lundi 5 octobre 2009

"Sors de ta bulle et éteins ta télé !"

Oui, vous avez bien lu... il s'agit bien d'un commentaire anonyme que je reprends comme titre de cette envolée verbale !

Les plus fidèles se sentiront peut-être vexées que je fasse tant d'honneur à unE inconnuE alors que je ne commente que trop rarement leurs blogs respectifs et qu'ils me font la gentillesse de continuer à lire mes croutes. Qu'ils ne le soient pas, le best of annuel c'est pour bientôt et je saurais largement compenser (j'espère) cet affront.

En effet, j'ai été moins affectée par le décès d'un boy's band oublié que par l'assassinat scénarisé de certains personnages de fiction. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, Anonymous, je vis bien dans la réalité et c'est justement pour cette raison que... Je ne me suis jamais attachée à Filip des 2Be3, tout comme je n'ai jamais été une fervente admiratrice de ce style musical. Bien sur, je ne me réjouis pas de son décès, il est mort trop jeune, comme beaucoup d'autres, et c'est triste. Pour autant, ai-je réellement été triste ? En étant tout à fait honnête, non. Il est mort, pour ma part, comme des milliers d'inconnus meurent tous les jours dans le monde. C'est moche, parce que la mort, c'est moche. Mais ni toi, ni moi, Anonymous, n'y pouvons rien.

Les personnages de fiction, en revanche, ont eu (ou ont) une véritable existence. Ils accompagnent mes émotions sans les juger. Ils me font rire, me font de la peine, me font peur, m'emmènent en voyage. Ils partagent avec moi leurs bonheurs et leurs moment de détresse, leurs états d'âme et leurs colères. Ils vivent, là, tout près de moi, devant moi et me rappellent qu'au delà de ma vraie vie, il existe des vies parallèles créées de toutes pièces qui donnent parfaitement le change.

Cette bulle est délicate.

Quand j'étais petite, j'adorais quand mes grands parents racontaient des histoires d'autrefois. J'étais passionnée par les aventures de mon arrière grand-père, gaucho dans les plaines argentines qui courent jusqu'à l'horizon. Je revivais dans la peau de mon arrière grand-mère, se battant pour le droit de vote des femmes, dans celle du cousin de mon grand-père séparé de sa famille et envoyé dans les camps de la mort. J'étais, dans mes rêves, ce petit immigré espagnol, solide comme une montagne, qui enfourchait son vélo avec courage pour transmettre les lettres que s'écrivaient les résistants. J'étais toutes ces histoires, qu'importe qu'elle fussent miennes ou non, elles avaient existé, je pouvais me les approprier et m'imaginer en être l'actrice.

En grandissant, j'ai découvert que l'on pouvait aussi inventer des histoires. J'ai commencé à en écrire, à en lire, à en regarder. Je me suis créé des tas d'amis imaginaires, dont je ressentais violemment les sentiments. Je partageais tout avec eux. Pour la première fois, j'avais le sentiment de vivre vraiment, de ressentir les choses.

Et puis, j'ai compris qu'il me serait impossible de vivre éternellement en compagnie de faux personnages. Il fallait que je rencontre la civilisation. J'ai été présentée à l'amitié, à l'amour. J'ai fait connaissance avec la méchanceté gratuite, la trahison, l'intolérance. Je me suis alors rendue à l'évidence : la vie peut être aussi belle que cruelle, qu'elle soit imaginaire ou réelle.

Je pourrais me contenter de vivre, sans procuration, en direct. J'ai de quoi me réjouir au quotidien. Une femme superbe, aussi sexy qu'intelligente, pertinente, qui transforme tout ce qu'elle touche en émotions. Des amis, adorables, compréhensifs, engagés, fiables et honnêtes. Des parents qui m'aiment, malgré tout ce qu'ils m'ont fait subir. Un chat tout mignon, aussi facétieux qu'énorme, comme je les aime ! Des grands parents au coeur immense. Quelques gosses autour de moi qui embellissent le paysage. J'ai aussi de quoi vouloir déserter et quitter le pont en vitesse avant d'être aspirée par une vague digne d'un raz de marée. Des ennuis de santé qui pourrissent mes journées autant que mes nuits, des douleurs persistantes qui me rappellent l'existence de mes organes, des souvenirs violents qui rejaillissent parfois et se rappellent à mon bon souvenir, une situation financière plus qu'inquiétante qui aurait du faire fuir ma femme à toutes jambes, des traitements médicaux qui font grossir à vue d'oeil et des troubles du sommeil qui perturbent tous mes rêves.

Je pourrais faire avec tout cela. Mais, je ne le veux pas.

