Aujourd'hui, en France, plusieurs constats peuvent se faire.
L'hiver, il fait froid, et même, parfois, il neige...
La guerre, ça peut tuer des gens, parfois même des militaires...
Les lesbiennes dites "masculines" peuvent avoir envie de porter des enfants, et parfois aimer ça.
C'est tout de même incroyable !! Non ?
Il faut que je t'explique, quand même, ce petit ton sarcastique. Je ne suis pas énervée, mais certaines réflexions sont parfois blasantes, à défaut d'être blessantes, lorsque j'annonce ma grossesse. Après la joie de la famille et des amis, et leur doux cocon protecteur, je dois me blinder face à la méconnaissance et à la bêtise du monde.
Et parfois, cela ne vient pas toujours forcément de là où on le pense...
Une nana hétéro de mon équipe de hand a osé me demander comment on avait fait avec MaB pour que je sois enceinte... moi très pudique, vu qu'on ne se connait pas super bien non plus, j'ai plaisanté en répondant que MaB avait des pouvoirs magiques. Elle, en grosse lourdaude, est revenue à la charge. J'ai eu beau lui dire que c'était intime comme question, quand même, elle n'a pas lâché. J'ai fini par lui balancer que je n'avais pas "couché" (même si ça n'est pas vrai, mais bon... je n'allais pas non plus parler cul en plein match de coupe départementale !). Du coup, elle m'a fichu la paix.
Bref.
Pire encore, une lesbienne de ma connaissance m'a avoué qu'elle était très étonnée que ce soit moi qui porte l'enfant, étant donné mon "côté masculin". Je n'ai pas été blasée parce qu'elle me trouvait masculine, je l'assume complètement, même, je le revendique... de là à affirmer que je suis une butch, pourquoi pas. Ce qui m'a choqué, c'est qu'elle ose sortir un si gros cliché... genre les butchs font les papas et vont couper du bois dans la forêt, et les fems font les mamans et portent les enfants en faisant la cuisine. J'étais stupéfaite, parce que justement, je me bagarre tous les jours pour ne pas laisser ces clichés formater les petits esprits que j'encadre au collège : mon atelier foot est ouvert aux filles, un garçon qui pleure n'est pas forcément homo et une fille qui préfère jouer avec les garçons n'est pas toujours lesbienne.
Sur le coup, j'ai eu le wasabi qui m'est monté aux naseaux... mais la fameuse plénitude de la grossesse, sans doute, ou alors la maturité de la trentaine (je ne me prononcerais pas là-dessus), fait que j'ai laissé tomber... la neige, la pluie, la grêle, je ne sais plus.
Mais tout ceci m'a interpelé. Puisqu'il s'agit d'un cliché, cette copine ne doit pas être la seule à penser que ce ne sont pas les butchs qui désirent être enceintes. C'est là que toute ma contradiction prend son sens.
Depuis toujours, je laisse mon côté masculin s'exprimer, parfois au point d'avoir complètement nié ma féminité pendant une partie de mon adolescence (j'ai eu beaucoup de mal à assumer ma puberté, mes seins, surtout... mais j'ai fini pas m'y faire à la longue...), alors même que je ne m'identifiais pas encore en tant que lesbienne.
Chemises de bûcherons et docs martens, puis parka-kangourou de racaille et baggys, coupe courte, voire très courte, hand, graf', championnats de babyfoot, bières et joints... un vrai petit mec. Entre les deux, j'ai eu une période "paumée", pendant laquelle j'ai essayé de jouer à la p'tite meuf : je me suis laissé pousser les cheveux, je me suis acheté des pantalons de femme, j'ai roulé une pelle à un mec, et je trouvais David Charvet mignon... ces 6-8 mois se sont soldés par une dépression post classe prépa.
Je suis revenue aux fondamentaux. Je n'en reste pas moins une femme.
J'ai beau être lesbienne et masculine, limite macho, j'ai toujours eu une envie d'enfant(s), voire d'enfanter... et à vrai dire, la question ne s'est pas vraiment posée avec MaB : elle ne pouvait, ni ne voulait porter un enfant... son âge, ses soucis de santé, son envie de femme tout simplement.
Lorsque j'ai découvert avec fébrilité les premiers symptômes de la grossesse, j'ai été projetée 15 ans en arrière dans mes mauvais souvenirs de début de puberté : mon corps changeait, et ça, c'était assez dur à assumer. J'ai tout de même pris 2 tailles de bonnet dans les seins, au grand bonheur de MaB. Je prends aussi du ventre sous le nombril (ce qui est tout à fait normal), et mon corps de rêve perd petit à petit sa musculature (ce processus a été accéléré par l'hépatite, et ça n'est pas près de s'arranger vu que je suis clouée au canapé pendant encore au moins 15 jours). Disons que c'est pour la bonne cause, et qu'après 2 1/2 mois passés à apprivoiser ce nouveau moi, en plus des hormones, je m'habitue au changement.
