dimanche 19 octobre 2008

Contre vents et marées - Part 2

Nous voilà donc fins prêts à partir.

Le commandant, l'intendante et l'assistante ont vérifié si tout le matériel à bord était en bon état de fonctionnement.

La veille au soir nous avons diné dans le carré pour m'acclimater au tangage et à l'odeur iodée chaude mélangée à celle de fond de port. J'ai survécu et même fini mon assiette.

C'est donc confiante que j'assiste à la manoeuvre légère entre les bateaux qui nous mène vers la sortie du bassin à flots. Le moteur chante un vrombissement altier et je l'accompagne en sifflotant du Hugues Auffray. Lorsque nous sortons enfin de la cage, notre caravelle s'habille de ses voiles qui se gonflent de vent en frémissant de plaisir. Le commandant et l'assistante s'activent entre manivelles et bouts. L'intendante gère l'installation de notre espace de vie en rangeant les bannettes et en sécurisant les espaces pour éviter que tout fiche le camp au premier caprice maritime. La chorégraphie est parfaite, les gestes précis et experts, je suis toute à ce spectacle. Calée dans le fond d'une de ces grandes assises en plastique blanc, cramponnée au rebord de la coque, essayant de me faire la plus petite possible (ce qui est assez simple en fait) pour ne déranger personne dans sa tache. Mi-excitée, mi-terrifiée.

La brise me caresse le visage trainant avec elle un embrun d'eau salée. Le bateau fait des clapotis en se frayant un chemin entre les vagues. Parfois, un seau d'eau se déverse brutalement dans mon dos mouillant mon jean et par conséquent, ma culotte. La veste de quart que l'on m'a prétée me protège bien du vent et de l'eau mais même si elle est trop grande pour moi, elle ne me garde pas totalement au sec. Au moins, je n'ai pas trop froid.



Le commandant nous signale que nous allons virer de bord. Rien de sexuel, il ne s'agit que de tourner et de changer les voiles de sens. L'objectif est de se ruer de l'autre côté du bateau en se baissant pour ne pas se prendre la bôme (la grande barre sous les voiles devant toi, attention ! trop tard...) en plein visage et se faire éjecter à cent mètres du bateau en pleine mer. Le déplacement des troupes a lieu sans encombre et je reprends mon souffle après avoir vécu quelques secondes en apnée. La navigation reprend son cours, pour que plus tard les mêmes gestes se répètent encore et encore.

Je n'ai pas mis de patch anti mal de mer derrière mon oreille. Je voulais savoir avant si oui ou non, je serais malade. Pour l'instant, je ne le regrette pas. Est-ce le mouvement permanent du bateau, le vent ? Toujours est-il que je me sens parfaitement bien. Humide, mais ravie.

A l'horizon, notre objectif, l'île de Bréhat, se dessine entre ciel et mer. Avec le tangage, l'île joue à coucou-caché avec les voiles. Le commandant et son assistante commencent à s'agiter, l'un baisse les voiles tandis que l'autre met le moteur en marche. Le commandant, fin connaisseur des fonds marins de la crique de l'Ile de Bréhat jette son ancre à l'endroit précis ou il sait qu'elle viendra s'enfoncer mollement dans le sable et nous stoppons net dans notre progression. Il éteint le moteur. Le roulis est un peu violent, mais je suis tellement absorbée par ce que je viens de vivre, par le paysage qu'offre d'un coté la mer, à l'avant du bateau, et de l'autre, l'île.


Et puisque je ne risque plus d'être trempée, je décide alors d'aller me changer. On m'informe que l'apéro sera bientôt servi sur le pont et qu'ensuite nous déjeunerons. Mon premier déjeuner sur le pont d'un bateau.

Après avoir rempli mes yeux, ma panse et avoir assisté à un moment mémorable : Kanou faisant la vaisselle à l'eau de mer et la rinçant à l'eau de vache (sorte de grande poche en plastique noir où se trouve la réserve d'eau douce pour TOUT le séjour), j'ai trainé un peu sur le pont à jouer avec des cons de goélands qui croyaient que je voulais leur filer à bouffer à chacun de mes mouvements.




J'ai eu ensuite envie de me poser un peu. Je suis descendue dans le carré et j'ai imité mes compagnons d'infortune en m'allongeant sur ma couchette. J'ai lu un peu mais je me suis vite arrêtée, le roulis et la lecture ne faisant pas bon ménage. Je me suis endormie.



C'est en me réveillant de cette sieste que j'ai découvert l'enfer du mouillage un jour de vent.

Mais ce sera pour la prochaine fois. Pour l'instant, je le rappelle, je fais la sieste. Prière de ne pas déranger. Si ça se trouve, je rêve.

Ah au fait, je rappelle qu'il y a un lot à gagner si vous trouvez le nom de ce bateau et que je n'ai pas encore eu la moindre proposition. Douteriez-vous de la valeur de ce lot ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

La coccinelle ?

(J'ai éliminé Newton et le professeur Burp, mais j'avoue que j'ai hésité avec Bougret et Charolles...)

Sympas les photos ^_^

MaB a dit…

El Diablotino, c'est fort bien tenté mais aucune des propositions n'est la bonne... Mais comme tu as le droit de jouer autant de fois que tu le veux, tu finiras bien par faire mouche !

Kanou a dit…

Calée dans le fond d'une de ces grandes assises en plastique blanc, cramponnée au rebord de la coque, essayant de me faire la plus petite possible (ce qui est assez simple en fait) pour ne déranger personne dans sa tache.

Juste, pour les puristes, ces fameuses "assises" sont en fait le cockpit du bateau...

Pour le nom du bateau, il s'agit plus d'une expression d'un personnage caricaturé dans les RAB !

ZeStE a dit…

Bon, alors je propose (je peux faire plusieurs propositions?):
en un) la coxinelle (la faute est voulue)(ben oui, c'était écrit qu'il y avait une faute!!)
en deux)Izac Newton (la faute est voulue, cf plus haut)
en troiz'): Charole(la faute est voulue, cf plus haut).
en quatre): Bougré(la faute est voulue, cf plus haut).
... voilà, si ce n'est pas ça, va falloir que je fasse des recherches google plus poussées.
Ah mince el diablotino a déjà tout proposé... heu, oui, mais il a proposé sans les fautes, alors peut-être que...

Anonyme a dit…

Merde, elle est dure la vie, hein?!!

MaB a dit…

Anonyme : comme le dit si bien ma femme, à qui ai-je l'honneur ? Non, la vie n'est certainement pas dure pour ces raisons. Je qualifierais plutôt cette expérience comme douloureusement agréable, car j'en ai pris bien plus dans la vue que dans le bide, enfin, après tout n'est qu'une question de mesure de la souffrance! Mais étaler ses petits souvenirs de mal être sur un blog vaut bien mieux que de se morfondre sur des souffrances qui en rien ne se verront soulagées par une attitude défaitiste et larmoyante. En clair, cherE anonyme, je préfère te faire sourire avec mes petites affaires de nausées maritimes avec plein d'images jolies à côté que de te raconter comment j'en chie au quotidien pour survivre dans un monde qui ne laisse une chance qu'à ceux qui ont les dents longues et le coeur gelé.
Donc, non, elle est pas dure la vie, elle est belle et parfois, si si, c'est une belle salope.

Zeste : bien tenté, mais c'est encore raté. Alors, je rappelle que le petit nom de ce satané raffiot est l'expression favorite d'un des personnages caricaturé de RAB. Allez, je vous donne un indice : LANVIN