Marie-Rose, c'est notre gardienne.
Rose, pour les intimes.
Tout a débuté un soir de décembre 2006.
En plein déménagement, elle a frôlé l'incident diplomatique avec MaB.
Mon père, mon frère et moi, tous trois taillés dans la même baratte à beurre (salé), étions occupés à transporter le réfrigérateur (ou la machine à laver, ou le clic-clac... un truc lourd, quoi !) de la camionnette à l'ascenseur. Rose, étant sortie pournous aider tailler une bavette voir ce qu'il se passait, fait donc connaissance avec MaB :
- C'est vous qui emménagez ?
- Oui oui, au 5è étage, avec mon amie (ndlr : notez le flou dans lequel MaB a laissé Rose).
- Rooo, bah c'est gentil, y'a vot' grande qu'est venue vous aider ! (ndlr : en parlant de moi)
- Ah ah (gloups)... c'est pas ma "grande"... c'est elle qui s'installe avec moi.
- Ah... bon ben j'vais vous laisser, hein ! Z'hésitez pas, si y'a un problème...
Comme entrée en matière, on fait mieux. Avec MaB, on en a déduit que soit elle avait un problème de vue, soit je faisais très jeune, soit MaB faisait très vieille... un peu des trois sans doute !
Et puis ce fut mon tour de faire connaissance avec Rose. J'ai été obligée de la rencontrer pour faire écrire nos noms sur la boite aux lettres et l'interphone, pour récupérer le pass du parking, la pass de l'entrée, les clés du local à vélo... tout le bordel qui va avec un appart en ville.
Et forcément, on a discuté.
Forcément, comme toute gardienne qui se respecte, elle a voulu en savoir plus sur nous, sur moi, sur MaB.
Après avoir décliné nos âges, nos prénoms, nos activités professionnelles, elle a enfin posé une question moins impersonnelle :
- Sinon, pour la déco, vous allez réussir à vous entendre ?
- Ben je pense... comme tous les couples, en fait... chacun y met un peu du sien, pour un ensemble plus ou moins harmonieux ! (A l'époque, il n'y avait pas encore Valérie Damidot sur M6 qui nous a toutes et tous appris à maroufler le papier peint)
- Et comment vous faîtes pour l'organisation des courses, tout ça ?
- Ben comme tous les couples, on s'organise en fonction de nos disponibilités pour les faire...
- Non, mais vous achetez tout ensemble ?
- Ben oui, on va pas faire 2 caddies pour un seul réfrigérateur... on fait comme tous les COUPLES !!
- Ah oui... mais vous voulez dire que... ah... oui... comme tous les couples... vous n'êtes pas colocataires, alors ?
- Ça non. Une chambre, un bureau, un salon. Facile pour la déco, facile pour les courses. Allez, faut que j'y aille !
La fois d'après, elle m'a parlé de sa maison de campagne, de ses enfants, de sa future retraite de dans 3 ans, de son enfance de fille de batelier, de ses études arrêtées trop tôt, des habitants de l'immeuble, de ses varices qui la faisaient souffrir par temps orageux... évitant prudemment le sujet de notre "couple" en général, et de l'homosexualité en particulier, mais je sentais bien que ça la taraudait grave.
- Et vos parents sont au courant ?
- Oui oui, toute ma famille, toute la famille de MaB, et ça se passe très bien (je ne vais pas lui raconter ma vie, non plus... déjà que je ne le fais pas avec un psy, je ne vais pas le faire avec une gardienne d'immeuble qui ne monte même pas le courrier devant nos portes de palier !).
- Arf... c'est bien. Je ne sais pas comment je réagirai si mon fils venait me voir en me disant qu'il est homo... Je crois que mon mari le foutrait dehors...
Là, j'ai fait de l'information-prévention contre l'homophobie... que c'était comme le chocolat, qu'on ne choisissait pas d'aimer ou non les femmes (ou les hommes, ou les 2, mais fallait y aller doucement, pour ne pas la brusquer !).
- Maintenant qu'on est plus intimes (ndlr : ça c'est elle qui le dit...), je peux vous poser une question indiscrète ?
- Allez-y, je n'ai pas de tabou.
- Bon... euh... vu que vous êtes 2 femmes... euh... comment vous faites... euh...bon... qui c'est qui fait l'homme ?