Pourtant, j'ai toujours envie d'aller chez mes potes pour des soirées jeux vidéos, à rigoler de blagues graveleuses, de gueuler dans les gradins d'un gymnase de hand pour encourager mes coéquipières ou de manger une pizza avec une petite bière (sans alcool pour moi) devant un bon match (de hand, inutile de le préciser, hein). Les vieux clichés, tu me diras, mais ce sont mes loisirs, je n'y peux rien !
C'est là que ça se complique... le regard des autres est différent sur une femme enceinte machiste et totalement décomplexée. J'aime bien donner des nouvelles de l'évolution de ma grossesse (les dernières mesures du bébé, tout ça)(la semaine dernière, il faisait 6,5 cm de la tête aux fesses... ça pousse !). Le grand écart est trop dur pour une majorité de personnes, y compris chez les lesbiennes : une femme enceinte n'est centrée que sur sa grossesse et son bébé à venir, elle ne peut pas avoir de discussion autre qui ne concerne pas directement son statut. Alors que non, j'ai envie de parler de tout autre chose la plupart du temps, même si, petit à petit je prends conscience que Sapinou est à l'intérieur de moi, et que je l'intègre à ma vie quotidienne. Je vais également être obligée de porter des fringues de grossesse, toutes plus mémères les unes que les autres... le cache-cœur ringard serré au dessus du ventre ou le bandeau de maintien cucul la praline : no way.
Et ce changement de regard, ça me fait un peu flipper... je ne veux pas perdre ce statut de "butch", relativement militante (syndicale et associative), uniquement parce que je suis enceinte. Car à part ce petit détail de taille, et les quelques modifications hormonales (qui font que je suis encore pluschiante exigeante qu'avant), je suis toujours la même.
Je n'ose imaginer, lorsque j'aurai accouché, la réaction des butchs branchouilles soit disant radicales de la place de Paris...
Je ne sais pas si tu as réussi à me comprendre, c'est un peu confus.
L'hiver, il fait froid, et même, parfois, il neige...
La guerre, ça peut tuer des gens, parfois même des militaires...
Les lesbiennes dites "masculines" peuvent avoir envie de porter des enfants, et parfois aimer ça.
C'est tout de même incroyable !! Non ?
Il faut que je t'explique, quand même, ce petit ton sarcastique. Je ne suis pas énervée, mais certaines réflexions sont parfois blasantes, à défaut d'être blessantes, lorsque j'annonce ma grossesse. Après la joie de la famille et des amis, et leur doux cocon protecteur, je dois me blinder face à la méconnaissance et à la bêtise du monde.
Et parfois, cela ne vient pas toujours forcément de là où on le pense...
Une nana hétéro de mon équipe de hand a osé me demander comment on avait fait avec MaB pour que je sois enceinte... moi très pudique, vu qu'on ne se connait pas super bien non plus, j'ai plaisanté en répondant que MaB avait des pouvoirs magiques. Elle, en grosse lourdaude, est revenue à la charge. J'ai eu beau lui dire que c'était intime comme question, quand même, elle n'a pas lâché. J'ai fini par lui balancer que je n'avais pas "couché" (même si ça n'est pas vrai, mais bon... je n'allais pas non plus parler cul en plein match de coupe départementale !). Du coup, elle m'a fichu la paix.
Bref.
Pire encore, une lesbienne de ma connaissance m'a avoué qu'elle était très étonnée que ce soit moi qui porte l'enfant, étant donné mon "côté masculin". Je n'ai pas été blasée parce qu'elle me trouvait masculine, je l'assume complètement, même, je le revendique... de là à affirmer que je suis une butch, pourquoi pas. Ce qui m'a choqué, c'est qu'elle ose sortir un si gros cliché... genre les butchs font les papas et vont couper du bois dans la forêt, et les fems font les mamans et portent les enfants en faisant la cuisine. J'étais stupéfaite, parce que justement, je me bagarre tous les jours pour ne pas laisser ces clichés formater les petits esprits que j'encadre au collège : mon atelier foot est ouvert aux filles, un garçon qui pleure n'est pas forcément homo et une fille qui préfère jouer avec les garçons n'est pas toujours lesbienne.
