Oui.
Moi aussi, je peux mettre des titres de film à mes billets. Mais vu que je n'ai pas une grande culture filmographique en dehors des Monthy Python, des films de Chabat (de la Cité de la Peur à Rrrr) et du Magicien d'Oz, je ne tiens pas la distance !
C'est pour célébrerle divin l'Ane-Ô.
Que j'te raconte, quand même...
Hier, comme avant-hier, étaient organisées au collège des journées banalisées.
Les conseils de classe sont passés, les livres sont rendus, les 3ètrainent dans la rue révisent le brevet... les profs et la direction ont décidé de ne plus faire cours.
Vu la journée de vendredi, ça n'était pas une mauvaise idée... je ne sais pas si c'était la fin de semaine, l'approche de l'été, la défaite de la France, puis du Portugal, ou tout ça en même temps, mais l'ensemble des élèves s'est transformé en une armée de sauvageons complètement ingérables. Même qu'à cette occasion, une gamine de 5è, habituellement discrète, m'abalancé un "Casse-toi connasse" digne de not'président gentillement demandé de passer mon chemin alors que je lui demandais de se calmer un peu. Rapport détaillant les faits, convocation chez la CPE (Conseillère Principale d'Education) et exclusion en bonne et due forme. Je n'ai pas eu le droit à des excuses... c'était trop demander à la CPE que de gérer ça. Qu'à cela ne tienne, si je croise la gamine dans la rue je lui mets un steak je l'affiche devant ses copines. P'tite pouf.
Donc pas de cours au collège... oui mais voilà, il fallait les "organiser" ces 2 journées.
Autrement dit :
- centraliser les propositions d'activité et
- recueillir les disponibilités des accompagnateurs possibles,
- faire la promotion de ces journées auprès des élèves,
- répartir les élèves dans différents groupes,
- récolter l'argent pour les sorties,
- récupérer les autorisations de sortie signées par les parents.
Tout cela en moins de 10 jours.
Et qui c'est qui doit faire tout ça ?
Le bureau de la Vie Scolaire. Ben oui, on est plus proches des élèves, et on a que ça à foutre, c'est bien connu !
On en a chié, mais tous les élèves ont pu s'inscrire dans leurs ateliers préférés, les profs étaient ravis de faire autre chose que de l'enseignement-baston... comme quoi, quand on les intéresse, les gamins sont plutôt réceptifs... je ne dis ça, je ne dis rien. C'est plus facile d'intéresser un môme avec de la cuisine espagnole, du scrapbooking ou un tournoi de badminton qu'avec un théorème ou une règle de grammaire. J'aichoisi aidé les ateliers théâtre et cuisine espagnole. J'ai bouffé toute la journée !
A 16h, plus d'élèves... plus de boulot. Sauf qu'on bossait jusqu'à 18h.
Avec 3 autres surveillants, on s'est posé sur la "terrasse",coin fumeur du collège petit balcon au dernier étage du collège, sur la mézanine de la salle des profs, et on a disserté... oui parce que c'était du lourd... il y avait du cerveau... moyenne d'âge 30 ans, niveau moyen d'années d'étude 7 ans... tout les 4 un troisième cycle universitaire au compteur, tous les 4 pions... des neurones mais pas de moyens. La direction essaie de nous valoriser malgré tout (heures sup', encadrement pédagogique, soutien scolaire) par rapport aux autres surveillants qui n'ont "que" le bac. On parlé du droit de vote des étrangers, de la ségrégation socio-spatiale dans les quartiers, de la nouvelle lutte des classes, de l'image de la France dans l'imaginaire collectif et dans les sciences humaines, de la représentation des minorités, et bien entendu du communautarisme... Une graaaaande controverse comme je les aime.
Un constat : dans les bibliographies des recherches, il y a très peu de références à des auteurs africains (on peut même aller jusqu'aux pays en voie de développement en général), alors qu'il existe des travaux universitaires de qualité. La recherche occidentale est essentiellement axée autour de son petit nombril de connaissances, avec toute la condescendance que peut avoir le néo-colonialisme.
