vendredi 5 octobre 2012

Gilberte et moi

Comme je te l'ai dit, j'ai sauvé mon couple on s'est offert un GPS pour nos 74 ans avec MaB.
Donc, en allant chez une copine, je me suis dit que j'allais tester l'engin, petite fofolle que je suis.

J'ai donc installé le truc, la ventouse sur le pare-brise, le clip sur la bête, le fil relié à l’allume-cigare pour charger la batterie, la configuration de la langue-du pays-du fuseau horaire, et hop. 
Je rentre l'adresse et comme j'avais le temps, j'ai laissé une chance au GPS, appelons-le Gilberte, pour me prouver ce qu'elle avait dans le ventre.
Et bien j'ai redécouvert la banlieue... des chemins que je n'avais jamais empruntés, des itinéraires hasardeux, et toujours, cet espèce d'aimant à bouchon qui revenait : le périphérique. 

Alors à 14-15h, ça va. Je suis arrivée à bon port, j'ai tout de même repris le dessus lorsque Gilberte a voulu me faire passer par la rue de Belleville pour rejoindre la place des Fêtes... j'ai évité en prenant les petites rues, et en trouvant une superbe place de cocue (que Gilberte ne m'aurait pas aidé à trouver, vu qu'elle est pour la paix des ménages, elle)(genre). 
Mais à 17h30, j'ai envie de dire que ça n'est pas vraiment le meilleur plan. J'avais beau tourner, et retourner, et virer, à chaque fois, Gilberte me disait de prendre la prochaine à droite pour rejoindre le boulevard périphérique. Bouché, donc (Gilberte aussi... elle ne voulait rien entendre). C'est là que ça a commencé à se corser, et que j'ai commencé à ne plus vraiment écouter ce que me racontait Gilberte... moi ce que je voulais, c'était rentrer chez moi le plus vite possible. 

Alors peut-être que oui, j'aurais du lire plus à même le mode d'emploi et que j'aurais pu trouver une option "itinéraire bis sans périph aux heures de pointe"... peut-être. 
J'aurais aussi pu trouver beaucoup plus tôt l'option "carte vue du dessus" qui fait tant horreur à MaB, ou même "carte nord en haut"... parce que la vue 3D, moi, ça m'a rendu malade au point de devoir m'arrêter pour reprendre mes esprits. 
Je t'explique. 
Dans ma tête de géographe, j'ai une vision cartographique à plat, et lorsque je me déplace en voiture, j'ai cette carte mentale dans la tête, avec la répartition des petites villes autour. Un peu comme si je déplaçais mon doigt sur la carte, mais dans ma tête. 
Oui, mon cerveau, c'est un peu comme un GPS.  
Non, mon cerveau ne s'appelle pas Gilberte.
Sauf qu'avec la 3D sur le GPS, ça bouge tout le temps, je n'arrive pas à visualiser où je suis exactement sur un plan plus large (enfin si, je sais que je suis dans la rue machin, mais je ne sais pas si cette rue est à Vincennes ou à Bagnolet). Et comme Gilberte n'est pas connectée avec mon cerveau, elle ne sait pas que je veux passer par la banlieue et pas par le périph. 
Conflit. 
Mon cerveau qui visualise une carte de la banlieue-est de Paris, nord en haut. 
Gilberte qui s'acharne à me faire revenir vers Paris en me montrant une carte dynamique nord en bas, mais aussi parfois à droite, ou à gauche. 
C'est mon estomac qui a fait l'arbitrage. Heureusement, j'avais des pastilles à la menthe. 
Donc calmement, après 1h à tourner (à 3km à l'heure, vu le monde) à la frontière entre le 93 et le 94, j'ai lu le mode d'emploi, et j'ai trouvé les différentes options (nord en haut, itinéraire bis, suppression des indications de distributeurs, de restos ou de stations essence, vue d'ensemble plus large). J'ai arrêté de jouer, et je suis rentrée à la maison par mon itinéraire bis à moi, 30 minutes chrono. 
Voilà, Gilberte est une buse, elle n'indique même pas où sont les chiottes.

Mais, elle a une commande vocale. Ce week-end, je joue à K2000 !

mercredi 3 octobre 2012

Le jour où j'ai sauvé mon couple...

Oui... enfin non... pas à ce point, mais quand même !