Je veux continuer à me laisser bercer par les mots, par les images. Je veux croire que Sylvia est éternelle et qu'elle continuera à aimer, que Dana n'est pas morte en vraie et qu'elle a fui l'imbroglio de goudous pour aller vivre dans une ile déserte, que Bianca et Reese filent le parfait amour à Paris, que Willow cache Tara dans sa maison depuis des années et qu'elles sont à l'abri de tout esprit malfaisant.

ATTENTION ! SPOILERS !

(Super) Esther est bien tombée du sixième étage et pourtant, elle va s'en sortir avec une amnésie passagère et quelques égratignures et sera encore la saison prochaine dans les bras de (wonder) Maca.

La création n'a aucune limite. C'est bien ce qui la rend si jouissive. Lorsqu'on invente une histoire, on est seul maitre à bord et on décide de la vie et de la mort de ses personnages.

Je ne fais presque jamais mourir ceux que je crée, je les garde là bien au chaud, dans mon coeur. Je sais, ainsi, qu'ils peuvent rejaillir à tout instant. Qu'il y a une suite à tout cela, car rien ne m'en empêche.

Alors, Anonymous, non, je ne sortirai pas de ma bulle et je ne couperai ni l'image, ni le son. Parce que j'ai besoin de cette présence irréelle.

Tu as le droit de penser que c'est grave, que je suis bonne pour la décharge et que mon cerveau est gravement atteint. J'ai le droit de te répondre que je m'en fous et que je vais bien. Merci, cependant, de t'inquiéter de ma santé mentale, ça me va droit au coeur.

Et puis, je ne crois pas être la seule. Je suis sure que d'autres et même nos lecteurs attentionnés, ont été touchés par un/des personnages dont ils se sont sentis très proches. Lesquels ? Ben, je sais pas moi, demande leur...

13 commentaires:

ZeStE a dit…

Je suis de tout cœur avec toi, et si un jour tu fais une soirée "Dana", je veux être invitée!!! Je ne m'en suis pas encore bien remise...

Eurêka a dit…

Je suis totalement d'accord, les personnages de fiction ont une vie réelle même si elle n'est pas matérialisée. On les aime, on les déteste, on a peur pour eux, on les envie, on les plaint, même si ce n'est qu'un bref instant et tant qu'on a conscience qu'ils restent du domaine de l'imaginaire, tant que l'on sait faire la part des choses.
Encore aujourd'hui, mais beaucoup plus encore quand j'étais plus jeune, je continue parfois le film que je viens de voir en imaginant la suite, en privilégiant tel ou tel personnage, ou en lui donnant la place que j'aurais voulu qu'il ait dans le film. Il continue de vivre dans mon imaginaire, je ne crois pas être pour autant névrosée, non? si?

Greenouille a dit…

> Kanou : Parce que j'ai versé toutes les larmes de mon corps à la mort de Cyrano quand il dit "mon panache!"; parce que j'ai senti vibrer mon échine à chaque passage fort de la vie de Scarlett O'Hara, parce que je continue de vivre avec elles le road trip de Thelma et Louise...1000 fois merci pour ce billet émouvant.

> "Anonyme" : non, en fait je n'ai rien à te dire..Kanou l'a déjà fait. Et puis je ne vois aps ce qu'il y aurait de plus à dire à quelqu'un qui critique sans signer...

MaB a dit…

euhhh pfff Grenouille, je vais finir par signer juste pour toi ! c'est pas ma Kanou que j'aime d'amour qui a écrit ce billet, c'est moi, MaB (et oui, Grenouille, Kanou a rompu avec le célibat depuis pfffiou un bon moment ! :))

Zeste : tiens, une soirée Dana, pas bête.. (et si y en une qui se ramène avec la boule à zéro, elle fait Paris-Marseille vitesse Concorde sans réaliser qu'elle vient de se prendre un coup de pied au cul !)

Eureka : non, rien, juste, c'est beau comment tu l'écris...

Re-Grenouille : maintenant que tu sais qui te cause super froggy qui regarde des séries espagnoles :D. Oui je suis d'accord, je tombe bien bas en répondant à qui ne signe pas, mais pour une fois que je peux répondre à une lettre anonyme, je vais me gêner ! Et hospital central, tu connais ? et Anyone but me ? ;)

MaB a dit…

re-re Grenouille : oui... cette dernière scène de Cyrano m'a aussi tiré quelques larmes. J'ai détesté ce rideau pourpre qui s'est relevé comme un garde à vous et ces lumières qui se sont rallumées trop vite.
"Vous souvient-il du soir où Christian vous parla
Sous le balcon ? Eh bien toute ma vie est là
Pendant que je restais en bas, dans l'ombre noire,
D'autres montaient cueillir le baiser de la gloire !
C'est justice, et j'approuve au seuil de mon tombeau
Molière a du génie et Christian était beau !"

