Comme tu le sais, je suis donc maîtresse à temps plein depuis la rentrée, maîtresse-stagiaire, même. Stagiaire qui va finir par gagner plus que des collègues titulaires depuis seulement 4 ou 5 ans grâce à ma lonnnnnngue ancienneté dans l’Éducation Nationale !
Bien classée, j'ai donc pu choisir ma petite école de centre-ville, à 5 minutes à pied de la maison, et même pas en ZEP. Et depuis le 3 septembre je suis donc responsable de l'éducation de 27 petits élèves d'environ 9 ans (ou p't'être 8, ou 10...) (oui... je sais, je n'ai toujours pas fait ma pyramide des âges...)(c'est obligatoire d'afficher cette pyramide dans la classe, je ne comprends pas pourquoi, rassure-toi).
Mon équipe est plutôt sympa, un peu jeune mais pas trop, on rigole bien en salle des maîtres, et ça ne se tire pas trop dans les pattes (sauf cette petite "tension" en début d'année sur le minutage des services de cour et d'accueil, certaines râlant parce qu'elles faisaient 5 minutes de plus que les autres...)(Mesquin ? j'ai préféré ne pas m'en mêler, vu que je faisais partie de ceux qui faisaient 5 minutes de moins).
Et puis un jour, nous avons rencontré les ZIL, les super-remplaçants qui dépendent de l'école, et qui, lorsqu'ils sont désœuvrés, filent des coups de main dans les classes (enfin seulement le matin, parce qu'à 14h, s'ils n'ont pas été appelés, ils rentrent chez eux).
Et parmi eux, j'ai repéré une petite maîtresse, qui ne paie pas de mine, mais qui ne trompe personne au gaydar aussi aiguisé que le mien !
Un soir, après son remplacement, elle passe dans ma classe pour voir un peu mon affichage... elle a été déçu, car ma classe est encore très austère, et à part un tableau des métiers de la classe et un tableau de comportement, il n'y a aucune affiche... je sais, c'est mal, mais j'y travaille. Du coup, on discute (enfin surtout elle, moi, j'étais en train d'essayer de corriger mes 27 cahiers au plus vite pour rentrer chez moi), et en sortant de l'école, à 17h55 (avec une dizaine de cahiers toujours pas corrigés, mais passons...), elle me demande si j'habite dans la ville avec mon COPAIN.
What the fuck ? Pas elle, genre elle n'a pas remarqué ?? Il faut croire que non. Du coup, je lui réponds que j'habite bien dans la ville, mais avec ma COMPAGNE, et donc, notre fils.
Là, c'est elle qui a pensé WTF. Elle est tombée des nues, et s'est outée. Mais m'a fait promettre-jurer-cracher de ne le dire à personne.
Oui.
Bon.
Elle est jeune, hein. Même pas 25 ans. Comme si je n'avais que ça à faire, d'aller colporter des ragots d'homosexualité la concernant.
Du coup, elle vient faire des messes basses dans ma classe lorsqu'elle est sur l'école pour me demander des conseils de drague.
A moi.
La butch coincée, pas du tout aguérie aux techniques de drague, et surtout, qui ne comprend toujours pas pourquoi une nana met tout en œuvre pour séduire quelqu'un, et une fois qu'elle a réussi, va tout mettre en œuvre pour ne surtout pas laisser croire qu'elle est attachée à cette personne. J'vois pas... ils sont bizarres ces jeunes, non ?
Et paf.
Encore une lesbienne à l'éduc nat.
Encore une gouine invisible qui préfère rester dans le placard et s'inventer un mec plutôt que de dire qu'elle est au moins célibataire. Mais je vais lui faire son éducation à la p'tite. Peut-être que si elle se sent en confiance dans une salle des maîtres open, elle s'affichera ? En même temps, rien n'est obligatoire... juste je n'aime pas les mensonges, je trouve que ça fausse les rapports, surtout lorsque la tromperie éclate au grand pas mal de temps après.
Encore une ZIL-gouine invisible, qui, je l'espère, va alimenter des anecdotes cette année !
Sinon, Sapinou est entré à l'école, il a géré comme un chef, pas de pleurs, pas de pipi. Et surtout, MaB a été élue comme parent d'élèves ! (ce qui est complètement illégal, mais tant qu'aucun parent n'ouvre sa gueule, ça passe !)