- ... C'est-à-dire que nous sommes deux femmes, donc on fait comme deux femmes, en fait. Moi je préfère le ménage, le linge et le bricolage, MaB, elle, ce sont les courses et la vaisselle. On se répartit les tâches quotidiennes. Mais comme tous les COUPLES... votre mari doit bien vous aider à faire la vaisselle, non ?
- ...
Et plaf. J't'ai cassééééé ! Je sais bien qu'elle se demandait qui portait le gode ceinture à la maison... mais figurez-vous que je n'y ai même pas pensé (je pense que ça m'aurait un peu agacé si je m'en étais rendue compte, en fait), naïve que je suis !
J'ai tout de même rajouté que nous souhaitions rester discrètes sur notre vie privée, que si nous sympathisions avec des voisins, il serait temps de leur dire, qu'il existait des personnes homophobes, que si jamais il y avait un jour des inscriptions homophobes ou des comportements agressifs à notre encontre, je n'hésiterais pas à aller porter plainte au commissariat.
Coup de pression pour qu'elle ferme sa grande gueule de gardienne bavarde comme unelangue de pute pie.
Depuis, elle nous adore. Nous sommes discrètes, polies, aimables, serviables... nous n'avons pas de chien qui pisse dans l'ascenseur, nous ne faisons pas des soirées dignes du Pulp dans notre salon tous les week-end, lorsque nous recevons, nos invitéEs ne gerbent pas dans l'escalier ou sur la moquette des parties communes...des locataires modèles.
Rose agit pour notre promotion.
Son mari me salue à peine... je crois qu'il a peur que je lui pète la gueule, vu que je sais conduire une grosse camionnette (surtout faire un créneau sans rétro central... mais avec direction assistée) et monter un clic-clac sans le modèle.
L'autre jour, alors que nous partions déjeuner chez les grands-parents de MaB, elle a surpris un petit bisou devant l'ascenseur...
- gloups... Bonjour !
- Bonjour les p'tites femmes !
Et voilà.
Je la soupçonne d'en avoir parlé à tout l'immeuble (enfin ceux qui passent devant elle... parce que moi, tant que je peux l'éviter, je le fais... sinon, elle me parle des heures...).
Je la soupçonne aussi d'être un peu jalouse de la répartition des tâches chez nous... à mon avis, elle a beau s'appeler Rose, chez elle, ça l'est beaucoup moins.
Rose, pour les intimes.
Tout a débuté un soir de décembre 2006.
En plein déménagement, elle a frôlé l'incident diplomatique avec MaB.
Mon père, mon frère et moi, tous trois taillés dans la même baratte à beurre (salé), étions occupés à transporter le réfrigérateur (ou la machine à laver, ou le clic-clac... un truc lourd, quoi !) de la camionnette à l'ascenseur. Rose, étant sortie pour
- C'est vous qui emménagez ?
- Oui oui, au 5è étage, avec mon amie (ndlr : notez le flou dans lequel MaB a laissé Rose).
- Rooo, bah c'est gentil, y'a vot' grande qu'est venue vous aider ! (ndlr : en parlant de moi)
- Ah ah (gloups)... c'est pas ma "grande"... c'est elle qui s'installe avec moi.
- Ah... bon ben j'vais vous laisser, hein ! Z'hésitez pas, si y'a un problème...
Comme entrée en matière, on fait mieux. Avec MaB, on en a déduit que soit elle avait un problème de vue, soit je faisais très jeune, soit MaB faisait très vieille... un peu des trois sans doute !
Et puis ce fut mon tour de faire connaissance avec Rose. J'ai été obligée de la rencontrer pour faire écrire nos noms sur la boite aux lettres et l'interphone, pour récupérer le pass du parking, la pass de l'entrée, les clés du local à vélo... tout le bordel qui va avec un appart en ville.
Et forcément, on a discuté.
Forcément, comme toute gardienne qui se respecte, elle a voulu en savoir plus sur nous, sur moi, sur MaB.
Après avoir décliné nos âges, nos prénoms, nos activités professionnelles, elle a enfin posé une question moins impersonnelle :
- Sinon, pour la déco, vous allez réussir à vous entendre ?
