mercredi 16 mars 2011

Tu quoque mi fili

Outre le fait que Sapinou soit le plus beau des bébés, il n'en reste pas moins déconcertant.
Pas plus tard que l'autre matin, j'ai été contrainte de jouer un peu "à la poupée" avec lui... avec l'essayage de la moitié de ses pantalons en taille 12 mois avant d'en trouver un dans lequel les cuissots passaient, et quasiment autant de sweat-shirts, histoire que ses petits bras ne ressemblent pas à des rôtis près à cuire.

- Coucou la tête !
- Mamamamamamama, ce qui signifie en langue Sapinou "vas-y grouille-toi, j'ai grave la dalle", et non pas comme beaucoup pourraient le croire "ma maman d'amour" !
- Rho mais ça passe pas... ah si... bon, hop le bouton... hem... coucou !
- Mamamamamamama...
- Elle est où la main ? Coucou la main ! Et l'autre main ? Rho ben non... tu rentres pas... pfff.
- Mamamamamamamama ?
- Et le pantalon, tu tends tes jambes ? Coucou les pieds !
- Mamamamamamamaaaamouiiiiiin !
- Ben là non plus tu ne rentres pas... j'ai pas plus grand.

Bon.
J'ai essayé 2 autres sweats comme ça, et 3 pantalons, et puis je me suis dit que finalement, il faisait assez doux, et qu'un t-shirt manches longues pressionné intégralement dans le dos et un jogging bien ample feraient très bien l'affaire.
J'ai remis à plus tard l'épreuve délicate du tire-morve... tout ça pour le changer 1h après parce qu'il avait décidé de se faire un masque avec le mouliné de courgettes, et d'étaler consciencieusement le reste sur la tablette de sa chaise haute avec sa manche.

Il faut que je me rende à l'évidence : mon fils aura 7 mois dans 3 jours, et il est à l'aise dans le 18 mois... pour laisser respirer les pectoraux et les biceps, pour laisser passer les cuisses (mais avec 5 cm de revers...), et puis des chaussettes en 23. Pour les chaussures, on repassera... fini les chaussons souples de nourrisson, à cette taille là, on est sensé marcher. Sauf que Sapinou, à 7 mois, ben il ne marche pas !
Du petit bébé hypotrophique à la naissance (c'est marqué comme ça sur le compte-rendu de la césarienne), Sapinou est passé à la vitesse supérieure en dehors de mon ventre (d'ailleurs, je l'en remercie de ne pas avoir commencé à pousser comme ça à l'intérieur) : 22 cm en 7 mois... il parait que ça se tasse après 6 mois... je n'ose imaginer sa poussée de croissance à la puberté !

Il va donc falloir que je le coache, que je lui explique que non, il n'est pas difforme, et que oui, il va galérer pour s'habiller.
Comme sa mère.
Comme son grand-père (oui, mon père, donc)(pour l'anecdote, ma grand-mère l'avait emmené essayer des costumes pour son mariage, elle a failli gifler la vendeuse lorsqu'elle lui a dit que son fils était difforme parce qu'il lui fallait une chemise suffisamment grande pour rentrer les biceps et le cou de taureau, mais raccourcir les manches, et un pantalon suffisamment large aux cuisses, mais avec des pinces à la taille et une retouche d'au moins 10 cm en bas)(bon ok, mon père était en pleine préparation pré-olympique, avec de la muscu à gogo).

Parce que les fabricants d'habits, ils ont un sérieux problème.
La conception des fringues doit être faite par des hommes (ou des femmes, hein, mais bizarrement, je n'y crois pas trop), qui n'ont donc aucune notion de comment c'est pratique de refermer un t-shirt avec des petits boutons sur un bébé qui n'est absolument pas coopératif, ou l'absence de pressions sur une des 2 jambes de pyjama (ce qui fait que pour changer la couche, il faut intégralement déshabiller le bébé... super pratique à 3h du mat').
Sans parler des coupes... j'ai un doute sur le comment du pourquoi les habits sont si mal taillés... soit les mesures sont prises sur des enfants en période de famine exclusivement, soit c'est un choix stratégique pour conjurer le sort de l'obésité.
Alors oui, Sapinou est un géant costaud, avec un physique de pêcheur à pied (jambes courtes et puissantes, épaules de déménageur, grand buste, mains comme des battoirs et pieds grands comme des palmes), mais il y a une telle différence d'une marque de fringues à l'autre !
Mais Sapinou est un garçon : il trouvera plus facilement des pompes en 45 que des escarpins en 42 (vécu, vécu)(ou un t-shirt en taille 3 ou 4)("ah non mademoiselle, on ne fait pas les grandes tailles...")(conasse).

A moins que je me mette à la couture et au sur mesure... que ne ferais-je pas pour mon fils ?

jeudi 10 mars 2011

Le berceau vide...