C'est quoi l'mot d'ordre ?!
Coups de gueules, coups de cœur, coups de boule, coups de blues, coups de couettes... Bienvenue où tous les coups sont permis !
samedi 19 octobre 2013
mercredi 26 juin 2013
Fumisterie
Je m'étais déjà un peu étendue sur la question il y a 6 mois (là), en plein cœur du débat sur le "mariage pour tous"... pour TOUS, oui... pour TOUTES, on repassera.
Déjà qu'on a plus TêtuE.com (là), mais là, cette fumisterie d'égalité des droits du mariage pour tous me donne vraiment la gerbe (j'préfère vomir que garder de la haine en moi, question de principe)(même si je suis plutôt tendance émétophobe).
Je t'explique. Depuis que la loi Taubira a été promulguée, nous nous sommes un peu renseignées, nous, les lesbiennes en couple avec enfant(s), sur les procédures à suivre pour pouvoir être reconnues comme des parents légaux, à deux.
Pour l'instant, le bilan, c'est que pour être reconnues, il faut en avoir les moyens. La justice et l'égalité pour les riches.
D'abord, il faut se marier.
Jusque-là, rien d'anormal. Tu peux faire un vin d'honneur à la villageoise et au cola discount en jean-baskets, comme un méga-banquet dans un relais-château avec invitation du ban et de l'arrière-ban.
Une fois le mariage prononcé, il faut que la maman bio aille chez un notaire pour y donner son consentement pour que son épouse puisse adopter son ou ses enfants biologiques.
Coût de l'acte tarifé : environ 280€. Mais les honoraires sont libres, et peuvent parfois atteindre les 800€.
Et comme il y a un délai de rétractation de 2 mois, attendre.
C'est là que ça se corse, lorsque tu dois prendre rendez-vous avec un avocat spécialisé dans les affaires familiales pour monter un dossier d'adoption plénière (et non pas adoption simple, puisqu'il n'y a pas de filiation paternelle reconnue) .
Coût du forfait pour un tel dossier : à partir de 1200-1500€, jusqu'à 3000-3500€.
Et comme les tribunaux sont plus ou moins engorgés en fonction des régions, les délais de jugement vont de 12-18 mois à plus de 2 ans. Attendre, encore. Et raquer, toujours.
A cela, il faut rajouter les frais de justice inhérents à une telle affaire, comme les 35€ obligatoires, 16€ pour dépôt de requête et 13€ pour droit à plaider.
Bon, il est possible de tenter cette procédure sans avocat, mais vu qu'il n'y a encore aucune jurisprudence, ça me semble un peu compliqué encore.
Au cours de cette procédure, en plus des nombreux témoignages attestant de l'attachement parental de la maman sociale, une enquête de voisinage peut être demandée par le tribunal. Après, peut-être qu'avec une adoption intra-familiale, l'enquête de police se cantonnera à une convocation simple au commissariat, mais là encore, tout va dépendre du contexte politique qui règne dans tel ou tel tribunal.
Quand tu penses que certaines nanas ont déjà éclaté leur PEL ou leur assurance-vie pour aller en Belgique ou en Espagne, tu te dis que claquer entre 2000 et 4000€, ça n'est pas donné à tout le monde.
Je trouve que ça fait un peu double-peine.
Raquer pour avoir un môme.
Raquer encore pour être son parent. Et en prime, s'en prendre plein la gueule régulièrement.
En ce qui nous concerne, MaB, Sapinou et moi, vu que nous avons bénéficié d'un don, anonyme et non tarifé, mais non officiel, nous n'avons aucun moyen de prouver un abandon de paternité. Ce qui complique grandement la chose, et d'ici qu'une adoption plénière soit refusée pour protéger les droits d'un potentiel père qui pourrait se manifester, je sens le truc arriver gros comme une maison.
Donc, déjà que ça ne m'enchantait pas de me marier, je dois dire que là, ça m'a carrément refroidie.
Nous allons attendre que les choses se débloquent un peu, avec une hypothétique avancée de la loi sur la famille prévue à l'automne... et laisser les copines qui ont du blé essuyer les plâtres des non-sens de cette loi.
