samedi 19 octobre 2013

La ZIL-gouine invisible

Comme tu le sais, je suis donc maîtresse à temps plein depuis la rentrée, maîtresse-stagiaire, même. Stagiaire qui va finir par gagner plus que des collègues titulaires depuis seulement 4 ou 5 ans grâce à ma lonnnnnngue ancienneté dans l’Éducation Nationale !

Bien classée, j'ai donc pu choisir ma petite école de centre-ville, à 5 minutes à pied de la maison, et même pas en ZEP. Et depuis le 3 septembre je suis donc responsable de l'éducation de 27 petits élèves d'environ 9 ans (ou p't'être 8, ou 10...) (oui... je sais, je n'ai toujours pas fait ma pyramide des âges...)(c'est obligatoire d'afficher cette pyramide dans la classe, je ne comprends pas pourquoi, rassure-toi).
Mon équipe est plutôt sympa, un peu jeune mais pas trop, on rigole bien en salle des maîtres, et ça ne se tire pas trop dans les pattes (sauf cette petite "tension" en début d'année sur le minutage des services de cour et d'accueil, certaines râlant parce qu'elles faisaient 5 minutes de plus que les autres...)(Mesquin ? j'ai préféré ne pas m'en mêler, vu que je faisais partie de ceux qui faisaient 5 minutes de moins).

Et puis un jour, nous avons rencontré les ZIL, les super-remplaçants qui dépendent de l'école, et qui, lorsqu'ils sont désœuvrés, filent des coups de main dans les classes (enfin seulement le matin, parce qu'à 14h, s'ils n'ont pas été appelés, ils rentrent chez eux).
Et parmi eux, j'ai repéré une petite maîtresse, qui ne paie pas de mine, mais qui ne trompe personne au gaydar aussi aiguisé que le mien !
Un soir, après son remplacement, elle passe dans ma classe pour voir un peu mon affichage... elle a été déçu, car ma classe est encore très austère, et à part un tableau des métiers de la classe et un tableau de comportement, il n'y a aucune affiche... je sais, c'est mal, mais j'y travaille. Du coup, on discute (enfin surtout elle, moi, j'étais en train d'essayer de corriger mes 27 cahiers au plus vite pour rentrer chez moi), et en sortant de l'école, à 17h55 (avec une dizaine de cahiers toujours pas corrigés, mais passons...), elle me demande si j'habite dans la ville avec mon COPAIN.
What the fuck ? Pas elle, genre elle n'a pas remarqué ?? Il faut croire que non. Du coup, je lui réponds que j'habite bien dans la ville, mais avec ma COMPAGNE, et donc, notre fils.
Là, c'est elle qui a pensé WTF. Elle est tombée des nues, et s'est outée. Mais m'a fait promettre-jurer-cracher de ne le dire à personne.
Oui.
Bon.
Elle est jeune, hein. Même pas 25 ans. Comme si je n'avais que ça à faire, d'aller colporter des ragots d'homosexualité la concernant.
Du coup, elle vient faire des messes basses dans ma classe lorsqu'elle est sur l'école pour me demander des conseils de drague.
A moi.
La butch coincée, pas du tout aguérie aux techniques de drague, et surtout, qui ne comprend toujours pas pourquoi une nana met tout en œuvre pour séduire quelqu'un, et une fois qu'elle a réussi, va tout mettre en œuvre pour ne surtout pas laisser croire qu'elle est attachée à cette personne. J'vois pas... ils sont bizarres ces jeunes, non ?

Et paf.
Encore une lesbienne à l'éduc nat.
Encore une gouine invisible qui préfère rester dans le placard et s'inventer un mec plutôt que de dire qu'elle est au moins célibataire. Mais je vais lui faire son éducation à la p'tite. Peut-être que si elle se sent en confiance dans une salle des maîtres open, elle s'affichera ? En même temps, rien n'est obligatoire... juste je n'aime pas les mensonges, je trouve que ça fausse les rapports, surtout lorsque la tromperie éclate au grand pas mal de temps après.
Encore une ZIL-gouine invisible, qui, je l'espère, va alimenter des anecdotes cette année !

Sinon, Sapinou est entré à l'école, il a géré comme un chef, pas de pleurs, pas de pipi. Et surtout, MaB a été élue comme parent d'élèves ! (ce qui est complètement illégal, mais tant qu'aucun parent n'ouvre sa gueule, ça passe !)

mercredi 26 juin 2013

Fumisterie

Je m'étais déjà un peu étendue sur la question il y a 6 mois (), en plein cœur du débat sur le "mariage pour tous"... pour TOUS, oui... pour TOUTES, on repassera.
Déjà qu'on a plus TêtuE.com (), mais là, cette fumisterie d'égalité des droits du mariage pour tous me donne vraiment la gerbe (j'préfère vomir que garder de la haine en moi, question de principe)(même si je suis plutôt tendance émétophobe).

Je t'explique. Depuis que la loi Taubira a été promulguée, nous nous sommes un peu renseignées, nous, les lesbiennes en couple avec enfant(s), sur les procédures à suivre pour pouvoir être reconnues comme des parents légaux, à deux.
Pour l'instant, le bilan, c'est que pour être reconnues, il faut en avoir les moyens. La justice et l'égalité pour les riches.

