jeudi 21 octobre 2010

Parents alternatifs

Notre petit bonhomme a déjà 2 mois... ça va si vite !
Je voudrais te raconter chaque jour qui passe, mais peut-être que tu serais saoulé à force... Sapinou a tenu dans sa petite main la patte avant de Sophie la girafe (qui d'ailleurs a une vraie tête de junkie, en passant... pupilles super dilatées, ça ne fait pas sérieux !)... Sapinou a eu un rire sonore (oui parce que jusqu'à présent, il souriait, mais en silence)... Sapinou fait des vagues avec ses jambes dans le bain, si bien que la salle de bain ressemble parfois au tournage du remake de Sauvez Willy... Sapinou suce son poing (et pour ne pas qu'il tombe, il le tient avec son autre main... exit la tétine)... Sapinou est en train de doucement passer au fringues en 6 mois (certains trucs en 3 mois sont déjà remisés... ça promet)...
Bref.
Comme tu vois, l'odyssée la vie suit son cours.

Hier, j'ai innové. Je me suis fait une après-midi "maman". C'est à dire que j'ai un groupe de copines qui, passé la trentaine, s'est mis à pondre. Va savoir pourquoi, mais il y a 4 ans, c'était no way pour elles, alors que moi j'en bavais déjà d'envie. Et puis pouf, 30-32 piges, du sexe tous les jours avec Monsieur, et hop, un bébé... ah ces hétéros... ils me surprendront toujours !
Du coup, nous nous sommes retrouvées à 3-4 mamans avec nos bambins... comme au bon vieux temps, mais avec des bébés en plus... 11 mois, 6 mois, 2 mois, encore dans le ventre. On a bien rigolé, on s'est racontées nos accouchements, nos galères d'allaitement, on aurait presque dit une réunion de la Leche League avec nos nibards à l'air, sauf qu'on s'est gavées de viennoiseries et d'orangina !
Constat : autant, entre adultes, les différences de way of life peuvent passer inaperçues, autant, lorsqu'il y a des enfants, ça saute aux yeux et après, ça pique.

Je t'explique.
Même si sur le fond, les valeurs sont les mêmes, sur la forme, les limites du supportable de chacune sont différentes.
Une maman super roots, qui a accouché sans péridurale quasi dans la jungle d'une petite fille et qui, 11 mois plus tard, dépiaute son pain au chocolat à même le tapis, et qui vient allègrement s'essuyer les mains sur la salopette propre de Sapinou (que j'avais précédemment sauvée d'un renvoi de lait caillé...).
Bon.
Je n'ai rien dit, parce que dans le fond, ça n'est pas grave, ça reste du chocolat, et la salopette se lave. Mais je me suis tout de même dit que je n'aurai sûrement pas la force de laisser Sapinou étaler un pain au chocolat et sur lui et sur le tapis et sur le pantalon de la copine et sur le canapé...
Alors attention, cette petite fille est heureuse comme tout, choyée, nourrie, lavée, juste sa maman la laisse faire, à son image de maman roots qui ne se prend pas (trop) la tête.

Une autre maman super bobo... le bébé encore au chaud, mais qui pense l'appeler Rose ou Scarlett, ou alors un prénom de perso de BD, illustratrice donc intermittente, qui habite à la Goutte d'Or mais préfère prendre un taxi plutôt que le métro, plus sûr. Mais qui n'a pas l'air d'avoir vraiment envie de jouer à la poupée... à moins qu'elle fasse sa maline devant nous, et qu'en fait, lorsqu'elle va déballer son énorme sac de fringues de bébé récupérées, va se mettre à chouiner comme une madeleine parce que c'est troooooooop mignon toutes ces petites robes !

Et puis moi... roots mais pas trop... en plein maternage, mais pas trop. Portage en écharpe, mais cosy aussi (en fait je porte le cosy à la main après la voiture, et je mets Sapinou dans l'écharpe car il est trop lourd à bout de bras, et le châssis de la poussette, ça faisait trop pour faire juste 500 m de la voiture à la réunion tupper-baby).
J'ai passé une super après-midi, Sapinou a été super cool (comme d'hab en fait), j'ai même pu déguster quelques herbes douces entre 2 tétées, ce qui ne fut pas du luxe !! Ne t'offusque pas : même pas 1% de ce que la maman ingère passe dans son lait, et ce qui n'est pas bon, ce sont les produits chimiques du tabac... y'en avait pas... huhu. Et chez les roots-girls, le principe de précaution a une limite assez basse : on ne s'arrête pas de vivre, tant qu'on reste raisonnable (études scientifiques à l'appui, et avis médicaux aussi).

