dimanche 29 août 2010

La face caché d'un accouchement annoncé

Parce que MaB vous a déjà tout dit, et que si je me mets à relire son message, j'ai une montée de lait, il est temps que je vous raconte ma version des faits, le côté obscur de cet accouchement haut en couleur.


Mardi 18 août, n'ayant toujours aucun signe annonciateur d'un probable accouchement, j'avais rendez-vous à la maternité pour un examen de contrôle, dit "d'exploration", à J+1 post-terme.
Très optimiste sur un retour à la maison dans la journée, nous avons donc pris la voiture pour m'éviter les goujats des transports en commun (je me souviens d'une dame d'un certain âge qui m'a dit que j'exagérais parce que je n'arrivais pas à passer derrière elle dans le bus, et qu'elle refusait de se bouger du couloir du bus...), valise dans le coffre tout de même.
Après 1h d'attente, la faim au ventre (essaye d'imaginer l'état de mon estomac à 12h après un petit-déj pris sur les coups de 8h30... catastrophique), la sage-femme vient enfin faire sa petite exploration : le col est court mais toujours fermé. Si toutes mes constantes sont bonnes, la sage-femme vérifie celles du bébé : Sapinou va bien, mais il est mur, tout comme le placenta, et la quantité de liquide amniotique est limite pour attendre plus.

Du coup, pim-pam-poum, elle m'annonce comme ça que je suis hospitalisée, et que mon accouchement va être déclenché, là, tout de suite, maintenant. Il est 12h20.

A 12h50, le monitoring est posé pour voir si Sapinou supporte le peu de contractions que j'ai.
Une heure et un plateau repas plus tard, un 2è touché vaginal pas très glam me pose un petit tampon chargé d'hormones (prostaglandine, pour les fans de culture scientifique) sensées déclencher des contractions plus fortes sensées ouvrir le col. Le produit peut être efficace en 2h comme en 24. Il y a comme qui dirait une petite marge...
Sur les 3h de monitoring, il y a bien eu des traces de petites contractions toutes mignonnettes, tellement mignonettes que je me suis fait une petite sieste... c'est dire leur intensité. Pendant ce temps, MaB en a profité pour faire un A/R à la maison, histoire de se remettre de ses émotions et de me rapporter de quoi m'occuper pendant le travail.
Puis j'ai eu le droit de rejoindre mes appartements ma chambre individuelle, toujours sans aucun signe d'efficacité du produit.
A partir de là, c'est monitoring toutes les 6h, jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce que des contractions ultra-violentes déboulent aux alentours de minuit... de plus en plus rapprochées, et de plus en plus balèzes. Tellement balèzes que j'ai du retourner faire un monitoring, pour voir qu'en fait le col n'était ouvert qu'à 1 cm après 1h de contractions toutes les 2 min (imagine pour arriver à 10 cm...), et qu'à chaque contraction, non seulement j'étais prise de spasmes (j'ai bien tenté toutes les techniques de l'haptonomie, mais à un moment, walouh, que dalle-peau de balle, j'ai cru mourir pendant ces 2h), mais surtout le petit cœur de Sapinou ralentissait dangereusement.

Là, re-belotte, pim-pam-poum, à 2h du mat', l'obstétricienne m'annonce qu'on va devoir me faire une césarienne de toute urgence... qu'elle va appeler MaB (qui était rentrée à la maison en attendant que le travail commence, rassurée par l'équipe "c'est une premier accouchement, ça va prendre du temps... pas d'ici demain matin..."), mais qu'elle ne va pas attendre qu'elle soit là pour commencer.

Le pire des scénarii.

Je te passe les détails de la préparation... rasage glam (oui, la maternité rend très "glam"... à cela, tu rajoutes la culotte jetable en résille et les bas de contentions couleur chair post-opératoires, la touche est parfaite !!), sonde urinaire, crise d'angoisse, rachi-anesthésie, et enfin, plus de douleurs, mais des sensations.
Le son, pas l'image.
L'équipe super cool, qui blague même sur l'épaisseur de ma ceinture abdominale...
- Rhooo purée, y'en a encore une couche...
- ...
- Vous faites du sport madame ?
- Oui, du handball depuis presque 20 ans, mais pas depuis ma grossesse...
- Superbes abdos ! On va devoir vous appuyer un peu sur le haut du ventre pour passer cette barrière.
J'ai cru qu'ils allaient me péter une côte tellement ils ont appuyé de bon cœur !
J'aurais voulu leur demander une attestation pour mon entraîneur, histoire qu'il me fasse moins douiller à ma reprise, mais j'étais trop chamboulée, à l'écoute du moindre son qui pourrait sortir de mon ventre.

Sapinou est né à 3h07, 49 cm pour 2,980 kg, le 19 août.
Il a crié tout de suite.
La sage-femme me l'a posé en peau à peau quelques minutes, le temps de récupérer le placenta. J'ai pu lui faire des petits bisous, et verser les quelques larmes qui me restaient (en plus de trembler comme une feuille pendant toute l'intervention, mes larmes n'ont pas arrêté de couler... le stress, l'émotion, l'angoisse, l'inconnu, la peur).
Et forcément, il est magnifique (quoiqu'un peu bleu au départ, vu qu'en plus, il s'était à moitié emmêlé dans son cordon).