Greenouille a dit…

Oups, boulette ! Désolée MaB, c'était une méprise; je ne pense jamais à regarder qui a signé en bas de l'article !! (on va dire que j'ai trop peu dormi cette nuit... et les deux d'avant, et qu'avec un match de hand et une journée dans les pattes je suis HS)(et on va dire aussi que j'ai l'esprit ailleurs...^^)
Je ferai plus attention la prochaine fois ! ;)

Ah, et sinon..parce que t'es pas la seule à le faire..c'est GreEnouille, avec 2 "e"; j'y tiens.=)

poss a dit…

Je n'ai pas grand chose à ajouter à ce qui a été dit en commentaires, ni à ta réponse MaB que je trouve juste, bien écrite (comme beaucoup de billets d'ailleurs!)

Il faut parfois se laisser aller à l'imaginaire. Cependant, je pense qu'il n'est pas bon non plus de s'y enfermer (non, je ne dis pas que c'est ce que tu as dit...., c'est juste une petite remarque sur le sujet).

>GrEEnouille : repose toi bien! ;-)

Kanou a dit…

Ouééééé t'es revenue Poss !!!

Bon, sinon, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps à la mort du Docteur Green, à chaque fois... peut-être parce que lorsque j'ai vu ces épisodes pour la première fois, ma mère était en chimio.
Mais bon, j'ai pleuré aussi pour Willy... et pour Dana.
Pour mes grands-mères aussi... encore. Toujours ?

Ce qui m'agace dans les séries où les personnages lesbiens sont "assassinés" par les scénaristes, c'est que cela donne une visibilité tronquée des lesbiennes, de ce qu'elles font, de ce qu'elles vivent.
Alors bien sûr, il s'agit d'imaginaire.
Mais je ne sais pas si c'est très malin de faire s'installer dans l'imaginaire collectif l'image de lesbiennes qui, quoiqu'il arrive, meurent à la fin... qui, quoiqu'il arrive, ne survivent pas dans les rêves des spectateurs. Leurs vies s'arrêtent.
Point.
Construction identitaire tuée dans l'œuf.
On ne construit rien de bon sur des martyrs.

MaB a dit…

Ahhhh, le docteur Greene ! On était belles à chialer comme des madeleines devant notre télé, avec une boite de kleenex sur les genoux, tiens !
Si tu me le permets mon amour, je voudrais juste relever une phrase dans ton commentaire : "on ne construit rien de bon sur des martyrs". C'est tout à fait ça... et c'est très bien résumé. (mais c'est qu'elle a un don pour la "formule" ma femme !)

Poss : Merci pour le compliment. Quant à "l'enfermement", c'est exactement ce dont je parlais : apprécier, mais garder les idées claires.

Lau' a dit…

Je rajouterais pas grand chose a tous ses commentaires, sauf que je me souviens d'une de mes prof de francais de collège je crois , qui nous disais que quand lisant on s'appropriaient les personnages et que cela pouvait nous donner une certaine expérience (enfin quelque chose qui ressemblait a ca j'arrive plus a me souvenir exactement).

C'est pareil avec les séries meme si j'avoue avoir décrocher un peu ma télé en ce moment.

Ah docteur Green c'était le bon vieux temps(oui fan de urgences oups meme si faut bien le dire les dernieres saisons sont pas
terrible), je dirais pas que j'ai versé ma larmes (pcq ce n'est pas mode d'expression) mais que oué ca ma quand meme foutu un coup qu'il le fasse mourir , bon en meme temps c'est urgences il pouvait pas juste se faire muter ailleurs ^^.

MaB a dit…

Lau' : je partage le point de vue de ta prof de français :)
Ben, si, il aurait pu être muté. Il serait parti avec Rachel et Elisabeth l'aurait rejoint un peu plus tard avec Ella (elle est partie peu de temps après si je me souviens bien, non ?)

Lau' a dit…

MaB sauf que quand dans urgences c'est souvent des drames et donc si tu regard beaucoup de perso son mort en quittant la série Lucie,Romano (ils ont été vraiment sadique avec lui,moi j'aimais bien son coté faux méchant oui parce qu'on le sait tous dans le fond c'était un vrai gentil Romano un peu amoureux d'Elisabeth).

En gros ca aurait été bien trop facile de faire muté Dcteur Green.

Euh je dérive la.Je vais retourner bosser ^^.

H a dit…

Euh, j'ai pleuré à la mort de Sim...
Sim, de la série des Grosses Têtes, avec Carlos, Philippe et Amanda...
Ca compte, ou c'est trop kitsh?