Mes collègues ASSED et moi, on a frolé le préavis de grève pour la semaine prochaine... mais finalement, ça s'est arrangé sans qu'on ait trop à gueuler. Du coup, on se retrouve, comme les profs et les élèves, avec un week-end de 3 jours : le collège est fermé pour la journée à cause d'une coupure générale d'eau.
Revenons quelques jours en arrière.
Tu n'es pas sans savoir qu'il y eu une petite vague de froid la semaine dernière, avec de la neige et du verglas. Le collège étant construit à flanc de coteau, au pied de ce dernier, il reçoit toutes les eaux de fontedes glaciers des neiges du frêle manteau neigeux par ruissellement et infiltration. Voici une petite illustration pour que tu situes bien le truc (et surtout que tu vois que ça me sert à quelque chose d'avoir été géographe dans une vie antérieure).
Sur le flanc du coteau, la neige n'a donc fondu que depuis mardi, lorsque le flux de sud-ouest a ramené l'air tiède des mers du sud et la flotte avec lui. L'eau s'est donc accumulée dans le sol, la gravité a fait une partie du reste. L'autre partie n'est imputable qu'à l'homme.
Je t'explique :
1) Autour du collège, il y a des barres d'immeuble, tout est bétonné. Donc l'eau, au lieu de s'infiltrer tranquillou-bilou dans les roches sédimentaires du bassin parisien (non, t'inquiète, je ne vais pas te faire une coupe géologique, avec échelle stratigraphique à la clé, des terrains autour de chez moi... il y a du calcaire et du sable grosso-modo), elle ruisselle de plus en plus vite (un peu comme le fameux phénomène dit de la boule de neige) en bas de la pente pour rejoindre le fond de la vallée, et le cours d'eau le plus proche. Forcément, si tu bloques la pente, à un moment, ça coince (un peu comme une baignoire, mais avec un seul bord, et tout en longueur...).
2) Au départ, lorsque le tout-à-l'égout a été inventé, le nombre d'habitants était relativement limité à pouvoir en bénéficier. Et puis, en 30 ans, la quasi-totalité des logements ont été raccordés (de gré ou de force... seuls quelques vieux perdus au fin fond des montagnes vivent encore sans l'eau courante de nos jours). Sauf que, à la DDE et consorts, z'ont pas pensé que les eaux domestiques en plus des eaux pluviales, ça allait peut-être faire un peu beaucoup à traiter par les mêmes tuyaux. Et puis ça allait être une sacrée galère si une canalisation avait un pépin...
Bon. Et bien ce qui devait arriver arriva : la flotte stagnante dans la canalisation a gelé la semaine dernière. Depuis, les eaux usées se sont accumulées, drainant avec elles toutes sortes de déchets domestiques (oui... tu peux le dire, de la merde et de la pisse...). Lorsque la neige a commencé à fondre, avec la pluie en plus, il a bien fallu que ça passe par cette canalisation principale, située sous le collège. Sauf que non, c'était bouché.
Je te laisse imaginer l'odeur nauséabonde qui se dégageait de la plaque d'égout et des chiottes pendant la journée d'hier.
L'eau a donc été coupée toute la journée dans le collège. Mais qui dit eau coupée, dit également robinets à sec et toilettes fermées. 850 élèves, 25 profs, 9 ASSED, 3 CPE, une dizaine de personnels de direction (secrétaires, gestionnaire, comptable, assistante sociale, infirmière...), autant d'agents d'accueil et de service... plus de 900 personnes (sans compter la partie CFA, avec ses apprentis et ses maîtres-ouvriers), sans eau. Avec toutes les épidémies de gastro-grippe-infections urinaires... je ne te dis pas l'angoisse de ne pas pouvoir se laver les mains régulièrement pendant une journée.
Autant te dire que lorsque le problème de tuyau s'est avéré un peu plus coriace à traiter, j'ai vu se profiler une nouvelle journée de boulot sans flotte, avec des gamins qui ne sont déjà pas capable de pisser pendant les récrés, et trouvent toujours le moyen de venir pendant les heures de cours, alors toute une journée... sans cantine qui plus est, ça n'était même pas la peine !