Nous nous lançons tout de même dans une délégation d'autorité parentale pour MaB, pour couvrir les besoins administratifs du quotidien. Nous avions mis ce projet en suspens, ne voyant sans doute pas la poutre que nous avions dans l'oeil et espérant beaucoup de la loi Taubira. Il n'en est rien.
Toujours est-il que notre petit grand Sapinou rentre à l'école en septembre, et que j'ai rencontré la directrice-maîtresse des petits et sa collègue-autre maîtresse des petits, histoire de mettre les choses au clair tout de suite et savoir sur quel pied danser à la rentrée : pas de problème, et même, cerise sur la gâteau, si MaB veut se présenter comme parent d'élève, elles appuieront la demande à l'inspection. Avec la demande de DAP en cours, ça ne devrait pas poser de problème.
Du coup, on garde notre thune pour partir en vacances, acheter des livres et faire des bouffes avec les potes !
vendredi 14 juin 2013
Maîtresse
Mais ouiiiii, tu as bien lu !
J'avoue, je t'ai délaissé ces derniers mois... mais je n'avais pas trop la tête à bloguer. Disons que le peu de temps libre qu'il me restait, je l'ai consacré soit à dormir, soit à faire courir Sapinou pour qu'il dorme mieux le soir.
Donc, l'an dernier, j'étais prof d'histoire-géo. En contrat jusqu'en août. Et puis j'ai renoué avec cette merveilleuse expérience qu'est le chômage. Dans l'attente d'un hypothétique appel du rectorat pour de nouveaux remplacements. Avec un Sapinou à la crèche (faut pas déconner non plus, hein !).
Septembre. J'ai révisé mes écrits de concours d'instit.
Octobre. Après les écrits, j'ai rattrapé mon retard de temps de jeu vidéo... en vrai, j'ai surtout fini Ray Man Origins.
Novembre. J'ai rattrapé mon retard en bricolage dans la maison. J'ai repeint un petit ensemble chaises-table pour Sapinou, fixé des bibliothèques, construit un magnifique calendrier de l'avent en rouleaux de PQ (évite les aquatubes, c'est une mauvaise idée avec la peinture à l'eau), développé mon agilité en origami...
Décembre. A force de squatter le canapé, et rattrapé mon retard en séries et films, je me suis tapé une carence en vitamine D... et même si je commençais sérieusement à tourner en rond, avec l'euphorie de Noël, tout ça, la vie était belle, vu que j'étais ENCORE admissible.
Et puis, un beau jour de mi-décembre, j'ai reçu un mail de l'inspection académique me demandant si j'étais libre pour faire des vacations dans le 9-3, en primaire. Ni une, ni deux, j'ai dit banco.
J'ai donc fait mes 8 semaines de "stage en responsabilité", comme elle m'a dit l'inspectrice. En vrai, c'était des vacations payées au service fait, pour des remplacements courts, à la journée surtout. Pour commencer, c'était pas mal... à peu près une journée de montée pour chaque niveau de classe, plus de l'improvisation, et hop. J'avoue que j'ai prié chaque soir pour ne pas aller en maternelle... même les CP... ça m'a terriblement angoissée, 25 minots la morve au nez qui chouinent pour un rien, ou pour tout, c'est selon, c'était juste pas possible. J'ai encore des frissons de ma journée en petite-moyenne section.
Ça a duré 15 jours. Puis, extrême pénurie de remplaçants dans le 9-3 oblige, on m'a proposé un remplacement un peu plus long... 2 semaines...en CE2... promotion. C'était le pied, parce que je connaissais déjà l'instit que je remplaçais, et qu'elle m'a envoyé ses progressions, que j'ai presque suivies à la lettre. En gros, elle me filait le programme, je n'avais qu'à faire les leçons et gérer les activités. Royal au bar. Mais bon... à un moment, elle est revenue.
C'est là que ça devient intéressant. On m'a proposé un remplacement long... très long... genre jusqu'à la fin de l'année. Ce qui voulait dire que très probablement, j'allais être prolongée, contractualisée même !
Et hop, un contrat jusqu'à fin août dans la poche, j'ai donc pris en main ma classe de CE2 chaude-bouillante comme une baraque à frite la braise... genre l'école sympa où les collègues ont refourgué leurs "meilleurs" éléments au remplaçant de l'instit en congé de maternité (si tu ne comprends pas tout, ne cherche pas... moi-même j'ai mis du temps à intégrer tous les paramètres de cette histoire).
