mardi 30 décembre 2008

R.I.P. Mamick

Mamick, petite mère en breton, ma grand-mère, est née un beau matin dans un berceau de bois un jour de janvier 1915, non loin de la Gare Montparnasse, entre deux tirs de la Grosse Berta. Sa mère, promise à un avenir agricole dans la ferme familiale, avait préféré monter à Paris pour y embrasser la carrière d'infirmière quelques années plus tôt. C'est là qu'elle y rencontra son mari. Mon arrière-grand-père, charpentier en fer (qui a participé à la construction de la Tour Eiffel)(à l'époque, ça devait en jeter, mieux que le coup de la dune !), était parti de chez lui à l'âge de 12 ans pour découvrir le monde... l'Islande, plus précisément, comme petit mousse, à bord d'une goélette.

Ma grand-mère, donc, a grandi dans ce petit village qu'on appelle Vaugirard, entre les jardins de l'hôpital Necker et la cité Falguière. Elle y coule des jours heureux, au cœur des années folles, souvent gardée par son grand frère de 10 ans son néné ainé (et qui préférait jouer au foot avec ses potes sur le boulevard Pasteur, en la coinçant entre deux bancs)(comme ça, elle ne bougeait pas), jusqu'à ce que sa mère décède des suites d'un cancer du sein fulgurant. Elle a alors 10 ans. Elle se retrouve seule avec son père, qui ne sait pas trop quoi faire de cette gamine un peu turbulente. C'est donc sa tante maternelle qui la recueille. Cette dernière, demoiselle des postes et célibataire endeuillée par la mort de son fiancé au champ d'honneur de la Grande Guerre, s'est jetée corps et âme dans l'éducation de sa nièce. Bonnes manières, certificat d'étude, brevet supérieur (l'entrée au lycée étant trop honnéreuse), une mauvaise gestion du deuil, et l'entrée à l'Ecole Normale des Instituteurs.
Ascenseur social. Bonne à marier.

Nous sommes en 1936. La future Mamick rencontre le futur Papick (petit père en breton), ingénieur des Arts et Métiers et meilleur copain du cousin (son frère de lait, comme elle disait, car presque élevés ensemble au moment du décès de leur mère respective)(oui, les 2 sœurs ont succombé à un cancer à quelques mois d'intervalle...). Ils se marient en août, et s'offrent pendant les premiers congés payés de Front Populaire un voyage de noce atypique : les châteaux de la Loire en vélo (mon grand-père étant un fan de vélo, tu l'auras compris).
Les années passent tranquillement. Une première fille. La guerre. Un garçon. L'occupation. Mon grand-père obligé de rejoindre la zone libre avec son entreprise. L'enseignement. La libération. Mon grand-père malade. La naissance de ma mère... un bébé surprise d'avant ménopause. L'enseignement "adapté" (l'équivalent des SEGPA d'aujourd'hui).
Puis mai 68, l'adolescence tumultueuse de ma mère, les premiers petits-enfants (mes cousins), la retraite et le retour à la terre bretonne dans la maison familiale.
Et enfin, moi, qui entre dans le monde 9 mois après la dernière révérence de mon grand-père.
Le 2 janvier, ça fera 30 ans.

Le 4 janvier, ça fera un an que Mamick, ma grand-mère, n'est plus là, qu'elle est partie rejoindre l'amour de sa vie, quelque part...
Un an qu'elle n'est plus là pour me dire s'il a fait beau en Bretagne nord, si les hortensias du jardin ont fleuri, si un petit rossignol est venu chanter à sa fenêtre.
Autant te dire que là, juste de l'écrire, je n'en mène pas large. Elle me manque, nos conversations, ses souvenirs que j'ai fini par connaître par cœur, ses poèmes et ses chansons préférés, ses maximes-rengaines qui m'exaspéraient, son soutien, son amour, ses conseils, son émerveillement permanent face aux nouvelles technologies...
Je sais que la coup de calgon va passer, vu que mon inconscient travaille pour moi depuis 30 ans à la même époque. Je ne pourrai pas combler le manque, mais la vie continue. Je garde les souvenirs, les apprentissages, les découvertes... la lecture, le jardinage, la littérature, le breton, et même les beuveries (chaque été, nous fêtions toutes les deux son anniversaire de mariage avec une bonne bouteille volée au presbytère gagnée à la kermesse du curé village !).

Voilà.
Presqu'un siècle d'histoire familiale pour un vibrant hommage.
Ça me tenait à cœur de t'en parler, car cette femme-là, ma grand-mère, m'a beaucoup transmis... et pas que ses névroses. Elle m'a transmis son goût pour l'enseignement, pour la transmission de savoir et de savoir-faire.
Juste, elle a oublié la partie gestion du deuil.
Et là, j'ai encore un peu de mal.
Heureusement, les amiEs sont là, et ça fait du bien !



PS : je cherche un poème qui dirait, à la fin, "ne pleurez pas, je suis juste là, de l'autre côté du miroir"... c'est le poème que ma grand-mère a fait lire par son auxiliaire de vie au moment de son inhumation.

dimanche 28 décembre 2008

De la sémantique tic tic tic du gendarme

Ben quoi ? Faut bien rigoler, un peu ! Si on ne peut même plus citer du Bourvil...

Mais revenons à nos moutons.

L'autre jour, ma femme m'engueule (ben oui, ça nous arrive... on n'est pas chez les Bisounours ici !) :
- Bla bla bla... d'façon... bla bla bla... et ben... bla bla bla... si c'est ça, j'retourne chez ma mère (bon... MaB n'a pas vraiment dit ça, mais on s'en fout, c'est pas ça l'important)(oui, l'important c'est d'aimer la rose)
- Ouais, des barres...
- Rho et puis arrête avec tes barres, t'as plus 15 ans !
- ...

Tout ça pour dire que oui, parfois, à force de côtoyer des adolescents pré-pubères, on prend certaines habitudes de langage. Certains linguistes se crêpent le chignon pour savoir si le phénomène social que représente la diffusion de l'argot français contemporain est un facteur d'exclusion (Alain Bentolila) pour les jeunes de banlieues, ou s'il est un moyen de faire rayonner cette culture des quartiers (Bernard Lahire) au même titre que les textes des poètes maudits du XIXe ou que l'argot classique des dialogues de Michel Audiard.
Je ne vais pas me lancer dans un débat sans fin sur le pour et le contre de ce langage en société. Juste, je suis plutôt d'accord avec l'idée que s'approprier une langue, en définir les codes, c'est se détacher de l'illétrisme et développer une forme d'intégration. Donc, utiliser ces formes nouvelles de langage s'intègre dans un processus créatif de la langue "vivante", à l'opposé des "bourgeois" qui s'enferment dans une utilisation des mots plus que classique, codée par d'autres, et que l'on a du mal à s'approprier.
D'où l'idée de répertorier ici quelques banlieusardismes contemporains (il y a bien des gallicismes ou des anglicismes, pourquoi pas ?), quelques expressions typiques qui m'ont le plus marquée.

- Des barres: j'ai déjà donné une définition ici.
Bon.
Sans doute issue de l'expression tronquée des barres de rire (des fous rire en série), des barres a donc évolué vers un sens plus ironique.

Si tu continues comme ça, tu vas avoir une heure de colle ! Ouais, des barres !

Comprendre ici "Ouais c'est ça, mdr, cause toujours, je n'y crois pas une seule seconde".


- Ma gueule : mon pote, mon autre.
Contrairement à Johnny Hallyday, ma gueule ne correspond pas à l'anatomie du locuteur.
Cette expression s'utilise pour capter l'attention d'un camarade (ou d'un interlocuteur quelconque aussi, ce qui peut parfois créer des incompréhensions entre les deux parties...)(d'où la thèse que l'argot contemporain est un facteur d'exclusion des lettrés contre les "illettrés"...)(l'idéal étant d'être bilingue, comme ça, on peut s'adapter).

Wesh ma gueule, ça va ou bien ? On fait aller, ma gueule.

Comprendre ici "Comment vas-tu yau de poêle ? Pas mal et toi ture en zinc ?".


- Boloss : après une enquête des plus rigoureuses auprès des plus grands spécialistes du parler-vrai des quartiers, j'en suis arrivée à la définition suivante. Né du croisement entre Jackie Sardou et un Pokemon beau gosse (bogoss dans le texte) et molosse, le boloss est en général un pauvre type, intrus du système et, parait-il, moche comme un pou (oui, il cumule, le boloss).
Se décline également au féminin (une bolossE).
Synonyme : cas soc' (diminutif de cas social, indigent, parasite de la société qui profite de l'assistance publique sans aucun retour), narvalo (narvali au féminin).

Tu ne vas tout de même pas jeter cette chaise par la fenêtre, hein ? Bah nan, ch'uis pas un boloss !
Comprendre ici "Mais non, je ne suis pas neuneu !"


- Faire un 4-4-2 : un 4-4-2 est une technique fort répandue là où la surveillance n'est pas vigilante lors de regroupement de cartables ou d'affaires d'élèves en tout genre, comme, par exemple, pendant le temps de la cantine ou dans les vestiaires. Le 4-4-2, donc, à l'image d'une stratégie footballistique, se réalise en effectif réduit, et consiste à dérober tout ou partie du contenu des cartables ou des affaires sus-citées.
Alors attention, cette expression ne doit pas être assimilée à un vol banal à l'étalage. On ne peut pas dire "trop mdr, on a fait un 4-4-2 à la supérette", vous passeriez pour un vieux qui essaye de se la pêter en parlant d'jeuns.

Rhaa les boloss... ce midi, il y a eu un 4-4-2 sur les trousses.
Comprendre ici "Pendant la cantine, des trousses ont été malencontreusement dérobées par des petits malfrats".