Bon. Présenté comme ça, j'en connais pas mal qui me diront qu'ils s'en tapent les escalopes (ouéé... j'ai réussi à la placer, c'te phrase !). Sauf que c'est révélateur de la considération que l'on peut donner aux représentations et aux savoirs "non-blancs", en France. Dans les représentations collectives, un noir ne peut pas être "vraiment" français... tandis que pour un italien, un polonais ou un espagnol issu de l'immigration du siècle dernier, la question ne se pose presque pas. Alors que la Savoie ou Nice ne sont devenues françaises qu'à la moitié du 19è siècle (contrairement aux Antilles ou à l'Algérie). Au collège, j'ai été frappée par cette différence que faisaient les élèves entre les surveillants blancs et les surveillants de couleur. A moi, on ne m'a pas demandé d'où je venais (bon, en même temps, s'ils l'avaient fait, ça aurait été moins drôle, il n'y aurait pas eu cette folle rumeur sur ma probable nationalité néo-zélandaise), alors qu'à mes collègues, on leur a posé la question tout de suite.
- Tu es d'où ?
- De Normandie, a répondu Mouss (oui, appelons le comme ça... doctorant en arts visuels et sociologie)
- ...
- D'Alsace, a répondu Ibou (toute ressemblance avec une personne réelle ne serait que fortuite, évidemment... doctorant en littérature francophone)
- ...
- Mais c'est pas possible, vous êtes noirs...
- ...
En fait l'un vient d'Afrique Sub-saharienne, et fait renouveler régulièrement sa carte de séjour en France depuis 3 ans maintenant, l'autre du Gabon, mais avec un titre de séjour quasi-permanent. C'est dire les représentations qui sont déjà ancrées chez les plus jeunes, même si ça n'est pas toujours faux... ni vrai. Echec du processus d'intégration de la République.
Du coup, pour s'identifier et se sentir considérées, ces "minorités" se regroupent plus ou moins ensemble, on appelle ça le "communautarisme". Communautés ethniques, religieuses, sectaires, culturelles, politiques, financières, liées à l'orientation sexuelle, musicales, littéraires, artistiques et même numériques ! Et oui, car l'être humain est grégaire (qui vit et évolue en groupe, dit le dictionnaire). Ce qui entraîne un certain conditionnement, et un système de référence dans lequel il n'y a pas de valeur hors du groupe... j'irais même jusqu'à dire que lorsque l'individu abandonne sa responsabilité personnelle et son esprit critique, c'est au profit de l'action collective anti-différence. Comprend qui veut. Alors bien entendu, dans l'imaginaire collectif, les communautés sont ethniques et/ou religieuses essentiellement... il n'y a guère que les quelques allumés du bocal de l'Ane-Ô qui s'imaginent le contraire !
Oui, mais qui de la poule ou l'œuf ? Sont-ce les actions collectives discriminantes qui poussent au regroupement en communautés, ou est-ce la communauté qui se sectarise en rejettant l'Autre ?
La question des communautés est un faux problème, car rien n'empêche de faire partie de plusieurs communautés, rien n'empêche la tolérance. Et si on gratte un peu le vernis de la communication propagandiste sur les dangers des regroupements communautaires, on se rend compte que les tensions ne sont pas entre les communautés, mais entre les classes.
C'est la nouvelle lutte des classes (d'ailleurs, si l'unE d'entre vous à des références bibliographiques sur ce sujet, je suis preneuse... je vais avoir du temps à tuer cet été).
Alors bien sûr, on ne parle plus de prolétaires et de bourgeois, d'ouvriers et d'exploitants capitalistes. Niveau de richesse, accès aux soins, à la culture et à la citoyenneté, papiers, qualifications, niveau d'emploi... autant de critères qui devraient permettre une nouvelle classification.