Et là, je me suis vraiment rendue compte que ce qui fait vraiment la différence entre des personnes qui se connaissent depuis longtemps, ce sont les enfants. C'est comme s'ils étaient le révélateur des choix de vie de leurs parents. Et c'est en voyant ses potes évoluer en tant que parents que l'on se rend compte de nos affinités avec eux, mais aussi de nos propres limites.
Et quand une copine te dit que ton bébé, il est cool et super éveillé, ça fait toujours plaisir !
Les enfants révèlent la vraie personnalité, le vrai tempérament de leurs parents. Inversement, souvent, l'attitude des enfants révèle le vrai tempérament des parents... à bébé pleurnichard, maman stressée et mal dans sa peau, c'est bien connu.

Je pense que je renouvellerai l'expérience, faut que je surveille l'évolution des petites filles, histoire de savoir qui va draguer Sapinou dans au moins 15 ans (comment ça, ils sont plus précoces les jeunes d'aujourd'hui ?) !

Et toi, la maman/la nana qui me lit (le papa/le gars aussi, peut-être, qui sait ?), as-tu ressenti ça les premières fois où tu as vu tes potes avec enfants ?
As-tu flippé au point de ne plus jamais vouloir les revoir en famille (du genre il faut impérativement qu'ils fassent garder les enfants lorsqu'ils viennent chez vous sous peine de déclencher le plan ORSEC après le passage du tsunami vivant) ?
T'es-tu dit "chic, nos enfants vont devenir les meilleurs amis du monde" ?
Ou alors "laissons-le/la en liberté, qu'il/elle en profite, parce qu'à la maison, les limites seront plus strictes" (genre "vas-y, étale bien le chocolat entre les lattes du parquet, à la maison, n'y pense même pas !") ?
Peut-on rester amiEs lorsque des éducations sont différentes ? Peut-on encore partager des choses ?
Comment supporter ces différences ?
Comment vivre l'altérité alors que l'on veut partager ?
Question subsidiaire : suis-je complètement ouf de me poser toutes ces questions ? Est-il temps pour moi de reprendre le boulot, ou fin-janvier, ça ira ?

vendredi 8 octobre 2010

L'abeille coule... de source ?

Mouais.
Répète la première partie du titre très vite, ça détend.
Bon. Ok, on s'amuse comme on peut.

Presque 3 semaines que je fais la morte, et Sapinou qui grandit, qui grossit, qui sourit à qui veut bien le voir, qui évolue à vue d'œil... mais qui ne fait pas encore tout à fait ses nuits, et qui tète encore toutes les 3h... 4 voir 5h lorsqu'il est en voiture (dès que le cosy touche le siège de l'auto, Sapinou se met en mode veille attentive, et ne bronche plus jusqu'à ce qu'il en sorte... c'en est flippant parfois !).
Et surtout, 7 semaines que je galère avec mon allaitement, malgré quelques améliorations au niveau de la douleur...

Car un engorgement chronique, c'est douloureux.
Un porte-bébé ou une écharpe avec Sapinou dedans l'espace de 2h, ou l'appui de la ceinture de sécurité, ou une mauvaise position pendant le sommeil, ou un écart trop important entre 2 tétées, et hop, une lymphangite.
Fièvre, état grippal, courbatures, et nodules de lait douloureux bloqués dans le sein.
Paracétamol, siestes à gogo et position de la louve. J'ai enfin testé... on dirait une girafe en train de boire, le sein pendant au dessus de la bouche de mon fils. Cocasse, mais efficace.
Et puis c'est le débouchage de canal.
Pour le dernier, je jure que cela s'est passé sans trucage. Alors que je vidais le pré-lait histoire de faciliter la tétée de Sapinou (en gros, tu vides le trop plein de soupe lait pour que le sein soit plus souple), tout d'un coup, j'ai senti comme lorsqu'on perce un bubon devant une glace...floootch... et une giclette de lait accompagnée de sa crème épaisse, comme des petits caillots de lait agglomérés. Et puis le flot, continu, sans les mains, est sorti d'un des canaux de mon sein, pendant quelques minutes. MaB peut témoigner, c'était impressionnant, d'autant que le sein, très dur depuis 2 jours, est tout à coup devenu souple. J'ai tout de même fait téter Sapinou dessus dans la foulée, et là, re-belotte, un morceau de crème fraîche qui a bouché les trous du bout de sein en silicone, et un Sapinou inondé par le jet de lait ! Je crois même qu'il lui en est ressorti un peu par le nez (du lait, pas de la crème !)...

