lundi 28 juin 2010

Lutte des classes, le retour

Je te l'annonce direct, je n'ai pas trouvé de huitième ou neuvième jour dans la semaine...

La fin de l'année approche, il n'y a déjà plus d'élève au collège, à part quelques troisièmes complètement flippés qui viennent réviser avec des profs asservis dévoués.

Avec les collègues de la vie scolaire, nous passons des journées paisibles à préparer les salles pour le brevet, à mettre les dossiers des troisièmes dans des enveloppes pour les envoyer dans leurs lycées d'affectation, à rédiger nos lettres de demande de renouvellement de contrat (moi, c'est déjà fait depuis presque 10 jours, contrat renouvelé à la clé, avec le tapis rouge, pour ma dernière année)(oui, 6 ans, c'est long et court à la fois... normalement j'aurai le concours... sinon, je deviendrai prof ou CPE contractuelle) et à préparer la fête du collège de mercredi prochain. Même, on a le temps de bouffer en douce les gâteaux que les profs se préparent entre eux sans nous en proposer.

Tu l'auras compris, entre la vie scolaire et ces salauds d'bourgeois la salle des profs, le dialogue est rompu...

Au départ, ils ont commencé à râler parce des élèves circulaient de manière intempestive dans les couloirs autour des mois de janvier-février.
Et puis il y a eu les vacances de février. Je suis revenue bosser juste après.
Du coup, face aux accusations mesquines, je suis montée au créneau en défendant "mon" équipe : la vie scolaire ne pouvait être tenue pour responsable du manque d'effectif, la direction n'ayant pas pourvu 3 postes équivalents temps plein depuis le mois de janvier. Dans ces conditions, nous ne pouvions être au four et au moulin dans les couloirs et dans la salle de perm' et/ou la cour de récré.
J'ai donc réussi à faire intégrer un paragraphe sur le sous-effectif de la vie scolaire au courrier de revendications doléances et propositions (j'te jure... les profs n'ont pas voulu du mot revendication parce que ça faisait trop rouge...), suite aux différentes AG de grève réunions du mois de mars (là aussi, AG des personnels, ça faisait trop bolchévik, limite le couteau entre les dents...).
Le courrier était donc rédigé, mais de ces profs dangereusement révolutionnaires, aucun n'a réussi à se désigner comme porte-parole pour aller gueuler discuter avec la direction.
Depuis le mois d'avril, rien. Mais je sentais bien que la tension montait quelque peu au QG de crise.

Et puis vendredi, les profs se sont décidés... enfin un petit groupuscule de folles furieuses (oui... disons que les profs masculins sont un peu moins hystériques que les profs féminins en fin d'année) a réussi à convaincre une jeune néo-titulaire d'aller faire la porte-parole. Sans lui faire de résumé du courrier, qui avait été modifié depuis le mois de mars : fini la question des sous-effectifs de la vie scolaire, la faute est retombée sur les CPE qui sont sensés gérer le service, et qui, par conséquent, ont été attaqués de manière frontale alors qu'ils participaient à la délégation...
Mister B, CPE respecté par toutes et tous (et qui a eu sa mutation pour l'an prochain dans un lycée près de chez lui), a pris son veston sous le bras et a quitté le bureau de la Principale.
La porte-parole a découvert au fur et à mesure qu'elle lisait le courrier sa réelle teneur... elle n'en a pas dormi du week-end. D'autant plus qu'elle a toujours été réglo avec la vie scolaire, respectant notre travail et sa pénibilité.

Bref. La fracture est ouverte entre le clan des siciliens CPE et la clique des profs qui pensent que leurs problèmes d'autorité viennent du manque de présence et d'implication des assistants d'éducation.
Ce sont les mêmes profs qui s'en foutent plein les poches en animant l'Ecole Ouverte (2 à 3 semaines par an), à 3 ou 4 pour une dizaine d'élèves et payés en heures sup' défiscalisées (pendant que nous, on doit revenir pendant nos vacances pour surveiller les récrés et animer des ateliers danse/foot/perles, payés rien du tout parce ces heures sont comprises dans nos contrats... et même si on était payés, ça serait des vacations à 15€ de l'heure).

Voilà... certains profs sont indécrottables, ils profitent de leurs avantages et refusent catégoriquement de les partager avec les plus démunis... comme par exemple, inviter les assistants d'éducation à leur petite sauterie.
Non.
Si nous voulons participer, il faut que nous payons 20€ puisque nous ne faisons pas partie de l'Amicale.

Salauds de titulaires... un jour, les précaires auront vot' peau.

Ça commence dans une semaine : je me prépare à 6 mois de vacances, entre congé de maternité et congés payés, que je ne peux prendre en même temps : je dois les prendre à la suite (les grandes vacances ne sont pas considérées comme des congés payés pour les profs, du coup, s'ils pondent pendant, c'est perdu pour eux !! krkrkrkr) !!
Avant de partir, je fais pêter le conseil d'administration du collège avec une motion contre l'accueil des futurs stagiaires de la masterisation, puis la CCP des assistants d'éducation en obtenant toute une série de revendications.

Ouais.

Et après, je deviens mère.

3 commentaires:

Kanou a dit…

Et même, puisque la salle des profs se la joue très corpo en cette fin d'année, j'en ai profité pour déposer une motion pour le versement d'indemnités ZEP aux assistants d'éducation du collège ! Y'a pas d'raison, il en faut pour tout le monde !!
Je pense que je vais me faire bananer par ma Principale, mais si le CA vote contre, je pourrai les traiter de salauds d'bourgeois avant de partir en congé de maternité, ça sera justifié !!

Jdem a dit…

Comment je me suis retrouvée dans ce que tu écrivais c'est fou donc la plupart des collèges en Zep traite la vie scolaire comme des M.... (bon j'extrapole un peu...) Mais j'ai tellement eu l'impression que tu décrivais le collège dans lequel j'étais que je n'en suis toujours pas revenu!
J'y suis restée qu'un an mais assez pour voir que les profs (pas tous) c'était des ouF dans leur tête et l'administration en premier lieu.
Ha là là

Kanou a dit…

Ah là là, comme tu dis...
Je ne trouve pas que tu extrapoles tant que ça... à + de 30 ans, j'ai du remballer une petite péronnelle de 23 ans, néo-titulaire, qui se prenait pour la mère supérieure. C'était marrant !
(attention, toutes les petites jeunes de 23 ans ne sont pas des péronnelles, qu'on ne se méprenne pas sur mon propos !!) ;-))