jeudi 30 octobre 2008

Imagine me and you

Je vous raconterai la fin de mes aventures maritimes une prochaine fois, promis ! Mais là, ce n'est pas ce dont j'ai envie de vous entretenir.

Si vous avez lu le titre, (si ce n'est pas fait, faites le, sinon vous risquez d'être très vite largués...) et si vous avez cédé à la tentation, au moins une fois dans votre vie, de regarder un bon film à l'eau de rose qui a le curieux pouvoir magique de faire poindre un sourire idiot sur vos ravissants minois, vous aurez compris que je suis fin prête à vous parler d'amour.

Alors si le sentimentalisme vous donne la gerbe et que vous n'avez pas envie de vous fader mes niaiseries de midinettes, vous pouvez aller ailleurs (suivez les liens, c'est un bon début et laissez vous guider de liens en liens, vous passerez un bon moment...).

Ma femme me manque. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'elle part seule quelques jours. Je devrais savoir qu'elle est toujours revenue et donc attendre patiemment qu'elle rebrousse chemin. Je sais qu'elle en a besoin. Qu'elle est bien auprès des siens. Mais rien n'y fait, j'ai beau me raisonner, elle me manque.

Elle ne me manque pas seulement parce qu'après le boulot, je n'ai pas ma petite dose de Kanou pour relâcher toute la pression en douceur, ni parce que je m'endors le soir dans un grand lit vide et froid, son tee-shirt en boule sous le nez (j'ai attendu 37 ans pour avoir un doudou, mais maintenant que j'en ai un, ou plutôt une, j'arrive plus à faire sans). Elle ne me manque pas seulement parce qu'elle n'est pas là pour m'engueuler parce que je n'ai pas enlevé mes chaussures ou parce que je tente de feinter et de fumer un cigarillo dans le salon, ou parce que je suis privée de ce regard qui me rassure et m'emplit de courage. Non, elle ne me manque pas juste parce qu'elle n'est pas là, devant moi ou derrière, c'est selon.

Elle me manque partout dans moi. Comme si tout mon corps se remplissait en son absence de milliers de boules vides d'elle. Dans mon ventre, dans mon coeur, dans ma tête, dans mes jambes, dans mes bras, dans mes yeux.

Je vous ai surement déjà dit des dixaines de fois que je l'aime de tout mon coeur, de toute mon âme. Je vous ai probablement déjà dit aussi plusieurs fois que c'est la femme de ma vie. Oui ? Et bien j'assume et je me répète.

Parfois, j'aime arrêter le temps et stopper toute activité. M'envoler très haut pour nous regarder vivre, comme si je pouvais voir bien plus de choses qu'en étant actrice. Et ce que je vois me plait. Je ne pensais pas avoir la chance un jour de vivre vraiment une vie qui me plait. Bien sur, ce n'est pas toujours un havre de paix et de douceurs et ça grimpe parfois bien haut dans les tours. Bien sur, nous ne pouvons décemment pas n'évoluer que dans notre petit cocon de bonheur, sans même prêter attention à ce qui se passe autour et sans en être affectées. Mais, il n'empêche, j'ai quand même une sacrée veine de pouvoir vivre une vie qui me plait quand je la regarde.

J'aime quand nous nous mangeons du regard, quand elle me fait rire, quand nous nous touchons. Chaque partie de sa peau m'irradie de plaisir, comme si nos corps n'existaient que pour se frôler. Des milliers de petits contacts anodins que je relève pourtant un à un.

Je porte des lunettes, je fume et donc le goût et l'odorat ne sont pas vraiment au top, je suis malentendante (pas sourde profonde, mais malentendante) - petite apparté à ce sujet, être malentendante peut être très frustrant en société, car il faut toujours se placer là où on peut avoir la meilleure lecture labiale possible. Cette été par exemple, je n'ai pas respecté cette règle élémentaire pendant la petite soirée en compagnie des membres de l'Ane Ô, je n'ai pas été assez rapide pour m'assoir, du coup, c'est Zeste et L qui ont eut la meilleure place... Heureusement, j'ai quand même réussi à suivre quelques conversations. Je n'ai jamais su réellement avouer ce handicap, en général les gens le découvrent avec le temps. Mais bon, ce n'est pas le sujet, je digresse sévèrement, je vous en parlerai une autre fois. - mais je vis très bien même si la marchandise a subi de nombreuses malfaçons.

