mercredi 8 avril 2009

La clé

Après cette magnifique question ouverte de fin de billet (ici), fini le suspens !!

Je vais enfin vous dévoiler ce que les élèves ont trouvé pour nous faire chier courir depuis 3 semaines : ils appuient sur les boitiers des alarmes incendie. Vous avez eu le nez creux, lecteurs z'et lectrices !
Pour tout vous dire, les autres réponses n'étaient pas tout à fait fausses...

Les trappes de désenfumage, les élèves l'ont fait, et le seul vrai problème, c'est surtout lorsqu'il pleut... ça mouille l'intérieur du collège, comme si on ouvrait une fenêtre horizontale (ça doit être pour ça que les fenêtres sont la plupart du temps verticales, allez savoir ?).

Boucher les toilettes avec du PQ, ils l'ont aussi déjà fait, et le seul vrai problème, c'est lorsqu'on tire la chasse d'eau (ce qui n'arrive que très rarement, rassure-toi), ou bien seulement quand toutes les toilettes sont bouchées (ça doit être pour ça qu'il n'y a plus de PQ depuis fort longtemps dans les toilettes-élèves, et que les assistants d'éducation chevronnés sont contraints à la mission de dame-pipi).

Détruire le double-plafond avec des jets de cartable, c'est fait aussi, et ça s'est passé dans un collège de la banlieue bourgeoise du sud parisien... j'te jure, ces petits saloupiauds ne savent plus quoi inventer !

Faire des distributions de somnifères, c'est malheureusement aussi fait... avec l'ancienne, nous avons soulevé le lièvre assez rapidement grâce aux confidences gaffes d'un petit sixième dur-à-cuire puni dans le bureau de la vie scolaire... il a tout balancé, les noms des consommateurs, le nom de la "dealeuse", depuis quand ça durait... tout le business ! Lorsqu'il a vu nos têtes complètement déconfites, il a du se rendre compte que nous allions réagir plus vite que notre ombre, et s'est inquiété d'être cité comme témoin dans l'affaire. Mais nous ne balançons pas nos indics, par mesure de sécurité. Le réseau est démantelé, avec l'aide express de l'infirmière scolaire, en toute discrétion... on ne sait jamais, que l'affaire s'ébruite auprès des parents d'élèves, ça ferait tâche sur les deux dernières années avant la retraite de La Principale !

Se scarifier les bras à coups de pointe de compas... nan mais vraiment, je crois qu'ils nous ont tout fait... le pire, c'est que les élèves s'en vantent sans aucune retenue auprès de nous !

Donc, là, le dernier petit jeu à la mode, c'est de déclencher l'alarme incendie.

Il faut que tu comprennes que l'alarme incendie, ça n'est pas juste une simple sonnerie stridente qui te défonce les tympans.
C'est toute une réaction en chaîne à partir du déclenchement volontaire d'un boîtier.
Il doit y avoir une quinzaine de boîtiers répartis dans les couloirs du collège, le maillage est relativement lâche.
Dans un premier temps, tous les aimants des portes coupe-feu se désactivent, permettant ainsi aux dites portes, battantes, de se refermer. C'est là que ça commence à faire mal... Les petits rigolos déclenchent l'alarme pendant les mouvements des intercours, les couloirs sont blindés, les ados chahutent... et lorsqu'une porte battante se referme, c'est souvent dans un sinus... un nez cassé.
Au même moment, un petit signal proche de l'ultrason désagréable rententit dans les bureaux du gestionnaire et de la direction, pour prévenir que, peut-être, il y a le feu quelque part.
Jusque là, rien de trop flippant. Sauf qu'à partir du déclenchement, il y a 3 minutes pour désarmorcer le boîtier, sinon, l'alarme générale sonne pour de vrai, et il faut évacuer le collège, procédure oblige.
On s'est fait avoir une fois, les détenteurs des clés de désamorçage n'ont pas eu le temps de trouver le boîtier... tout le collège est resté dans la cour pendant une plombe, profs, élèves, assistants d'éducation, tout ça parce le délégué syndical grande-gueule nous a dit qu'il fallait un ordre de la direction pour réintégrer les salles de classes. Vu que l'ordre n'est jamais venu, on a bien rigolé : on a sorti les ballons, les cages de foot, les chaises de la vie scolaire (c'est toujours ça de sauvé des flammes, on ne sait jamais !). A 17h15, la principale adjointe s'est enfin déplacée pour s'étonner de voir tous ces élèves jouer dans la cour, et les élèves sont remontés en cours, pour en ressortir 10 minutes après, et quitter le collège (et accessoirement redéclencher l'alarme, mais là, les porteurs des clés ont été plus réactifs...).

Donc, pour faire face à ces déclenchements intempestifs, réunion au sommet dès le lendemain pour organiser des rondes, des équipes, des stratégies pour contrer et choper sur le fait les petits sauvageons.
Comme je suis une assistante d'éducation au top, j'ai eu droit aux clés du collège, dont la clé de désamorçage (nous sommes 3 ASSED à avoir ces clés... oui, c'est complètement en dehors de nos responsabilités, mais c'est plus pratique comme ça).
A chaque mouvement, avec les CPE, on se répartit les boîtiers... vigilance, réactivité, action. A la fin de la première semaine, le temps de réaction était nettement plus court, et la grande récré du premier jour ne s'est pas reproduite (en même temps, ça tombait bien, il pleuvait...). Nous avons été tellement efficaces, qu'avec un collègue, on a quasi chopé sur le fait un groupe de 3 élèves. Ils ont passé la journée debout face au mur en attendant de se faire cuisiner dans le bureau de la principale. Exclusion de trois jours. Ces élèves se sont bien fait afficher devant le bureau de la cheffe, du coup, ça a un peu découragé les autres. La semaine suivante a été tranquille, seulement deux ou trois déclenchements.
Et je dois dire que maintenant, on est super rodé... L'autre jour, l'alarme s'est déclenchée : on a tous couru vers le même boîtier... temps de réaction reccord ! Stra-té-gie !!

Bon.

Avec les collègues, nous avons aussi mis au point une petite stratégie interne : on a placé nos indics... en valorisant certains éléments un peu agités, nous avons placé en eux notre confiance pour les inciter à convaincre les déclencheurs de ne pas faire ces bêtises.
Résultats assurés à moindre mal. Non seulement, les plus agités se calment, mais en plus ils calment les autres... ou comment se faire épauler à l'œil par les principaux fauteurs de troubles !

T'as vu comme on assure grave ??

2 commentaires:

gazelle a dit…

je ne peux que compatir...
je connais: sauf que mon lycée était immense et pas assez de surveillants, et quand ils arrivaient sur les lieux "du crime", les élèves en brisaient une autre (de vitre) à l'opposé!!!! Ils se sont amusés un moment.
Ce que l'on ne sais pas forcément, c'est que ces petits boitiers coûtent une fortune.

Kanou a dit…

Si ces petits sauvageons pouvaient t'entendre !! Même si maintenant, les boitiers sont en plastique, et il suffit juste de soulever le cache pour activer l'alarme...

Mais bon... c'est les vacances !!!!