Alors bien entendu, cette liste n'est pas exhaustive... disons que ce sont les expressions que je ne connaissais pas encore.
Oui. Car moi aussi j'ai maîtrisé, à un moment, le parler-vrai des quartiers. Sans doute pour m'opposer à l'éducation petite-bourgeoise de mes parents, qui avaient préféré me mettre dans une cité scolaire parisienne de renom plutôt que dans les établissements mal famés de banlieue.
Bon.
D'un côté, ils n'avaient pas tort, en terme de niveau scolaire. Mais côté humain, j'en ai chié.
Mes camarades étaient de vrais petits bourgeois, par principes... mes parents, c'était juste pour le côté élitiste...
Donc mes vrais potes, c'était ceux du quartier, de mon quartier, avec qui j'ai appris à jouer aux billes, à jouer à la tapette (vous savez, ce jeu qui consistait à retourner des cartes panini avec la paume... j'étais une tueuse, vu que j'ai toujours les mains moites !). Et forcément, ça parlait vrai.
Truc de ouf, d'la boulette, d'la bombe de balle, bédave, mytho, faire tiep, être keuss, se faire tèje, sa mère la pute, se faire tricard, daron/daronne, faire le auch... tout ça ne me rajeunit pas, mais j'ai utilisé ces expressions jusqu'à ce que je commence à faire des présentations orales à la fac et en classe préparatoire... forcément, la gouaille de racaille sur une nénette propre sur elle qui fait des études plutôt brillantes, ça dénote.
Donc petit à petit, j'ai désappris certaines tournures de phrases, certains tics de langage, pour éviter qu'ils ne me trahissent en public. Mais parfois, j'ai des remontées d'acide, et ça me reprend. Un peu comme l'accent lyonnais (oui, je ne te l'ai pas encore dit, mais je suis née près de Lyon, et j'ai du suivre mes parents lorsque mon père a eu une promo à Paris... j'ai lutté pour perdre ce putain d'accent pour éviter que mes petits camarades de la communale ne se foutent trop de ma gueule) lorsque je suis bourrée.
Ca reste.
Ca énerve MaB, moi, je trouve ça marrant.
Sinon, dans un autre registre, j'apprend aussi la langue française des signes avec une copine sourde du hand.
La communication, y'a que ça de vrai !

mercredi 24 décembre 2008

En direct live de la vie scolaire

Pour un quatre-vingt dix-neuvième message, et surtout depuis le temps, je vais tâcher de t'entretenir de choses plutôt positives (rapport à la magie de Noël, tout ça).
Bon...
Je ne vais donc pas m'étendre sur la crise d'angoisse qui m'enveloppe un peu plus chaque jour à l'approche du réveillon en "famille", à un tel point qu'elle m'a balancée hors du lit à des heures indues ce matin... mes grands-mères me manquent, ça va presque faire un an, et mon père ne sera pas là non plus, puisqu'il reste auprès de sa copine compagne qui a quelques petits soucis de santé.
Bref.
Noël en famille "nucléaire"... ma mère reçoit ses trois enfants et leurs moitiés respectives. J'espère que ça ne va pas partir en vrille, que ma mère ne va pas partir en vrille... l'avantage, c'est qu'on a une solution de repli avec MaB : on habite à 20 minutes en voiture de chez elle !


Depuis deux semaines, l'ambiance folle de Noël a fait donc des petits... non, ne pars pas, je ne vais pas te remettre en fin de message des petits extraits des fabulettes qui vont te trotter dans la tête pendant des jours !
Je t'explique.
Au départ, je voulais te présenter l'équipe type de la vie scolaire... les pions surveillants assistants d'éducation types...

- l'ancienne, qui est là depuis 4 ans, qui connait les ficelles du collège comme sa poche, et lorsqu'elle fronce un sourcil, les élèves se rangent quasi au garde à vous... il faut dire qu'elle est ancienne gardien de la paix... elle en impose naturellement.

- la non moins ancienne, mais moins autoritaire, qui maîtrise tout autant les techniques pédagogiques que l'ancienne règne en maître sur la discipline, et qui ne s'en laisse pas raconter par les élèves.

- la nouvelle qui a déjà enseigné, mais pas en France, et qui n'a pas pu trouver mieux que pionne faute de nationalité française... souvent effacée, elle n'en maîtrise pas moins son domaine.

- la petite jeune pêchue, à peine le bac en poche, qui préfère bosser plutôt que de ne rien faire. Son organe vocal est proportionnel à ses qualités orthographiques et syntaxiques, elle a grandi dans la cité qui entoure le collège : elle connait tous les grands frères et soeurs, voir les parents, des gamins, et ça, ça n'a pas de prix, surtout si tu te ballades un soir de pleine lune dans un quartier où tu n'es pas sensée être, ou si tu gares ta bagnole devant le collège (si tu fais ça, j'espère que tu as une bonne assurance... les enfants aiment bien les feux de joie dans le quartier).

- la no-life, nouvelle future prof (ne me demande pas, mais oui, il n'y a que de filles ou presque...), qui prépare ses concours à l'IUFM et qui bosse à mi-temps (tu auras compris qu'il ne s'agit pas de moi !). Elle fait ses fiches pendant les perms, mange seule dans le bureau en relisant ses fiches, puis me les file lorsqu'elle sont terminées, en échange de quoi, je lui donne un coup de main en sciences (niveau primaire, je gère). La grande classe, non ?

- l'animateur sportif (ah oui, tiens, un garçon !) qui se reconvertit en surveillant. Il se fait vouvoyer par les élèves (oui, normalement, tout le monde doit le faire, mais en pratique, il est le seul à tenir la distance du vous... moi j'ai lâché l'affaire depuis novembre... il n'y a guère que les sixième pour encore le faire, et encore !), il ne crie jamais, mais file des heures de colle à la pelle... il s'en fout, vu qu'il bosse à mi-temps, ça n'est pas lui qui surveille ses collés.

- l'étudiant en STAPS (rhoo ben encore un garçon !) qui bosse aussi sur un autre collège, et qui du coup, lui fait dire qu'il a de l'expérience et se permet de faire de grandes leçons de morale. Bon. Il n'est là que 17h, on ne va pas s'arrêter à ça. Il est efficace dans la gestion des élèves, malgré un certain prosélitisme religieux (c'est un barbu, qui fait sa prière cinq fois par jour, qui quitte le collège à 12h30 le vendredi pour aller à la Mosquée, qui lit le Coran lorsqu'il a du temps libre au bureau, et qui est allé se plaindre à la direction que les filles lui imposaient un contact physique alors qu'on lui serrait juste la main, pour dire bonjour... même pas on avait tapé la bise. Ca me choque, mais je ne vais pas me prendre la tête avec ce genre de personne, ça ne servirait à rien, à part me faire passer pour une anti-islam).

- et puis il y a le "poste zéro" : deux surveillants à mi-temps entrent dans cette catégorie, un garçon (oui, tu as bien compté, il y a trois garçons dans l'équipe), même profil que la petite jeune pêchue mais sans la pêche et l'envie, et une fille, dont le recrutement me semble plutôt louche étant donné qu'elle ne capte rien au fonctionnement de la vie scolaire et qu'elle s'empresse de balancer quiconque qui dit du mal d'un des trois CPE (oui, plus synthétiquement, c'est une taupe... qui, par exemple, rattrape ses heures d'absence en envoyant des textos ou en surfant sur le net le cul vissé dans la salle des profs alors qu'on s'escrime à faire tourner le bureau de manière pas trop bordélique). Autant te dire qu'on ne les porte pas dans notre coeur, et que même avec le plus grand des efforts, ils ont du mal à s'intégrer... en même temps, ils le cherchent un peu.

Où je me place dans tout ça ?
Disons que je suis une ancienne dans le métier, mais nouvelle dans le collège, que j'ai déjà enseigné, que j'ai une certaine maîtrise de la pédagogie et de la discipline, que je fais de l'animation par le sport et que je prépare un concours.
Oui. Vas-y, dis-le.
Je suis la pionne parfaite (ben quoi, si on ne peut plus se brosser soi-même une veille de Noël, où va-t-on, hein ?). Tellement parfaite qu'avec l'Ancienne et la Petite jeune pêchue, nous avons été chargées par la Principale de mettre en place les épreuves du brevet blanc. Photocopies des sujets, étiquettes sur les tables, distribution des copies et des feuilles de brouillon, installation des salles, et même surveillance des certaines épreuves (au même titre que les profs... j'ai même eu droit de faire la dictée !). Alors que les autres, non. Nada. Ils sont restés dans le couloir de la vie scolaire, à surveiller leurs perms et leurs exclus, tandis que nous, on surveillait le brevet blanc, au chaud, pendant 2 ou 3h, assises, au calme, avec des ravitaillements réguliers de thé fumant... tout ça pour le même prix.
On a eu un peu du mal à passer les portes la semaine d'après, vu qu'en plus on a été félicitées de cette organisation d'une main de maître... on a grave géré, et heureusement, car ce n'est sûrement pas l'adjointe qui aurait pu mieux faire (c'est elle qui nous posaient les questions pour savoir comment on faisait... trop la loose pour elle). Et ça, ça n'a pas plu à un CPE.

Je vais même lui faire un paragraphe pour lui tout seul, tellement il est fort dans son genre. Je te rappelle vite fait qu'il y a trois CPE dans ce collège (oui, c'est une anomalie, il y a un poste de trop que le rectorat va s'empresser de supprimer l'an prochain, rassure-toi, les deniers du contribuable ne seront plus utilisés de folle manière). Il y a Mister B, mon CPE référent, et Madame A, CPE des troisièmes et présidente du Foyer Socio-Educatif du collège.
Le troisième est un planqué, Seigneur de la Loose, Roi de la baltringue. Il a peur des élèves, et harcèle la vie scolaire (le téléphone sonne plus de 30 fois par jour... parfois on oublie de bien le racrocher pour avoir la paix...hem) pour qu'on lui fasse ses photocopies ou tout simplement son boulot. Ca n'a donc pas du trop lui plaire qu'on sorte de sa petite juridiction, et surtout qu'on soit considérées comme des nanas "qui gèrent", alors que lui est considéré comme un incompétent (même les élèves le disent, alors...).
Depuis, c'est coup de pute sur coup de pute.
Et que je te mets des heures de surveillance d'étude, et que je t'envoie chercher des élèves dans les classes, et que je te refile des exclus pas gérés à la pelle... bref, il nous charge, mais nous, on ne dit rien, on fait, vu qu'on gère (oui bon, ça va, on gère, mais faudrait pas pousser mémé dans les orties).

Rien à redire. A part qu'il est capable de balancer des infos à propos d'une élève à des flics qui appellent au collège, alors qu'il n'a pas le droit, vu qu'il faut que les flics se déplacent pour faire leur enquête... faute professionnelle... en d'autres temps, on aurait appelé ça collaboration.

