Mercredi dernier, un copain est venu passer la soirée à la maison. Jusque là, rien de très original, j'imagine que c'est le genre de chose qui vous arrive aussi très régulièrement. Sauf que lors de cette soirée, nous avons eu avec lui une conversation qui m'a beaucoup fait réfléchir par la suite. Pas au point qu'une semaine après, j'en sois encore à me triturer les méninges, mais quand même. Le gars en question, un type vraiment très intelligent et très intéressant est hétéro. Vous allez me dire que ça vous est un peu égal et vous n'aurez pas tort, sauf que ça a un rapport avec ce dont je veux vous parler et c'est pour ça que je le précise.
Comme vous le savez (et si vous ne le l'avez pas compris, c'est qu'il y a pas mal de choses qui vous ont échappé), je suis lesbienne. En clair, je n'ai d'attirance sexuelle que pour la gente féminine. Comme vous le savez aussi (et ça, si vous n'êtes pas au courant, vous êtes vraiment bons pour relire ce blog depuis le début !), je suis une lesbienne en couple. Donc, non seulement je ne grimpe aux rideaux que dans des circonstances bien précises citées ci-dessus, mais en plus j'ai jeté mon dévolu sur une de ses dignes représentantes à qui j'accorde toute mon énergie. Je pourrais développer encore un peu plus en disant que je suis une lesbienne en couple, qui vit avec sa compagne, avec qui elle veut faire des bébés, mais là, ce serait vraiment du domaine de l'ultra précis.
Je suis également, ce qu'on appelle dans le jargon dykesque, une "gold". Rien à voir avec le groupe des années 80 qui avait abandonné son capitaine et qui nous emmenait un peu plus près des étoiles. Rien à voir non plus avec la couleur de la médaille autour du cou des joueurs de l'équipe de France de handball. Pas de rapport non plus avec la carte de crédit de Sarkozy. Pour celles et ceux dont le niveau d'anglais ne dépasserait pas celui d'un élève de cours préparatoire qui n'en est qu'à l'initiation (tiens, j'y pense là d'un coup, y a des cours d'anglais en maternelle ?), "gold" se traduit "or". Tout de suite, ça en jette de dire qu'on est une "gold" ! Sauf que ça ne veut pas dire qu'on vaut une fortune, mais qu'on est rare. Les "gold" pour les non-initiés, sont des femmes qui aiment les femmes et n'ont jamais aimé les hommes à part en tant qu'amis, confidents, partenaires de tarot, de blagues, camarades festoyeurs poivrots, copains de galère. En gros, à part coucher avec eux, les "gold" font parfois plus de trucs avec les mecs que celles avec qui ils couchent ! Et croyez bien que, quelque part, pour mes semblables féminines qui elles, aiment la promiscuité d'un corps viril, ça me gène un peu qu'ils ne fassent pas le reste avec elles.
Le gars en question (vous suivez ?), un mec vachement intelligent, je le rappelle, parce que ça a son importance, nous dit alors qu'on parlait de coucheries "moi, je m'en fous de la sexualité des gens". Bon, je vous le fais en résumé, c'était mieux dit que ça et aussi plus compliqué et je serais incapable de le citer dans le texte. Et il rajoute "je ne comprends pas qu'on veuille mettre ça en avant" (sous entendu le fait d'être gay, goudou ou pas). Et là, un éclair transperce mon corps de haut en bas (vu la distance un quart de seconde a suffit) et je me dis "mais, si je veux être tout à fait sincère avec moi-même et pas jouer les faux culs, je suis comme ça, je le mets vachement en avant. Je milite, je revendique, je vais à la Gay pride chaque année, je réclame l'égalité des droits pour tous et soyons sincère, aussi pour moi. Je lis lesbien, j'écris lesbien, je regarde des films lesbiens, des séries avec des lesbiennes. Je suis les blogs et les sites qui me régalent de potins lesbiens (genre Clementine Ford, la fille de Cybill Sheperd qui s'est outée récemment ou Cathy de Buono qui est en couple avec Jill Bennett, le "voici" lesbien quoi). Mes amies femmes sont presque toutes des lesbiennes et les hommes aussi quelque part. J'ai un Kama Sütra lesbien et un gay flag chez moi. Je suis une fan du Ellen de Generes show, ma chanteuse préférée est Melissa Etheridge. Ouf, je n'aime pas le tofu et je ne fais pas de camping vélo !".