Cependant, un de mes sens, comme c'est souvent le cas quand un autre est défaillant, est très largement décuplé. Le toucher. Lorsque je touche quelque chose, ce que je ressens dans mes bras, dans mon corps tout entier est largement plus fort que la normale. Alors quand la matière est agréable, mon plaisir n'en est que plus grand. Il y a de nombreuses choses que j'aime carresser et qui me font un effet terrible. La terre, l'herbe, les arbres, l'eau (qu'elle soit chaude ou froide), la laine, les pétales de roses, le satin, la soie, le coton, le papier (surtout les feuilles Clairefontaine), le sable chaud, le cuir, les oeufs de poule, la pierre. Ce que je cache avec habileté, histoire de ne pas passer pour une détraquée perverse qui caresse presque tout ce qu'elle a à portée de main... Chaque millimètre de sa peau que je carresse me renvoie cette carresse et elle est infiniment plus douce, plus irradiante, plus envoutante encore.

Je compte le temps. Plus que quatre nuits et cinq jours sans elle.

Elle rentre lundi. Vous l'excuserez de ne pas poster le soir même, ses chers fidèles lecteurs, parce qu'entre nous, je ne crois pas que je lui en laisserai le temps.

dimanche 26 octobre 2008

Sur le départ

Et bien voilà, après huit semaines de travail forcené, c'est enfin les vacances scolaires !

Dix jours pour décompresser, mettre à jour l'ensemble des démarches administratives qui s'accumulent à côté du téléphone, vider le panier à linge, faire un peu de bricolage... mais surtout pour glander, enfin, un peu.

Du coup, j'en profite pour partir la semaine prochaine voir la famille. Vu que ma famille se recompose, je vais devoir ma partager, et donc parcourir le grand ouest du sud au nord, en passant par le Morbihan.
La valise est prête, l'appareil photo est chargé, le mp3 blindé de son.

J'abandonne donc lâchement ma femme à son triste sort de travailleuse. Elle va pouvoir se plonger toute entière dans ses idées d'écriture, et surtout se gaver de pizzas, saucisson, pistaches et pâtes à tous les repas.
Mouais.
C'est pas bien.

Pour éviter cette orgie de malbouffe, j'ai mitonné au moins 1,5 litre de velouté de légumes. Comme ça, elle aura juste à faire réchauffer son assiette au micro-onde.
Oui, je sais, qu'est-ce qu'on peut faire comme trucs fous par amour !

Voilà, je vais prendre un peu l'air, amusez-vous bien !
Pour les boissons, voyez avec MaB, c'est elle qui tient le bar !

dimanche 19 octobre 2008

Contre vents et marées - Part 2

Nous voilà donc fins prêts à partir.

Le commandant, l'intendante et l'assistante ont vérifié si tout le matériel à bord était en bon état de fonctionnement.

La veille au soir nous avons diné dans le carré pour m'acclimater au tangage et à l'odeur iodée chaude mélangée à celle de fond de port. J'ai survécu et même fini mon assiette.

C'est donc confiante que j'assiste à la manoeuvre légère entre les bateaux qui nous mène vers la sortie du bassin à flots. Le moteur chante un vrombissement altier et je l'accompagne en sifflotant du Hugues Auffray. Lorsque nous sortons enfin de la cage, notre caravelle s'habille de ses voiles qui se gonflent de vent en frémissant de plaisir. Le commandant et l'assistante s'activent entre manivelles et bouts. L'intendante gère l'installation de notre espace de vie en rangeant les bannettes et en sécurisant les espaces pour éviter que tout fiche le camp au premier caprice maritime. La chorégraphie est parfaite, les gestes précis et experts, je suis toute à ce spectacle. Calée dans le fond d'une de ces grandes assises en plastique blanc, cramponnée au rebord de la coque, essayant de me faire la plus petite possible (ce qui est assez simple en fait) pour ne déranger personne dans sa tache. Mi-excitée, mi-terrifiée.

La brise me caresse le visage trainant avec elle un embrun d'eau salée. Le bateau fait des clapotis en se frayant un chemin entre les vagues. Parfois, un seau d'eau se déverse brutalement dans mon dos mouillant mon jean et par conséquent, ma culotte. La veste de quart que l'on m'a prétée me protège bien du vent et de l'eau mais même si elle est trop grande pour moi, elle ne me garde pas totalement au sec. Au moins, je n'ai pas trop froid.