Sauf cette erreur du vendredi de la sortie.
A la récré de 10h, avec deux surveillants en moins (tu sais, le duo du poste zéro... qui s'est fait porter pâle le jour des vacances...), tous les postes stratégiques étaient pourvus : les 3 cours, les 2 chiottes et le couloir de la vie scolaire. Et lui, le seigneur de la Loose, il se ramène tout énervé dans la cour des 4e-3e que je surveillais à la cool (ben oui, j'suis cool comme pionne, et les élèves me le rendent bien, donc ils sont cool avec moi... pas de bagares, pas de jeux violents ou dangereux, ils sont prévenus) en me disant que je ne suis pas à mon poste, que c'est inadmissible, qu'il ne faut pas prendre le poste d'un autre surveillant, que c'est à la petite jeune pêchue d'être là, tout ça, tout ça. Devant les élèves. Autant je suis bonne joueuse, quand je fais mal mon taf, je le reconnais, autant là, je peux te dire que ça m'a piqué au vif qu'on remette en cause un travail bien fait, devant les élèves qui plus est, avec la fatigue d'un vendredi des vacances. Je suis un peu partie en vrille, en lui répondant, devant les élèves, que tous les postes étaient occupés, et qu'il n'avait rien à me dire étant donné que l'équipe fonctionnait bien, et qu'à un moment, fallait arrêter de jouer au petit chef. Le tout en gueulant dans la cour, en faisant des grands gestes, et en me barrant vers le bureau. Les élèves étaient tout en émoi... que je m'énerve un peu contre eux, ils trouvent ça marrant/touchant/attendrissant (au choix), mais contre le Seigneur de la Loose, ça les a traumatisés (du coup, j'ai du feindre le non-évènement... je ne voudrais pas qu'on m'accuse de monter les élèves contre un autre adulte... j'ai une conscience pro, moi)(quand je te dis que je suis la pionne parfaite...)(j'en fais trop là ?).
J'ai donc fait un rapport de circonstance, que j'ai transmis à la Principale et à mon CPE référent. On ne sait jamais qu'il aille balancer des trucs pas nets avant moi. On verra ce que cela donne à la rentrée.

Et pour nous faire un cadeau, en dehors de cet abus de pouvoir me concernant, il a expressément demandé à la Principale de ne pas nous donner l'après-midi comme aux élèves et profs, libérés à 15h30 le vendredi, car il avait besoin de nous pour faire du classement. Informations prises chez le responsable syndical : il n'a pas le droit de nous faire faire du classement pendant les heures de boulot. Le classement c'est pour les permanences administratives des petites vacances. Donc nous nous sommes regardées dans le blanc des yeux pendant 2h au chaud dans la salle des profs. On a fini les derniers chocolats de Noël (ben oui, ils auraient été abîmés à la rentrée, fallait pas gâcher !), on a surfé sur le net, on a écouté du bon son, on s'est bien affichées comme les martyrs de ce collège devant tous les profs qui se barraient en vacances en disant "rhoo les pauvres... quel connard", bref, on a bien rigolé. Il n'est pas venu nous saouler, juste à 17h25, il est venu la bouche en cœur nous dire qu'il nous libérait. Ah ben tout de même !!

Autant te dire que je suis remontée à bloc de chez bloc, et que s'il veut la guerre, il va l'avoir. J'ai même accepté de siéger dans la Commission Consultative Paritaire des Personnels Précaires de mon académie (oui, tu sais, le truc pour lequel tu es sensé avoir voté le 3 décembre dernier... oui, c'est ça, les prud'hommes), première du genre pour les personnels précaires de l'éducation nationale. La résistance s'organise pour la rentrée, avec l'installation d'un panneau d'affichage syndical dans la vie scolaire, et l'application pleine et entière des missions inscrites sur les contrats des assistants d'éducation pour commencer.
Ça va saigner !

A côté de ça, les gamins sont chiants formidables, surexcités par la connerie fatigue, ils ont fait connerie sur connerie, ont frôlé le black-out mental, ont fait presque pleurer le poste zéro (c'est de leur faute aussi, z'avaient qu'à pas nous demander de ne pas les aider car ça les discréditait soit disant devant les élèves... des barres !)(euh, oui... c'est une expression du coin, "des barres", qui peut se traduire par "ouais, c'est ça, ouais, tu parles...")(faudra me faire penser à vous faire un petit lexique des expressions usuelles des collégiens d'aujourd'hui). Mais à côté de ça, tellement attachants, tellement sympas, toujours un petit mot gentil pour nous souhaiter de bonnes fêtes et de bonnes vacances. Je sais que je passe pour une extra-terrestre, mais je les adore même s'ils m'en font baver parfois, et ils me le rendent bien, humainement parlant.
Non je ne me drogue pas, c'est ça aussi la magie de Noël !!

Allez, bonne bourre bûche !

mercredi 17 décembre 2008

Deux (d'eux) de couple

Si vous vivez en couple, sauf à ce que vous soyez un spécimen rare, ce qui, somme toute, ne m'étonnerait que moyennement (oui, je sais que chaque lecteur de ce blog est une espèce unique), vous ne fréquentez que, ou presque, des couples.

Bon déjà, il faut, pour être considéré en tant que tel, vivre sous le même toit. Surtout si vous êtes lesbiennes. Pourquoi ? Tout simplement parce que la durée de vie d'un couple de lesbiennes se calcule en années de vies d'un chien. Si vous roucoulez depuis un mois, c'est sept mois de relation hétérosexuelle que vous avez purgée, si c'est trois, ça fait carrément un an et neuf mois et il est grand temps d'envisager votre cohabitation !

Bref, si vous réunissez l'ensemble des critères pré-cités, à savoir vivre à deux, ensemble, au quotidien, avec le doux et naïf sentiment que c'est bien là le but ultime de votre présence sur terre (bon, vous avez le droit de ne pas être lesbienne, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Ca marche aussi avec les gays et les hétéros), vous devez avoir remarqué que, à une ou deux exceptions près, vous ne fréquentez que des couples !

Mais je vois déjà les tambours de machines à laver mouliner dans vos cerveaux et vos doigts fins prêts sur le clavier pour d'une carresse, m'offrir la pertinente répartie. Oui, je le concède, c'est un peu comme quand on a une voiture rouge et qu'on a l'impression que tout le monde a copié ou comme quand on a un épagneul et que soudain la population d'épagneuls semble avoir subi les effets d'un baby-épagneuls-boum inexpliqué. Bref, c'est une vue de l'esprit. Mais, pas seulement, l'esprit peut aussi avoir une bonne vue et si j'en crois mon expérience personnelle, malgré une myopie particulièrement tenace, j'y vois bien là une vérité indéniable.

Tantôt amis, connaissances ou membres de la famille, ces couples hantent notre quotidien ou le désertifient, c'est selon.

Je vous les présente ? Bah, si il n'y a que ça pour vous faire plaisir, allons-y...

Bon d'abord, il y a le fameux couple "d'apnéistes". Ils s'entraînent dur, à tel point qu'ils ont oublié que l'amour c'est super sympa, mais que la respiration c'est essentiel. En général, il s'agit d'un jeune couple. J'entends par "jeune couple", une durée de relation et non le temps de vie déjà parcouru des partenaires, l'âge du capitaine n'a rien à voir là dedans. Quoique... Bref, ce jeune couple fougueux ne manque pas la moindre occasion, seul ou en public, pour étaler son bel amour tout neuf. La galoche est fougueuse, le contact buccal quasi-permanent et surtout, si d'aventure, vous tentez d'échanger quelques mots, dans un élan de témérité pareil à celui de Guillaume Tell, contraint de viser en plein coeur une pomme solidement accrochée à la tête de son père, il vous en coutera de supporter des interludes ruisselants de bonheur exubérants toutes les deux phrases. Mais, bon, ce couple là, je lui pardonne son extravagance parce que bon, je dois bien l'avouer, j'ai moi aussi risqué de contracter la mononucléose à force de baisers.

Laissez-moi maintenant vous rappeler le couple "d'hypocrites". Celui-là, vous ne le croisez qu'en soirée d'anniversaire ou lors de repas organisés par des amis d'amis d'amis (parfois les liens d'amitié vous perdent autant que les descendances généalogiques, qui de la cousine de la belle-mère qui est la tante, bien entendu, du cousin germain par alliance... ça va pour tout le monde ? vous suivez ?). Ce sont ceux qui par devant sont ébahis par votre humour et votre aptitude innée à la fête et qui, vous l'apprendrez plus tard, vous ont trouvé ridicule et insupportable, lors de la soirée de machin et que, franchement, c'est quand même affligeant de se mettre une misère pareille. Et ce sont les mêmes, bien souvent, qui vous promettent de ne plus attendre que le hasard nous mette sur le même chemin, mais de vous inviter, très bientôt, très très bientôt. N'ayez crainte, vous les recroiserez, bidule fête son anniversaire dans six mois !

Ah, qui n'a pas son couple de "boulets" ? Celui-là, il vous colle à la peau comme une bernique à un rocher ! En général, il se compose de deux personnes d'une gentillesse insupportable. Oui, le couple de boulets vous aime et comme vous n'êtes pas si méchants que ça, vous ne parviendrez jamais à le détester. Sauf que, au bout de deux minutes de conversation, vous ressentirez un profond besoin de sommeil. Sauf que vous n'avez aucun point commun, à part celui d'être également en couple. Mais si vous n'êtes pas avares en excuses, ils sauront comprendre que votre emploi du temps surchargé ne vous permet pas de vous libérer en dehors des grands évènements et que c'est pour ça que vous ne les rencontrez qu'une ou deux fois par an, par hasard.

Dans le genre couple que l'on croise occasionnellement, il y a aussi le couple "caricatural". Elle, maquillée comme si une poursuite allait l'encercler de son halo de lumière dès son entrée dans la pièce. La star, habituée aux projecteurs, a tout prévu et son visage reste hermétique à la froideur de la lumière blanche. Difficile de deviner quelconque pâleur sous une couche de trois centimètres de fond de teint marronâtre. Elle ne manquera pas de vous faire remarquer la charmante petite chose qu'elle a dégoté pour ladite soirée, à savoir sa robe toute neuve et encore marquée par le pliage. Elle vous parlera de ses dernières vacances avec son chéri, en Afrique du nord, au club. Elle n'oubliera pas de s'indigner en évoquant la pauvreté et l'affreux manque d'hygiène dont souffre la population locale. Elle vantera les qualités du Club, ses prestations, son personnel. La piscine, les cocktails divins, la gentillesse du personnel, l'humour des G.O., l'excellent choix des excursions, les structures sportives, la discothèque immense et incroyablement décorée et surtout, elle vous invitera à venir visionner très bientôt les mille photos qu'elle a prises (vive le numérique ! Parfois, je regrette l'existence de l'argentique, c'était quand même plus sélectif...).

Lui, ZEBOGOSS, le piège à filles incarné, l'assurance d'un pitbull face à un caniche nain, le rasé de près tout frais qui s'asperge de déodorant, parce que les publicités disent toujours vrai et que ça lui donne un sex-appeal fou dans les ascenseurs. Le maître à penser du couple, qui n'hésitera pas à dire que les femmes ne devraient pas voter parce qu'avec des conneries pareilles notre société occidentale bien structurée va chavirer. Il a voté pour Sarko et ne s'en cache pas, c'était par dépit certes, non, ne te fâche pas, mais une femme président de la République, faut quand même pas pousser ! Il avouera à demi-mots que les américains ont élu un noir et que donc, il serait pas impossible qu'on finisse avec une gonzesse à la tête de l'état. Il s'y prépare, il est à fond. Et si un audacieux venait à lui rappeler que sa femme a aussi le droit de vote, il rétorquera, dégueulant de fierté, qu'elle ne vote jamais. Pas de risque. Ouais, pas de risque.