D'abord, il faut se marier. 
Jusque-là, rien d'anormal. Tu peux faire un vin d'honneur à la villageoise et au cola discount en jean-baskets, comme un méga-banquet dans un relais-château avec invitation du ban et de l'arrière-ban.

Une fois le mariage prononcé, il faut que la maman bio aille chez un notaire pour y donner son consentement pour que son épouse puisse adopter son ou ses enfants biologiques.
Coût de l'acte tarifé : environ 280€. Mais les honoraires sont libres, et peuvent parfois atteindre les 800€.
Et comme il y a un délai de rétractation de 2 mois, attendre.

C'est là que ça se corse, lorsque tu dois prendre rendez-vous avec un avocat spécialisé dans les affaires familiales pour monter un dossier d'adoption plénière (et non pas adoption simple, puisqu'il n'y a pas de filiation paternelle reconnue)
Coût du forfait pour un tel dossier : à partir de 1200-1500€, jusqu'à 3000-3500€.
Et comme les tribunaux sont plus ou moins engorgés en fonction des régions, les délais de jugement vont de 12-18 mois à plus de 2 ans. Attendre, encore. Et raquer, toujours.
A cela, il faut rajouter les frais de justice inhérents à une telle affaire, comme les 35€ obligatoires, 16€ pour dépôt de requête et 13€ pour droit à plaider.
Bon, il est possible de tenter cette procédure sans avocat, mais vu qu'il n'y a encore aucune jurisprudence, ça me semble un peu compliqué encore.

Au cours de cette procédure, en plus des nombreux témoignages attestant de l'attachement parental de la maman sociale, une enquête de voisinage peut être demandée par le tribunal. Après, peut-être qu'avec une adoption intra-familiale, l'enquête de police se cantonnera à une convocation simple au commissariat, mais là encore, tout va dépendre du contexte politique qui règne dans tel ou tel tribunal. 

Quand tu penses que certaines nanas ont déjà éclaté leur PEL ou leur assurance-vie pour aller en Belgique ou en Espagne, tu te dis que claquer entre 2000 et 4000€, ça n'est pas donné à tout le monde.
Je trouve que ça fait un peu double-peine. 
Raquer pour avoir un môme. 
Raquer encore pour être son parent. Et en prime, s'en prendre plein la gueule régulièrement.

En ce qui nous concerne, MaB, Sapinou et moi, vu que nous avons bénéficié d'un don, anonyme et non tarifé, mais non officiel, nous n'avons aucun moyen de prouver un abandon de paternité. Ce qui complique grandement la chose, et d'ici qu'une adoption plénière soit refusée pour protéger les droits d'un potentiel père qui pourrait se manifester, je sens le truc arriver gros comme une maison.

Donc, déjà que ça ne m'enchantait pas de me marier, je dois dire que là, ça m'a carrément refroidie.
Nous allons attendre que les choses se débloquent un peu, avec une hypothétique avancée de la loi sur la famille prévue à l'automne... et laisser les copines qui ont du blé essuyer les plâtres des non-sens de cette loi.
Nous nous lançons tout de même dans une délégation d'autorité parentale pour MaB, pour couvrir les besoins administratifs du quotidien. Nous avions mis ce projet en suspens, ne voyant sans doute pas la poutre que nous avions dans l'oeil et espérant beaucoup de la loi Taubira. Il n'en est rien.

Toujours est-il que notre petit grand Sapinou rentre à l'école en septembre, et que j'ai rencontré la directrice-maîtresse des petits et sa collègue-autre maîtresse des petits, histoire de mettre les choses au clair tout de suite et savoir sur quel pied danser à la rentrée : pas de problème, et même, cerise sur la gâteau, si MaB veut se présenter comme parent d'élève, elles appuieront la demande à l'inspection. Avec la demande de DAP en cours, ça ne devrait pas poser de problème. 

Du coup, on garde notre thune pour partir en vacances, acheter des livres et faire des bouffes avec les potes !

vendredi 14 juin 2013

Maîtresse

Mais ouiiiii, tu as bien lu !
J'avoue, je t'ai délaissé ces derniers mois... mais je n'avais pas trop la tête à bloguer. Disons que le peu de temps libre qu'il me restait, je l'ai consacré soit à dormir, soit à faire courir Sapinou pour qu'il dorme mieux le soir.