Sur le coup, j'ai eu le wasabi qui m'est monté aux naseaux... mais la fameuse plénitude de la grossesse, sans doute, ou alors la maturité de la trentaine (je ne me prononcerais pas là-dessus), fait que j'ai laissé tomber... la neige, la pluie, la grêle, je ne sais plus.
Mais tout ceci m'a interpelé. Puisqu'il s'agit d'un cliché, cette copine ne doit pas être la seule à penser que ce ne sont pas les butchs qui désirent être enceintes. C'est là que toute ma contradiction prend son sens.
Depuis toujours, je laisse mon côté masculin s'exprimer, parfois au point d'avoir complètement nié ma féminité pendant une partie de mon adolescence (j'ai eu beaucoup de mal à assumer ma puberté, mes seins, surtout... mais j'ai fini pas m'y faire à la longue...), alors même que je ne m'identifiais pas encore en tant que lesbienne.
Chemises de bûcherons et docs martens, puis parka-kangourou de racaille et baggys, coupe courte, voire très courte, hand, graf', championnats de babyfoot, bières et joints... un vrai petit mec. Entre les deux, j'ai eu une période "paumée", pendant laquelle j'ai essayé de jouer à la p'tite meuf : je me suis laissé pousser les cheveux, je me suis acheté des pantalons de femme, j'ai roulé une pelle à un mec, et je trouvais David Charvet mignon... ces 6-8 mois se sont soldés par une dépression post classe prépa.
Je suis revenue aux fondamentaux. Je n'en reste pas moins une femme.
J'ai beau être lesbienne et masculine, limite macho, j'ai toujours eu une envie d'enfant(s), voire d'enfanter... et à vrai dire, la question ne s'est pas vraiment posée avec MaB : elle ne pouvait, ni ne voulait porter un enfant... son âge, ses soucis de santé, son envie de femme tout simplement.
Lorsque j'ai découvert avec fébrilité les premiers symptômes de la grossesse, j'ai été projetée 15 ans en arrière dans mes mauvais souvenirs de début de puberté : mon corps changeait, et ça, c'était assez dur à assumer. J'ai tout de même pris 2 tailles de bonnet dans les seins, au grand bonheur de MaB. Je prends aussi du ventre sous le nombril (ce qui est tout à fait normal), et mon corps de rêve perd petit à petit sa musculature (ce processus a été accéléré par l'hépatite, et ça n'est pas près de s'arranger vu que je suis clouée au canapé pendant encore au moins 15 jours). Disons que c'est pour la bonne cause, et qu'après 2 1/2 mois passés à apprivoiser ce nouveau moi, en plus des hormones, je m'habitue au changement.
Pourtant, j'ai toujours envie d'aller chez mes potes pour des soirées jeux vidéos, à rigoler de blagues graveleuses, de gueuler dans les gradins d'un gymnase de hand pour encourager mes coéquipières ou de manger une pizza avec une petite bière (sans alcool pour moi) devant un bon match (de hand, inutile de le préciser, hein). Les vieux clichés, tu me diras, mais ce sont mes loisirs, je n'y peux rien !
C'est là que ça se complique... le regard des autres est différent sur une femme enceinte machiste et totalement décomplexée. J'aime bien donner des nouvelles de l'évolution de ma grossesse (les dernières mesures du bébé, tout ça)(la semaine dernière, il faisait 6,5 cm de la tête aux fesses... ça pousse !). Le grand écart est trop dur pour une majorité de personnes, y compris chez les lesbiennes : une femme enceinte n'est centrée que sur sa grossesse et son bébé à venir, elle ne peut pas avoir de discussion autre qui ne concerne pas directement son statut. Alors que non, j'ai envie de parler de tout autre chose la plupart du temps, même si, petit à petit je prends conscience que Sapinou est à l'intérieur de moi, et que je l'intègre à ma vie quotidienne. Je vais également être obligée de porter des fringues de grossesse, toutes plus mémères les unes que les autres... le cache-cœur ringard serré au dessus du ventre ou le bandeau de maintien cucul la praline : no way.
Et ce changement de regard, ça me fait un peu flipper... je ne veux pas perdre ce statut de "butch", relativement militante (syndicale et associative), uniquement parce que je suis enceinte. Car à part ce petit détail de taille, et les quelques modifications hormonales (qui font que je suis encore plus
Je n'ose imaginer, lorsque j'aurai accouché, la réaction des butchs branchouilles soit disant radicales de la place de Paris...
Je ne sais pas si tu as réussi à me comprendre, c'est un peu confus.