Alerte : ce modèle existe aussi dans d'autres versions. N'hésitez pas à commander nos caricatures gay et lesbiennes !

J'ai une tendresse pour celui-ci : le couple des "ex". Kesako ? Que je sois claire, ce couple n'a ce nom que parce qu'il est en binôme. Il n'y a entre ces deux-là aucun vice de la chair. Il y a eu par le passé et à les entendre, c'était même assez sympa. Mais non, il était inutile de se voiler la face, en tant que "couple" ça ne collait pas. En tant que "duo" en revanche, ça cartonne. Et à part l'exotisme de mises en scène torides, le reste a été mis sous cloche et s'éternise sous une forme d'amitié-amoureuse digne d'une relation epistolaire du XVIIIème siècle. Ce couple des ex peut de temps à autre, s'avérer être en réalité un couple "tout bénéf". Parce qu'on aime les deux, qu'individuellement, ce couple existe encore et qu'on aurait regretté que leur séparation entraîne leur absence. Et se charrier sur les nouvelles relations fait partie du lot, mais c'est juste pour faire rire l'auditoire, qui finit par se demander si ces deux-là ne finront pas par se remettre ensemble !

Inévitable, essentiel : le couple de la "famille". Un des partenaires est votre frère, votre soeur, votre cousin germain, ou même une cousine éloignée. Mais vos liens n'ont rien de ceux qui unissent les co-descendants sanguins. Ils vont au-delà de la simple appartenance à une même tribu. Vous partagez des valeurs, des affinités, une certaine vision de la société. Ensemble, vous vous comportez plus comme s'il s'agissait là de deux couples d'amis qui s'apprécient particulièrement. Si bien, que vous créerez probablement la surprise en avouant cette filiation commune aux autres. Vous aimez passer du temps avec eux, individuellement ou à deux. Vous parlez avec plaisir de tout et de rien. Sauf, et c'est là que le lien familial ressurgit, de vos relations respectives. Ou, tout au plus, juste des choses assez positives. Parce que vous avez conscience malgré tout de la particularité de ce lien. Certaines exceptions confirment la règle, mais le poids de la famille n'allège pas celui du secret.

Enfin, le couple de "jumelles/jumeaux". Vous vous ressemblez tant que c'en est troublant. Pas forcément physiquement, l'équipement corporel n'ayant que peu d'autorité dans l'incroyable aventure qu'est l'amitié. Ce couple là, est une jouissance absolue, le zénith de vos attentes, l'irrésistible assouvissement du pare-feu à des vies asesptisées. La complicité vous offrira de découvrir des centaines de similitudes, au point que vous vous adonnerez avec simplicité au jeu des sept erreurs. Mais en quoi sommes-nous vraiment différentes ? Vous ressemblerez tantôt à l'une, ou à l'autre, plaisantant de ces petits défauts similaires ou vous galvanisant de ces grandes qualités que vous avez su pareillement développer. Pour autant, et vous le savez, les couples ne sont pas interchangeables, car vous ne pourriez envisager l'amour avec l'une ou l'autre, puisque la gémellité alterne, avec une légèreté généreuse, de l'une à l'autre et que votre couple n'est pas la reproduction exacte de vos jumelles/jumeaux. Mais cette ressemblance croisée et aléatoire est une ode permanente à l'amitié. Et quoiqu'il arrive, même si vous perdez pied et que vous coulez à pic dans la marmite de vos emmerdes, ce couple sera là. A vous aider à frapper du talon pour regagner la surface, à vous couvrir de sourires et de mots réconfortants, à vous faire rire jusqu'à vous en coller des crampes.

Je passe rapidement sur les "warriors", qui en sont à leur cinquième rupture/reprise, les "monomaniaques" qui ne peuvent se passionner que pour une seule obsession et qui en abreuvent toute oreille attentive, les "total aware" qui couchent à droite et à gauche, à deux, à trois, à dix (plus on est de fous, plus on s'amuse), les "couci-couça" qui ne savent pas trop bien si leur affaire va durer, les "barbapapa" qui sont à fond dans l'instant et qui se transforment selon la circonstance, les "AA" qui descendent la bouteille de tequila à deux et déclament leurs blagues graveleuses comme autant d'incantations, les "j'ai pas d'amis" qui ne vivent qu'à deux en autarcie et pensent que le reste du monde constitue leur décor, les "zoo tendance" qui élèvent une ménagerie dans leur deux pièces de 35m², les "papa/maman" (ou maman/maman ou papa/papa) qui pensent que leur progéniture est le centre du monde et que la terre n'est que son espace de jeu, les "bandes lovers" qui ne se retrouvent qu'entre eux et tolèrent d'autres existences inutiles.

Les "so..." sont pas mal non plus.

La "so lesbian" pratique le soft ball, part en rando-vélo avec sa compagne dans les Landes, suit les conseils avisés de Valérie Damidot et se préserve, en insistant peut-être un peu trop, de la société de consommation. Ses meubles, ce sont les suédois qui lui fournissent, ou le hasard d'une brocante.

Les "so straight", se marient en juin, auront leur premier en janvier, partent à la Baule avec les beaux parents chaque été, sont inscrits à une salle de gym, ont un chien et des peignoirs assortis avec "lui" et "elle" brodé de fil bleu et rose.

Le "so gay" habite un petit deux pièces avec terrasse en plein Paris avec son petit cul préféré, regarde "un diner presque parfait" avec passion, passe ses vacances dans un gîte gay où il redécouvre chaque année les plaisirs de l'infidélité, pleure en écoutant du Tchaîkovski, est capable de te citer du Emily Dickinson ou du Rimbaud dans le texte, a pris sa carte d'abonnement à Beaubourg ou au Grand Palais et va "faire un tour rapide" de la FIAC pour s'imprégner des nouvelles tendances.

Le tour est fait et j'espère n'avoir oublié personne.

Mais quel est votre couple ? Quel est le mien ? Je l'avoue, j'ai surement parfois été chacun d'entre eux... à une ou deux exceptions près...

Et vous ?

mercredi 10 décembre 2008

Noël durable de lapin

Oui... depuis 10 jours, l'ambiance folle de Noël est entrée dans les foyers... et si ça n'est pas Noël, c'est l'Aïd-el-Kebir... ou la Saint-Nicolas... bref, c'est la teuf, les lumières brillent, les cadeaux se préparent, les porte-monnaies se vident, les estomacs commencent à stresser à l'idée de se faire exploser.
Et dans le respect de la tradition chrétienne, durable qui plus est, je suis allée chercher un petit sapin avec MaB.
Tout petit.

Parce que l'an dernier, je m'y suis pris vachement trop tard, et il ne restait plus que de grands sapins.
Très grands.
J'avais bien pris le plus petit, apparemment, au travers de sa chaussette, je me suis dit qu'il était plus petit, plus chétif que les autres... en fait non. Au déballage, il s'est avéré qu'il était, certes, court sur pied, mais surtout beaucoup plus large que ce que j'avais imaginé.
Le tronc aussi... et vu que je n'avais pas pensé au pied du sapin (ben oui, va faire tenir un sapin d'1m60 sans pied, droit comme un I ?), j'ai donc fait plusieurs jardineries pour trouver une buche avec un trou suffisamment large pour faire rentrer le tronc de mon grand sapin.
Sauf que ça n'avait pas suffit... ça ne rentrait définitivement pas. Armée d'un tournevis et d'un marteau, j'ai donc débité une partie du tronc... j'ai taillé le pied du sapin comme si c'était un gros crayon (un gros crayon d'1m60... ça en fait des trucs à écrire...). J'en ai bavé, mais au bout de quelques minutes heures, le sapin s'est enfin tenu debout tout seul !!
Victoire.
Fierté.
Sauf que dans un salon de 30m², un sapin d'1m60 de haut et 1m20 de diamètre, ça ne se case pas aussi facilement... et puis ça ne laisse plus beaucoup de place entre la table basse, le canapé, les chauffeuses, la table à manger, le meuble TV et le bar (non pas que notre bar soit si imposant que ça, n'allez pas me faire dire ce que je n'ai pas dit, mais tout de même, le bar était moins volumineux que le sapin).

Donc, cette année, on s'est dit avec MaB qu'on allait s'y prendre un peu plus tôt (pas le dernier week-end avant Noël comme l'an dernier...) pour avoir le choix dans la date la taille.
Et nous avons trouvé.



La douce odeur du pin de scandinavie est entrée dans notre chez-nous... on ne va pas aller jusqu'à mettre une couronne sur notre porte, mais nous n'en sommes pas loin, vu que MaB m'a offert un calendrier de l'avent Diego (oui... Dora, c'est rien qu'une pétasse d'abord).
Et le pire, c'est qu'en parlant de ce petit sapin, j'ai ce petit air de mon enfance qui remonte à la surface... un brin de nostalgie en pensant à mes grands-mères qui se sont fait la malle l'an dernier et qui m'ont fait douter jusqu'à très tard de la non-existence du Père-Noël en imaginant des scénarios de livraison de cadeaux tous les plus loufoques les uns que les autres. Pour chercher ces petites fabulettes, j'ai quasi ré-écouté l'intégrale... MaB a flippé lorsqu'elle a vu que je me souvenais de toutes les paroles (alors que je ne suis pas instit en maternelle... pas encore... il va peut-être falloir que je me mette à la guitare, d'ailleurs).





Bon. C'est pas tout ça, de retomber en enfance (ben quoi ? Il y en a bien qui connaissent par coeur les génériques de dessins animés de leur enfance... je n'avais pas la télé, donc ce sont les fabulettes. On ne mange pas de la même rillette, c'est tout !), mais j'ai un petit sapin pique pique piiqueuuuuuu à décorer !

Ah oui, et durable (oui... rapport à mon titre de billet), c'est parce qu'on peut rendre son sapin à 20 € dans ce célèbre magasin bleu et jaune contre un bon d'achat de 19€ (à ce qu'il parait, ils moulinent tous les sapins en petits morceaux et ils refont des planches de contreplaqué avec). L'euro qu'on ne récupère pas est reversé au bénéfice de l'ONF (faudrait voir, si on achète plusieurs sapins, si on peut déduire ce don de ses impôts...).
T'as vu ça, comme je m'engage, comme je m'aménage un Noël militant en sous-consommant ?

jeudi 4 décembre 2008

La vie comme elle vient

Oui... il y a des fois où on préfère garder pour soi ses états d'âmes, et du coup, on laisse un peu ses lecteurs de côté. That's life !

J'ai donc été extrêmement déçue de ne pas avoir à partir en Belgique avant la fin de l'année 2008. La faute à des ovaires particulièrement capricieux qui ont décidé de ne rien faire comme les autres, et donc de n'en faire qu'à leur tête. Et bien entendu, ça n'est pas avec les péripéties du premier trimestre que ça aurait pu s'arranger.
Bref.
Déjà que j'étais un peu fatiguée par cette fin d'automne, cette nouvelle ne m'a pas vraiment remis la pêche.
Je m'en remettrais. Il s'agit juste de patience.