Et pourtant, je suis bien d'accord avec lui, parce que dans le fond, je me contrefous de savoir que les gens aient une sexualité ou pas et avec qui ! Vous pouvez bien être hétéros, homos, assexués, du moment que vous vous éclatez et que vous êtes heureux, ça ne m'intéresse pas plus que ça.
Alors pourquoi ce besoin identitaire ? Cette nécessité absolue de me rallier à un groupe, à une communauté ? Pourquoi chercher chez les autres ce que j'ai déjà, après tout, chez moi ? Une semaine plus tard et je n'ai encore trouvé aucune réponse à toutes ces années de militantisme chevronné. Je ne sais toujours pas pourquoi je me sens aussi attirée par mes semblables.
La seule piste à peu près potable que j'ai pu déceler est que peut être, la visibilité dont nous profitons aujourd'hui est largement plus importante que celle qui existait quand j'étais en âge du besoin d'identification. N'ayant pu m'alimenter à ma faim lorsque j'étais adolescente ou jeune femme, je suis surement plus boulimique qu'il ne le faudrait.
Il y a dans les romans lesbiens, incontestablement, des choses qui, au delà de l'aspect communautaire desdits romans, me parlent plus. Il est plus facile pour moi de me sentir proche d'un personnage qui vit parfois ce que j'ai moi-même vécu.
Il y a aussi dans les séries et les films, des clins d'oeil à des bonheurs ou des souffrances qui, même si ce n'est que dans le passé, me parlent.
Il y a dans ces potins qui n'ont pas le moindre intérêt, une façon honnête d'assumer ma curiosité en y donnant une bonne raison.
Pour le reste, disons que ce sont tous des très bons souvenirs ! Tiens, si j'étais jeune, là, je me mettrais un petit lol pour me remercier de ma blague, lamentable...
J'ai réussi à soulever une autre pierre, après mure réflexion.
L'homosexualité est bien plus banalisée aujourd'hui qu'elle ne l'a été par le passé. Etre lesbienne dans les années 80/90, c'était pas vraiment le pied. J'ai enduré pas mal de moqueries, de leçons de pesudo-morale à faire suer le plus vaillant des porcs, j'ai essuyé quelques attaques frontales et bien plus encore d'attaques dorsales.
J'ai fêté le retrait de la liste des maladies mentales de l'OMS en 91, assisté à une Gay Pride où nous n'étions que quelques milliers dans Paris, et où nous nous cachions sous les banderoles pour éviter les canettes de bière, vides, heureusement. J'ai parlé, diffusé, je me suis donnée corps et âme pour que les gens comprennent, enfin, que le sida n'était et n'est pas une maladie de pédés !
Je me suis fait virer par un de mes premiers employeurs soit disant parce que je ne parlais pas l'allemand (sachant que j'avais été embauchée un an plus tôt pour mon anglais et mon espagnol...) et en réalité, je l'ai appris par la suite, parce qu'une des employées a été lui balancer que j'étais homo (ce qu'elle tenait de quelqu'un qui m'aurait vu avec une fille) et que non, on ne peut décemment pas travailler avec des gens qui ont ce vice. Elle a probablement eu peur que j'en veuille à son petit derrière. En plus, elle ne me plaisait même pas, pfff.
J'ai du aussi effacer quelques graffitis aussi poétiques que les dialogues d'un film porno sur ma boîte aux lettres.
En clair, il m'apparaît évident que si on a du endurer pas mal de coupsbas, on en devient peut être plus attachée à son identité, plus impliquée dans une forme de revendication, alors que oui, une fois de plus, je suis convaincue qu'il n'y a rien à revendiquer.