Donc, l'an dernier, j'étais prof d'histoire-géo. En contrat jusqu'en août. Et puis j'ai renoué avec cette merveilleuse expérience qu'est le chômage. Dans l'attente d'un hypothétique appel du rectorat pour de nouveaux remplacements. Avec un Sapinou à la crèche (faut pas déconner non plus, hein !).
Septembre. J'ai révisé mes écrits de concours d'instit.
Octobre. Après les écrits, j'ai rattrapé mon retard de temps de jeu vidéo... en vrai, j'ai surtout fini Ray Man Origins.
Novembre. J'ai rattrapé mon retard en bricolage dans la maison. J'ai repeint un petit ensemble chaises-table pour Sapinou, fixé des bibliothèques, construit un magnifique calendrier de l'avent en rouleaux de PQ (évite les aquatubes, c'est une mauvaise idée avec la peinture à l'eau), développé mon agilité en origami...
Décembre. A force de squatter le canapé, et rattrapé mon retard en séries et films, je me suis tapé une carence en vitamine D... et même si je commençais sérieusement à tourner en rond, avec l'euphorie de Noël, tout ça, la vie était belle, vu que j'étais ENCORE admissible.
Et puis, un beau jour de mi-décembre, j'ai reçu un mail de l'inspection académique me demandant si j'étais libre pour faire des vacations dans le 9-3, en primaire. Ni une, ni deux, j'ai dit banco. 
J'ai donc fait mes 8 semaines de "stage en responsabilité", comme elle m'a dit l'inspectrice. En vrai, c'était des vacations payées au service fait, pour des remplacements courts, à la journée surtout. Pour commencer, c'était pas mal... à peu près une journée de montée pour chaque niveau de classe, plus de l'improvisation, et hop. J'avoue que j'ai prié chaque soir pour ne pas aller en maternelle... même les CP... ça m'a terriblement angoissée, 25 minots la morve au nez qui chouinent pour un rien, ou pour tout, c'est selon, c'était juste pas possible. J'ai encore des frissons de ma journée en petite-moyenne section.
Ça a duré 15 jours. Puis, extrême pénurie de remplaçants dans le 9-3 oblige, on m'a proposé un remplacement un peu plus long... 2 semaines...en CE2... promotion. C'était le pied, parce que je connaissais déjà l'instit que je remplaçais, et qu'elle m'a envoyé ses progressions, que j'ai presque suivies à la lettre. En gros, elle me filait le programme, je n'avais qu'à faire les leçons et gérer les activités. Royal au bar. Mais bon... à un moment, elle est revenue.
C'est là que ça devient intéressant. On m'a proposé un remplacement long... très long... genre jusqu'à la fin de l'année. Ce qui voulait dire que très probablement, j'allais être prolongée, contractualisée même ! 
Et hop, un contrat jusqu'à fin août dans la poche, j'ai donc pris en main ma classe de CE2 chaude-bouillante comme une baraque à frite la braise... genre l'école sympa où les collègues ont refourgué leurs "meilleurs" éléments au remplaçant de l'instit en congé de maternité (si tu ne comprends pas tout, ne cherche pas... moi-même j'ai mis du temps à intégrer tous les paramètres de cette histoire).
Bon. Je m'attendais à des chauds-bouillants-collégiens-en-pleine-crise-de-puberté. En vrai, c'était des petits de 8 ans un peu agités (certains carrément du bocal, mais c'est une autre histoire), tout de même facilement impressionnables.
Donc, depuis février, j'ai une classe de CE2 3 jours par semaine, et une classe de CP (je suis sûre que c'est un coup monté par mon inspectrice après mon coup de pression pour ma contractualisation...)(oui... parce qu'elle me proposait à nouveau 2 mois de vacations... j'y ai dit que si je n'étais pas contractualisée, je repartais dans le secondaire pour une plus grande sécurité... rapport à Sapinou, dont je suis la seule responsable légale compte tenu de ma situation maritale)(oui, j'ai fait mon CO à mon IEN... mais pas elle, j'comprends pas pourquoi...)
J'en ai chié, j'ai bossé, et je m'éclate. J'ai même pas pleuré de fatigue nerveuse en rentrant d'une journée difficile. J'ai appris aussi... tellement de choses. Humainement comme professionnellement. Comment se comporter dans une salle des maîtres, comment gérer les conflits entre instits, comment imposer son point de vue. Comment monter un dossier de redoublement, comment faire une synthèse pour le môme handicapé avec aide de vie scolaire que j'ai dans ma classe, comment faire un signalement pour défaut de soins psychiatriques. 
Rien ne vaut le terrain. Mieux que les bouquins avec des cas d'école, le 9-3.
Je me suis tellement éclatée que j'en ai même eu mon concours !! 
Éliminée l'an dernier (en 2007 aussi)(pas classée en 2008, pas admissible en 2009), je suis classée dans le 1er quart cette année, pour cette cinquième tentative. Les joies des aléas du concours.

Toujours est-il que je suis bien contente de ma "première" année en élémentaire. Je les aime mes petits élèves, même si ce soir à 16h12 j'ai poussé une gueulante mémorable après la piscine parce que des mômes avaient fait les cons sur le bord du bassin, à un tel point que le maître-nageur les avaient renvoyés au vestiaire. Pendant le bilan de la journée à 16h19, ils ont quand même dit qu'ils avaient aimé la journée alors qu'on a fait de l'orthographe, des multiplications, de la chorale et un atelier origami (je me suis arrachée les locks parce qu'ils n'y comprenaient rien avec les bissectrices, les diagonales, les plis aplatis, les plis pétale et la fatigue de fin-de-journée-après-la-piscine).
'fin bon... vivement les vacances quand même, hein ! Dans 3 semaines, c'est la quille !