- Ben je pense... comme tous les couples, en fait... chacun y met un peu du sien, pour un ensemble plus ou moins harmonieux ! (A l'époque, il n'y avait pas encore Valérie Damidot sur M6 qui nous a toutes et tous appris à maroufler le papier peint)
- Et comment vous faîtes pour l'organisation des courses, tout ça ?
- Ben comme tous les couples, on s'organise en fonction de nos disponibilités pour les faire...
- Non, mais vous achetez tout ensemble ?
- Ben oui, on va pas faire 2 caddies pour un seul réfrigérateur... on fait comme tous les COUPLES !!
- Ah oui... mais vous voulez dire que... ah... oui... comme tous les couples... vous n'êtes pas colocataires, alors ?
- Ça non. Une chambre, un bureau, un salon. Facile pour la déco, facile pour les courses. Allez, faut que j'y aille !
La fois d'après, elle m'a parlé de sa maison de campagne, de ses enfants, de sa future retraite de dans 3 ans, de son enfance de fille de batelier, de ses études arrêtées trop tôt, des habitants de l'immeuble, de ses varices qui la faisaient souffrir par temps orageux... évitant prudemment le sujet de notre "couple" en général, et de l'homosexualité en particulier, mais je sentais bien que ça la taraudait grave.
- Et vos parents sont au courant ?
- Oui oui, toute ma famille, toute la famille de MaB, et ça se passe très bien (je ne vais pas lui raconter ma vie, non plus... déjà que je ne le fais pas avec un psy, je ne vais pas le faire avec une gardienne d'immeuble qui ne monte même pas le courrier devant nos portes de palier !).
- Arf... c'est bien. Je ne sais pas comment je réagirai si mon fils venait me voir en me disant qu'il est homo... Je crois que mon mari le foutrait dehors...
Là, j'ai fait de l'information-prévention contre l'homophobie... que c'était comme le chocolat, qu'on ne choisissait pas d'aimer ou non les femmes (ou les hommes, ou les 2, mais fallait y aller doucement, pour ne pas la brusquer !).
- Maintenant qu'on est plus intimes (ndlr : ça c'est elle qui le dit...), je peux vous poser une question indiscrète ?
- Allez-y, je n'ai pas de tabou.
- Bon... euh... vu que vous êtes 2 femmes... euh... comment vous faites... euh...bon... qui c'est qui fait l'homme ?
- ... C'est-à-dire que nous sommes deux femmes, donc on fait comme deux femmes, en fait. Moi je préfère le ménage, le linge et le bricolage, MaB, elle, ce sont les courses et la vaisselle. On se répartit les tâches quotidiennes. Mais comme tous les COUPLES... votre mari doit bien vous aider à faire la vaisselle, non ?
- ...
Et plaf. J't'ai cassééééé ! Je sais bien qu'elle se demandait qui portait le gode ceinture à la maison... mais figurez-vous que je n'y ai même pas pensé (je pense que ça m'aurait un peu agacé si je m'en étais rendue compte, en fait), naïve que je suis !
J'ai tout de même rajouté que nous souhaitions rester discrètes sur notre vie privée, que si nous sympathisions avec des voisins, il serait temps de leur dire, qu'il existait des personnes homophobes, que si jamais il y avait un jour des inscriptions homophobes ou des comportements agressifs à notre encontre, je n'hésiterais pas à aller porter plainte au commissariat.
Coup de pression pour qu'elle ferme sa grande gueule de gardienne bavarde comme une
Depuis, elle nous adore. Nous sommes discrètes, polies, aimables, serviables... nous n'avons pas de chien qui pisse dans l'ascenseur, nous ne faisons pas des soirées dignes du Pulp dans notre salon tous les week-end, lorsque nous recevons, nos invitéEs ne gerbent pas dans l'escalier ou sur la moquette des parties communes...des locataires modèles.
Rose agit pour notre promotion.
Son mari me salue à peine... je crois qu'il a peur que je lui pète la gueule, vu que je sais conduire une grosse camionnette (surtout faire un créneau sans rétro central... mais avec direction assistée) et monter un clic-clac sans le modèle.
L'autre jour, alors que nous partions déjeuner chez les grands-parents de MaB, elle a surpris un petit bisou devant l'ascenseur...
- gloups... Bonjour !
- Bonjour les p'tites femmes !