Et toi, lesbienne ou hétéro qui lit ces quelques lignes, te sens-tu porte-drapeau ? Ou suffisamment certainE que les choses évoluent et qu'il ne sert plus à rien de se sentir concernée ? Es-tu une addict des représentations de ta communauté ou non ? Enfin, qu'est-ce que t'en penses, toi, de tout ça ?
Comme vous le savez (et si vous ne le l'avez pas compris, c'est qu'il y a pas mal de choses qui vous ont échappé), je suis lesbienne. En clair, je n'ai d'attirance sexuelle que pour la gente féminine. Comme vous le savez aussi (et ça, si vous n'êtes pas au courant, vous êtes vraiment bons pour relire ce blog depuis le début !), je suis une lesbienne en couple. Donc, non seulement je ne grimpe aux rideaux que dans des circonstances bien précises citées ci-dessus, mais en plus j'ai jeté mon dévolu sur une de ses dignes représentantes à qui j'accorde toute mon énergie. Je pourrais développer encore un peu plus en disant que je suis une lesbienne en couple, qui vit avec sa compagne, avec qui elle veut faire des bébés, mais là, ce serait vraiment du domaine de l'ultra précis.
Je suis également, ce qu'on appelle dans le jargon dykesque, une "gold". Rien à voir avec le groupe des années 80 qui avait abandonné son capitaine et qui nous emmenait un peu plus près des étoiles. Rien à voir non plus avec la couleur de la médaille autour du cou des joueurs de l'équipe de France de handball. Pas de rapport non plus avec la carte de crédit de Sarkozy. Pour celles et ceux dont le niveau d'anglais ne dépasserait pas celui d'un élève de cours préparatoire qui n'en est qu'à l'initiation (tiens, j'y pense là d'un coup, y a des cours d'anglais en maternelle ?), "gold" se traduit "or". Tout de suite, ça en jette de dire qu'on est une "gold" ! Sauf que ça ne veut pas dire qu'on vaut une fortune, mais qu'on est rare. Les "gold" pour les non-initiés, sont des femmes qui aiment les femmes et n'ont jamais aimé les hommes à part en tant qu'amis, confidents, partenaires de tarot, de blagues, camarades festoyeurs poivrots, copains de galère. En gros, à part coucher avec eux, les "gold" font parfois plus de trucs avec les mecs que celles avec qui ils couchent ! Et croyez bien que, quelque part, pour mes semblables féminines qui elles, aiment la promiscuité d'un corps viril, ça me gène un peu qu'ils ne fassent pas le reste avec elles.
Le gars en question (vous suivez ?), un mec vachement intelligent, je le rappelle, parce que ça a son importance, nous dit alors qu'on parlait de coucheries "moi, je m'en fous de la sexualité des gens". Bon, je vous le fais en résumé, c'était mieux dit que ça et aussi plus compliqué et je serais incapable de le citer dans le texte. Et il rajoute "je ne comprends pas qu'on veuille mettre ça en avant" (sous entendu le fait d'être gay, goudou ou pas). Et là, un éclair transperce mon corps de haut en bas (vu la distance un quart de seconde a suffit) et je me dis "mais, si je veux être tout à fait sincère avec moi-même et pas jouer les faux culs, je suis comme ça, je le mets vachement en avant. Je milite, je revendique, je vais à la Gay pride chaque année, je réclame l'égalité des droits pour tous et soyons sincère, aussi pour moi. Je lis lesbien, j'écris lesbien, je regarde des films lesbiens, des séries avec des lesbiennes. Je suis les blogs et les sites qui me régalent de potins lesbiens (genre Clementine Ford, la fille de Cybill Sheperd qui s'est outée récemment ou Cathy de Buono qui est en couple avec Jill Bennett, le "voici" lesbien quoi). Mes amies femmes sont presque toutes des lesbiennes et les hommes aussi quelque part. J'ai un Kama Sütra lesbien et un gay flag chez moi. Je suis une fan du Ellen de Generes show, ma chanteuse préférée est Melissa Etheridge. Ouf, je n'aime pas le tofu et je ne fais pas de camping vélo !".