Depuis huit ans que nous parcourons les routes et les chemins à bicyclette dans notre siiiiiouper carosse sur-équipé (une clio I de 1992, 210 000 km et des poussières), nous avions décidé, MaB et moi, de nous répartir les tâches, d'un commun accord : moi au pilotage, MaB au copilotage.
C'est là que ça se corse. 
Autant moi, au pilotage, ça peut aller. Autant MaB, en copilotage, ça n'est pas gagné... et je ne dis pas ça pour me faire mousser. Il n'y a qu'à voir mes résultats à Mario Kart, les médailles et les points parlent d'eux-mêmes. 
Donc MaB, en co-pilotage, c'est une quiche... j'ai bien fini par lui apprendre 2-3 rudiments de lecture de carte, des trucs et des astuces pour l'aider à se repérer sur une carte (et éviter de nous faire tourner pendant une plombe dans un quartier résidentiel ou faire 50 km de détour pour rejoindre un hameau perdu au milieu de la montagne), mais il faut l'avouer... en dehors du changement des cassettes dans l'auto-radio (oui oui, tu as bien lu, nous avons ENCORE un auto-radio à cassettes... façade détachable millésime 1999), du dépiautage des papiers de bonbons, du passage de la gourde, ou de la gestion de bébé en furie à l'arrière, les courses d'orientation avec MaB se terminent quasi toujours en pugilat. 
En ville, en pleine nature, sur autoroute. Pugilat. Verbal, mais pugilat quand même.

Même si, partant d'une bonne volonté, j'ai griffonné 2- 3 indications sur un post-it, la vérification sur le plan met systématiquement MaB dans une sorte de transe. 
Sueurs froides, difficultés à respirer, bouche sèche, connexions neuronales complètement annihilées. 
La moindre question, comme par exemple "je tourne à droite ou à gauche, là ?", peut la plonger dans un profond désarroi... et moi, devant le doute affiché, je me dois de prendre une décision rapide, seule, et sans filet (puisque je suis bien évidemment trop fière pour m'arrêter et soit regarder le plan, soit carrément demander à un quidam)
Lorsque c'est le bon choix, on se dit qu'on a de la chance et qu'on est trop fortes. 
Lorsque je me plante, forcément, ça me met un peu hors-de-moi, et du coup, tout est de la faute de MaB, puisqu'elle n'a même pas été foutue de regarder un plan. MaB de me renvoyer (pugilat, je t'ai dis) que si je suis si forte que ça, je n'avais qu'à regarder moi-même sur le plan. 
Au final, nous sommes toutes les deux bouffées par l'agacement, et plongées dans un profond mutisme (oui, parce qu'on a décidé d'essayer d'éviter de se pourrir devant Sapinou). A ça, tu rajoutes la petite voix de Sapinou en continu "et le feu il est rouge", "et le feu il est vert, ça veut dire qu'on peut démarrer", "on va doubler le camion poubelle", "maman elle a mis sa ceinture", avec parfois un fond d'Anne Sylvestre pour la BO (t'as vu, chez nous, les voyages en voiture, c'est topissime). Sans parler des nombreux détours que nous empruntons avant de retrouver notre route et d'arriver à destination. Tendues comme des strings, tu t'en doutes.

Voilà. Alors comme on avait envie de faire encore un petit bout de chemin ensemble, on s'est dit qu'il fallait trouver une solution. Donc bien sûr, nous avons écarté la possibilité d'un chauffeur... pas que ça nous ait déplu, mais il aurait d'abord fallu trouver une voiture plus grande. Finalement, pour notre anniversaire (qui tombe le même jour, tu devrais le savoir depuis le temps), nous nous sommes jetées dans le grand bain des nouvelles technologies, et nous nous sommes offert ça :


Oui. Tu as bien vu. Un GPS. 
C'est donc cet outil qui va permettre à notre couple de ne plus se déchirer à chaque trajet, à chaque carrefour douteux, à chaque embranchement litigieux, à chaque virée vers l'inconnu.
Cela dit, MaB a insisté pour qu'on le prenne avec commande vocale... elle a dit "comme ça, c'est lui que tu pourras engueuler si il se trompe". 
T'as vu, c'est beau, un couple, non ? 
Et t'as vu à quoi ça tient ?