Baptiste est mort cette nuit. Je donne jamais les vrais prénoms. Là, je le fais. Tout le monde s'en foutra. Il est mort. Il ne s'est pas couvert, il a tiré à vue, il est tombé en première ligne. Je me sens vide. A chaque fois, je me sens vide. Je m'en remettrai, je le sais. Je m'en remets toujours. Mon cerveau a cette étrange et abominable capacité à faire le tri. A faire de la place. Je suis capable de tout avec lui. Parce qu'il y a quelques années, j'ai pris la décision de me laisser guider et ça fonctionne plutôt bien. Des problèmes de fric, je zappe et vogue la galère. Un petit séjour entre les mains de nos chers services hospitaliers et le lendemain, l'étranger pensera que j'ai juste chopé une vilaine gastro. Une engueulade avec ma femme et sitôt après la folle envie de la serrer dans mes bras. Une vente qui pète, bah, une de perdue dix de retrouvées. J'essuie tout d'un revers de manche, comme si les merdes, c'était mon quotidien et que j'avais appris à respirer avec, au point qu'elles ne me coupent plus le souffle. Un pétard, un whisky et ça redémarre. Seulement, mon coeur lui, il m'emmerde. Il est bien là. A l'affût, prêt à bondir à la moindre alerte. Il est hémophile le con. Quand il commence à saigner, pas moyen de l'arrêter. Mais le cerveau fonctionne bien, il l'envoie bouler et tout redevient bien lisse. A l'ouest, rien de nouveau.
La lutte a commencé quand j'ai du braver les courants pour me faire une petite place. Les cœurs ne sont pas admis d'exister dans la cour des grands. Je lui ai donné l'ordre de ne l'ouvrir que lorsqu'il serait prié de le faire. Ça a marché. Parce qu'en plus d'être hémophile, il est d'un crétinisme absolu. Il ferme sa gueule et répond aux ordres.
Je masque toutes ces petites faiblesses maltraitantes sous la forme de procrastination et de je-m'en-foutisme. Du coup, d'aucun n'aura l'audace de penser que je sois capable de sensiblerie. Je suis une sorte de fauve. Vas-y, blesse moi et je te le rendrai au centuple parce que mon cœur est mort et que seul mon cerveau est assez machiavélique pour envoyer la réplique assassine, la réplique meurtrière, inutilement blessante mais qui vise toujours juste. Parce que si mon cœur est con, mon cerveau lui est écœurant d'intelligence. Il se suffit à lui-même, je suis incapable de le contrôler. Il va toujours là où il ne devrait pas aller, il utilise toujours sa suprême fourberie, son talent meurtrier. Mon cerveau est un psychopathe dangereux, il me dirige mieux que je ne l'abrite dans ma singulière boîte crânienne.
Je savais que Baptiste allait mourir. J'y étais préparée. Mais, fidèle à son principe de négligence, mon cerveau avait brillamment réussi à occulter l'information. Quand mon téléphone me l'a appris ce matin, je suis juste tombée dans les pommes. Pas longtemps, juste assez pour me regarder comme une merde le cul par terre. Flasque. Pauvre. Médiocre. Je me suis dégoutée de moi même de m'être laissée aller ainsi. Et je suis restée là, prostrée, à chialer comme si c'était la première fois. Je hais ce virus pourri. Je hais la mort.
Du coup, je ne suis pas allée bosser. J'ai pris ma journée. Pour être franche, j'en aurais été incapable, parce que mon con de cœur a pris soudainement le dessus. Un vrai coup d'état. Comme il occupe les locaux en bon abruti fier de lui, tu dis "choucroute", je chiale. Pas à cause du chou (ça me fil un mal de bide, le chou...), ni de la saucisse ou du lard, gras et indigestes. Non, c'est juste le mot. "Choucroute". Ça me fait pleurer. Tu me dis "rideau", c'est pareil, "salut", c'est la même. Si je ne veux pas pleurer, faut que je dorme. Mais là, c'est le cerveau qui ramène sa fraise. Non, pas dodo ! Enfin, à force de fermer les yeux, ça finit par dormir dans mon corps.