Bon. Je m'attendais à des chauds-bouillants-collégiens-en-pleine-crise-de-puberté. En vrai, c'était des petits de 8 ans un peu agités (certains carrément du bocal, mais c'est une autre histoire), tout de même facilement impressionnables.
Donc, depuis février, j'ai une classe de CE2 3 jours par semaine, et une classe de CP (je suis sûre que c'est un coup monté par mon inspectrice après mon coup de pression pour ma contractualisation...)(oui... parce qu'elle me proposait à nouveau 2 mois de vacations... j'y ai dit que si je n'étais pas contractualisée, je repartais dans le secondaire pour une plus grande sécurité... rapport à Sapinou, dont je suis la seule responsable légale compte tenu de ma situation maritale)(oui, j'ai fait mon CO à mon IEN... mais pas elle, j'comprends pas pourquoi...).
J'en ai chié, j'ai bossé, et je m'éclate. J'ai même pas pleuré de fatigue nerveuse en rentrant d'une journée difficile. J'ai appris aussi... tellement de choses. Humainement comme professionnellement. Comment se comporter dans une salle des maîtres, comment gérer les conflits entre instits, comment imposer son point de vue. Comment monter un dossier de redoublement, comment faire une synthèse pour le môme handicapé avec aide de vie scolaire que j'ai dans ma classe, comment faire un signalement pour défaut de soins psychiatriques.
Rien ne vaut le terrain. Mieux que les bouquins avec des cas d'école, le 9-3.
Je me suis tellement éclatée que j'en ai même eu mon concours !!
Éliminée l'an dernier (en 2007 aussi)(pas classée en 2008, pas admissible en 2009), je suis classée dans le 1er quart cette année, pour cette cinquième tentative. Les joies des aléas du concours.
Toujours est-il que je suis bien contente de ma "première" année en élémentaire. Je les aime mes petits élèves, même si ce soir à 16h12 j'ai poussé une gueulante mémorable après la piscine parce que des mômes avaient fait les cons sur le bord du bassin, à un tel point que le maître-nageur les avaient renvoyés au vestiaire. Pendant le bilan de la journée à 16h19, ils ont quand même dit qu'ils avaient aimé la journée alors qu'on a fait de l'orthographe, des multiplications, de la chorale et un atelier origami (je me suis arrachée les locks parce qu'ils n'y comprenaient rien avec les bissectrices, les diagonales, les plis aplatis, les plis pétale et la fatigue de fin-de-journée-après-la-piscine).
'fin bon... vivement les vacances quand même, hein ! Dans 3 semaines, c'est la quille !
jeudi 20 décembre 2012
Des droits et mon avis
Toute cette histoire de mariage pour tous me met extrêmement mal à l'aise, depuis plusieurs mois déjà.
Bien sûr que je suis pour, évidemment, sans concession.
Oui-oui-oui, mais...
Pourquoi centrer les revendications sur le mariage, symbole par excellence de l’hétéro-patriarcat (et ça n'est pas la Révolution Française et l'instauration du mariage républicain qui a changé quelque chose) ?
Pourquoi a-t-il fallu attendre que certaines lesbiennes montent au créneau pour entendre d'autres revendications que l'adoption (PMA, filiation...) ?
Pourquoi j'ai l'impression de faire campagne et de militer pour des droits dont je ne bénéficierai pas ?
Pourquoi j'ai l'impression que la plupart des revendications ne concernent pas ma famille ?
Pourquoi lorsque j'explique à des hétéros (open) notre situation familiale (2 mamans, mais une seule officielle, l'autre invisible), ils tombent des nues et s'insurgent ? Pourquoi pensent-ils que le pacs ouvre des droits familiaux ?
Pourquoi j'ai l'impression que les enfants existants des familles homoparentales sont occultés dans cette revendication du mariage pour tous ?
Et ces questionnements pourraient durer assez longtemps...
Tu te doutes que j'ai déjà apporté un certain nombre de réponses.
