samedi 31 janvier 2009

Lève-toi et marche !

Tu n'es pas sans savoir que jeudi dernier, c'était jour de contestation... pouvoir d'achat, retraites, salaires, emploi, Ecole, politique du gouvernement.
Les droitistes parleront plus aisément de manifestation fourre-tout, les gauchistes, eux, préfèreront ras-le-bol général. Question de point de vue.
Sauf que là, à Bastille, il y avait bel et bien des syndicats de droite au départ du cortège... des qu'on n'avait pas vu de sortie depuis le coup du SMIC jeune de Balladur, c'est dire ! Mais je ne vais pas me lancer dans une analyse politique vaseuse, au risque de passer pour une propagandiste de bazar.

Avec MaB, on s'est donc pointées tranquillement vers 15h au départ, le début de la manif' partant vers 14h pour rejoindre Opéra, et l'Education Nationale étant en fin de cortège. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous trouvâmes une place de la Bastille plus blindée qu'un jour de Gay Pride (la scène FG en moins, la diversité pareil). J'ai bien tenté de retrouver certains camarades "irresponsables", en vain. La foule trop compacte, le soleil dans la gueule et les vapeurs de merguez nous ont fait rejoindre le côté obscur de la force : le syndicat majoritaire de l'Education Nationale et ma mère avec ses collègues. Heureusement, à coup de textos et grâce à une parka relativement complètement voyante (jaune citron)(oui, maintenant, ça me fait marrer, mais ado ce côté tape-à-l'oeil me faisait pêter un câble), nous l'avons rapidement repérée. Ma mère, toute fière, a présenté MaB à ses collègues : "MaB, ma belle-fille". J'te dis pas le blanc... c'est prof, ça vote à gauche, ça manifeste, mais 2 lesbiennes qui vivent au grand jour, ça gêne un peu quand même.
16h.
La place est toujours autant blindée. L'arrivée du carré de tête devrait théoriquement permettre d'avancer un peu, sauf que rien. Qu'à cela ne tienne, on s'est bourré la gueule on a bu des bierres au rythme des percus d'un syndicat des arts de la rue... 3 lesbiennes et 1 pétard au mètre carré. Même, on s'est tapé un sacré fou rire. Une nana, en train de tracter activement, me tend un tract, puis à MaB, qui lui répond gentillement qu'elle n'en a pas besoin d'un deuxième, puisqu'on vit ensemble, elle le lira à la maison (ben oui... on va pas se taper tous les tracts de la manif' en 2 exemplaires, ça fait trop de papier à transporter... développement durable, souviens-toi !). La nana, d'un air entendu, nous regarde avec un grand sourire et lance un "supeeer" carrément réjoui. Depuis, on n'arrête pas de se balancer des "supeeeer" dès qu'on parle de lesbian life staïle.

A 17h, le soleil a commencé à descendre, la vessie à se remplir (ça s'est résolu assez rapidement dans les toilettes d'un fast food) et le froid à se faire sentir. On s'est mis à suivre un char de métallos avec un speaker marrant. On a chanté, on a ri, du monde partout, sur le pavé, sur les trottoirs.
A 18h, on passait enfin la place de la République dans la pénombre. Après, la vitesse du cortège s'est largement accélérée, et nous sommes arrivées un peu avant 19h à Opéra. C'est à peu près à cette heure que les CRS ont commencé à vouloir disperser la manifestation, en particulier quelques 150 excités qui voulaient continuer jusqu'à l'Elysée pour se faire entendre. Mais sur les 150, je me demande quelle était la part de flics en civil, vu que tout le cortège en était truffé.
Avec MaB, nous ne sommes pas restées plus longtemps (non pas que ça ne m'aurait pas tentée de lancer 2-3 canettes sur les boucliers de CRS, mais je n'ai plus 15 ans, et MaB non plus), on a pris l'option replis-maison.

Au final, je peux vous dire qu'il y avait un bon paquet de monde dans la rue.
A Paris, 30 000 selon la police, 300 000 selon les syndicats.
Il n'y a pas comme un petit désaccord ?
Au détour d'une lecture, j'ai découvert que les techniques de comptage de la Marée-Chaussée dataient de Napoléon. A cette époque, étaient comptabilisés les manifestants qui battaient le pavé, donc la route (sans les trottoirs). Sauf que les trottoirs n'existaient pas encore. La largeur des boulevards était donc beaucoup plus importante. Aujourd'hui, la police prend en compte la largeur d'un trottoir à l'autre... sauf que les gens, ils marchent aussi sur les côtés, et ce ne sont pas que des badauds. D'où l'écart entre les chiffres.
Je dirais, à vue de nez, que nous étions près de 200 000 (au moins) à manifester. Ça fait quand même du monde, et j'ai envie de dire... et là, tu la sens ?

Bon.

C'est pas encore le matin du grand soir, mais il ne suffirait pas de grand chose pour voir un climat insurrectionnel passer à une révolte qui gronde.
La fourche est prête.
La brioche au lait de soja aussi.
N'est pas bobo qui veut, et pis c'est tout !

4 commentaires:

ZeStE a dit…

Eh eh, à Lille aussi, on était nombreux, d'abord... bon, ok, certainement rien à voir, mais déjà bien impressionnant!
Sympa à lire, le coup de la présentation de la belle fille! J'aimerais bien que ça m'arrive un jour...
Dans la manif, j'ai vu passer la banderole des homos de Lille... z'étaient pas fort nombreux, mais je pense que les revendications qu'ils clamaient en ont marqué plus d'un (du genre: "la retraite à 20 ans, la baise ça prend du temps", ou "lâchez nous la chatte, léchez nous tranquilles!").
A Lille, il faisait froid aussi... j'ai eu du mal à me réchauffer, on n'a pas idée de faire durer autant une manif!! (on a stagné pas mal au début aussi... et je ne vais pas m'en plaindre!!).

Maintenant, à Paris comme à Lille, on attend tous la suite du programme... voir ce qu'ils vont nous inventer pour calmer tout ça...

Kanou a dit…

Mais tout à fait !!
Car ensemble, tout devient possible...
Mouhahaha !

H a dit…

Mouais, pour une fois dans ma vie où j'étais prête à descendre dans la rue... j'ai pas pu because trop de travail! Incroyable! Je suis quand même allée bosser à vélo ai ainsi pu profiter tout autant des odeurs de merguez.
Oui Kanou, tu as bien lu, on peut être de droite et avoir envie de mettre son gouvernement dehors!

Kanou a dit…

H --> MaB m'a fait remarquer ton commentaire... j'ai du le relire 2 fois pour y croire !! Tu voudrais dire que si t'aurais su, t'aurais pas venu ? P'têtre même que tu regretterais de ne pas nous avoir crues lors de la précédente campagne électorale ???
Mais c'est que tu vas finir par voter rouge, à force de nous fréquenter !!! Mouhahaha !