Parce que tout évolue, même mon tout petit Sapinou du départ, il a fallu que je me rende à l'évidence : ses pieds touchaient le bout du berceau...
Armée de mon tournevis électrique et de mon courage, je me suis donc attelée à la tâche : monter enfin le lit à barreau dans la chambre de mon grand garçon.
J'ai donc envoyé MaB et Sapinou en promenade, histoire d'avoir un peu la paix dans cette épreuve. Contrairement à la commode, que j'avais galéré à monter ()(ça devait être les hormones qui m'obstruaient les neurones), le lit, c'est bien plus facile ! En 45 minutes, c'était torché, alèse, drap, tour de lit et mobile inclus. Je me suis épatée, j'ai même pu profiter du 1/4 d'heure de rab' pour lancer une machine et faire un brin de ménage (ça m'a évité de cogiter trop...).

Bon. Vu que je ne veux pas brusquer mon fils, lui créer des névroses, tout ça, nous avions décidé avec MaB que nous ferions la transition en douceur : d'abord quelques siestes dans sa chambre, puis enfin viendrait les nuits.
Au bilan de sa première nuit dans son grand lit, je me dis que c'est moi que je n'ai pas voulu brusquer... hem... j'ai mis 3 mois à me décider.
A 3 mois, mon excuse, c'était que j'allaitais, et que Sapinou se réveillait encore parfois la nuit...
A 4 mois, mon excuse, c'était que j'étais hospitalisée... et puis MaB ne voulait pas le laisser tout seul, déjà qu'il n'avait plus sa mère à téter, elle n'a pas voulu en rajouter une couche...
A 5 mois, mon excuse, c'était que j'avais encore un trou dans le sein, et que je ne pouvais pas physiquement monter le lit... et puis ça m'apaisait de l'entendre respirer pendant la nuit... et puis déjà que j'étais obligée de faire un sevrage partiel, je n'allais pas en plus me séparer de lui...
A 6 mois, mon excuse, c'était qu'on allait partir en vacances, donc nous n'allions pas habituer Sapinou à dormir seul pour le remettre dans notre chambre pendant 15 jours...
A 6 mois et presque 3 semaines, je n'ai plus d'excuse : Sapinou est trop grand pour rester dans son petit berceau, il touche les bords, avec ses pieds, avec ses mains, est à l'étroit...

Je n'ai pas pleuré, ni rien, mais ça m'a fait quelque chose de ne plus l'entendre juste à côté de moi... et pourtant, je suis tellement fière qu'il pousse comme ça, qu'il évolue... j'ai conscience qu'il faut que je le laisse grandir, que c'est bien pour lui aussi d'avoir son "indépendance" nocturne... ça m'a tout de même fait un petit pincement au cœur lorsque je me suis couchée ! Mais comme il s'est endormi très rapidement, qu'il ne s'est pas réveillé de la nuit et qu'il a gazouillé presque 30 minutes tout seul ce matin, je me dis que ce transfert est une réussite !



Prochaine étape difficile : la recherche d'une nounou (car toujours pas de réponse de la crèche) et l'abandon de mon fils la reprise du travail le mois prochain (oui, faut bien que j'y retourne, même pour 2 mois et demi seulement...).

mardi 1 mars 2011

Ma mère...

Comme c'est trop abusé de te laisser sans nouvelles, non ?
Mais c'était les vacances !
Deux semaines.
Dont 10 jours avec ma mère.

Là, tu te dis "ouah super, la grand-mère a du être ravie de pouvoir s'occuper de son petit-fils, et de laisser les mamans se reposer et/ou se retrouver un peu toutes les deux" !
Et bien, tu te trompes, tu te mets le doigt dans l'œil, jusqu'au coude, même.
MaB, comme à chaque fois qu'elle arrive en Bretagne, était dans le coaltar les premiers jours... les changements de pression, ou d'air, sans doute (moi, je suis tombée dedans quand j'étais petite, donc ça ne me fait plus grand chose... j'étais plus crevée par mon retour de couches).
Ma mère, en bonne hyperactive, partait dans tous les sens... pour résumer, elle voulait que JE prenne tout en charge (pas MaB, parce que sinon, elle se sent dépossédée de son rôle de maîtresse de maison), mais à chaque fois que JE, assistée par ma fidèle MaB, commençais à prendre les choses en mains (lessives, courses, repas), elle débarquait en voulant tout faire à sa sauce, et forcément, en dénigrant un peu mes capacités.
Sans compter les réflexions incessantes sur la façon dont je/on s'occupe de Sapinou... les fringues, les repas, les tétées, l'allaitement, la vaisselle des biberons, les sorties, les siestes, les pleurs, les couchers... il n'y a que le bain et la matinée où nous étions tranquilles, puisque pas de grand-mère dans la salle de bain (la baignoire au sol est trop basse, ma mère ne veut pas se casser le dos) ou dans la chambre parentale (même si la journée, elle ne se gênait pas pour rentrer régulièrement pour voir comment Sapinou respirait). Et toujours derrière MaB pour lui dire comment s'occuper de son fils.