Je n'arrive pas à me l'expliquer, et je m'efforce de ne pas trop y penser, mais ça n'est pas très loin de devenir une véritable obsession... comme une envie de passer à autre chose, parce que maintenant je me sens prête, dans ma tête, dans mon corps (enfin presque, hein...), dans ma vie... une si grande envie, que j'ai la gorge qui se sert lorsque j'entrevois une mère avec son enfant, ou une femme enceinte. Ça ne me le fait pas tout le temps, mais je sens que si je ne me contrôle pas, ça risque de me bouffer petit à petit.
Et dire que je ne comprenais pas ces femmes qui au bout de quelques essais ne pensaient plus qu'à ça, et pleuraient presque à la vue d'une femme enceinte ou à l'annonce d'une grossesse.
Voilà. Je suis dégoûtée.
Le point positif, c'est que je n'ai pas à me prendre la tête pour savoir si l'ovulation va tomber un samedi ou si je vais pouvoir partir pour les fêtes de Noël.

Du coup, le week-end dernier, je suis partie en Bretagne pour faire du hand-ball (j'te raconterai, c'était terrible... un week-end de tous les excès, sans MaB !).
Et je suis rentrée tellement crevée (encore plus qu'avant, en fait), que lundi matin je n'ai pas réussi à me lever... ni mardi.
Forcément, avec 9 de tension, 39 de fièvre, une sinusite douloureuse couplée à un début de rage de dent (oui, moi, quand je suis malade, je ne fais pas les choses à moitié...), ben j'me suis fait arrêter... toute la semaine.
Ouais. Le médecin m'a demandé si j'étais vraiment indispensable au collège... je lui ai répondu que personne n'est irremplaçable... il a signé l'arrêt de travail.
Quand au dentiste, après m'avoir trituré la pulpe d'une dent de sagesse pendant une demi-heure, il s'est résigné, avec quelques trémolos émouvants dans la voix (sans rire, j'ai vraiment cru qu'il allait verser sa petite larme), à la dévitaliser.
- Vous avez encore mal, là, même lorsque je ne touche plus ?
- Han han (oui, ben essayez de dire oui avec un tube d'aspiration et des cotons absorbants plein la bouche...)
- Je suis vraiment désolé, j'ai vraiment fait tout ce que j'ai pu pour la garder, la soigner... mais c'est trop tard, la pulpe est à vif... impossible de la garder comme ça...
- ...
- Rhalala... il serait resté un peu plus d'ivoire, on aurait pu faire quelque chose... même avec une minuscule couche... mais là... pffff...
- ...
Plusieurs injections d'anesthésiant plus tard, je ne sentais plus rien du tout, et la bouche grande ouverte, le dentiste a pu farfouiller au fond de ma dent pour récupérer des petits bouts de nerfs.
Une heure trente plus tard, je pouvais de nouveau boire à la paille mon ballon de blanc !

Bon. Sinon, j'ai enfin ouvert les courses miroir sur Mario Kart (pour les incultes, ce sont les mêmes courses, mais en miroir).
Et puis aussi, on a pu se faire des petits repas en amoureuses avec MaB pour fêter nos 4 ans d'amour fou. Bé oui, hein, faut bien profiter !

jeudi 20 novembre 2008

Nantie

Bon, ben oui... j'étais en grève... et j'étais tellement occupée à fomenter l'aube du grand soir, que je n'ai pas eu le temps de passer par ici.


Dessin de Proctor

J'ai fait grève parce que :
1) la suppression des RASED (Réseau d'Aide Spécialisé pour les Elèves en Difficulté) ;
2) la suppression de plus de 13 000 postes à la rentrée prochaine (et notamment ceux des titulaires remplaçants) ;
3) la réforme du lycée ;
4) la mise en place de l'aide personnalisée dans le primaire, assurée par des enseignants non-spécialistes, au détriment des conditions d'apprentissages des enfants les plus en difficulté (ou par des assistants d'éducation BAC +2 au collège... je vous laisse imaginer ce que l'aide peut apporter à ces enfants...) ;
5) la suppression de l'accueil des enfants de 2 ans à l'école maternelle, au profit de jardins d'enfants payants.

Et puis surtout, c'était la sortie du beaujolais nouveau... j'ai bu... pas mal... mais pas trop, vu que je bossais vendredi... pour oublier que je ne reprendrai le chemin de la Belgique qu'en 2009, la faute à une ovulation encore capricieuse.

dimanche 16 novembre 2008

Usual Smockers

J'ai pas mal fustigé () le lobby bio, rapport au fait que c'était une agriculture de pays riches, et qu'avec ce système élitiste, la planète serait encore plus affamée que maintenant, et donc plus belliciste.
Ouais, Bio = Guerre intersidérale, déplacements massifs de populations vers les villes, pénuries de matières premières alimentaires, creusement des écarts sociaux, culturels, économiques, territoriaux... bref, le chaos.

Enfin, je m'enflamme.

A la base, ça part d'une bonne intention... préserver la planète... sauf que l'homme fait partie de la planète, et le préserver n'est pas le laisser crever de faim. Vous allez me dire que c'est déjà le cas, et que l'agriculture "traditionnelle", durable ou non, raisonnée ou non, n'arrive pas non plus à nourrir les hommes (et les femmes aussi, faut pas croire). Certes.

Mais on ne va pas non plus se lancer dans un débat sur les systèmes agricoles et les structures agraires (cela dit, si ça vous intéresse, voici un bouquin assez complet, Les Grands types de structure agraire dans le monde, René Lebeau, ici).

Donc, j'te disais, le bio, c'est pas beau (oui... ce slogan m'est venu comme ça, d'un coup d'un seul... n'imaginez pas que j'y ai pensé pendant des heures, non plus !). Sauf que, l'autre jour, un pote m'a dit qu'il fumait bio.
J'ai récupéré l'adresse du site (nan, désolée, je ne balance pas mon dealer info en public), j'ai cliqué, j'ai commandé, j'ai payé en toute sécurité... et hop, mon petit paquet d'encens bio livré sous trois jours dans la boîte aux lettres, sous pli discret, précise le site.
Oui, de l'encens, composé d'un mélange concassé de différentes plantes aux différentes vertues.
Et bien entendu, sur le sachet, il est bien précisé qu'il est impropre à la consommation. Comme si on allait s'amuser à le fumer dans un chilum ou roulé dans du papier à cigarette (ben quoi, c'est que du bio, ça peut pas être mauvais pour la santé, si ??)... et à ressentir ensuite quelques effets défonçants relaxants.
Vraiment, ils ont de ces idées, parfois !!
Le tout dans la plus complète légalité, bien entendu, tu me connais !
Et c'est tellement légal que le cadeau bonus, c'est un paquet de feuille à rouler ! (ça va devenir un collector, j'le sens !)


Mais bon... rien ne vaut un gros joint de weed, au goût bien acidulé, qui laisse un petit goût de sucre sur les lèvres...
Disons que c'est comme si tu comparais un vieux Rhum ou un Cognac avec un vin californien... oui, ça ne se fait pas.

Cela dit, je suis un peu en train d'essayer d'arrêter de fumer la clope (pour le reste, ça serait juste temporaire, du genre environ entre 9 et 12 mois), for ever...

Mais voilà, c'est ça l'hypocrisie à la française.

Pendant ce temps là, des connards du conseil de l'ordre des médecins français estiment que des gellules de Tétrahydrocannabinol (THC, principe actif du cannabis), c'est plus dangereux que des injections de morphine pour lutter contre la douleur quotidienne.
Ouais, c'est moche.

mercredi 12 novembre 2008

Les bottes et moi

Ben oui... j'ai bien été obligée de les ressortir, mes bottes.
Elles n'avaient plus vu le jour depuis cette matinée où j'ai décidé de tout plaquer... le CNRS et ses défraiements de merde, les 3 semaines de camping au mois de juillet, le Pouilly fumé et le chèvre (c'est sans doute ce que je regrette le plus, en fait... la bonne bouffe) et les pieds humides la moitié du temps. Même avec des bottes (en même temps, c'est un peu normal d'avoir des problèmes d'humidité lorsqu'on travaille sur les rivières... enfin plutôt dedans)(et si vraiment ça m'avait tant dérangé que ça, j'aurais plutôt bossé sur les déserts).

Mais ils l'ont dit dans l'poste : la top tendance du moment, c'est la botte de pluie (d'ailleurs, ça m'a bien fait marrer cette expression... on ne dit pas botte de grêle ou botte de neige - ah si, ce sont des après-ski - et puis mettre des bottes en pleine canicule et/ou sécheresse, c'est un peu sot).

Oui, oui, riez. Profitez.

Lorsque j'ai entendu "botte", j'ai tout de suite pensé à ce fameux modèle que beaucoup d'entre nous ont déjà porté dans leur enfance, pour aller pêcher la crevette grise ou le crabe vert (qui n'est pas comestible, qu'on se le dise) dans les rochers de Bretagne (je ne sais pas si ça se fait aussi en Normandie ou en Charente... il y a des rochers, là-bas ?).

Voici pour le modèle de base :









Ou pour les plus fashion d'entre nous, le modèle en couleur (avec une petite collerette pour éviter les entrées d'eau par le haut... ouais, ouais, c'est technique, une botte, faut pas croire !).








Et bien figurez-vous que depuis le succès de ce modèle quasi-universel, la botte a fait pas mal de progrès (oui, progrès, le mot est fort, mais on parle de mode, là).
Aujourd'hui, la botte est carrément devenue tendance, et se décline comme n'importe quelle paire de pompes.
Bon, c'est vrai que c'est plutôt sympa, les bottes... mais en cuir (sauf que j'aurais du mal à trouver botte à mon mollet... même avec une languette ajustable, je suis à l'étroit...)(en même temps, ça n'est pas trop mon style, en fait, donc je n'ai pas non plus trop cherché, hein !).
Seulement avec la botte de pluie, les tendances de la mode vont très loin... jusque-là, rendez-vous compte (et encore, ce n'est pas le modèle le plus bariolé que j'ai pu voir au fil de mes recherches internetiques) :




Étonnant, non ?
Bon, pour faire son jardin ou accompagner des enfants à la plage, pourquoi pas, c'est bien marrant.
Mais pour sortir... dans la rue... en ville... et sauter à pieds joints dans les flaques, le fossé est grand.