Samedi soir, c'était la fête chez nous. L'anniversaire de la belle blonde (non pas zézette, zézette n'est pas la seule blonde sur cette terre...). Une amie a squatté la chambre d'amie, qui pour l'instant ne sert presque qu'à ça. Sa présence est gravée dans mon esprit : le souvenir agréable avant la série de catastrophes. Elle sait le faire, mais je ne veux pas qu'elle plaide pour mon cas. Mais je pense à elle, là, parce qu'elle doit morfler aussi, pour d'autres raisons, et que comme mon cœur est en autonomie, ça me fait mal qu'elle morfle. Tiens, permettez-moi, je l'embrasse.
Faut que je vous parle un jour de cette amie là, encore une rencontre surprenante. Mais, c'est rassurant de la savoir là. Elle fait partie de ceux que l'on voit trop peu et que l'on aime voir.
Si vous le voulez, vous pouvez raccrocher maintenant. Je vais encore vous parler de ma femme. On se rassure comme on peu.
L'ex de ma femme l'avait bien compris. La vraie méchante des deux, c'est moi. Si Kanou vous regarde et que vous avez le profond sentiment qu'elle en veut à votre vie, c'est juste parce que c'est la meilleure réaction de façade qu'elle ait trouvée pour se protéger. Avec mon petit mètre cinquante deux, et autant de kilos (c'est ce qui s'appelle harmoniser la hauteur et la largeur), moi, je ne fais peur à personne. Ma femme, elle est grande, elle est sportive et ses yeux clairs lui donnent un regard quasi soviétique. La bolchévique, y en a que ça fait flipper. Pourtant, c'est une crème. Elle est calme, elle est gentille. Vous pouvez même la taquiner un peu, la pousser dans ses retranchements, elle ne vous en voudra pas. Elle adore la joute verbale, elle aime les échanges musclés, mais elle ne vous cassera jamais le nez.
Quand on rencontre des gens, au début, ils s'attachent plus à moi. Parce que moins timide, plus bavarde, plus fêtarde et parfois plutôt marrante. Ceux qui s'en contentent finissent sans doute par me trouver un peu lassante, mais n'en disent rien. Ceux qui creusent un peu se rendent compte que je suis une écorchée vive, que j'ai une grande gueule mais que je ne l'utilise pas toujours à bon escient et que ma femme a bien de la patience pour me supporter. Ceux qui fouillent vraiment voient rapidement qu'elle a un cœur qui bat pour deux, qu'elle n'est aigrie de rien et que sa misanthropie n'est qu'un bouclier de roses. Des pétales colorées au reflet et au toucher doux, mais quelques épines pour survivre dans ce monde ingrat.
Elle en a chié. Trop. Alors, le bouclier s'est épaissi, elle se protège plus. Parce qu'elle a rapidement compris que si on découvrait sa gentillesse, elle se retournerait vite contre elle. Le jour où son ex est venue aider sa saloperie de petite amie à déménager tout son foutoir (notre ancienne colocataire, celle qu'on va retrouver bientôt au tribunal), elle lui a dit qu'il n'y avait plus rien de ce qu'elle était depuis moi (enfin le "depuis moi", il n'a pas été verbalement exprimé, mais il était pensé tellement fort qu'on l'a entendu).
Je la malmène. Je ne voudrais pas le faire. Pourtant, j'ai cette putasserie au fond de moi. Elle prend les coups. Elle paye pour tout le monde.
Tiens, d'ailleurs, je vais vous laisser en sa compagnie, pour le prochain post. Ce qu'elle écrit vaut mieux que mes croûtes.
La lutte a commencé quand j'ai du braver les courants pour me faire une petite place. Les cœurs ne sont pas admis d'exister dans la cour des grands. Je lui ai donné l'ordre de ne l'ouvrir que lorsqu'il serait prié de le faire. Ça a marché. Parce qu'en plus d'être hémophile, il est d'un crétinisme absolu. Il ferme sa gueule et répond aux ordres.