Je ne souhaite pas me marier, ça me casse la tête rien que de penser à toutes ces convenances... si tu savais le cake que ma mère m'a pété lorsque je lui ai annoncé que si je devais me marier avec MaB pour qu'elle puisse adopter Sapinou on ne ferait pas de teuf avec la famille (je ne suis pas allée jusqu'à lui balancer que si elle voulait qu'on fasse une fête, elle avait qu'à s'engager pour l'égalité avant, et pas simplement se faire des Marches des fiertés à mes côtés), à peine un diner avec quelques amis proches ! La mariage ne me fait pas rêver, mais je ferai l'effort, car MaB, elle, oui (MaB a un côté fleur bleue qui me surprend parfois). Même si elle a complètement intériorisé cet hétéro-patriarcat... MaB vaut bien
Et avec ce mariage, MaB devrait se lancer dans une procédure d'adoption simple pour être considérée comme le deuxième parent de Sapinou, au même titre que moi, sa maman biologique. Alors qu'elle a participé à la conception de son propre fils, et à son éducation, et à sa sécurité affective. Qu'elle a été celle qui a fait du peau à peau pendant les premières heures de vie de son fils, alors que je récupérais difficilement de ma césarienne. Qu'elle lui a donné son premier bain. Qu'elle est allée déclarer sa naissance à la mairie, et à qui on a refusé de la faire apparaitre comme autre chose que "tiers déclarant" sur l'acte de naissance. Qu'elle a pris ses responsabilités de maman lorsque j'ai été hospitalisée. Qu'elle est restée au chômage sans aucune autre contrepartie pour garder son fils lorsque j'ai du reprendre le chemin du travail et que nous n'avions pas de place en crèche. Qui se lève quasiment chaque nuit pour rassurer son petit ourson qui fait des cauchemars, ou qui a une petite soif. Qui a été élue représentante des parents au conseil de la crèche. Et qui, chaque jour, s'émeut de voir son fils grandir.
Donc si tu veux, l'adoption, moi, elle me reste un peu en travers de la gorge.
Et pourtant, l'égalité des droits me tient à cœur, c'est une évidence. Alors quand j'entends en lieu et place du fameux débat, un jugement sur le droit d'exister ou non des homosexuels, ça me fout la gerbe. Parce que nous existons. Nous vivons au jour le jour en contournant les non droits, en créant à chaque instant de nouveaux vides juridiques, en faisant comme si nous avions le droit, sans aucune autre garantie que notre bonne volonté et notre responsabilité. C'est d'ailleurs peut-être pour ça que bon nombre de gens pensent que nous avons déjà ces droits, puisque nous faisons comme si. Puisque nous courbons l'échine en encaissant les clichés, en les faisant briser en éclats parfois aussi. A prôner l'indifférence, on en a gommé les différences, pas les inégalités.
Mais je crois que le fond du problème (enfin le mien), c'est la main mise des hommes sur ces revendications. Pour les gays, pas de parentalité sans adoption, ou sans projet de coparentalité, ou sans gestation pour autrui. Ils ont besoin d'un utérus. Ou d'un agrément. Et en France, pour obtenir un agrément, il faut que le couple soit marié, ou être une femme célibataire. Ça n'est donc pas pour rien que ce projet de loi est celui du mariage pour tous. Mariage pour tous les gays, afin de pouvoir adopter. Médiatisation. Cristallisation.
Ah mais oui, hé ho, les gouines veulent aussi la PMA, parce que la Belgique ou l'Espagne, ça crève un peu le budget. Va pour la PMA dans les revendications.
Sauf que quand tu n'es ni gay, et que tu n'as pas bénéficié de PMA, ben ça fait bizarre de revendiquer mariage-adoption-PMA. De toute façon, il ne faut pas se leurrer... vu les délais d'attente actuels pour les couples hétéros, ça n'est pas en rajoutant les lesbiennes que ça changera quelque chose. Les plus presséEs continueront à aller en Belgique ou en Espagne. Juste la filiation avec les deux parents (en l’occurrence, les deux mamans en ce qui me concerne) sera effective, quelque soit la procréation choisie. Et c'est tout ce qui m'importe, que Sapinou puisse avoir les mêmes droits et devoirs que ses petits camarades, vis-à-vis de MaB. Et inversement. Le congé d'accueil d'un enfant va être élargi aux couples de lesbiennes à partir du 1er janvier prochain, dans l'indifférence la plus totale, alors que c'est quand même un grand pas dans l'avancée de l'égalité des droits. Si je voulais faire du mauvais esprit, je dirais que c'est parce que l'avancée ne touche que les lesbiennes...