La grande question que je me pose néanmoins, c'est : "Et la botte de chasse, dans tout ça ?"
Ben oui, la botte de chasse est la grande oubliée des stylistes créateurs. Pourquoi les chasseurs et autres utilisateurs, nombreux et variés, de ce type de botte n'auraient-ils pas le droit de se chausser avec style, avec classe, avec glamour ?
Parce que bon, c'est pas vraiment gagné avec ça :



Le kaki pour le camouflage, la semelle crantée pour l'adhérence au sol souvent boueux, et surtout, l'isolation... chaussettes montantes de rigueur et semelle intérieure en polaire (ça, c'est pour le confort en hiver), pantalon à l'intérieur, façon cow-boy girl.
Niveau glamour, on a fait mieux, hein ? En même temps, lorsqu'on traque un sanglier ou qu'on essaye de sonder (non non, je ne ferais pas de sondage là-dessus, rassurez-vous) l'ensemble des fonds d'une rivière, on ne se préoccupe que très peu de la mode et de ce que les stylistes en font.
Mais tout de même... ça me laisse songeuse... Et si j'avais eu des bottes de chasse roses avec des petites fleurs, aurais-je eu plus de chance pour trouver un financement pour ma thèse autre que la subvention anorexique d'une réserve naturelle ?

Peut-être que si j'avais le cran, et que si la tendance se confirmait, j'irais bosser en bottes de chasse, just for fun... mais non.

dimanche 9 novembre 2008

Viens-y que j'te sonde !

Allez hop !
Au boulot, mon panel !
Te voici de nouveau mis à contribution.

Ta mission, si tu l'acceptes : déterminer si oui ou non, dans l'imaginaire collectif (donc le tien, d'imaginaire), les lesbiennes sont férues d'Histoire.
Oui, d'Histoire. Avec une grande H (rien à voir avec la H de mes commentaires... quoique, elle gagne à être connue jusque dans des contrées lointaines... aussi lointaines que Saint-Pierre et Miquelon)(mais je m'égare). Donc l'Histoire, de l'Antiquité à nos jours, en passant par la Préhistoire et l'époque moderne.
Mais derrière cette question apparemment anodine se pose celle de la Culture (avec un grand Q C) ... en général, mais aussi de la communauté.
D'ailleurs, existe-t-il une culture "lesbienne", terreau commun dont naitrait la diversité ?
Existe-t-il des références communes à toutes les lesbiennes de France, d'Europe, du Monde ?
Bon... je te laisse voter !



Pour ma part, je me suis intéressée à l'Histoire, toutes époques confondues, avec une petite préférence pour l'histoire des idées politiques, et une passion pour la fin du XIXe siècle en Europe... chacun son truc, certains font des reproductions de monuments historiques en allumettes, d'autres se passionnent pour les dinosaures, moi, je préfère La Commune !
Petite, j'ai eu mes périodes... à peu près calées sur les programmes scolaires... Préhistoire (j'ai du rester des heures devant des dizaines de pointes de flèches ou dans des tumulus), Antiquité (je crois que j'ai pleuré devant la frise du Parthénon au British Museum... oui... tellement j'étais émue), Moyen-Age (je faisais des reconstitutions assez réalistes avec mon château-fort LEGO), Rennaissance (je trainais mes parents à Versailles ou à Fontainebleau trop souvent à leur goût... heureusement pour eux que les châteaux de la Loire étaient trop loin !), et puis le XIXe.
Aaaah La Commune... l'anarcho-syndicalisme dans toute sa splendeur... une légende familiale raconte que les parents de mon arrière-grand-mère auraient mangé, avec d'autres parisiens, l'éléphant du Jardin des Plantes pendant le siège de Paris en 1871 (cette anecdote m'a d'ailleurs vallu une excellente note en colle, lorsque j'étais en prépa... sujet : La Commune de Paris... l'aubaine... j'aurais pu tomber sur la communauté des bouleutes dans le Grèce du Ve siècle avant J-C...). C'est aussi la source de tout un tas d'idées révolutionnaires qui, à ce jour, n'ont pas toutes abouties... et ça, c'est très excitant !


Bref, tu l'auras compris, je suis lesbienne, j'ai une passion cachée pour Louise Michel et André Léo, et j'adore (non, c'est vrai, on n'adore que Dieu) j'aime l'Histoire, les Histoires.
Comment ça, rien à voir ?
C'est peut-être ce que l'on appelle un préjugé, une caricature tellement énorme qu'elle fait parfois du tort à la visibilité crédible des lesbiennes.

mardi 4 novembre 2008

Mon père, sa queupine compagne et moi

Ben dites donc... je pars huit jours et voyez comment je retrouve ma femme (enfin, sur ce blog, parce qu'en vrai, ça ne se regarde pas, sinon, ça s'appelle TF1 du voyeurisme) !
Complètement toute chamboulsifiée... dégoulinante de romantisme, guimauve-fleur bleue à souhait... il faut dire qu'à son contraire, je suis une vraie râpe à sucre à ce niveau là. Non pas que je ne ressente pas le manque, l'amour qui fait des papillons dans le bas ventre et tout ça, mais je ne me laisse pas submerger aussi facilement !
Rendez-vous compte !
Huit jours !
Et si j'étais partie trois mois ? (ce qui aurait pu arriver si j'avais terminé ma thèse, en partant pour faire un post-doctorat à l'étranger... en Guyane ou en Amazonie bolivienne ou dans le Haut-Atlas marocain... rapport à mon sujet de recherches d'avant...)
En même temps, ça fait partie du package, MaB était prévenue dès le départ : j'ai besoin de mes moments rien qu'à moi, de mes moments "ourse seule".

Là, je n'étais pas vraiment seule... je suis partie chez mon père et sa maîtresse queupine compagne (maintenant que les papiers du divorce de mes parents sont signés, je ne peux décemment plus la dénommer comme ça... bon... de là à l'appeler "belle-mère", faut voir, hein !) sur l'île d'Oléron.
Oui, Oléron.
A ne pas confondre avec Ré, qui est le fief des bobos socialos par excellence, et dont le prix du mètre carré fait concurrence avec les parquet-moulures-cheminée de la capitale.
Oléron la Lumineuse, seconde île française après la Corse... ses dunes, ses pins, ses marais, ses huitres, son Pineau... mais aussi ses mini-tornades en période de dépression automnale (les fronts froids, les fronts chauds, les influences océaniques, tout ça).
Donc une semaine avec mon père (souvenez-vous, je vous avais livré une petite présentation un peu désabusée il y a quelque temps)... on ne s'était pas vus depuis cette après-midi ensoleillée de février où nous avons enterrée notre mère et grand-mère... huit mois. C'est vite passé, mais c'est long en même temps.
J'ai retrouvé un papa épanoui dans sa nouvelle relation, dans sa nouvelle vie... bon, toujours aussi autiste dans l'expression de ses sentiments, mais moins sur la réserve qu'avant... de rien, on est passé aux demi-mots. Et vu que je fonctionne un peu pareil, on se comprend mieux.

On a parlé de ma sœur, du passage prochain de son affaire devant la Cour d'appel, de la probable décision des juges, de son avenir proche (à savoir son futur logement à sa sortie de prison, probablement avant son mec). Il n'a pas encore demandé de parloir pour rendre visite à ma sœur... au bout de presque 2 mois, je trouve ça un peu limite... sa compagne aussi. Ça me l'a rendue sympathique, ma belle-mère (si elle m'entendait l'appeler comme ça, elle ferait des bonds !).

On a aussi parlé de ma mère, qui est en train de pêter tout doucettement les plombs... elle en est même venue au mensonge en prétextant une luxation de l'épaule (alors qu'elle s'est juste viandée sur un parking et qu'elle s'est éraflée l'avant-bras... j'ai eu confirmation de sa soeur... ma tante, donc) pour me faire venir de Charente jusqu'en Bretagne Nord, pour deux jours, comme ça, en passant 8h dans les trains et bus qui sillonnent le grand Ouest... je n'ai pas cédé, je suis restée sur l'île, sans presque aucun sentiment de culpabilité !
Sa compagne (qui, en fait, est bien plus âgée que MaB... de 6 ans... je l'ai appris au hasard d'une conversation dans une parfumerie)(oui... j'ai fait les boutiques avec elle... on a fait du repérage... tout arrive !), même si elle oscille entre la pompom girl et la mémère à son chien-chien, est quelqu'un de bien, de juste, d'ouvert. Surtout, elle te booste mon père, quelque chose de bien... pas autoritaire-totalitaire (nan, elle ne sera pas ma marâtre... arrêtez un peu de vouloir mettre du drame là où il n'y en a pas !), mais plutôt révélatrice de ses capacités affectives et matérielles.
Ils se sont donc achetés une petite maison sur l'île d'Oléron, un petit studio avec une mezzanine-chambre à coucher et une courette pour des apéros sous la treille, sur la côte nord-ouest de l'île à 200 m de la plage...
Ils ont même un couple de garçons, avec qui ils s'entendent super bien, comme voisins. Le monde est petit ! D'autant que, si l'île de Ré est un repère de la gauche caviar, l'île d'Oléron, elle, est un véritable nid à lesbiennes ! Alors attention, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! Toutes les lesbiennes ne sont pas à l'affut d'une âme célibataire (ou pas)(rhooo, mais qu'est-ce que je raconte... MaB ne va plus me laisser repartir si je dis des trucs pareils !) quelque soit l'endroit... Les lesbiennes d'Oléron sont plus posées, en couple, parfois avec enfants, de la région ouest parisienne ou de la région Rochelaise (oui... La Rochelle aussi, c'est un vrai nid... grégaire, je vous dis, la lesbienne est grégaire !!). Ma BM (ne pas confondre avec MaB, hein ?) me regardait d'un air entendu à chaque fois que nous croisions de mignons petits couples ou une butch en blouson de cuir avec un aigle sur le dos.

Il faisait sombre car c'était en fin d'après-midi, mais c'est ce que l'on peut voir du haut de la dune, au bout de leur rue !


Un jour, j'y emmènerai MaB, et je lui re-ferai le "coup de la dune".
Quoi ?
Vous ne connaissez pas le "coup de la dune" ?
Bon, je vous raconte, parce que ça vaut le coup (de la dune, vous suivez ?).
Pour un coucher de soleil romantique à souhait, vous emmenez votre dulciné-e sur le haut d'une dune/d'un rocher/d'un immeuble/d'une montagne (ça marche dans de multiples situations, mais la tradition populaire veut que sa marche si on voit l'océan... la mer ou un lac, c'est trop petit). Et là, lorsque la contemplation est à son apogée, que vos esprits se mêlent dans un romantisme à faire fondre la banquise en plein hiver arctique, vous lui montrez ce point, là-bas, à l'horizon... mais si, là-bas, au bout de votre doigt... c'est la pointe de la flamme de la statue de la liberté (ah non... ça c'est du Dubosc...) cette côte, là-bas, à l'horizon... mais si, là-bas, sous les nuages... c'est l'Amérique ! (ou la perfide Albion ou Paris ou le Pic de machin chose, c'est selon la situation de départ)(la tradition populaire dit aussi que lorsque la visibilité est si bonne sur la côte d'en face, ça ne présage rien de bon, mais rien à voir avec le sujet qui nous préoccupe, faire fondre sa/son dulciné-e).
Résultats garantis !