Je masque toutes ces petites faiblesses maltraitantes sous la forme de procrastination et de je-m'en-foutisme. Du coup, d'aucun n'aura l'audace de penser que je sois capable de sensiblerie. Je suis une sorte de fauve. Vas-y, blesse moi et je te le rendrai au centuple parce que mon cœur est mort et que seul mon cerveau est assez machiavélique pour envoyer la réplique assassine, la réplique meurtrière, inutilement blessante mais qui vise toujours juste. Parce que si mon cœur est con, mon cerveau lui est écœurant d'intelligence. Il se suffit à lui-même, je suis incapable de le contrôler. Il va toujours là où il ne devrait pas aller, il utilise toujours sa suprême fourberie, son talent meurtrier. Mon cerveau est un psychopathe dangereux, il me dirige mieux que je ne l'abrite dans ma singulière boîte crânienne.
Je savais que Baptiste allait mourir. J'y étais préparée. Mais, fidèle à son principe de négligence, mon cerveau avait brillamment réussi à occulter l'information. Quand mon téléphone me l'a appris ce matin, je suis juste tombée dans les pommes. Pas longtemps, juste assez pour me regarder comme une merde le cul par terre. Flasque. Pauvre. Médiocre. Je me suis dégoutée de moi même de m'être laissée aller ainsi. Et je suis restée là, prostrée, à chialer comme si c'était la première fois. Je hais ce virus pourri. Je hais la mort.
Du coup, je ne suis pas allée bosser. J'ai pris ma journée. Pour être franche, j'en aurais été incapable, parce que mon con de cœur a pris soudainement le dessus. Un vrai coup d'état. Comme il occupe les locaux en bon abruti fier de lui, tu dis "choucroute", je chiale. Pas à cause du chou (ça me fil un mal de bide, le chou...), ni de la saucisse ou du lard, gras et indigestes. Non, c'est juste le mot. "Choucroute". Ça me fait pleurer. Tu me dis "rideau", c'est pareil, "salut", c'est la même. Si je ne veux pas pleurer, faut que je dorme. Mais là, c'est le cerveau qui ramène sa fraise. Non, pas dodo ! Enfin, à force de fermer les yeux, ça finit par dormir dans mon corps.
Samedi soir, c'était la fête chez nous. L'anniversaire de la belle blonde (non pas zézette, zézette n'est pas la seule blonde sur cette terre...). Une amie a squatté la chambre d'amie, qui pour l'instant ne sert presque qu'à ça. Sa présence est gravée dans mon esprit : le souvenir agréable avant la série de catastrophes. Elle sait le faire, mais je ne veux pas qu'elle plaide pour mon cas. Mais je pense à elle, là, parce qu'elle doit morfler aussi, pour d'autres raisons, et que comme mon cœur est en autonomie, ça me fait mal qu'elle morfle. Tiens, permettez-moi, je l'embrasse.
Faut que je vous parle un jour de cette amie là, encore une rencontre surprenante. Mais, c'est rassurant de la savoir là. Elle fait partie de ceux que l'on voit trop peu et que l'on aime voir.
Si vous le voulez, vous pouvez raccrocher maintenant. Je vais encore vous parler de ma femme. On se rassure comme on peu.
L'ex de ma femme l'avait bien compris. La vraie méchante des deux, c'est moi. Si Kanou vous regarde et que vous avez le profond sentiment qu'elle en veut à votre vie, c'est juste parce que c'est la meilleure réaction de façade qu'elle ait trouvée pour se protéger. Avec mon petit mètre cinquante deux, et autant de kilos (c'est ce qui s'appelle harmoniser la hauteur et la largeur), moi, je ne fais peur à personne. Ma femme, elle est grande, elle est sportive et ses yeux clairs lui donnent un regard quasi soviétique. La bolchévique, y en a que ça fait flipper. Pourtant, c'est une crème. Elle est calme, elle est gentille. Vous pouvez même la taquiner un peu, la pousser dans ses retranchements, elle ne vous en voudra pas. Elle adore la joute verbale, elle aime les échanges musclés, mais elle ne vous cassera jamais le nez.
