vendredi 4 février 2011

Liberté

Pour éviter que je ne conduise pendant ma convalescence, ma mère m'avait confisqué ma voiture depuis mi-décembre (aussi parce que la sienne était en réparation, et que ça l'arrangeait bien que je lui prête ma poubelle)(dont elle a également fait changer l'embrayage-la vidange-les plaquettes de frein)(c'est toujours ça de pris !).
Et vu que je suis guérie (du moins, que je ne prends plus d'antalgiques qui me font léviter), je me suis dit que pour aller à un rendez-vous dans Paris avec Sapinou et MaB, la voiture serait du meilleur effet.

Bref.
Me voilà dans le froid après la tétée du soir à attendre louper le bus qui m'est passé sous le nez. Pour ne pas perdre un bras... ou des doigts... j'ai décidé de marcher, 20 minutes, en montée, dans le brouillard (ou la pluie... je ne sais plus... j'étais mouillée, et ça brûlait un peu les poumons).

J'ai survécu à cette épreuve haut-la-main, et j'ai fini par avoir un bus, direction chez ma mère à 22h. Au terminus, je descends et mon estomac se dénoue (oui... vu que je fraude dans le bus... c'est comme ça, c'est une habitude... et avec ma tête de vainqueur, je me fais trèèès rarement contrôler)(oui, je sais, c'est moche le délit de faciès). Presque même je sautille jusqu'à chez ma mère !
Sauf que...
Sauf que le brouillard (ou la pluie...) givre sur le bitume.
Et que la nuit, le givre sur le trottoir, ça ne se voit pas trop.
Ça n'a pas loupé.
Un premier avertissement sur un passage piéton et une bande blanche ultra-slick... mais les adducteurs ont tenu bon.
Je ne me suis pas méfiée du revêtement neuf...
Attaque de Brian-Joubertite aigüe.
Un magnifique geste de télémark... un seul genou à terre et mains sorties des poches à une vitesse folle à peine salies... associé à un équilibre de folie.
Oui, mais aïe.
Sur le coup, j'ai plus pensé à ma dignité qu'à mon genou... avant de me relever, j'ai tout de même jeté un petit regard circulaire, histoire d'être sûre, quoi !
Le résultat, c'est que mon genou est bleu, mais que mes adducteurs sont entiers, ainsi que mes autres ligaments.
La preuve en image... mercredi matin, c'était noir et un peu enflé...



Mais quel bonheur de pouvoir chanter à nouveau à tue-tête dans sa voiture, et de faire crisser les pneus au feu vrombir le moteur !
Et surtout de ne pas dépendre de la voiture de ma mère pour aller à droite-à gauche ou des transports en communs-galère avec la poussette-dans une banlieue super mal desservie.
Ce ne fut que de courte durée, puisque la caisse de ma mère est ENCORE tombée en rade... heureusement qu'elle m'offre les réparations et autres travaux d'entretien, parce que là, faut que j'conduise !!

mardi 1 février 2011

Le fil de l'amitié

L'autre jour, je me suis embrouillée avec une nana que je pensais être mon amie, avec qui j'avais des échanges privilégiés, qui me comprenait, que je comprenais.
Mais pas genre l'embrouille de collège "j'te cause plus mais j'ai tellement besoin de te parler que j'te recause l'heure de cours d'après".

Je t'explique.

Depuis la naissance de Sapinou, disons que ma petite vie de trentenaire dynamique a quelque peu été chamboulée. Fini les soirées au pied levé et les sorties tardives en semaine.
Fin septembre, cette amie m'a demandé un service, que je lui ai promis de remplir, forcément, puisque c'est mon amie. Et puis les événements se sont un peu enchaînés, vaccins, allaitement difficile, vacances de la Toussaint, allaitement toujours difficile, nuits courtes, fatigue physique et morale, allaitement de plus en plus compliqué, douleurs, rendez-vous médicaux et puis hospitalisation.
Octobre, novembre, décembre.
Autant te dire que le petit service, je l'ai un peu zappé. Mais j'avais chargé MaB de la tenir au courant, juste avant mon hospitalisation. MaB a rempli sa mission par l'intermédiaire de sa meuf à elle.