A 15h, les élèves et les professeurs ont été informés que les cours étaient suspendus pour la journée de vendredi, en raison de la coupure d'eau générale. Mais toujours pas d'infos pour la vie scolaire. Toutes les suppositions ont été avancées, tous les arguments tournés et retournés pour contrer une éventuelle journée de travail dans des conditions d'hygiène intolérables. Et puis, vers 17h, toujours sans annonce de la direction, j'ai pris le téléphone et j'ai appelé le syndicat (Sud Éducation Créteil, si tu veux tout savoir de mes orientations syndicales du moment), histoire de connaître nos droits. Il nous a assuré que la principale n'avait pas le droit de nous faire travailler dans ces conditions, et que si c'était le cas, un préavis de grève serait déposé pour toute la semaine, pour protester contre cet abus de pouvoir et ce non-respect des normes d'hygiène et de sécurité en entreprise. Le collègue a appelé dans la foulée le secrétariat de la principale pour l'informer qu'en cas d'obligation de travail, le rectorat serait prévenu.
Bref, la vie scolaire était soulagée, nous serions couverts si nous souhaitions ne pas venir bosser. J'ai bien essayé de convaincre les personnels d'accueil et de service, mais ils n'ont pas souhaité monter au créneau pour demander leur journée eux-aussi.
Un quart d'heure après le coup de fil du syndicat à la Principale, les CPE venaient nous annoncer que les surveillants étaient libérés vendredi, l'annonce arrivant si tard parce qu'il fallait qu'ils se concertent tous pour savoir si le classement avait besoin d'être fait (tu sais, à cause de l'autre Seigneur de la Loose, qui me mange dans la main depuis la rentrée... paraît-il que je lui fais peur... des barres !).
Résultat, les élèves, tellement contents de ne pas avoir cours le lendemain, en ont complètement oublié leurs heures de colle, et se sont volatilisés hors du collège. Les deux petits malins qui n'avaient pas oublié et qui se sont pointés en trainant des godillots, "on" leur a signé leur heure de colle (oui, je sais, c'est très vilain... je préfère les annuler, ça évite aux mômes de te balancer lorsqu'il y a une vérification), histoire qu'ils ne trainent pas dans nos pattes. A 18h, on a fermé la boutique, au lieu de 18h30... ben ouais, on ne va pas rester au collège sans les élèves non plus... pour 3 jours de repos.
Il était moins une avant la révolution interplanétaire !
Revenons quelques jours en arrière.
Tu n'es pas sans savoir qu'il y eu une petite vague de froid la semaine dernière, avec de la neige et du verglas. Le collège étant construit à flanc de coteau, au pied de ce dernier, il reçoit toutes les eaux de fonte
Sur le flanc du coteau, la neige n'a donc fondu que depuis mardi, lorsque le flux de sud-ouest a ramené l'air tiède des mers du sud et la flotte avec lui. L'eau s'est donc accumulée dans le sol, la gravité a fait une partie du reste. L'autre partie n'est imputable qu'à l'homme.
Je t'explique :
1) Autour du collège, il y a des barres d'immeuble, tout est bétonné. Donc l'eau, au lieu de s'infiltrer tranquillou-bilou dans les roches sédimentaires du bassin parisien (non, t'inquiète, je ne vais pas te faire une coupe géologique, avec échelle stratigraphique à la clé, des terrains autour de chez moi... il y a du calcaire et du sable grosso-modo), elle ruisselle de plus en plus vite (un peu comme le fameux phénomène dit de la boule de neige) en bas de la pente pour rejoindre le fond de la vallée, et le cours d'eau le plus proche. Forcément, si tu bloques la pente, à un moment, ça coince (un peu comme une baignoire, mais avec un seul bord, et tout en longueur...).
2) Au départ, lorsque le tout-à-l'égout a été inventé, le nombre d'habitants était relativement limité à pouvoir en bénéficier. Et puis, en 30 ans, la quasi-totalité des logements ont été raccordés (de gré ou de force... seuls quelques vieux perdus au fin fond des montagnes vivent encore sans l'eau courante de nos jours). Sauf que, à la DDE et consorts, z'ont pas pensé que les eaux domestiques en plus des eaux pluviales, ça allait peut-être faire un peu beaucoup à traiter par les mêmes tuyaux. Et puis ça allait être une sacrée galère si une canalisation avait un pépin...
