaisir un peu, et en 3D dynamique s'il vous plaît !


Un petit profil classique.
Admire cette perfection dans les traits de son visage...
(quoi, je ne suis pas objective ???)

Mais c'est après que ça se corse !! N'est pas fils de bretonne qui veut !
Sapinou a d'abord commencé à tortiller du croupion, tant et si bien qu'il fut très difficile de fixer cette image en 3D...
Puis, il a décidé que 30 min à se faire mâter comme ça dans son intimité, ça allait bien : il s'est tourné progressivement, histoire que la sonde ne l'atteigne plus, ou alors très furtivement.
Et enfin, comble du comble, sentant que nous n'allions pas le lâcher comme ça aussi facilement, il nous a carrément fait un doigt a carrément planqué son visage derrière ses mains.
Voilà ce que ça donne.


Et comme c'est un petit blagueur, le lendemain, môssieur a de nouveau décidé de déménager, et de reprendre finalement sa position d'avant, en banane, comme dans un hamac, histoire de continuer à mettre des coups de boule dans le rein gauche de sa mère et des coups de pieds dans son rein droit. Et puis accessoirement, de faire un ventre complètement difforme (imagine toi un petit cul de 2kg dressé vers le ciel sous mon sein droit)(enfin, t'imagine pas non plus n'importe quoi, hein, sinon, je vais encore me faire engueuler par ma femme qui trouve que je suis une grosse chaudasse sous hormones). Plus rien dans la vessie et dans l'estomac, qui ne s'en portent pas plus mal.

J'attends donc qu'il se retourne une dernière fois avant qu'il n'ait plus de place pour le faire, et surtout, avant l'accouchement.
C'est dans six semaines.

jeudi 1 juillet 2010

Comment se faire avoir en 5 points

L'autre jour, j'étais carrément motivée pour présenter une motion au conseil d'administration de mon bahut, histoire que les assistants d'éducation ne soient pas considérés comme la dernière roue de la citrouille et qu'ils puissent percevoir l'équivalent d'une prime ZEP comme tous les autres personnels des collèges et des lycées dits difficiles.
J'avais bien tout rédigé, tout envoyé en temps et en heure, du genre mardi à 13h54, 48h à l'avance, le CA étant aujourd'hui à 14h.

1) Une heure avant le CA, le directeur adjoint de la SEGPA vient me voir en me disant que certains mails entre les profs et moi avaient fuité, et que s'il n'était pas intervenu, connaissant mes qualités professionnelles, j'aurai pu en subir les conséquences... Je ne vais pas chercher à savoir qui est la taupe de cette mailing list, parce qu'il me l'a demandé, mais je peux te dire qu'il ne va pas falloir me faire chier au mois de janvier prochain, sinon, ça va pêter.

2) Le CA commence, les affaires financières, scolaires et intérieures se passent. Puis arrivent les questions diverses.
La Principale, tu sais, Elle (d'ailleurs, l'enquête est au point mort depuis longtemps... je crains qu'Elle ne soit que vieille fille en fait...), a bien essayé de me la faire à l'envers en invoquant le délais... sauf que là, elle n'a pas pu (j'étais morte de rire lorsqu'elle a lu l'heure du mail en grinçant un peu des dents). Elle a été obligée d'accepter que je la lise devant tous les membres du CA.

3) Après lecture de la dite motion, les profs hochent la tête, et approuvent silencieusement.
Sauf qu'Elle refuse qu'une telle demande soit soumise au vote. Idem pour la motion des profs refusant d'accueillir les stagiaires issus de la masterisation l'an prochain. Ni une ni deux, je demande pourquoi. C'est alors qu'elle invoque un pauvre décret sur la gestion des EPLE. J'ai été tellement surprise, ne connaissant pas ce décret, que j'en ai eu la chique coupée. A cela tu rajoutes une petite contraction de derrière les fagots et une température avoisinant les 52 °C (pour te dire, j'aurais pu lancer une infusion dans la mini bouteille d'eau fournie pour l'occasion...). J'ai donc fermé ma gueule. Les profs n'ont rien dit non plus, comme s'ils s'en foutaient un peu que la démocratie et le droit soient respectés. Le CA s'est clôturé là-dessus.

4) En rentrant me trainant jusqu'à chez moi (et en subissant la logorrhée verbale d'un mec dans le bus que j'avais fait se déplacer pour m'asseoir)(oui, je progresse, j'ose demander une place assise dans le bus sans insulter ceux qui ne se lèvent pas spontanément), j'ai vérifié la teneur de ce décret : abrogé depuis mai 2009.
Purée, j'ai failli retourner au collège pour lui brandir le texte sous le nez, à ma Principale. Mais j'avais trop chaud, j'étais déjà en culotte, prête à rouler dans une baignoire d'eau tiède, mais pas chaude.
Parce que l'eau était trop chaude, j'ai tout de même appelé mes camarades permanents syndicaux du jeudi pour savoir quels étaient les recours, et avoir un peu de soutien réconfortant (MaB jouant au vuvuzéla sur le canapé)(cherche pas, elle faisait juste la sieste).
Verdict : abus de pouvoir. Le seul recours éventuellement possible, c'est de dénoncer cette pratique dans un courrier au recteur, signé par tous les membres du CA, parents d'élèves compris.

5) Forte de toutes ces informations et après un trempouillage en bonne et due forme, j'ai donc envoyé un mail à mes collègues représentants du personnel... ils me soutiennent et sont d'accord avec cette démarche. J'ai la vague impression qu'ils attendent que je ponde un texte qu'ils signeront éventuellement, si le cœur leur en dit, après les vacances, peut-être.


Voilà où j'en suis en cette presque veille de vacances... j'ai envie de tout faire pêter, mais les gens les plus concernés sont les plus mous du gnou genou.
Et surtout, je n'ai pas la force, ni l'envergure, ni même le temps, de me lancer dans une telle démarche toute seule.
D'autant que je n'ai pas encore reçu ma promesse d'embauche pour le renouvellement de mon contrat (même si officieusement, j'ai eu la confirmation de ma Principale qu'Elle voulait me garder l'an prochain malgré mon congé de maternité).
Je suis partagée entre faire respecter le droit des personnels à tout prix, et l'envie de tout lâcher pour me concentrer sur ce qui m'attend le mois prochain, à 10 000 lieues de ces considérations bureaucrates. Entre mon devoir de syndicaliste et celui de future maman.
J'ai aussi envie de m'acheter une carabine à plombs, pour tirer sur les petits cons qui tournent en motocross à fond les ballons dans tout le quartier en plein milieu de la sieste et/ou de la nuit alors qu'il fait 40°C et que toutes les fenêtres sont grandes ouvertes.

Tu crois que je suis à bout de nerfs et que des vacances seraient bénéfiques ?

Demain matin, je suis de conseil de discipline... 2 à la suite, les derniers de l'année.
J'espère que les mômes vont se déplacer, sinon, je vais l'avoir mauvaise de me lever de si bonne heure pour virer des gamins paumés qui n'assument même pas leurs conneries.
Et puis après, on va s'en jeter derrière la cravate au repas de fin d'année du collège.
Le jus de fruit va couler à flot, c'est moi qui te l'dis !