MaB est arrivée pour le voir sortir de la salle de naissance, petit paquet tout emmitouflé, et a pu le prendre tout de suite dans ses bras, lui, ce petit bébé tout calme, si apaisé.
J'ai arrêté de pleurer lorsque la sage-femme m'a dit "votre femme est arrivée, elle vous attend avec votre fils".

Agraffée, shootée à l'oxygène, me voici en salle de réveil, pour voir MaB, ma femme, tenir notre fils dans ses bras la larmichette à l'oeil, encore toute intimidée par cette rencontre.
Elle m'a collé mon fils sur le torse qui a su trouver tout seul comme un grand sa source de vie, et qu'il n'a plus lâché depuis, mon sein.

Voilà, si tout s'est bien passé malgré l'urgence, pour la préparation à l'accouchement avec l'haptonomie (si, tu sais, le coup de la force est en moi, sans péridurale, à l'ancienne, tout ça), c'est un peu raté.
Je ne regrette pas un accouchement par voie basse... encore une contradiction dans mon approche de la maternité en tant que lesbienne...
En revanche, tout ces contacts à 3 que nous avons eu pendant la grossesse prennent tout leur sens depuis 10 jours : Sapinou est un bébé super calme, super éveillé et super tonique, curieux de tout et très attentif (ça lui arrive même de scotcher sur le Che de Warhol... je te jure, il adore les couleurs !).

Bon.

Il y a quand même une organisation de ouf à mettre en place, surtout dans la gestion de l'allaitement au sein, qui n'est , mais alors pas du tout, une chose facile... et puis le manque de sommeil aussi un peu.

Mais la vie est si belle, surtout lorsque je le regarde dormir repu, calé comme un crapaud, par mon opulente poitrine (tu n'as pas idée... juste, Pamela Anderson est une petite joueuse, et il n'y a pas que la Normandie qui fait de bonnes laitières).



9 commentaires:

mimie a dit…

Oh oui, il a vraiment l'air apaisé ! Un petit père, trop mignon, vraiment craquant.
Et merci pour la narration. Tout y est (comme d'hab), de l'humour à l'émotion...

Haptonomie le blog a dit…

A vouloir aller contre la nature et forcer les choses, les sages-femmes on finalement réussi leur coup :(

Content que le reste se soit bien passé !

Cactus a dit…

Qu'il est beau !!! Pour nous aussi l'hapto était bien loin le jour J, mais tant pis. Il paraît que ça fait des bébés éveillés ;-)

ZeStE a dit…

Oh, oh, oh, mais en fait, c'est tout tranquille, un bébé, une fois que l'accouchement est passé, la vie est facile!! Ah non, il n'est pas tout le temps en train de dormir? Rhôô...
Bon, ben, ça va devenir une habitude, mais on lui fait encore des bisous, tiens! Non mais oh!

steph a dit…

Félicitations ! Par contre, j'ai ptêt raté un épisode mais c'est quoi son prénom au p'tit bout d'chou ??

Cactus a dit…

Je reviens parce que je m'interroge : il dort tout le temps ce petit bonhomme ???

Kanou a dit…

Merci, merci à toutes (et tous ?) !

Mimie--> J'espère que cette histoire ne va pas vous faire stresser pour le votre, d'accouchement... que j'espère le plus tardif possible (bon, peut-être pas aussi tardif que le mien, hein). Il n'y a aucune raison que ça ne se passe pas bien !!

Haptonomie le blog --> la nature n'aurait pas permis à Sapinou d'arriver en bonne santé... lui il était prêt à sortir, appuyait bien sur le col avec sa tête, mais mon col était fermé de chez fermé. A choisir, j'aurai préféré que la césarienne soit programmée plutôt que l'accouchement déclenché. Ça nous aurait permis de mieux appréhender ce moment.

Cactus --> effectivement, ça fait un bébé trèèèèès éveillé (contrairement aux photos, où il dort, repu de mon lait riche et abondant)... tellement éveillé qu'il nous épuise un peu en journée, vu qu'il ne dort quasiment pas, ou alors par tranches de 30 min-1h. Plus le temps des tétées... hem.
L'hygiène corporelle et le ménage passent en second plan ces derniers jours !!

Zeste --> je ne peux pas dire, j'ai eu un accouchement express, et quasi sans douleur (excepté les 2h de contractions déclenchées, qui n'ont servies à rien à part faire ralentir le cœur de Sapinou et me donner des spasmes).
Peut-être entraîne-toi avant sur tes neveux et nièces, parce que bon, tout ce qu'on dit sur la maternité, ce sont des balivernes... rien ne coule de source !!

Steph --> non non, tu n'as rien loupé, mais nous ne dévoilerons pas le doux prénom de notre fils sur ce blog... question d'anonymat, tout ça. Mais c'est un prénom breton qui a son grand pardon. C'est tout pour les indices ;-)

lika a dit…

Félicitations, il est beau ce p'tit bout d'chou ! et beaucoup d'émotion se dégage de ce texte, c'est super.
@+

Mutine a dit…

je veux un 2ème la maintenant tout de suite !!!! Merci pour ces émotions partagées, pour l'avoir fait en miroir, c'est très doux et fort à la fois. Soyez Heureux !