Et là, il y a une quinzaine de jours, elle appelle à la maison en agressant carrément MaB.
MaB n'aurait pas eu le courage de la tenir au courant de l'avancée de ce service, puisque MaB avait appelé sa meuf à elle pour lui dire que ça n'allait pas être pour l'instant possible compte tenu de mon état de santé, de mon hospitalisation, de ma convalescence, tout ça.
Sauf que, la fautive dans l'histoire, c'est moi ! Je n'ai pas appelé pour la prévenir que ça n'allait pas être possible, j'ai confié cette mission à MaB, je n'ai pas rendu ce service depuis fin septembre.
Bref, je récupère le téléphone avant que MaB et elle ne s'écharpent par combiné interposé, mais après avoir réconforté ma chérie qui était dans tout ses états.
Oui, ça fait un peu Dallas, c't'histoire, j'en conviens !
Je remets les choses à plat, lui explique la situation, calmement, et essaye de faire entendre raison à cette amie. Elle se calme, mais n'en démord pas. MaB a laissé pisser volontairement.
Bon.
On ne va pas s'en sortir !
Je lui propose donc de passer le lendemain à la maison, vu que je ne vais pas me déplacer avec un trou à moitié béant dans le sein, sans voiture (vu que je ne peux pas conduire pour l'instant, à cause des antalgiques qui me font à moitié léviter), en bus avec mon Sapinou dans sa poussette qui doit téter assez régulièrement.
Le lendemain, elle et sa meuf passent donc à la maison, contemplent Sapinou qui a bien grandi, qui est magnifique, qui sourit tout ce qu'il peut sourire... forcément, un bébé ça apaise tout le monde ! Au moment de partir, vu que la conversation de la veille n'a pas été abordée, je saute à pieds joints dans le plat.
Oui, je suis comme ça... la diplomatie et les pincettes, ça n'est pas trop mon truc.
Et là, gros déballage... elle en veut à MaB, malgré ses excuses. Mais bizarrement, pas trop à moi, alors que j'ai beau lui expliquer que si elle doit en vouloir à quelqu'un, c'est à moi. Elle maintient, en regardant MaB droit dans les yeux, que c'est par manque de courage.
Moi, au bord des larmes face à tant de bornitude, je lui explique que oui, je suis fautive, que ce service j'aurais sûrement du lui rendre plus tôt, mais que je l'ai un peu zappé depuis octobre, que ma vie tourne plus autour de mon fils que de mes amiEs, qu'avec mon hospitalisation ça n'a pas arrangé les choses, que MaB gère tout - fils, ménage, courses, aller-retour à l'hôpital, administratif - depuis mi-décembre et que donc il se peut qu'elle ait zappé des trucs elle aussi, que ça n'a rien à voir avec elle personnellement... et que venant d'une amie, je suis déçue qu'elle puisse nous reprocher d'avoir un peu mis de côté nos relations pour privilégier notre vie de famille.
Mais je me rends compte que je suis face à un mur.

MaB met fin à la conversation, et les fout quasiment dehors.
Je suis en larmes.
De colère face à tant d'entêtement dans la connerie.
De déception face à ce manque d'écoute de la part de quelqu'un que je pensais être mon amie.
De tristesse parce que je sais qu'après une telle engueulade, si nous renouons le contact un jour, il faudra du temps pour reconstruire tout ça... si nous renouons le contact (on ne se refait pas... je suis une éternelle optimiste, et même si j'ai de la mémoire, je ne suis pas rancunière).

Je sais que cette amie est dans une phase dépressive, et je mets cette attitude sur le compte d'un manque de soin. Mais tout de même... ça me reste en travers de la gorge.

Pour moi, l'amitié est comme un fil, qui se tend, se détend, s'épaissit au cours des années, parfois se rétrécit pour de sombres histoires, mais qui jamais ne s'interrompt malgré la distance, physique ou mentale.
Avec unE amiE, on peut ne pas se voir pendant des semaines et reprendre une conversation là où on l'avait laissée.
UnE amiE, ça peut comprendre lorsqu'on lui donne des explications, parce qu'on peut tout lui dire tant qu'on le ou la respecte. Ça peut surtout comprendre qu'avoir un enfant, ça bouleverse une existence. Ça peut aussi accepter des excuses lorsqu'on les présente, et les rendre en retour.

J'attends un peu, mais j'ai l'espoir que cette amitié continue... plus tard, autrement, sûrement.
D'autant que nous faisons partie d'un groupe de potes, et qu'un jour ou l'autre, nous serons amenées à nous revoir.
Peut-être que je me trompe, et que je devrais tirer tout de suite un trait sur cette histoire.
Et couper le fil...