Le commandant nous signale que nous allons virer de bord. Rien de sexuel, il ne s'agit que de tourner et de changer les voiles de sens. L'objectif est de se ruer de l'autre côté du bateau en se baissant pour ne pas se prendre la bôme (la grande barre sous les voiles devant toi, attention ! trop tard...) en plein visage et se faire éjecter à cent mètres du bateau en pleine mer. Le déplacement des troupes a lieu sans encombre et je reprends mon souffle après avoir vécu quelques secondes en apnée. La navigation reprend son cours, pour que plus tard les mêmes gestes se répètent encore et encore.

Je n'ai pas mis de patch anti mal de mer derrière mon oreille. Je voulais savoir avant si oui ou non, je serais malade. Pour l'instant, je ne le regrette pas. Est-ce le mouvement permanent du bateau, le vent ? Toujours est-il que je me sens parfaitement bien. Humide, mais ravie.

A l'horizon, notre objectif, l'île de Bréhat, se dessine entre ciel et mer. Avec le tangage, l'île joue à coucou-caché avec les voiles. Le commandant et son assistante commencent à s'agiter, l'un baisse les voiles tandis que l'autre met le moteur en marche. Le commandant, fin connaisseur des fonds marins de la crique de l'Ile de Bréhat jette son ancre à l'endroit précis ou il sait qu'elle viendra s'enfoncer mollement dans le sable et nous stoppons net dans notre progression. Il éteint le moteur. Le roulis est un peu violent, mais je suis tellement absorbée par ce que je viens de vivre, par le paysage qu'offre d'un coté la mer, à l'avant du bateau, et de l'autre, l'île.


Et puisque je ne risque plus d'être trempée, je décide alors d'aller me changer. On m'informe que l'apéro sera bientôt servi sur le pont et qu'ensuite nous déjeunerons. Mon premier déjeuner sur le pont d'un bateau.

Après avoir rempli mes yeux, ma panse et avoir assisté à un moment mémorable : Kanou faisant la vaisselle à l'eau de mer et la rinçant à l'eau de vache (sorte de grande poche en plastique noir où se trouve la réserve d'eau douce pour TOUT le séjour), j'ai trainé un peu sur le pont à jouer avec des cons de goélands qui croyaient que je voulais leur filer à bouffer à chacun de mes mouvements.




J'ai eu ensuite envie de me poser un peu. Je suis descendue dans le carré et j'ai imité mes compagnons d'infortune en m'allongeant sur ma couchette. J'ai lu un peu mais je me suis vite arrêtée, le roulis et la lecture ne faisant pas bon ménage. Je me suis endormie.



C'est en me réveillant de cette sieste que j'ai découvert l'enfer du mouillage un jour de vent.

Mais ce sera pour la prochaine fois. Pour l'instant, je le rappelle, je fais la sieste. Prière de ne pas déranger. Si ça se trouve, je rêve.

Ah au fait, je rappelle qu'il y a un lot à gagner si vous trouvez le nom de ce bateau et que je n'ai pas encore eu la moindre proposition. Douteriez-vous de la valeur de ce lot ?

mardi 14 octobre 2008

Septième semaine

Ouais, déjà... le temps passe vite, hein ?
Apparemment, pas encore assez vite, vu que les vacances ne sont "que" dans 10 jours. Et je peux vous dire que tout le monde les sent passer ces semaines, profs comme élèves, CPE's comme surveillants. Espérons que la huitième semaine ne soit pas celle de trop !

Bon, moi j'ai un avantage sur pas mal de mes collègues : je suis grande et j'ai une voix qui porte, ce qui me confère une autorité naturelle auprès de cette bande de p'tits saloupiauds ces chers bambins... du coup, lorsque je gueule, ils se taisent à peu près, et une fois que j'ai réussi à négocier le calme, on peut parler, et donc leur faire entendre un peu raison. J'suis une pionne troooop coool, moi. Même que les élèves ils me demandent pour que je tienne la salle d'étude...
- Ki cé ki fé la perm' ? Cé toi ki fé la perm' Madame ?
- Nan, c'est pas moi... j'suis de bureau...
- Rooo allez, steuplé, fais la perm'... elle est méchante, l'aut' surveillante...
- Ah ? Elle est méchante ? Et moi, je suis quoi ? Trop gentille ? Trop bonne, trop conne, hein ? C'est ça ?
- Mais nannn, c'est pas ça, toi, t'es trop coool, on peut dessiner.
- Bon. Je vais voir. Mais si c'est moi, je ne veux pas entendre un bruit.
- Ouiiiii, on te jure qu'on va pas parler.
- Ok. Si vous faites trop de bruit, je colle tout le monde, c'est compris ?
- Ouiiiiiii Maaaaaadaaaaaame !!!!
- ...