Et voilà.
Je la soupçonne d'en avoir parlé à tout l'immeuble (enfin ceux qui passent devant elle... parce que moi, tant que je peux l'éviter, je le fais... sinon, elle me parle des heures...).
Je la soupçonne aussi d'être un peu jalouse de la répartition des tâches chez nous... à mon avis, elle a beau s'appeler Rose, chez elle, ça l'est beaucoup moins.
7 commentaires:
Ouf, j'ai eu peur: je croyais que tu avais chopé des poux!!!!!! (marie rose, c'est une marque d'anti-poux, que tous les instits connaissent, et que tu ne tarderas pas à connaître non plus... pauvre fille à dreads!!).
Bon, ben maintenant c'est votre boulot, de faire de la lutte contre l'homophobie dans votre immeuble, hein, alors attention à vos faits et gestes, ne donnez pas une mauvaise image de la lesbienne!!! Et un smack à marie rose, hein, mais attention, pas trop près, elle pourrait mal l'interpréter!!
Ahhh, ben Marie-Rose, c'est un peu notre madame T...à nous, quoi, la brave chieuse qui te colle au cul pendant des heures, pleine de préjugés mais adorable dans le fond...
Tiens, je me demande si Marie-Rose aimerait que madame T. lui fasse sa vaisselle et son bricolage...?
Avé !!
La plupart des phobies viennent de la méconnaissance de la différence de l'autre, celles à l'égard des personnes L, G, B, T, et I comprises. D'autant que les clichés sont si faciles à lancer, par qui ne sait pas et à l'attention de qui ne sait pas non plus, et qu'une fois partis allez donc vous en débarrasser..
Il est évident que, dans un couple homo, si c'est un homme alors c'est *forcément* Michel Serrault dans la Cage aux Folles, si c'est une femme, l'une au moins est masculine, gaulée comme un routier cliché, et affublée d'un gode-ceinture dont elle ne se sépare jamais, car chez les mâles c'est en principe pas amovible..
Une bonne chose cependant, depuis peu madame et monsieur Hétéros, commencent à apprendre que les LGBT&I sont des gens comme les autres, c-à-d comme eux, à un schmürtz près: leur attirance affective, et par voie de fait sexuelle.
Donc madame et monsieur Hétéros n'évitent plus soigneusement de voir l'existence des LGBT&I, leur parlent même, pourvu que ce ne soit pas ..contagieux ? Pitié se disent-ils, pas nos enfants..
Mais Marie-Rose, c'est aussi le nom du personnage de petite fille intemporelle incarnée par Chantal Goya dans ses spectacles, et dans ces contes pour enfants, après péripéties, ça se finit bien.
Nul doute que votre "histoire" prenne aussi une bonne tournure, vu que tant elle que vous, adoptez les bonnes attitudes...
Bisous à vous,
-MyLzz59-
J'en ri encore de la version visu!!! Avec Kanou placide mais une lueur de dépit au fond des yeux... et qui vou sraconte ça comme elle irait vous expliquer la différence entre le granit et le calcaire!!!!!!!! (si, ça fait une lueur, le dépit!)
zeste de fille (s) -->> de l'anti-poux dans mes dreads ?? Nan mais ça va pas !! Déjà qu'elles ont subi à 2 reprises de fourbes shampoings à la bétadine scrub (opérations obligent...), j'aviserai en temps voulu... p'têtre que j'en parlerai à Rose justement !
MyLzz -->> que d'évocations ! Après l'anti-poux, l'icône des jeunes d'il y a 30 ans !!
Cela dit, le gode ceinture, c'est moins pratique pour courir...
H -->> j'ai une lueur de dépit dans l'oeil lorsque j'explique la différence entre le granite et le calcaire ?
Chantal Goya, c'est toujours une icône, surtout chez les LGBT (qui étaient mômes à l'époque) !!
Heu.. Tu veux courir après quoi, avec un gode-ceinture !?!?! ;-D
"Béqueussaïne ize maille coeuzaïne
Béqueussaïne ize maille vouazaïne.."
Bisous,
-MyLzz59-
Ben courir le 1500 m demain matin par exemple... sous la pluie, en short, la goutte au nez, à lutter contre moi-même pour finir dans les temps et surtout ne pas marcher... ou tomber !
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