Quand on rencontre des gens, au début, ils s'attachent plus à moi. Parce que moins timide, plus bavarde, plus fêtarde et parfois plutôt marrante. Ceux qui s'en contentent finissent sans doute par me trouver un peu lassante, mais n'en disent rien. Ceux qui creusent un peu se rendent compte que je suis une écorchée vive, que j'ai une grande gueule mais que je ne l'utilise pas toujours à bon escient et que ma femme a bien de la patience pour me supporter. Ceux qui fouillent vraiment voient rapidement qu'elle a un cœur qui bat pour deux, qu'elle n'est aigrie de rien et que sa misanthropie n'est qu'un bouclier de roses. Des pétales colorées au reflet et au toucher doux, mais quelques épines pour survivre dans ce monde ingrat.
Elle en a chié. Trop. Alors, le bouclier s'est épaissi, elle se protège plus. Parce qu'elle a rapidement compris que si on découvrait sa gentillesse, elle se retournerait vite contre elle. Le jour où son ex est venue aider sa saloperie de petite amie à déménager tout son foutoir (notre ancienne colocataire, celle qu'on va retrouver bientôt au tribunal), elle lui a dit qu'il n'y avait plus rien de ce qu'elle était depuis moi (enfin le "depuis moi", il n'a pas été verbalement exprimé, mais il était pensé tellement fort qu'on l'a entendu).
Je la malmène. Je ne voudrais pas le faire. Pourtant, j'ai cette putasserie au fond de moi. Elle prend les coups. Elle paye pour tout le monde.
Tiens, d'ailleurs, je vais vous laisser en sa compagnie, pour le prochain post. Ce qu'elle écrit vaut mieux que mes croûtes.
9 commentaires:
Si toutes les croûtes ressemblaient à celle-ci ... 'tain, je veux bien me greffer le PC pour pouvoir les suivre à la trace !
Plus je vous lis et plus je me dis qu'il y a de satanés beaux couples. C'est un book à quatre mains que vous devriez écrire ...
et sorry pour ton ami ...
Qu'est-ce que tu veux qu'on écrive, après ça?
Connasse.
On peut écrire que c'est pas la peine de creuser bien loin pour trouver l'écorchée vive, allez. Même si l'ancienne élève de ce connard d'Huster sait aussi faire marrer son auditoire.
Qu'on peut écouter l'amoureuse des livres pendant des heures, malgré l'odeur étrange de son cigarillo exotique.
Que la grande blonde sportive, sous ses airs de fraîche adepte du "manger bio", avec ses locks, c'est un putain de coeur, ouais, mais si le coeur est un chasseur solitaire, vous deux, vous avez eu le coeur creux (ben oui, le nez creux, ça marche pas, dans ce contexte).
Et puis, l'infirmière et ancienne de AIDES te dit ce que tu sais déjà: ça passera...ça finit toujours par passer.
Bisous.
Câlins.
Non mais elle déconne, elle, ou quoi? T'as vu un petit peu comme tu écris? Tu t'es vue quand t'as écrivu? (désolée, c'était la rime qui correspondait...).
J'imagine à quel point ça doit être difficile... Je t'envoie plein de pensées positives.
Je m'y prends certainement très mal pour répondre à ce message, mais j'assume.
Pour le reste, mon petit doigt me dit que si on vous rencontrait, on vous trouverait merveilleuses toutes les deux.
Leïla : Merci. On s'est bien trouvées, c'est vrai.
L'emmerdeuse : Merci. Oh que oui, c'est un putain de coeur, la grande. Bisous.
Zeste : Merci. Et oui, nous sommes merveilleuses ! :-D
Hey, ho! MaB.
Assis, c'est pas grave... C'est quand on est couché que ça devient plus dur...
Alors pleure, déchire toi l'estomac, maudit la terre entière, et celui d'au-dessus si besoin... et après, relèves-toi ...
Y aura d'autres combats qui t'attendent...
"L'amie" te fais un bisou tout mouillé-salé...
Je te le renvoie chère amie !
je trouve que c'est quand même les plus belles croutes que je n'ai jamais lu de ma vie (courte ma vie, mais longue en vie de chat lool)
zezette-la-blonde :)
Tu connais l'histoire du client de la pute qui prenait ses croûtes pour des chips?
J'ai pris émotion à te lire
Nan je la connais pas Vieux Félin, tu racontes ?
Merci.
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