Résultat, ils m'ont foutu une paix royale, et à toute la vie scolaire par la même occasion.
Accalmie qui fut de courte durée, puisqu'au bout de 20 min de cours, a commencé notre lot quotidien, j'ai nommé les exclus. Retard, discipline, bavardages, manque de matériel, refus de travailler, tout est bon dans le cochon prétexte à exclure les élèves perturbateurs, élèves que les profs n'arrivent pas à canaliser.

Bref, je ne vais pas te raconter encore et encore comment se déroule une journée de pionne.
Je vais te parler de ma Principale. Ben oui, y'a du nouveau... enfin du nouveau... à toi de voir.

Donc, depuis plusieurs semaines déjà, je suis sur le coup. Je glane ici et là de subtiles informations, au gré des conversations conviviales avec le personnel du collège.

Dans la salle des profs
C'est un haut lieu de la socialisation dans un collège... Et autour d'un café/thé/chocolat/makrout/clope (c'est selon la circonstance), certains se laissent parfois aller à quelques confidences, sur eux, sur Elle, sur la vie.
Ça ne fait que sept semaines, mais j'ai déjà bien compris que les relations entre la Principale et la salle des profs n'étaient pas au beau fixe. J'ai eu vent d'une sombre histoire de plainte pour harcèlement moral d'une prof dépressive contre ses collègues (d'après ma source, vous savez, Madame Pingouin... (oui... j'ai finalement opté pour une cessation directe des hostilités, car il y a pire qu'elle, donc à quoi bon se mettre à dos la moitié de la salle des profs, hein ?)(et puis surtout, elle est pas si conne, en fait, professionnellement parlant. Le reste, je m'en tape), c'est une caractéristique typique de la dépression du prof de ZEP, le sentiment de persécution) qui aurait attéri sur le bureau de la Principale, et que cette dernière aurait envoyé directement à l'Inspection Académique (là où crèchent les grands boss de l'Education Nationale) sans même vérifier les dires de la plaignante auprès des profs concernés. Il y aurait eu une enquête des inspecteurs, une remontée jusqu'au rectorat, des audiences, une confrontation... mais je n'ai pas eu encore la version de la Principale.

Et puis Elle semble un peu tyrannique, dans le sens où Elle leur donne pas mal de directives pour faire tourner l'équipe éducative (qui d'ailleurs, ne sont pas si mal, tout compte fait...), et ces dernières ne sont pas en adéquation avec les mots d'ordre des syndicats enseignants, en particulier celui majoritaire. Ce qui, forcément, fait grincer des dents.

Bref, c'est dans la salle des profs que les commérages se font les plus vifs, mais pour l'instant, pas une petite vanne sur sa vie privée, pas une petite remarque homophobe camouflée, rien. En même temps, les conversations ne tournent pas encore autour des merveilleux bambins des profs femelles ou des passions secrètes pour le modélisme ou le bricolage des profs mâles... les élèves, les plaintes (comme si ils venaient de se taper les 3x8 à l'usine... si j'vous jure, c'est flippant), la pluie, le beau temps, du système tout pourri... mais pour la langue du pute, c'est seulement en petit comité. Donc c'est un peu limité. Cela dit, je n'ai pas encore testé la cantine des profs (enfin la salle réservée aux profs dans la cantine), elle me fait peur, cette salle... je ne sais pas ce qu'il s'y passe. Je préfère bouffer avec les élèves, et les quelques profs qui osent se mettre au niveau de leur élèves. Question de respect de la collectivité.