Et pourtant, je suis bien d'accord avec lui, parce que dans le fond, je me contrefous de savoir que les gens aient une sexualité ou pas et avec qui ! Vous pouvez bien être hétéros, homos, assexués, du moment que vous vous éclatez et que vous êtes heureux, ça ne m'intéresse pas plus que ça.
Alors pourquoi ce besoin identitaire ? Cette nécessité absolue de me rallier à un groupe, à une communauté ? Pourquoi chercher chez les autres ce que j'ai déjà, après tout, chez moi ? Une semaine plus tard et je n'ai encore trouvé aucune réponse à toutes ces années de militantisme chevronné. Je ne sais toujours pas pourquoi je me sens aussi attirée par mes semblables.
La seule piste à peu près potable que j'ai pu déceler est que peut être, la visibilité dont nous profitons aujourd'hui est largement plus importante que celle qui existait quand j'étais en âge du besoin d'identification. N'ayant pu m'alimenter à ma faim lorsque j'étais adolescente ou jeune femme, je suis surement plus boulimique qu'il ne le faudrait.
Il y a dans les romans lesbiens, incontestablement, des choses qui, au delà de l'aspect communautaire desdits romans, me parlent plus. Il est plus facile pour moi de me sentir proche d'un personnage qui vit parfois ce que j'ai moi-même vécu.
Il y a aussi dans les séries et les films, des clins d'oeil à des bonheurs ou des souffrances qui, même si ce n'est que dans le passé, me parlent.
Il y a dans ces potins qui n'ont pas le moindre intérêt, une façon honnête d'assumer ma curiosité en y donnant une bonne raison.
Pour le reste, disons que ce sont tous des très bons souvenirs ! Tiens, si j'étais jeune, là, je me mettrais un petit lol pour me remercier de ma blague, lamentable...
J'ai réussi à soulever une autre pierre, après mure réflexion.
L'homosexualité est bien plus banalisée aujourd'hui qu'elle ne l'a été par le passé. Etre lesbienne dans les années 80/90, c'était pas vraiment le pied. J'ai enduré pas mal de moqueries, de leçons de pesudo-morale à faire suer le plus vaillant des porcs, j'ai essuyé quelques attaques frontales et bien plus encore d'attaques dorsales.
J'ai fêté le retrait de la liste des maladies mentales de l'OMS en 91, assisté à une Gay Pride où nous n'étions que quelques milliers dans Paris, et où nous nous cachions sous les banderoles pour éviter les canettes de bière, vides, heureusement. J'ai parlé, diffusé, je me suis donnée corps et âme pour que les gens comprennent, enfin, que le sida n'était et n'est pas une maladie de pédés !
Je me suis fait virer par un de mes premiers employeurs soit disant parce que je ne parlais pas l'allemand (sachant que j'avais été embauchée un an plus tôt pour mon anglais et mon espagnol...) et en réalité, je l'ai appris par la suite, parce qu'une des employées a été lui balancer que j'étais homo (ce qu'elle tenait de quelqu'un qui m'aurait vu avec une fille) et que non, on ne peut décemment pas travailler avec des gens qui ont ce vice. Elle a probablement eu peur que j'en veuille à son petit derrière. En plus, elle ne me plaisait même pas, pfff.
J'ai du aussi effacer quelques graffitis aussi poétiques que les dialogues d'un film porno sur ma boîte aux lettres.
En clair, il m'apparaît évident que si on a du endurer pas mal de coups
Et toi, lesbienne ou hétéro qui lit ces quelques lignes, te sens-tu porte-drapeau ? Ou suffisamment certainE que les choses évoluent et qu'il ne sert plus à rien de se sentir concernée ? Es-tu une addict des représentations de ta communauté ou non ? Enfin, qu'est-ce que t'en penses, toi, de tout ça ?