On en est venus à parler du droit de vote des étrangers hors espace Shengen, à commencer par les élections locales. Je trouve ça normal qu'une personne qui bosse, qui produit, qui consomme, qui paye des impôts, qui utilise les infrastructures publiques (hôpitaux, écoles, transports, équipements), qui participe à la vie de la Cité, puisse exprimer sa voix. Je trouve ça anormal que des communes constituées à plus de 70% par des étrangers (je n'ai pas de nom en tête, mais je suis sûre qu'il y a des villes où c'est le cas) ne soient administrées que par 30% de la population.
Et pour les élections nationales, on fait quoi ? Ces étrangers vivent dans un Etat, et participent à son dynamisme. Mais ils ne sont pas citoyens français, ils ne peuvent donc pas exprimer leur voix, ni pour désigner les représentants du peuple, ni pour désigner legrand schtroumpf chef président.
Etat... Nation... Etat-Nation ?
Non, Commune au thé.
Moi aussi, je peux mettre des titres de film à mes billets. Mais vu que je n'ai pas une grande culture filmographique en dehors des Monthy Python, des films de Chabat (de la Cité de la Peur à Rrrr) et du Magicien d'Oz, je ne tiens pas la distance !
C'est pour célébrer
Que j'te raconte, quand même...
Hier, comme avant-hier, étaient organisées au collège des journées banalisées.
Les conseils de classe sont passés, les livres sont rendus, les 3è
Vu la journée de vendredi, ça n'était pas une mauvaise idée... je ne sais pas si c'était la fin de semaine, l'approche de l'été, la défaite de la France, puis du Portugal, ou tout ça en même temps, mais l'ensemble des élèves s'est transformé en une armée de sauvageons complètement ingérables. Même qu'à cette occasion, une gamine de 5è, habituellement discrète, m'a
Donc pas de cours au collège... oui mais voilà, il fallait les "organiser" ces 2 journées.
Autrement dit :
- centraliser les propositions d'activité et
- recueillir les disponibilités des accompagnateurs possibles,
- faire la promotion de ces journées auprès des élèves,
- répartir les élèves dans différents groupes,
- récolter l'argent pour les sorties,
- récupérer les autorisations de sortie signées par les parents.
Tout cela en moins de 10 jours.
Et qui c'est qui doit faire tout ça ?
Le bureau de la Vie Scolaire. Ben oui, on est plus proches des élèves, et on a que ça à foutre, c'est bien connu !
On en a chié, mais tous les élèves ont pu s'inscrire dans leurs ateliers préférés, les profs étaient ravis de faire autre chose que de l'enseignement-baston... comme quoi, quand on les intéresse, les gamins sont plutôt réceptifs... je ne dis ça, je ne dis rien. C'est plus facile d'intéresser un môme avec de la cuisine espagnole, du scrapbooking ou un tournoi de badminton qu'avec un théorème ou une règle de grammaire. J'ai
A 16h, plus d'élèves... plus de boulot. Sauf qu'on bossait jusqu'à 18h.
Avec 3 autres surveillants, on s'est posé sur la "terrasse",
Un constat : dans les bibliographies des recherches, il y a très peu de références à des auteurs africains (on peut même aller jusqu'aux pays en voie de développement en général), alors qu'il existe des travaux universitaires de qualité. La recherche occidentale est essentiellement axée autour de son petit nombril de connaissances, avec toute la condescendance que peut avoir le néo-colonialisme.
Bon. Présenté comme ça, j'en connais pas mal qui me diront qu'ils s'en tapent les escalopes (ouéé... j'ai réussi à la placer, c'te phrase !). Sauf que c'est révélateur de la considération que l'on peut donner aux représentations et aux savoirs "non-blancs", en France. Dans les représentations collectives, un noir ne peut pas être "vraiment" français... tandis que pour un italien, un polonais ou un espagnol issu de l'immigration du siècle dernier, la question ne se pose presque pas. Alors que la Savoie ou Nice ne sont devenues françaises qu'à la moitié du 19è siècle (contrairement aux Antilles ou à l'Algérie). Au collège, j'ai été frappée par cette différence que faisaient les élèves entre les surveillants blancs et les surveillants de couleur. A moi, on ne m'a pas demandé d'où je venais (bon, en même temps, s'ils l'avaient fait, ça aurait été moins drôle, il n'y aurait pas eu cette folle rumeur sur ma probable nationalité néo-zélandaise), alors qu'à mes collègues, on leur a posé la question tout de suite.