Dans le bureau de mon CPE référent
Tous les 15 jours, les surveillants se retrouvent en petit comité auprès de leur CPE référent pour faire un debriefing, mais aussi des propositions concrètes pour la bonne marche du collège.
Mon CPE référent, c'est Mister B.
Un grand black d'1m90, une carrure de déménageur, et un fort accent africain, avec les maximes qui vont avec. Le feeling est bon, le courant passe.
Donc : confidences, partage de points de vue, de critiques, de constats d'impuissance face au système. Il se peut que la source soit bonne, mais elle n'a pour l'instant rien donné pour la question brûlante qui nous concerne.
Juste que notre dernière réunion s'est soldée par une petite note aux profs sur le fonctionnement du mouvement des élèves (histoire d'éviter de voir des tas de gamins qui se promènent dans les couloirs en nous montant des bateaux gros comme des cargos, qui d'aller à l'infirmerie, qui d'aller pisser, qui d'aller chercher le cahier de texte, qui de sécher...), qui a été fort appréciée par la direction, par Elle, donc.

Dans le bureau de la Vie Scolaire
Vu que je suis une surveillante de choc, je suis plus souvent sur le "terrain" que dans le bureau... je préfère me balader dans les couloirs (prétextant une surveillance pour éviter les retards trop importants qui remplissent la salle d'étude inutilement, et donc dérangent les surveillants dans leur tâche administrative...)( z'avez vu ? Pas mal, non ?), ou tenir la salle d'étude, ou la salle des exclus, plutôt que de faire les appels aux familles (qui accessoirement nous engueulent parce qu'on les appelle trop tôt pour leur dire que leur gamin n'était pas au collège à 8h) ou la saisie des absences dans le logiciel.
J'ai donc eu du mal à récolter quelques indices. A part des points de vue professionnels, rien d'intéressant, quoi !


Ouais, l'enquête stagne un peu quand on bosse. Je vous entends d'ici : "Mais alors, elle est lesbienne ou paaaaas ?".
J'ai donc pris les choses en main (enfin, si je puis dire...), et pas plus tard que ce midi, j'ai sauté sur l'occasion : alors que je mangeais seule, au milieu du réfectoire, Elle s'est approché de moi, avec son petit plateau.
- Puis-je partager votre repas ?
- ... oh, et bien oui, volontiers, avec plaisir ! (en vrai, je me suis dit que lorsque j'allais raconter ça à MaB, elle en boufferait son Blackberry... et j'ai commencé à parler très vite et à suer dans le dos)
- Ça nous donnera l'occasion de faire le point sur vos missions en court !
- ...
Je lui ai donc exposé point par point l'état de mes différentes missions. En même temps, j'étais tellement stressée (oui... je fais ma maligne, là, devant vous, mais je n'en mène pas large devant Elle... elle m'intimide un peu), que je crois bien qu'elle n'en a pas placé une... hem... radio-Kanou, mode On Air. J'ai juste appris qu'elle avait un fils... reste à savoir maintenant "avec qui"... 'fin j'me comprends.

Ça c'est pour la praïvète laïfe.
Pour les signes extérieurs, c'est une petit bout de femme énergique, Elle a les ongles courts, ne porte pas de talons hauts, fume des roulées, à une voix de baryton, et surtout, a un "look" de vieille lesbienne. C'est pas moi qui le dit, c'est MaB qui, lorsqu'elle a scrupuleusement épluché ma photo d'équipe, a comparé le look de ma Principale avec celui d'Elula Perrin. Elle a fait de la géographie "dans son jeune temps" (comme elle m'a dit), comme moi. Elle a un goût prononcé pour l'organisation stalinienne, comme moi. Et surtout, elle rigole toujours à mes blagues... non pas que je me trouve hyper drôle, hein... mais moi je dis, ça cache des trucs, tout ça !

Voilà... ça n'est toujours pas hyper probant comme enquête.
Donc, ce que j'attends de toi, lectorat chéri, c'est que tu me donnes des idées pour détecter DISCRETEMENT (oui, bon, parce que je m'en fous un peu de savoir ou non, en fait, tu as bien compris !) des "signes" chez Elle. J'ai bien pensé me ramener avec un bouquin lesbien au titre non évocateur pour les béotiens mais à l'auteur connu dans le "milieu", ce qui pourrait Lui faire savoir que je "sais". Reste à savoir lequel... parce que bon, Moussons de femmes, c'est grillé, De l'amour lesbien aussi.