J'espère juste que la prochaine étape sera l'obtention d'un livret de famille complété, éventuellement avec un Sapinoubis en plus, mais complété... un livret témoin de notre famille, avec ou sans mariage, avec ou sans adoption, avec ou sans PMA.
J'espère juste que la prochaine étape sera l'obtention d'un livret de famille complété, éventuellement avec un Sapinoubis en plus, mais complété... un livret témoin de notre famille, avec ou sans mariage, avec ou sans adoption, avec ou sans PMA.
Dans
Mots d'ordre du jour
lundi 17 décembre 2012
Entre deux chaises
J'aurais tant à dire sur ce qu'il se passe en ce moment, mais le sujet me semble trop important pour commenter quoique ce fut (ouais, t'as vu, j'me la pète) sans prendre plus de recul, et pourtant, j'ai bien une petite idée de ce que je pourrais dire... petite idée qui fait son chemin, avant de se jeter dans la mare.
Mais voilà, j'ai le cul entre deux chaises, en tant qu'individu. Avant, je ne me posais pas trop de questions, j'étais moi, un point c'est tout. J'agissais en mon nom propre, sans me soucier de sortir et/ou de déborder des cases, sans même faire attention aux cases que la société voulait bien m'attribuer. J'étais femme, mais j'étais libre, en quelque sorte.
Et puis un jour, j'ai été enceinte.
Au delà du changement physique, je me suis pris en pleine gueule ce que j'avais occulté pendant des années... cette image de femme, enceinte qui plus est, que la société me renvoyait ne me correspondait pas... je m'étais d'ailleurs un peu étendue à ce sujet ici et là.
Au delà du changement physique, je me suis pris en pleine gueule ce que j'avais occulté pendant des années... cette image de femme, enceinte qui plus est, que la société me renvoyait ne me correspondait pas... je m'étais d'ailleurs un peu étendue à ce sujet ici et là.
Être femme, sans se "sentir" femme. Je ne me sens pas homme pour autant. J'aime mes attributs féminins, j'apprends à les assumer, à les utiliser, à en jouer.
Pendant les séances avec le psy spécial PMA de la maternité, j'avais évoqué ces peurs de ne pas savoir quel rôle nous allions jouer en tant que parents avec MaB... nous ne savions pas comment ils allaient se répartir. Je ne savais pas comment ça allait se passer, les trucs qu'un père fait plus ou qu'une mère fait moins, et inversement. Au final, la psy avait conclu que ma mère avait un peu joué tous les rôles parce que mon père s'était effacé, et que c'était pour ça que je n'avais pas de repères dans ma construction de future mère. J'avais tenté une approche plus "inter-genre" dans cette construction du parent, mais elle avait balayé cette piste en me disant qu'elle n'était pas là pour m'aider à assumer ce "cul-entre-deux-chaises", mais ma maternité.
Et Sapinou est né, il nous a comblé de bonheur, de plénitude. Sauf que j'ai mis plus d'un an à essayer de comprendre pourquoi j'étais si mal dans ma peau. Plus d'un an à essayer de comprendre ce grand écart entre un allaitement long et une maternité complexée. Et un an encore en plus à mettre de l'ordre dans mes idées pour réussir à pondre un billet. Sapinou a 2 ans et 4 mois dans quelques jours, et nous espérons agrandir la famille en 2013 (oui, oui, tu as bien lu, une nouvelle grossesse en perspective)(enfin on espère, quoi !).
Être mère, sans se "sentir" mère. Je ne me sens pas père pour autant. J'aime materner mon fils, je le porte (quoique, à plus de 14 kg, ça commence à peser, même dans le dos), je l'allaite, j'assume notre côté fusionnel.
Au final, j'aime mon fils, j'aime ma femme, et petit à petit, je (re)prends confiance en moi, sans me soucier de savoir dans quelle case je pourrais éventuellement rentrer, ou dans quelle case la société pourrait éventuellement me faire rentrer. Je te passe les détails sur le bordel que tout ces questionnements ont déclenché dans ma vie de couple.
Mais mon fils assumera-t-il le fait qu'on me dise bonjour monsieur sans que ça me dérange ?
Assumera-t-il que sa maman discute avec d'autres papas sans aucun complexe de genre ?
Comment lui expliquer tout ça lorsqu'il évoquera (j'ai encore un peu de marge, je te l'accorde) le sujet ?