Malgré toutes ces péripéties, je ne me résous toujours pas à arrêter.
J'en ai même parlé avec la psy qui nous a suivi pendant ma grossesse : pour elle (et pour moi aussi, c'est moi qui l'ai mise sur la piste), l'allaitement est une manière d'affirmer mon côté féminin de me sentir femme, et ne pas allaiter serait une négation de cette part féminine que j'ai réussi à apprivoiser pendant ma grossesse. Grosse contradiction, mais pas tant que ça finalement.
Oui, c'est un peu compliqué d'être une lesbienne dans sa tête, parfois !

Après mon passage chez le gynéco, j'ai finalement contacté la sage-femme qui nous a fait la préparation à la naissance, qui m'a conseillé vivement d'aller à une réunion de la Leche League (ou de Solidarilait, mais le réseau est encore balbutiant). Lorsqu'une copine de galère d'allaitement m'a proposé une réunion près de chez moi, j'ai sauté sur l'occasion. J'ai été agréablement surprise par la bonne ambiance, et surtout par le non-jugement de valeur de vouloir allaiter son petit 3 mois ou 3 ans (bon, ok, 3 ans, je trouve ça un peu long, mais chacune fait ce qu'elle veut de ses seins, de son couple, de son corps, de son éducation). Cette réunion m'a permis d'obtenir les coordonnées d'une spécialiste en lactation fondatrice du crefam, qui m'a redirigé vers une consœur faute de rendez-vous proche, très proche.

Sapinou sous le bras (je ne me sépare pas de lui plus de 2h de suite après une tétée, car la suivante arrive toujours vite), je suis donc allée à cette consultation, pleine d'espoir. Après 45 min d'entretien, à retracer 7 semaines de galère et à mater mon nibard douloureux sous toutes les coutures, je suis repartie avec :
- un diagnostic d'hyper-lactation confirmé, avec réflexe d'éjection fort ;
- une ordonnance pour un prélèvement de mon lait, car elle suspecte une infection du genre staphylocoque que j'aurai chopé à cause des crevasses du début couplées à la dose d'antibiotiques pour la césarienne, ce qui causerait les engorgements et les douleurs ;
- une ordonnance pour une échographie mammaire, car peut-être qu'une partie des engorgements est due à l'ablation d'un kyste en 2007, et que le chirurgien a joué à Dexter avec mes canaux lactifères ;
- un nouveau rendez-vous pour la semaine prochaine, avec les résultats.
Elle m'a également parlé d'une pilule progestative pour réduire mon hyper-lactation, et de quelques trucs pour réduire mon REF.

Lorsque je suis sortie de son cabinet, j'étais tellement contente de voir qu'enfin quelqu'un allait s'occuper de mes problèmes d'allaitement comme on s'occupe de traiter une angine, j'avais envie de sautiller jusqu'à ma voiture, dans les rues de Paris, Sapinou dans son cosy.
Bon. Je me suis vite détendue vu que maintenant, Sapinou a dépassé les 5,4 kg... plus les 2,6 kg de la coque. Mais à l'intérieur, j'étais euphorique.
En 45 min, cette consultante a effacé toutes mes suspicions de dépression postpartum (oui... je n'allais pas très fort en fait depuis tout ce temps...). C'est la psy qui va être contente !

Au final, j'ai un gynéco qui est passé à côté de l'essentiel, et probablement qu'un petit traitement antibiotique va résoudre l'essentiel de mes douleurs.
C'est fou, non ?
Oui, en ce moment, je trouve que tout est fou... les réflexes archaïques de mon fils, l'incompétence des gens, les mensonges des parturientes, le temps qui passe à toute vitesse... comme une petite fille qui découvre le monde !