C'était assez pesant, ça m'a épuisée, il faisait 16-17°C dans la maison, du coup, j'ai eu une baisse assez conséquente de lait, ce qui m'a d'autant plus stressée même si je sais que la fin de mon allaitement exclusif est dans l'ordre des choses, ça me fait un peu suer d'être ric-rac en lait en attendant la diversification complète sur ou deux repas.
Au bout de 8 jours, j'étais à bout, les nerfs en pelote. C'est ce jour là que Sapinou a décidé de ne pas s'endormir tout de suite pour sa sieste de l'après-midi. Moi, en bonne laitière, je tirais mon lait au chaud (près d'un radiateur à fond... oui, c'est mal pour la consommation de fuel) et au calme relatif (3 fois 20 minutes d'isolement dans la journée, c'est pas la mer à boire)(je crois que j'ai été "dérangée" à chaque fois l'après-midi... toujours ma mère pour venir poser une question sur tout et sur rien). MaB, elle, s'occupait de son fils, le berçait, l'apaisait (oui, parce qu'en plus, Sapinou a décidé que ça y est, c'était le moment de sortir une dent). Ma mère n'a rien trouvé de mieux que de rentrer dans notre chambre comme une ouf, et de dire à MaB qu'elle allait emmener Sapinou faire une promenade parce que de toutes façons, il ne dormait pas, et qu'il faisait super beau (oui, ça arrive souvent en Bretagne, et pas que la nuit). MaB lui a répondu qu'elle préférait m'attendre, que peut-être j'aurai envie de faire une promenade en famille, mais qu'il fallait que je finisse de tirer mon lait.
Autant te dire que Sapinou, il a bien compris le filon : si pas de dodo, promenade avec sa grand-mère. Donc c'était mort pour la sieste, pour lui comme pour MaB et moi.
Lorsque je suis revenue à la civilisation, ma mère était prête à partir, et le temps qu'on en parle avec MaB, elle avait embarqué Sapinou dans sa poussette et avait filé.
Je te jure que mon sang de mère chatte n'a fait qu'un tour : même ma mère n'a pas le droit de me retirer mon fils comme ça, sinon, ça pète.
Ça a pété.
Je te passe les détails, parce qu'une crise familiale, c'est un peu pathétique à raconter dans le détail. Mais je ne te dis pas l'angoisse.
Au final, Sapinou est rentré avec 45 minutes de retard sur son heure de gouter, ce qui, forcément, a décalé le bain et le diner, avec un bébé fatigué de n'avoir pas dormi de l'après-midi.
Joie, détente, partage.

J'ai eu beau lui expliquer que ça suffisait maintenant, ses intrusions interventionnistes dans notre couple, dans notre famille, tout ça, je crois que ma mère ne se rend pas compte. Ou alors, si elle s'en rend compte, elle me fait un peu flipper dans son machiavélisme. Mais je ne vais pas lui dire qu'étant donnée son instabilité émotionnelle, j'ai du mal à lui confier Sapinou plus d'une heure... surtout qu'elle n'en fait qu'à sa tête de mes recommandations (du genre ne pas trop le secouer après une tétée, sinon, blurp)(m'en fous, c'était sur son pull, pas le mien !), et qu'elle me répond lorsque je lui en fait la remarque qu'elle s'en moque, parce que ça sert à ça les grands-mères.
Pourtant, elle est super cool... elle s'est démenée en décembre pour m'amener Sapinou et MaB presque tous les jours à l'hosto, elle me paye l'intégralité des réparations de ma voiture (joli cadeau de noël, cela dit), lorsqu'elle débarque chez nous, c'est toujours avec un paquet de couches, une petite fringue, ou un petit gadget pour bébé.
Mais 24h/24, c'est la plaie. En fait, comme avant, hein... sauf que maintenant, il y a Sapinou, et que si on veut aller faire un tour, c'est toute une organisation... couche, combinaison pilote pour la poussette ou installation de l'écharpe, bonnet, gouter, lait à tirer. Je crois que ça ne changera pas, et que ma mère cherche à reproduire avec moi sa relation conflictuelle avec sa propre mère... sauf que je ne suis pas elle, et qu'elle n'est pas sa mère, et que MaB n'est pas mon père (lui, il préfère partir aux Antilles 15 jours plutôt que de faire des cadeaux de Noël à ses 3 enfants, et/ou de venir voir son petit-fils, après leur seule rencontre du mois de septembre).
Et puis lorsque ma sœur est là, c'est pire encore... elle n'est restée que 2 jours au lieu des 3-4 prévus... elle a prétexté une mission en intérim de dernière minute. Mouais. Qu'elle profite de ne pas avoir encore de môme.

Moi, il me reste un mois pour trouver une assistante maternelle ou allumer un cierge pour avoir une place en crèche pour avril, supprimer la tétée de l'après-midi, reconstituer mon stock de fer et faire ma rééducation périnéale et abdominale (ben oui, avec tout ça, j'avais un peu zappé les histoires de pont-levis et d'ascenseur, et les séries d'abdos-fessiers).

Demain, on part quelques jours chez les parents de MaB qui n'ont pas vu leur petit-fils depuis janvier... ça va leur faire tout drôle... 6 mois 1/2, plus de 10 kg pour 70 cm... un "beau gabarit" a dit la pédiatre lors de la dernière visite !