Parce que je suis bien d'accord, ça commence à bien faire tout ce suspens, là !!

dimanche 12 octobre 2008

Contre vents et marées

Les bretons aiment la mer (enfin, je ne sais pas si tous les bretons aiment la mer, mais je pense que la plupart, l'aime, la mer...), par conséquent, les bretons aiment y trainer leurs pifs rougeâtres et leurs fonds de culottes salis à la Coreff. Ils naviguent, pêchent, nagent. Et tout cela dans une eau à 16° quand c'est la canicule... Nous en conviendrons donc, les bretons sont de gros psychopathes masochistes. Ma femme est bretonne. Sa famille aussi. Elle revendique haut et fort son métissage : Bretagne Nord / Bretagne Sud. Alors, la première fois qu'il a été question de partir en vacances avec sa tribu, le choix fut d'une évidence déconcertante : en Bretagne et sur l'eau ! On va lui faire voir à la petite citadine qu'il n'y a pas qu'à la foire du Trône qu'on peut rendre tripes et boyaux !

Elle a vu la petite. Et elle va se faire un plaisir de partager son aventure avec vous. Ca rappellera peut être quelques souvenirs à d'autres néophytes, ça incitera les curieux à bien réfléchir avant de se lancer dans pareille aventure et ça réveillera les Cap'taines Haddock qui me feront ravaler mon compliment à coup de bacalhau !

Avant de prendre le large, laissez moi vous présenter l'équipage.

Mon beau père, le commandant de bord, vieux loup de mer expérimenté. Comme je n'y connais absolument rien, je suis très impressionnée et je crois tout sur parole. Je ne veux surtout pas le contrarier. C'est lui qui conduit l'engin flottant.

Ma belle-mère, intendante en chef, ou comment évoluer dans un espace restreint à plusieurs sans se télescoper brutalement, manger et boire à sa faim sans menacer les mouettes et autres goélands prépubères.

Ma femme, première mousse, assistante dévouée et amante attentionnée à l'affut du moindre à-coup qui pourrait m'envoyer par dessus bord.

Et moi, pauvre MaB, prise au piège par une manipulation mentale sournoise qui m'a fait croire l'espace d'un instant que ce périple serait fort distrayant, moussaillon non initiée, habituée à des températures clémentes et à une eau de mer juste plus salée qu'un bon bain.

Le bateau, c'est un Arpège de compet' avec un nom grotesque qui, en plus comporte une faute d'orthographe. C'est un des héros de Rubrique-à-brac, un lot à celui ou celle qui le trouve !

Il comporte cinq espaces.

Le pont supérieur, avec son mat gigantesque, la grand voile, le génois la voile avant et le canot de survie, prêt à intervenir à tout moment (très rassurant).

Le pont, avec ses deux grandes banquettes en plastique dur qui ne vous bruleront jamais les fesses si vous êtes en short et qu'il fait très beau, car je le rappelle, nous sommes en Bretagne. On y trouve aussi le gouvernail, qui ressemble vaguement à une batte de baseball, tout un tas de cordes qui menacent de vous lacérer le visage à chaque virage (oui, moi aussi ça m'a fait cet effet quand j'ai compris qu'on avançait pas tout droit sur l'eau), un gros coffre de rangement où sont stockées des bouées notamment, et la fameuse bouée qu'on a tous vu dans les clips de l'été sur M6 et qui sert à maintenir hors de l'eau celui qui aurait la bonne idée de vouloir sauter en route.

Et entre les banquettes, il y a un trou de souris que d'aucun aurait l'audace d'appeler porte qui permet de descendre dans un espace exigu où se trouve une cuisine équipée avec des plaques qui oscillent en suivant le flot, deux couchettes, dont celle du Commandant et tout un tas de cartes et d'appareils qui vous causent en chiffres bizarres (tout le monde n'a pas la chance de parler le wingding couramment...) et qui lâchent de temps à autre un bip-bip peu avenant. Au fond de cet espace, on accède au carré.

Faut descendre encore un peu, là, vous avez le cul dans l'eau.