Je suis entre deux chaises.
Et j'aimerai qu'on me reconnaisse comme tellE.
vendredi 5 octobre 2012
Gilberte et moi
Comme je te l'ai dit, j'ai sauvé mon couple on s'est offert un GPS pour nos 74 ans avec MaB.
Donc, en allant chez une copine, je me suis dit que j'allais tester l'engin, petite fofolle que je suis.
J'ai donc installé le truc, la ventouse sur le pare-brise, le clip sur la bête, le fil relié à l’allume-cigare pour charger la batterie, la configuration de la langue-du pays-du fuseau horaire, et hop.
Je rentre l'adresse et comme j'avais le temps, j'ai laissé une chance au GPS, appelons-le Gilberte, pour me prouver ce qu'elle avait dans le ventre.
Et bien j'ai redécouvert la banlieue... des chemins que je n'avais jamais empruntés, des itinéraires hasardeux, et toujours, cet espèce d'aimant à bouchon qui revenait : le périphérique.
Alors à 14-15h, ça va. Je suis arrivée à bon port, j'ai tout de même repris le dessus lorsque Gilberte a voulu me faire passer par la rue de Belleville pour rejoindre la place des Fêtes... j'ai évité en prenant les petites rues, et en trouvant une superbe place de cocue (que Gilberte ne m'aurait pas aidé à trouver, vu qu'elle est pour la paix des ménages, elle)(genre).
Mais à 17h30, j'ai envie de dire que ça n'est pas vraiment le meilleur plan. J'avais beau tourner, et retourner, et virer, à chaque fois, Gilberte me disait de prendre la prochaine à droite pour rejoindre le boulevard périphérique. Bouché, donc (Gilberte aussi... elle ne voulait rien entendre). C'est là que ça a commencé à se corser, et que j'ai commencé à ne plus vraiment écouter ce que me racontait Gilberte... moi ce que je voulais, c'était rentrer chez moi le plus vite possible.
Alors peut-être que oui, j'aurais du lire plus à même le mode d'emploi et que j'aurais pu trouver une option "itinéraire bis sans périph aux heures de pointe"... peut-être.
J'aurais aussi pu trouver beaucoup plus tôt l'option "carte vue du dessus" qui fait tant horreur à MaB, ou même "carte nord en haut"... parce que la vue 3D, moi, ça m'a rendu malade au point de devoir m'arrêter pour reprendre mes esprits.
Je t'explique.
Dans ma tête de géographe, j'ai une vision cartographique à plat, et lorsque je me déplace en voiture, j'ai cette carte mentale dans la tête, avec la répartition des petites villes autour. Un peu comme si je déplaçais mon doigt sur la carte, mais dans ma tête.
Oui, mon cerveau, c'est un peu comme un GPS.
Non, mon cerveau ne s'appelle pas Gilberte.
Sauf qu'avec la 3D sur le GPS, ça bouge tout le temps, je n'arrive pas à visualiser où je suis exactement sur un plan plus large (enfin si, je sais que je suis dans la rue machin, mais je ne sais pas si cette rue est à Vincennes ou à Bagnolet). Et comme Gilberte n'est pas connectée avec mon cerveau, elle ne sait pas que je veux passer par la banlieue et pas par le périph.
Conflit.
Mon cerveau qui visualise une carte de la banlieue-est de Paris, nord en haut.
Gilberte qui s'acharne à me faire revenir vers Paris en me montrant une carte dynamique nord en bas, mais aussi parfois à droite, ou à gauche.
C'est mon estomac qui a fait l'arbitrage. Heureusement, j'avais des pastilles à la menthe.
Donc calmement, après 1h à tourner (à 3km à l'heure, vu le monde) à la frontière entre le 93 et le 94, j'ai lu le mode d'emploi, et j'ai trouvé les différentes options (nord en haut, itinéraire bis, suppression des indications de distributeurs, de restos ou de stations essence, vue d'ensemble plus large). J'ai arrêté de jouer, et je suis rentrée à la maison par mon itinéraire bis à moi, 30 minutes chrono.
Voilà, Gilberte est une buse, elle n'indique même pas où sont les chiottes.
Mais, elle a une commande vocale. Ce week-end, je joue à K2000 !
mercredi 3 octobre 2012
Le jour où j'ai sauvé mon couple...
