jeudi 14 janvier 2010

Wonder woman

Depuis que je sais que bébé est dans la place (là, bien au chaud, calé sous le bidon de ma femme), je me pose à peu près un milliard de questions par jour auxquelles je n'ai, évidemment, aucune réponse. Enfin, si. J'ai quand même quelques sursauts de clairvoyance qui me donnent un semblant de piste. Pour certaines. Les plus simples en fait. Les plus complexes le restent, complexes. Il y a bien internet et ses nombreux forums ou blogs traitant d'homoparentalité qui pourraient éclairer ma lanterne. Mais, au delà des réponses, ils suscitent de nouvelles questions : pourquoi cette différence tant marquée entre les deux mamans ? Pourquoi souligner tant, ne serait-ce que par le vocabulaire, la maman sociale et la maman biologique ? Les deux n'ont elles pas un rôle aussi important ? Bref, certaines nuances m'échappent encore.

Mais, bon, je me rassure en me disant que je ne suis pas en mesure de TOUT comprendre.

Par exemple, il y a quelques jours, nous avons regardé un film. "Louise - Michel". Louise Michel, ça vous parle ? Non ? Bon, un petit lien... Et, je vous passe les détails, mais La dame en question est une des personnes qui ont marqué (et bouleversé) l'histoire, selon ma femme. Comme André Léo, Rol Tanguy ou Jean Moulin, pour ne citer que ceux là. J'y ajouterais volontiers Simone Weil qui a remonté les manches de sa robe rideau de grand-mère Diva pour faire voter l'IVG, Badinter qui a réussi à faire abolir la peine de mort. Bref... Si on devait lister les quelques grandes âmes qui ont humanisé la planète, on en finirait pas et là n'est pas le propos.

Donc, "Louise - Michel". Ben, j'ai rien compris. Enfin, si, j'ai bien compris le message qui dit clairement que nous vivons dans une société qui a un système économique de merde et qu'il faut se débarrasser au plus vite de ces pourritures qui délocalisent à mort en privilégiant leur portefeuille au dépend de pauvres travailleurs qui sont près à faire les trois huit sans broncher sur les heures sup' (parce que le patron, il a aussi voté Sarkozy, mais lui, il savait que le slogan "travailler plus pour gagner plus" servirait juste à faire travailler plus...), et qui finalement seront virés malgré leurs nombreuses concessions pour bosser dans cette putain d'usine, triste, sale, peuplée de petits chefs trop contents de jouer au Kapos ! Mais, à part ce triste constat habillé d'humour noir et de zigouillages peu orthodoxes, je n'ai pas vraiment saisi le scénario. Même si j'ai été très impressionnée par les qualités d'interprétations de Yolande Moreau qui est décidément, une comédienne exceptionnelle. Et bien, ma femme, elle, a tout compris.

Je sais. Vous allez me dire, elle est beaucoup plus intelligente que moi, c'est normal. C'est vrai. Mais je ne suis pas une idiote non plus (sans quoi, elle aurait fui depuis longtemps).

J'ai fini, après de nombreuses heures de réflexion, par conclure ceci : la grossesse décuple ses capacités.

Toutes ses capacités.

Elle est capable de sentir à l'autre bout de l'appartement que j'ai fumé sur le balcon ou qu'un voisin cuisine un gratin dauphinois, alors que si je ne me déplace pas à grands coups de déambulateur, je ne sens même pas qu'elle fait à manger dans la pièce d'à côté (bon, j'ai une excuse : à cause de l'humidité ambiante de ces derniers jours, j'ai le nez bouché en permanence, mais quand même !). Elle entend tout, même de dos et avec des bouchons d'oreilles ! Elle a également emprunté, le temps d'une gestation, les yeux de Steve Austin, la force de Mister T, l'intelligence des plus érudits et un génial sens du débat construit à faire pâlir tout un hémicycle d'élus.

Certes, ce potentiel soudain a son revers de médaille. Parce que si la grossesse a le pouvoir magique de transformer ses qualités en mine d'or, il en va de même pour ses défauts.

Elle était un peu exigeante, elle est incroyablement capricieuse et psycho-rigide. Elle avait une petite tendance à la maniaquerie, aujourd'hui l'ordre et la propreté sont de rigueur (je ne l'ai jamais autant vu avec un balai et une pelle à la main). Elle était un peu dégoutée par certaines odeurs, elles ne les supportent plus au point d'en être presque malade. Ce qu'elle n'aimait pas trop, elle le déteste, et ce qu'elle aimait déjà, elle le sur-kiffe.

Bah, rien d'insupportable pour moi. Je suis persuadée que tous ces petits troubles de la personnalité la gênent bien plus que moi. Même si je râle un peu pour la forme (faudrait pas qu'elle pense que la future mère de son enfant est dépourvue de tempérament), je ne me braque pas plus que ça.

Et puis, de la voir comme ça, toute chamboulée. Ca me touche, ça la rend encore plus belle. De savoir pourquoi, de connaître les causes de ces petits troubles de sa personnalité, ça me rend toute chose.

Parce que, jamais je n'ai été aussi heureuse que depuis que je sais que bientôt je serai maman. Parce que jamais je n'ai rêvé pareil cadeau. Rencontrer la femme que j'aimerais et qui m'aimerait tant, qu'ensemble nous fonderions une famille.

Après tout, elle m'aimait déjà. Je suppose que je n'échappe pas à la règle exponentielle. Je suis comblée.

C'est bien. Je suis bien. Bébé aussi. Je suis certaine qu'il est bien quand je caresse le ventre de sa maman en lui disant doucement que je l'aime déjà très fort.

4 commentaires:

Greenouille a dit…

ooooooooooh :'-)

ZeStE a dit…

rhoooo, non mais, pfiou, je vais pleurer aussi, quoi... C'est beââââûûûû...

MaB a dit…

Greenouille (pas simple d'avoir le réflexe du double e :)) : ben ouais... je suis comme ça...

Zeste : meuh non, pleure pas, c'est que du bonheur !!

Kanou a dit…

C'est surtout du vomi pour l'instant, hein... ;-)