Quoiqu'il en soit, je suis contente de cette semaine "en famille", et encore plus contente d'être rentrée auprès de mon poussin ma queupine ma chérie !

jeudi 30 octobre 2008

Imagine me and you

Je vous raconterai la fin de mes aventures maritimes une prochaine fois, promis ! Mais là, ce n'est pas ce dont j'ai envie de vous entretenir.

Si vous avez lu le titre, (si ce n'est pas fait, faites le, sinon vous risquez d'être très vite largués...) et si vous avez cédé à la tentation, au moins une fois dans votre vie, de regarder un bon film à l'eau de rose qui a le curieux pouvoir magique de faire poindre un sourire idiot sur vos ravissants minois, vous aurez compris que je suis fin prête à vous parler d'amour.

Alors si le sentimentalisme vous donne la gerbe et que vous n'avez pas envie de vous fader mes niaiseries de midinettes, vous pouvez aller ailleurs (suivez les liens, c'est un bon début et laissez vous guider de liens en liens, vous passerez un bon moment...).

Ma femme me manque. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'elle part seule quelques jours. Je devrais savoir qu'elle est toujours revenue et donc attendre patiemment qu'elle rebrousse chemin. Je sais qu'elle en a besoin. Qu'elle est bien auprès des siens. Mais rien n'y fait, j'ai beau me raisonner, elle me manque.

Elle ne me manque pas seulement parce qu'après le boulot, je n'ai pas ma petite dose de Kanou pour relâcher toute la pression en douceur, ni parce que je m'endors le soir dans un grand lit vide et froid, son tee-shirt en boule sous le nez (j'ai attendu 37 ans pour avoir un doudou, mais maintenant que j'en ai un, ou plutôt une, j'arrive plus à faire sans). Elle ne me manque pas seulement parce qu'elle n'est pas là pour m'engueuler parce que je n'ai pas enlevé mes chaussures ou parce que je tente de feinter et de fumer un cigarillo dans le salon, ou parce que je suis privée de ce regard qui me rassure et m'emplit de courage. Non, elle ne me manque pas juste parce qu'elle n'est pas là, devant moi ou derrière, c'est selon.

Elle me manque partout dans moi. Comme si tout mon corps se remplissait en son absence de milliers de boules vides d'elle. Dans mon ventre, dans mon coeur, dans ma tête, dans mes jambes, dans mes bras, dans mes yeux.

Je vous ai surement déjà dit des dixaines de fois que je l'aime de tout mon coeur, de toute mon âme. Je vous ai probablement déjà dit aussi plusieurs fois que c'est la femme de ma vie. Oui ? Et bien j'assume et je me répète.

Parfois, j'aime arrêter le temps et stopper toute activité. M'envoler très haut pour nous regarder vivre, comme si je pouvais voir bien plus de choses qu'en étant actrice. Et ce que je vois me plait. Je ne pensais pas avoir la chance un jour de vivre vraiment une vie qui me plait. Bien sur, ce n'est pas toujours un havre de paix et de douceurs et ça grimpe parfois bien haut dans les tours. Bien sur, nous ne pouvons décemment pas n'évoluer que dans notre petit cocon de bonheur, sans même prêter attention à ce qui se passe autour et sans en être affectées. Mais, il n'empêche, j'ai quand même une sacrée veine de pouvoir vivre une vie qui me plait quand je la regarde.

J'aime quand nous nous mangeons du regard, quand elle me fait rire, quand nous nous touchons. Chaque partie de sa peau m'irradie de plaisir, comme si nos corps n'existaient que pour se frôler. Des milliers de petits contacts anodins que je relève pourtant un à un.

Je porte des lunettes, je fume et donc le goût et l'odorat ne sont pas vraiment au top, je suis malentendante (pas sourde profonde, mais malentendante) - petite apparté à ce sujet, être malentendante peut être très frustrant en société, car il faut toujours se placer là où on peut avoir la meilleure lecture labiale possible. Cette été par exemple, je n'ai pas respecté cette règle élémentaire pendant la petite soirée en compagnie des membres de l'Ane Ô, je n'ai pas été assez rapide pour m'assoir, du coup, c'est Zeste et L qui ont eut la meilleure place... Heureusement, j'ai quand même réussi à suivre quelques conversations. Je n'ai jamais su réellement avouer ce handicap, en général les gens le découvrent avec le temps. Mais bon, ce n'est pas le sujet, je digresse sévèrement, je vous en parlerai une autre fois. - mais je vis très bien même si la marchandise a subi de nombreuses malfaçons.

Cependant, un de mes sens, comme c'est souvent le cas quand un autre est défaillant, est très largement décuplé. Le toucher. Lorsque je touche quelque chose, ce que je ressens dans mes bras, dans mon corps tout entier est largement plus fort que la normale. Alors quand la matière est agréable, mon plaisir n'en est que plus grand. Il y a de nombreuses choses que j'aime carresser et qui me font un effet terrible. La terre, l'herbe, les arbres, l'eau (qu'elle soit chaude ou froide), la laine, les pétales de roses, le satin, la soie, le coton, le papier (surtout les feuilles Clairefontaine), le sable chaud, le cuir, les oeufs de poule, la pierre. Ce que je cache avec habileté, histoire de ne pas passer pour une détraquée perverse qui caresse presque tout ce qu'elle a à portée de main... Chaque millimètre de sa peau que je carresse me renvoie cette carresse et elle est infiniment plus douce, plus irradiante, plus envoutante encore.

Je compte le temps. Plus que quatre nuits et cinq jours sans elle.

Elle rentre lundi. Vous l'excuserez de ne pas poster le soir même, ses chers fidèles lecteurs, parce qu'entre nous, je ne crois pas que je lui en laisserai le temps.

dimanche 26 octobre 2008

Sur le départ

Et bien voilà, après huit semaines de travail forcené, c'est enfin les vacances scolaires !

Dix jours pour décompresser, mettre à jour l'ensemble des démarches administratives qui s'accumulent à côté du téléphone, vider le panier à linge, faire un peu de bricolage... mais surtout pour glander, enfin, un peu.

Du coup, j'en profite pour partir la semaine prochaine voir la famille. Vu que ma famille se recompose, je vais devoir ma partager, et donc parcourir le grand ouest du sud au nord, en passant par le Morbihan.
La valise est prête, l'appareil photo est chargé, le mp3 blindé de son.

J'abandonne donc lâchement ma femme à son triste sort de travailleuse. Elle va pouvoir se plonger toute entière dans ses idées d'écriture, et surtout se gaver de pizzas, saucisson, pistaches et pâtes à tous les repas.
Mouais.
C'est pas bien.

Pour éviter cette orgie de malbouffe, j'ai mitonné au moins 1,5 litre de velouté de légumes. Comme ça, elle aura juste à faire réchauffer son assiette au micro-onde.
Oui, je sais, qu'est-ce qu'on peut faire comme trucs fous par amour !

Voilà, je vais prendre un peu l'air, amusez-vous bien !
Pour les boissons, voyez avec MaB, c'est elle qui tient le bar !

dimanche 19 octobre 2008

Contre vents et marées - Part 2

Nous voilà donc fins prêts à partir.

Le commandant, l'intendante et l'assistante ont vérifié si tout le matériel à bord était en bon état de fonctionnement.

La veille au soir nous avons diné dans le carré pour m'acclimater au tangage et à l'odeur iodée chaude mélangée à celle de fond de port. J'ai survécu et même fini mon assiette.

C'est donc confiante que j'assiste à la manoeuvre légère entre les bateaux qui nous mène vers la sortie du bassin à flots. Le moteur chante un vrombissement altier et je l'accompagne en sifflotant du Hugues Auffray. Lorsque nous sortons enfin de la cage, notre caravelle s'habille de ses voiles qui se gonflent de vent en frémissant de plaisir. Le commandant et l'assistante s'activent entre manivelles et bouts. L'intendante gère l'installation de notre espace de vie en rangeant les bannettes et en sécurisant les espaces pour éviter que tout fiche le camp au premier caprice maritime. La chorégraphie est parfaite, les gestes précis et experts, je suis toute à ce spectacle. Calée dans le fond d'une de ces grandes assises en plastique blanc, cramponnée au rebord de la coque, essayant de me faire la plus petite possible (ce qui est assez simple en fait) pour ne déranger personne dans sa tache. Mi-excitée, mi-terrifiée.

La brise me caresse le visage trainant avec elle un embrun d'eau salée. Le bateau fait des clapotis en se frayant un chemin entre les vagues. Parfois, un seau d'eau se déverse brutalement dans mon dos mouillant mon jean et par conséquent, ma culotte. La veste de quart que l'on m'a prétée me protège bien du vent et de l'eau mais même si elle est trop grande pour moi, elle ne me garde pas totalement au sec. Au moins, je n'ai pas trop froid.



Le commandant nous signale que nous allons virer de bord. Rien de sexuel, il ne s'agit que de tourner et de changer les voiles de sens. L'objectif est de se ruer de l'autre côté du bateau en se baissant pour ne pas se prendre la bôme (la grande barre sous les voiles devant toi, attention ! trop tard...) en plein visage et se faire éjecter à cent mètres du bateau en pleine mer. Le déplacement des troupes a lieu sans encombre et je reprends mon souffle après avoir vécu quelques secondes en apnée. La navigation reprend son cours, pour que plus tard les mêmes gestes se répètent encore et encore.

Je n'ai pas mis de patch anti mal de mer derrière mon oreille. Je voulais savoir avant si oui ou non, je serais malade. Pour l'instant, je ne le regrette pas. Est-ce le mouvement permanent du bateau, le vent ? Toujours est-il que je me sens parfaitement bien. Humide, mais ravie.

A l'horizon, notre objectif, l'île de Bréhat, se dessine entre ciel et mer. Avec le tangage, l'île joue à coucou-caché avec les voiles. Le commandant et son assistante commencent à s'agiter, l'un baisse les voiles tandis que l'autre met le moteur en marche. Le commandant, fin connaisseur des fonds marins de la crique de l'Ile de Bréhat jette son ancre à l'endroit précis ou il sait qu'elle viendra s'enfoncer mollement dans le sable et nous stoppons net dans notre progression. Il éteint le moteur. Le roulis est un peu violent, mais je suis tellement absorbée par ce que je viens de vivre, par le paysage qu'offre d'un coté la mer, à l'avant du bateau, et de l'autre, l'île.


Et puisque je ne risque plus d'être trempée, je décide alors d'aller me changer. On m'informe que l'apéro sera bientôt servi sur le pont et qu'ensuite nous déjeunerons. Mon premier déjeuner sur le pont d'un bateau.