Le carré, c'est l'espace de vie, là où tu bouffes, là où tu dors, là où tu ranges toutes tes petites affaires et là où tu souffres quand tu sens tes organes exister. C'est un endroit sans aucune possibilité d'aération et la seule source de lumière est un hublot gros comme un ballon de foot. Il y a deux couchages bas et deux couchages hauts, on appelle ça des bannettes, mais ça n'a aucun rapport avec la boulangerie. Bien entendu, la bannette haute m'a été attribuée d'office par l'intendante parce qu'elle est plus courte que les autres et que je suis pourvue de petites jambes et parce qu'elle est au plus près du plafond et que je suis pourvue d'une petite tête. L'intendante avait juste omis un détail, je suis également pourvue d'une bonne dizaine de kilos superflus. Je fus donc fort à l'étroit. Néanmoins, j'étais plus près du hublot.

Au fond du carré, une porte aussi grande que si c'était celle de la maison du grand Schtroumpf. Et derrière cette porte, comble du luxe, il y a la salle de bains : un lavabo et un chiotte à pompe. Oui, Madame, oui, Monsieur, vous êtes priés de pomper après avoir soulagé vos sphincters. Le lavabo est un modèle volé dans la maison de Barbie, autant dire qu'il faut être expert en crachat de dentifrice si tu ne veux pas arroser la penderie bardée de pantalons en ciré et de vestes de quart qui est juste derrière.

Voilà, vous avez fait le tour du propriétaire. Prêts à embarquer ?

A ben non, la marée est haute dans quelques heures, encore un peu de patience et on sort du port !

mercredi 8 octobre 2008

Ha fait aphtement mal !

Mouais.
Ça fait plusieurs fois que ma langue se retrouve avec pleins de petites taches rouges, comme la brulure d'un thé trop chaud...
Je ne m'affolais pas, même si je n'avais pas souvenir d'avoir bu un truc pas assez tiède... j'attendais juste que ça passe en observant l'évolution, puis la guérison, et le retour, encore, depuis le début de la semaine.

Bon.
J'ai quand même fait tout un tas de recherches sur des tas de forums et autres encyclopédies médicales... (j'en connais qui vont glousser sévère derrière leur clavier !)
Et là, vu que j'allais chez mon généraliste pour mon certificat médical d'aptitude au sport, j'en ai profité pour lui demander ce qu'il en pensait. (oui, bon... ce que j'avais lu sur tous ces forums m'avait un peu fait flipper... mycose, anémie, infection... je commençais à me faire quelques films pas du tout exagérés)

Verdict : poussée aphteuse.
Et le plus marrant dans l'histoire, c'est que, d'après les autorités médicales, il n'y a pas toujours d'explication... on ne sait pas pourquoi les poussées se déclenchent. Stress, fruits, fromage, hormones, légumes crus, mauvaise digestion... j'ai juste un terrain favorable.

Oui, car ma vie est ponctuée de poussée aphteuse... mais jamais sur la langue jusqu'à maintenant. La faute à cette saleté de fièvre aphteuse chopée dans une ferme quand j'avais 2 ans... j'appréciais pas mal à l'époque sucer les petits cailloux... et donc aussi les crottes de biques, vu que je ne faisais pas encore la différence... (oui, très tôt j'ai eu un faible pour les cailloux...). Bon, rien à voir avec la fièvre aphteuse du mouton, il n'y a pas (ou très rarement) de transmission possible de l'animal à l'homme... sauf que j'ai eu de la fièvre, et une poussée aphteuse assez importante, alors ça fait des chocapics une fièvre aphteuse ! La bouche bleue pendant plusieurs semaines... j'en ai bouffé du bleu de méthylène !
Et depuis, dès que je mange du fromage avec sa croute qui sent fort, des fruits tout juste cueillis de l'arbre, des fraises sans vinaigre balsamique, ou des pêches sans les faire tremper dans du vin rouge (oui... c'est un remède de grand-mère, mais c'est très efficace), dès que j'ai un petit coup de stress, et peut-être même à certains moments de mon cycle menstruel (les hormones, tout ça...), un peu comme certains souffrent de poussées d'herpès, de zona ou de boutons de fièvre, et bien, paf, poussée aphteuse !