Oui... enfin non... pas à ce point, mais quand même !
Depuis huit ans que nous parcourons les routes et les chemins à bicyclette dans notre siiiiiouper carosse sur-équipé (une clio I de 1992, 210 000 km et des poussières), nous avions décidé, MaB et moi, de nous répartir les tâches, d'un commun accord : moi au pilotage, MaB au copilotage.
C'est là que ça se corse.
Autant moi, au pilotage, ça peut aller. Autant MaB, en copilotage, ça n'est pas gagné... et je ne dis pas ça pour me faire mousser. Il n'y a qu'à voir mes résultats à Mario Kart, les médailles et les points parlent d'eux-mêmes.
Donc MaB, en co-pilotage, c'est une quiche... j'ai bien fini par lui apprendre 2-3 rudiments de lecture de carte, des trucs et des astuces pour l'aider à se repérer sur une carte (et éviter de nous faire tourner pendant une plombe dans un quartier résidentiel ou faire 50 km de détour pour rejoindre un hameau perdu au milieu de la montagne), mais il faut l'avouer... en dehors du changement des cassettes dans l'auto-radio (oui oui, tu as bien lu, nous avons ENCORE un auto-radio à cassettes... façade détachable millésime 1999), du dépiautage des papiers de bonbons, du passage de la gourde, ou de la gestion de bébé en furie à l'arrière, les courses d'orientation avec MaB se terminent quasi toujours en pugilat.
En ville, en pleine nature, sur autoroute. Pugilat. Verbal, mais pugilat quand même.
Même si, partant d'une bonne volonté, j'ai griffonné 2- 3 indications sur un post-it, la vérification sur le plan met systématiquement MaB dans une sorte de transe.
Sueurs froides, difficultés à respirer, bouche sèche, connexions neuronales complètement annihilées.
La moindre question, comme par exemple "je tourne à droite ou à gauche, là ?", peut la plonger dans un profond désarroi... et moi, devant le doute affiché, je me dois de prendre une décision rapide, seule, et sans filet (puisque je suis bien évidemment trop fière pour m'arrêter et soit regarder le plan, soit carrément demander à un quidam).
Lorsque c'est le bon choix, on se dit qu'on a de la chance et qu'on est trop fortes.
Lorsque je me plante, forcément, ça me met un peu hors-de-moi, et du coup, tout est de la faute de MaB, puisqu'elle n'a même pas été foutue de regarder un plan. MaB de me renvoyer (pugilat, je t'ai dis) que si je suis si forte que ça, je n'avais qu'à regarder moi-même sur le plan.
Au final, nous sommes toutes les deux bouffées par l'agacement, et plongées dans un profond mutisme (oui, parce qu'on a décidé d'essayer d'éviter de se pourrir devant Sapinou). A ça, tu rajoutes la petite voix de Sapinou en continu "et le feu il est rouge", "et le feu il est vert, ça veut dire qu'on peut démarrer", "on va doubler le camion poubelle", "maman elle a mis sa ceinture", avec parfois un fond d'Anne Sylvestre pour la BO (t'as vu, chez nous, les voyages en voiture, c'est topissime). Sans parler des nombreux détours que nous empruntons avant de retrouver notre route et d'arriver à destination. Tendues comme des strings, tu t'en doutes.
Voilà. Alors comme on avait envie de faire encore un petit bout de chemin ensemble, on s'est dit qu'il fallait trouver une solution. Donc bien sûr, nous avons écarté la possibilité d'un chauffeur... pas que ça nous ait déplu, mais il aurait d'abord fallu trouver une voiture plus grande. Finalement, pour notre anniversaire (qui tombe le même jour, tu devrais le savoir depuis le temps), nous nous sommes jetées dans le grand bain des nouvelles technologies, et nous nous sommes offert ça :
Oui. Tu as bien vu. Un GPS.
C'est donc cet outil qui va permettre à notre couple de ne plus se déchirer à chaque trajet, à chaque carrefour douteux, à chaque embranchement litigieux, à chaque virée vers l'inconnu.
Cela dit, MaB a insisté pour qu'on le prenne avec commande vocale... elle a dit "comme ça, c'est lui que tu pourras engueuler si il se trompe".
T'as vu, c'est beau, un couple, non ?
Et t'as vu à quoi ça tient ?
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