Bon. Et bien ce qui devait arriver arriva : la flotte stagnante dans la canalisation a gelé la semaine dernière. Depuis, les eaux usées se sont accumulées, drainant avec elles toutes sortes de déchets domestiques (oui... tu peux le dire, de la merde et de la pisse...). Lorsque la neige a commencé à fondre, avec la pluie en plus, il a bien fallu que ça passe par cette canalisation principale, située sous le collège. Sauf que non, c'était bouché.
Je te laisse imaginer l'odeur nauséabonde qui se dégageait de la plaque d'égout et des chiottes pendant la journée d'hier.
L'eau a donc été coupée toute la journée dans le collège. Mais qui dit eau coupée, dit également robinets à sec et toilettes fermées. 850 élèves, 25 profs, 9 ASSED, 3 CPE, une dizaine de personnels de direction (secrétaires, gestionnaire, comptable, assistante sociale, infirmière...), autant d'agents d'accueil et de service... plus de 900 personnes (sans compter la partie CFA, avec ses apprentis et ses maîtres-ouvriers), sans eau. Avec toutes les épidémies de gastro-grippe-infections urinaires... je ne te dis pas l'angoisse de ne pas pouvoir se laver les mains régulièrement pendant une journée.
Autant te dire que lorsque le problème de tuyau s'est avéré un peu plus coriace à traiter, j'ai vu se profiler une nouvelle journée de boulot sans flotte, avec des gamins qui ne sont déjà pas capable de pisser pendant les récrés, et trouvent toujours le moyen de venir pendant les heures de cours, alors toute une journée... sans cantine qui plus est, ça n'était même pas la peine !
A 15h, les élèves et les professeurs ont été informés que les cours étaient suspendus pour la journée de vendredi, en raison de la coupure d'eau générale. Mais toujours pas d'infos pour la vie scolaire. Toutes les suppositions ont été avancées, tous les arguments tournés et retournés pour contrer une éventuelle journée de travail dans des conditions d'hygiène intolérables. Et puis, vers 17h, toujours sans annonce de la direction, j'ai pris le téléphone et j'ai appelé le syndicat (Sud Éducation Créteil, si tu veux tout savoir de mes orientations syndicales du moment), histoire de connaître nos droits. Il nous a assuré que la principale n'avait pas le droit de nous faire travailler dans ces conditions, et que si c'était le cas, un préavis de grève serait déposé pour toute la semaine, pour protester contre cet abus de pouvoir et ce non-respect des normes d'hygiène et de sécurité en entreprise. Le collègue a appelé dans la foulée le secrétariat de la principale pour l'informer qu'en cas d'obligation de travail, le rectorat serait prévenu.
Bref, la vie scolaire était soulagée, nous serions couverts si nous souhaitions ne pas venir bosser. J'ai bien essayé de convaincre les personnels d'accueil et de service, mais ils n'ont pas souhaité monter au créneau pour demander leur journée eux-aussi.
Un quart d'heure après le coup de fil du syndicat à la Principale, les CPE venaient nous annoncer que les surveillants étaient libérés vendredi, l'annonce arrivant si tard parce qu'il fallait qu'ils se concertent tous pour savoir si le classement avait besoin d'être fait (tu sais, à cause de l'autre Seigneur de la Loose, qui me mange dans la main depuis la rentrée... paraît-il que je lui fais peur... des barres !).
Résultat, les élèves, tellement contents de ne pas avoir cours le lendemain, en ont complètement oublié leurs heures de colle, et se sont volatilisés hors du collège. Les deux petits malins qui n'avaient pas oublié et qui se sont pointés en trainant des godillots, "on" leur a signé leur heure de colle (oui, je sais, c'est très vilain... je préfère les annuler, ça évite aux mômes de te balancer lorsqu'il y a une vérification), histoire qu'ils ne trainent pas dans nos pattes. A 18h, on a fermé la boutique, au lieu de 18h30... ben ouais, on ne va pas rester au collège sans les élèves non plus... pour 3 jours de repos.
Il était moins une avant la révolution interplanétaire !
1 commentaire:
Tout le monde s'en fout, mais la semaine d'après, c'est le chauffage qui a lâché... ouais... et tout ça c'est rien que la faute du conseil général qui n'a plus un rond pour faire réparer certains de ses collèges... à cause de quoi ? Parce que l'Etat se désengage, et file moins de subventions. Tout simplement.
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