Du coup, vu que j'avais la langue un peu douloureuse, j'ai eu moins de scrupules à me mettre en grève mardi.
Oui, ça m'arrive, j'ai parfois des scrupules à ne pas occuper mon poste, même pour une bonne cause. Surtout quand l'équipe des CPE est inspectée... inspecteurs diligentés par la Principale elle-même... bonjour le stress, bonjour l'ambiance...
Je découvre les côtés sombres de cette femme mystérieuse qu'est ma Principale... je pense qu'il va me falloir plus de temps pour percer son secret !
Bon, oui, c'est dur.
Mais c'était aussi la journée internationale contre la précarité. Je me suis sentie un peu concernée... rapport à mes 2 contrats à mi-temps, renouvelables sous condition, payés au smic sans toucher de prime ZEP alors que tout le reste du personnel la touche : les agents, les profs, la direction, les CPE... sauf les surveillants, forcément, vu qu'on n'est pas du tout au contact des élèves, hein ! Ouais, et on f'ra des barricades avec les tables de la salle d'étude, et on jettera des chaises sur les CRS, grève illimitée jusqu'à la chute du gouvernement !
Inutile ? Peut-être.
Ça permet déjà de se prendre un congé sans solde sans avoir à justifier quoique ce soit, et c'est déjà pas mal.
Ça montre surtout à nos supérieurs, et aussi aux parents, et aux élèves, que sans surveillants, un collège ne tourne pas.
Pas plus, pas moins.

samedi 4 octobre 2008

Douceurs

Il y en a qui crient au scandale, à la France ghettoïsée, parce que la plupart des gamins de culture musulmane ne sont pas venus à l'école ce mercredi, jour de l'Aïd-el Fitr (bon, c'était aussi mardi pour les musulmans d'Afrique Noire... allez savoir, la pleine lune est peut-être différente là-bas...)(j'avoue que je ne me suis pas renseignée sur la question... s'il y en a des qui peuvent éclairer ma lanterne, j'en serais ravie).

D'un côté, je me dis que c'est dingue, quand même, qu'il existe une circulaire de 2008 qui autorise l'absence des personnels de la fonction publique pour fête religieuse (la laïcité, tout ça...), mais de l'autre, je trouve ça normal qu'il existe d'autres repères culturels que le christianisme uniquement. Dans ce cas, pourquoi ne pas faire de ce jour un jour férié, au même titre que Noël ou la Pentecôte (ah bah non... plus la Pentecôte... enfin si... peut-être...). Moi qui suis totalement païenne, mais de culture chrétienne (au sens très large, hein, la culture... et puis chacun sait que les fêtes chrétiennes sont calquées sur les anciennes fêtes païennes), je suis en train de réfléchir à une demande d'autorisation d'absence pour les quelques fêtes druidiques en forêt de Brocéliande (Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad, les 1er novembre, 1er février, 1er mai et 1er août, plus les solstices et les équinoxes)(en même temps, c'est presque tout déjà férié, ou pendant les vacances)(vous voyez, même les païens sont plus respectés dans leurs croyances que les musulmans, les juifs et autres minorités religieuses... oui, parce qu'en plus c'était Rosh Hashana aussi...).

Bref, tout ça pour dire qu'après 30 jours de jeûne pour le mois de Ramadan, c'était la fête de l'Aïd-el Fitr.
Et qui dit fête de l'Aïd, dit petites pâtisseries orientales qui échouent partout dans le bureau de la vie scolaire... le sucre glace qui vole sur les billets d'absence, le thé à la menthe qui embaume l'air vicié de la vie scolaire (oui, en plus on n'est pas loin des chiottes des élèves... plus les odeurs d'ados mal léchés... un vrai régal !).
Il faut dire qu'en plus des élèves, il y a également du personnel musulman, 2 CPE sur 3, des profs, des agents... ça en fait de la bouffe... et des absences le mercredi matin ! Nous étions 1 CPE et 3 surveillants à être présent. On a grave géré le collège... entre les absents pour la fête, les sécheurs invétérés qui ont sauté sur l'occasion pour faire une grasse mat' à l'oeil, le collège était vidé de sa substantifique moelle, c'est-à-dire les élèves ! Et puis les profs qui étaient absents ont été cools : ils ont prévenus leurs élèves qu'ils ne seraient pas là, du coup pas de salle d'étude surchargée, pas de hordes de sixièmes déchainés à choper par le col.

Bref, une matinée pépère.

Un jeudi agité (ben oui, faut bioen les justifier les absences, hein !).

Un vendredi à se gaver.
Autant vous dire que les makrouts et autres petites gâteries n'ont pas eu le temps de sécher.
On avait tellement plus faim, que j'ai même pu en sauver quelques-uns !