lundi 17 décembre 2012

Entre deux chaises

J'aurais tant à dire sur ce qu'il se passe en ce moment, mais le sujet me semble trop important pour commenter quoique ce fut (ouais, t'as vu, j'me la pète) sans prendre plus de recul, et pourtant, j'ai bien une petite idée de ce que je pourrais dire... petite idée qui fait son chemin, avant de se jeter dans la mare.

Mais voilà, j'ai le cul entre deux chaises, en tant qu'individu. Avant, je ne me posais pas trop de questions, j'étais moi, un point c'est tout. J'agissais en mon nom propre, sans me soucier de sortir et/ou de déborder des cases, sans même faire attention aux cases que la société voulait bien m'attribuer. J'étais femme, mais j'étais libre, en quelque sorte.
Et puis un jour, j'ai été enceinte.
Au delà du changement physique, je me suis pris en pleine gueule ce que j'avais occulté pendant des années... cette image de femme, enceinte qui plus est, que la société me renvoyait ne me correspondait pas... je m'étais d'ailleurs un peu étendue à ce sujet ici et .

Être femme, sans se "sentir" femme. Je ne me sens pas homme pour autant. J'aime mes attributs féminins, j'apprends à les assumer, à les utiliser, à en jouer.

Pendant les séances avec le psy spécial PMA de la maternité, j'avais évoqué ces peurs de ne pas savoir quel rôle nous allions jouer en tant que parents avec MaB... nous ne savions pas comment ils allaient se répartir. Je ne savais pas comment ça allait se passer, les trucs qu'un père fait plus ou qu'une mère fait moins, et inversement. Au final, la psy avait conclu que ma mère avait un peu joué tous les rôles parce que mon père s'était effacé, et que c'était pour ça que je n'avais pas de repères dans ma construction de future mère. J'avais tenté une approche plus "inter-genre" dans cette construction du parent, mais elle avait balayé cette piste en me disant qu'elle n'était pas là pour m'aider à assumer ce "cul-entre-deux-chaises", mais ma maternité.
Et Sapinou est né, il nous a comblé de bonheur, de plénitude. Sauf que j'ai mis plus d'un an à essayer de comprendre pourquoi j'étais si mal dans ma peau. Plus d'un an à essayer de comprendre ce grand écart entre un allaitement long et une maternité complexée. Et un an encore en plus à mettre de l'ordre dans mes idées pour réussir à pondre un billet. Sapinou a 2 ans et 4 mois dans quelques jours, et nous espérons agrandir la famille en 2013 (oui, oui, tu as bien lu, une nouvelle grossesse en perspective)(enfin on espère, quoi !).

Être mère, sans se "sentir" mère. Je ne me sens pas père pour autant. J'aime materner mon fils, je le porte (quoique, à plus de 14 kg, ça commence à peser, même dans le dos), je l'allaite, j'assume notre côté fusionnel.

Au final, j'aime mon fils, j'aime ma femme, et petit à petit, je (re)prends confiance en moi, sans me soucier de savoir dans quelle case je pourrais éventuellement rentrer, ou dans quelle case la société pourrait éventuellement me faire rentrer. Je te passe les détails sur le bordel que tout ces questionnements ont déclenché dans ma vie de couple.
Mais mon fils assumera-t-il le fait qu'on me dise bonjour monsieur sans que ça me dérange ?
Assumera-t-il que sa maman discute avec d'autres papas sans aucun complexe de genre ?
Comment lui expliquer tout ça lorsqu'il évoquera (j'ai encore un peu de marge, je te l'accorde) le sujet ?

Je suis entre deux chaises.

Et j'aimerai qu'on me reconnaisse comme tellE.

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