- Tu es d'où ?
- De Normandie, a répondu Mouss (oui, appelons le comme ça... doctorant en arts visuels et sociologie)
- ...
- D'Alsace, a répondu Ibou (toute ressemblance avec une personne réelle ne serait que fortuite, évidemment... doctorant en littérature francophone)
- ...
- Mais c'est pas possible, vous êtes noirs...
- ...
En fait l'un vient d'Afrique Sub-saharienne, et fait renouveler régulièrement sa carte de séjour en France depuis 3 ans maintenant, l'autre du Gabon, mais avec un titre de séjour quasi-permanent. C'est dire les représentations qui sont déjà ancrées chez les plus jeunes, même si ça n'est pas toujours faux... ni vrai. Echec du processus d'intégration de la République.
Du coup, pour s'identifier et se sentir considérées, ces "minorités" se regroupent plus ou moins ensemble, on appelle ça le "communautarisme". Communautés ethniques, religieuses, sectaires, culturelles, politiques, financières, liées à l'orientation sexuelle, musicales, littéraires, artistiques et même numériques ! Et oui, car l'être humain est grégaire (qui vit et évolue en groupe, dit le dictionnaire). Ce qui entraîne un certain conditionnement, et un système de référence dans lequel il n'y a pas de valeur hors du groupe... j'irais même jusqu'à dire que lorsque l'individu abandonne sa responsabilité personnelle et son esprit critique, c'est au profit de l'action collective anti-différence. Comprend qui veut. Alors bien entendu, dans l'imaginaire collectif, les communautés sont ethniques et/ou religieuses essentiellement... il n'y a guère que les quelques allumés du bocal de l'Ane-Ô qui s'imaginent le contraire !
Oui, mais qui de la poule ou l'œuf ? Sont-ce les actions collectives discriminantes qui poussent au regroupement en communautés, ou est-ce la communauté qui se sectarise en rejettant l'Autre ?
La question des communautés est un faux problème, car rien n'empêche de faire partie de plusieurs communautés, rien n'empêche la tolérance. Et si on gratte un peu le vernis de la communication propagandiste sur les dangers des regroupements communautaires, on se rend compte que les tensions ne sont pas entre les communautés, mais entre les classes.
C'est la nouvelle lutte des classes (d'ailleurs, si l'unE d'entre vous à des références bibliographiques sur ce sujet, je suis preneuse... je vais avoir du temps à tuer cet été).
Alors bien sûr, on ne parle plus de prolétaires et de bourgeois, d'ouvriers et d'exploitants capitalistes. Niveau de richesse, accès aux soins, à la culture et à la citoyenneté, papiers, qualifications, niveau d'emploi... autant de critères qui devraient permettre une nouvelle classification.
On en est venus à parler du droit de vote des étrangers hors espace Shengen, à commencer par les élections locales. Je trouve ça normal qu'une personne qui bosse, qui produit, qui consomme, qui paye des impôts, qui utilise les infrastructures publiques (hôpitaux, écoles, transports, équipements), qui participe à la vie de la Cité, puisse exprimer sa voix. Je trouve ça anormal que des communes constituées à plus de 70% par des étrangers (je n'ai pas de nom en tête, mais je suis sûre qu'il y a des villes où c'est le cas) ne soient administrées que par 30% de la population.
Et pour les élections nationales, on fait quoi ? Ces étrangers vivent dans un Etat, et participent à son dynamisme. Mais ils ne sont pas citoyens français, ils ne peuvent donc pas exprimer leur voix, ni pour désigner les représentants du peuple, ni pour désigner le
Etat... Nation... Etat-Nation ?
Non, Commune au thé.
Ânons de tous les pays, unissez-vous !