mercredi 8 juin 2011

Mon père est un héros

Non, ce n'est pas un titre de film. C'est la vérité.

Je vous explique rapidement, que vous n'ayez pas l'audace de croire que je ne suis qu'une fille à papa de plus. Mon père est atteint d'une maladie génétique rare. Moi aussi, certes, sauf que moi c'est le système digestif qui morfle, lui, c'est neurologique. Comme quoi, la génétique, va falloir qu'elle révise son plan de carrière sérieusement parce que, nul doute, c'est bien mon père. Il n'y a guère que politiquement que nous ne nous ressemblons pas... Donc à 63 ans (pfiiiou, déjà...), le père MaB ne peut plus écrire, ou alors comme un droitier qui s'est pété le bras et essaye tant bien que mal de le faire de la main gauche, ne monte ni de descend d'escaliers s'il ne sont pas équipés d'une rampe digne de ce nom (mais habite une maison à étage et dort au 1er)(bon ok, il apparait au matin avec son pot de chambre, mais déjà pour nous, la tête dans le fondement, c'est casse gueule, alors pour lui...), ne peut pas dépasser la troisième case à la marelle sans se vautrer lamentablement et articule aussi bien qu'un type à 4 grammes (enfin, au moins ...).

Mais mon père est un héros et tout cela ne l'empêche pas de voyager (en Egypte l'an passé, en Syrie cette année et en Turquie la semaine dernière), de courir les musées et les conférences et de vouloir jouer le Super papy ! Oui, parce que c'est ainsi qu'il a présenté les choses : "je veux assurer et tenir le coup et emmener Sapinou faire un beau voyage quand il sera plus grand". Alors, même s'il n'est pas très à l'aise pour l'instant (il a toujours été un peu gauche avec les bébés), je ne doute pas un seul instant de son savoir-faire avec un petit d'homme, si tant est qu'il soit capable de marcher, parler et manger sans assistance.

Parfois, je me dis que je n'ai hérité que d'une toute petite part de sa détermination et que j'aimerais avoir au moins la moitié de sa volonté. Mais je dois me rendre à l'évidence, je suis une vraie pétocharde doublée d'une procrastinatrice hors pair. En gros, je ne fais rien de peur de mal faire et de toute façon, ça peut bien attendre demain... Le pire dans l'histoire est que j'en suis parfaitement consciente !

Sapinou n'a rien de mon patrimoine génétique (et oui, cher lecteurEs, au risque de vous décevoir, je n'ai aucun pouvoir magique et s'il m'arrive d'avoir les boules, elles sont vides de toute substance reproductive...) et pourtant, il n'est pas un jour depuis qu'il est né où je ne lui trouve pas de points communs avec mon paternel.

Sa copine (oserais-je dire sa meuf ?), rampe déjà avec aisance et le nargue honteusement (n'y voyez rien de désobligeant, j'adore cette petite fille, elle est trop choupinou... au passage, un grand merci à Mutine et Cactus, car c'est grâce à leur forum que nous avons rencontré ses mamans !). Au point qu'il en a chouiné de vexation. Qu'à cela ne tienne, puisque c'est ainsi, Sapinou n'a plus le choix, il faut mieux faire. Résultat : il passe des heures à tourner en rond pour s'entraîner à la marche dans son parc (il danse aussi, et il a le rythme dans la peau !)

Il ne sait pas encore verbaliser ses besoins, mais arrive aisément à se faire comprendre. Un sourire, un geste, une grimace, tout est bon pour faire réagir maman. Il va peut être falloir d'ailleurs que je freine mes ardeurs, sinon cet enfant va me mener par le bout du nez.

Et puis surtout, ils ont la même force et la même détermination dans le regard.

Mais, c'est un classique dans ma famille, on est comme ça, on se joue un peu de la logique en ne ressemblant pas forcément à celui qui porte notre patrimoine génétique. Mon père, pour revenir à lui, a un caractère beaucoup plus proche de celui de mon grand-père maternel que de son propre père.

Les générations se suivent et se ressemblent et c'est ainsi que depuis sa naissance, on trouve à Sapinou des mimiques pareilles aux miennes ! Et plus ça va, plus il m'imite (pas toujours ce qu'il y a de mieux !). (Ca me fait penser qu'il faut absolument que je mette ma main devant ma bouche quand je baille même quand je ne suis pas en société...)

Mais qu'on ne s'y trompe pas, je parle bien de similitude de caractères, parce que pour le reste c'est un copier/coller de Kanou. Le plus flippant c'est de regarder des photos de ma femme quand elle avait le même age que notre fils, on croirait des photos de Sapinou. Il n'y a guère que la mode qui aide à savoir qui est qui...

Mais bon, voilà, je voulais rendre hommage à Super Papy et c'est chose faite. Je vais vous laisser maintenant parce que je dois préparer mon sac. Je pars quelques jours me faire retirer les décos de noël 2009 qui sont encore accrochés à mon tibia et mon péroné. Il serait temps... j'ai toujours trouvé très négligé de laisser ses guirlandes en vitrine après les fêtes, alors plus d'un an après, je trouve ça abusé ! De toute façon, ce matériel n'a aucun intérêt, il n'est même pas bionique...