Après avoir rempli mes yeux, ma panse et avoir assisté à un moment mémorable : Kanou faisant la vaisselle à l'eau de mer et la rinçant à l'eau de vache (sorte de grande poche en plastique noir où se trouve la réserve d'eau douce pour TOUT le séjour), j'ai trainé un peu sur le pont à jouer avec des cons de goélands qui croyaient que je voulais leur filer à bouffer à chacun de mes mouvements.




J'ai eu ensuite envie de me poser un peu. Je suis descendue dans le carré et j'ai imité mes compagnons d'infortune en m'allongeant sur ma couchette. J'ai lu un peu mais je me suis vite arrêtée, le roulis et la lecture ne faisant pas bon ménage. Je me suis endormie.



C'est en me réveillant de cette sieste que j'ai découvert l'enfer du mouillage un jour de vent.

Mais ce sera pour la prochaine fois. Pour l'instant, je le rappelle, je fais la sieste. Prière de ne pas déranger. Si ça se trouve, je rêve.

Ah au fait, je rappelle qu'il y a un lot à gagner si vous trouvez le nom de ce bateau et que je n'ai pas encore eu la moindre proposition. Douteriez-vous de la valeur de ce lot ?

mardi 14 octobre 2008

Septième semaine

Ouais, déjà... le temps passe vite, hein ?
Apparemment, pas encore assez vite, vu que les vacances ne sont "que" dans 10 jours. Et je peux vous dire que tout le monde les sent passer ces semaines, profs comme élèves, CPE's comme surveillants. Espérons que la huitième semaine ne soit pas celle de trop !

Bon, moi j'ai un avantage sur pas mal de mes collègues : je suis grande et j'ai une voix qui porte, ce qui me confère une autorité naturelle auprès de cette bande de p'tits saloupiauds ces chers bambins... du coup, lorsque je gueule, ils se taisent à peu près, et une fois que j'ai réussi à négocier le calme, on peut parler, et donc leur faire entendre un peu raison. J'suis une pionne troooop coool, moi. Même que les élèves ils me demandent pour que je tienne la salle d'étude...
- Ki cé ki fé la perm' ? Cé toi ki fé la perm' Madame ?
- Nan, c'est pas moi... j'suis de bureau...
- Rooo allez, steuplé, fais la perm'... elle est méchante, l'aut' surveillante...
- Ah ? Elle est méchante ? Et moi, je suis quoi ? Trop gentille ? Trop bonne, trop conne, hein ? C'est ça ?
- Mais nannn, c'est pas ça, toi, t'es trop coool, on peut dessiner.
- Bon. Je vais voir. Mais si c'est moi, je ne veux pas entendre un bruit.
- Ouiiiii, on te jure qu'on va pas parler.
- Ok. Si vous faites trop de bruit, je colle tout le monde, c'est compris ?
- Ouiiiiiii Maaaaaadaaaaaame !!!!
- ...

Résultat, ils m'ont foutu une paix royale, et à toute la vie scolaire par la même occasion.
Accalmie qui fut de courte durée, puisqu'au bout de 20 min de cours, a commencé notre lot quotidien, j'ai nommé les exclus. Retard, discipline, bavardages, manque de matériel, refus de travailler, tout est bon dans le cochon prétexte à exclure les élèves perturbateurs, élèves que les profs n'arrivent pas à canaliser.

Bref, je ne vais pas te raconter encore et encore comment se déroule une journée de pionne.
Je vais te parler de ma Principale. Ben oui, y'a du nouveau... enfin du nouveau... à toi de voir.

Donc, depuis plusieurs semaines déjà, je suis sur le coup. Je glane ici et là de subtiles informations, au gré des conversations conviviales avec le personnel du collège.

Dans la salle des profs
C'est un haut lieu de la socialisation dans un collège... Et autour d'un café/thé/chocolat/makrout/clope (c'est selon la circonstance), certains se laissent parfois aller à quelques confidences, sur eux, sur Elle, sur la vie.
Ça ne fait que sept semaines, mais j'ai déjà bien compris que les relations entre la Principale et la salle des profs n'étaient pas au beau fixe. J'ai eu vent d'une sombre histoire de plainte pour harcèlement moral d'une prof dépressive contre ses collègues (d'après ma source, vous savez, Madame Pingouin... (oui... j'ai finalement opté pour une cessation directe des hostilités, car il y a pire qu'elle, donc à quoi bon se mettre à dos la moitié de la salle des profs, hein ?)(et puis surtout, elle est pas si conne, en fait, professionnellement parlant. Le reste, je m'en tape), c'est une caractéristique typique de la dépression du prof de ZEP, le sentiment de persécution) qui aurait attéri sur le bureau de la Principale, et que cette dernière aurait envoyé directement à l'Inspection Académique (là où crèchent les grands boss de l'Education Nationale) sans même vérifier les dires de la plaignante auprès des profs concernés. Il y aurait eu une enquête des inspecteurs, une remontée jusqu'au rectorat, des audiences, une confrontation... mais je n'ai pas eu encore la version de la Principale.

Et puis Elle semble un peu tyrannique, dans le sens où Elle leur donne pas mal de directives pour faire tourner l'équipe éducative (qui d'ailleurs, ne sont pas si mal, tout compte fait...), et ces dernières ne sont pas en adéquation avec les mots d'ordre des syndicats enseignants, en particulier celui majoritaire. Ce qui, forcément, fait grincer des dents.

Bref, c'est dans la salle des profs que les commérages se font les plus vifs, mais pour l'instant, pas une petite vanne sur sa vie privée, pas une petite remarque homophobe camouflée, rien. En même temps, les conversations ne tournent pas encore autour des merveilleux bambins des profs femelles ou des passions secrètes pour le modélisme ou le bricolage des profs mâles... les élèves, les plaintes (comme si ils venaient de se taper les 3x8 à l'usine... si j'vous jure, c'est flippant), la pluie, le beau temps, du système tout pourri... mais pour la langue du pute, c'est seulement en petit comité. Donc c'est un peu limité. Cela dit, je n'ai pas encore testé la cantine des profs (enfin la salle réservée aux profs dans la cantine), elle me fait peur, cette salle... je ne sais pas ce qu'il s'y passe. Je préfère bouffer avec les élèves, et les quelques profs qui osent se mettre au niveau de leur élèves. Question de respect de la collectivité.

Dans le bureau de mon CPE référent
Tous les 15 jours, les surveillants se retrouvent en petit comité auprès de leur CPE référent pour faire un debriefing, mais aussi des propositions concrètes pour la bonne marche du collège.
Mon CPE référent, c'est Mister B.
Un grand black d'1m90, une carrure de déménageur, et un fort accent africain, avec les maximes qui vont avec. Le feeling est bon, le courant passe.
Donc : confidences, partage de points de vue, de critiques, de constats d'impuissance face au système. Il se peut que la source soit bonne, mais elle n'a pour l'instant rien donné pour la question brûlante qui nous concerne.
Juste que notre dernière réunion s'est soldée par une petite note aux profs sur le fonctionnement du mouvement des élèves (histoire d'éviter de voir des tas de gamins qui se promènent dans les couloirs en nous montant des bateaux gros comme des cargos, qui d'aller à l'infirmerie, qui d'aller pisser, qui d'aller chercher le cahier de texte, qui de sécher...), qui a été fort appréciée par la direction, par Elle, donc.

Dans le bureau de la Vie Scolaire
Vu que je suis une surveillante de choc, je suis plus souvent sur le "terrain" que dans le bureau... je préfère me balader dans les couloirs (prétextant une surveillance pour éviter les retards trop importants qui remplissent la salle d'étude inutilement, et donc dérangent les surveillants dans leur tâche administrative...)( z'avez vu ? Pas mal, non ?), ou tenir la salle d'étude, ou la salle des exclus, plutôt que de faire les appels aux familles (qui accessoirement nous engueulent parce qu'on les appelle trop tôt pour leur dire que leur gamin n'était pas au collège à 8h) ou la saisie des absences dans le logiciel.
J'ai donc eu du mal à récolter quelques indices. A part des points de vue professionnels, rien d'intéressant, quoi !


Ouais, l'enquête stagne un peu quand on bosse. Je vous entends d'ici : "Mais alors, elle est lesbienne ou paaaaas ?".
J'ai donc pris les choses en main (enfin, si je puis dire...), et pas plus tard que ce midi, j'ai sauté sur l'occasion : alors que je mangeais seule, au milieu du réfectoire, Elle s'est approché de moi, avec son petit plateau.
- Puis-je partager votre repas ?
- ... oh, et bien oui, volontiers, avec plaisir ! (en vrai, je me suis dit que lorsque j'allais raconter ça à MaB, elle en boufferait son Blackberry... et j'ai commencé à parler très vite et à suer dans le dos)
- Ça nous donnera l'occasion de faire le point sur vos missions en court !
- ...
Je lui ai donc exposé point par point l'état de mes différentes missions. En même temps, j'étais tellement stressée (oui... je fais ma maligne, là, devant vous, mais je n'en mène pas large devant Elle... elle m'intimide un peu), que je crois bien qu'elle n'en a pas placé une... hem... radio-Kanou, mode On Air. J'ai juste appris qu'elle avait un fils... reste à savoir maintenant "avec qui"... 'fin j'me comprends.

Ça c'est pour la praïvète laïfe.
Pour les signes extérieurs, c'est une petit bout de femme énergique, Elle a les ongles courts, ne porte pas de talons hauts, fume des roulées, à une voix de baryton, et surtout, a un "look" de vieille lesbienne. C'est pas moi qui le dit, c'est MaB qui, lorsqu'elle a scrupuleusement épluché ma photo d'équipe, a comparé le look de ma Principale avec celui d'Elula Perrin. Elle a fait de la géographie "dans son jeune temps" (comme elle m'a dit), comme moi. Elle a un goût prononcé pour l'organisation stalinienne, comme moi. Et surtout, elle rigole toujours à mes blagues... non pas que je me trouve hyper drôle, hein... mais moi je dis, ça cache des trucs, tout ça !

Voilà... ça n'est toujours pas hyper probant comme enquête.
Donc, ce que j'attends de toi, lectorat chéri, c'est que tu me donnes des idées pour détecter DISCRETEMENT (oui, bon, parce que je m'en fous un peu de savoir ou non, en fait, tu as bien compris !) des "signes" chez Elle. J'ai bien pensé me ramener avec un bouquin lesbien au titre non évocateur pour les béotiens mais à l'auteur connu dans le "milieu", ce qui pourrait Lui faire savoir que je "sais". Reste à savoir lequel... parce que bon, Moussons de femmes, c'est grillé, De l'amour lesbien aussi.

Parce que je suis bien d'accord, ça commence à bien faire tout ce suspens, là !!