Bon, c'est définitif, je ne supporte plus la vie parisienne.
Attention, qu'on ne s'y trompe pas, j'adore Paris. Son architecture, son histoire, ses quartiers atypiques qui se suivent mais ne se ressemblent pas et qui, réunis, forment cette grande et belle ville. Ses couleurs, ses musées, ses berges de Seine et ses ponts. J'aime me promener sans but précis et revoir pour la énième fois une statue, un immeuble à la façade audacieuse, une petite rue pavée perdue entre les boulevards où s'engouffrent des milliers de véhicules. J'aime écrire dans ses parcs, me poser sur un banc et regarder le monde vivre sans même se douter que je l'observe. J'aime sa mixité qui frôle parfois l'indécence. Ici où brule la ferveur populaire, là où se montre l'aristocratie bling-bling. Au coin de cette rue où trône, majestueux et intouchable, un hôtel restaurant bardé de moulures et de dorures, tandis qu'ont été étalées non loin quelques couvertures, couches de fortunes pour quelques beuglards pleins de vinasse étoilée et de cruelles désillusions. Quelques pas encore et voici la caresse olfactive d'un marché exotique dont on ne pourra apprécier le plaisir qu'après avoir franchi l'insupportable obstacle qu'est cette grille au sol dont jaillit un fumet d'excréments réchauffés.
Oui, j'aime tout ça. Je suis un peu l'Obelix parisienne, baignée, dès mes premières heures, dans ce jus de vies aromatisé au champagne ou à la bière.
Ce que je ne supporte plus, ce n'est pas cette ville dont je suis depuis longtemps la plus fidèle des compagnes, mais la vie qu'il nous est possible d'y mener. Je suis lasse de ce rythme insensé que je ne parviens plus à suivre, de cette agressivité qui, lentement, sournoisement, a su pervertir ses milliers d'habitants. Mes sinus ne parviennent plus à lutter efficacement contre les attaques permanentes des polluants. Mon corps est endolori par ce drôle de climat citadin qui vous oblige à enchainer les couloirs de vents glacials et l'humidité crasse. Mon portefeuille est devenu anorexique, écoeuré par ce prix à payer, il refuse de se remplir et se vide inlassablement. La promiscuité a eu raison de ma patience, je fuis les bains de foule obligatoires, ceux des transports en commun, des commerces dédiés aux petits budgets, pris d'assaut par une population démunie, frustrée, haineuse, et qui a tellement de bonnes raison de l'être que je n'arrive même pas à leur en vouloir. Alors, je m'enferme dans ce bel appartement, dans une banlieue dynamique mais où il y a tant à faire, condamnée à vivre les fenêtres fermées pour cause de bruits incessants de route nationale, de travaux et d'odeur frélatée.
Pour le grand week end du 1er mai, nous sommes parties en Bretagne dans la maison familiale du clan de Kanou. Et comme toutes les maisons bretonnes s'appellent "Ker" quelque chose, je l'appellerai, le "Ker Kanou".
Le "Ker Kanou" est dans un petit village qui a, malgré une évolution inévitable de la civilisation, gardé toutes ses allures de village breton. Avec sa place de l'Eglise, son unique tabac, sa boulangerie, sa crèperie et ses petits vieux qui se promènent. Le "Ker Kanou" possède un grand jardin, où fleurissent les tulipes et les fraisiers. Où jaillissent sur un parterre de marguerites et de myosotis un cèdre immense et de beaux troènes qui garantissent une intimité déjà si bien préservée. C'est un lieu de villégiature pour les chats du quartier qui viennent y chercher un instant de paisibilité avant de repartir en chasse. On y entend les oiseaux, l'air est pur et chargé d'odeurs douces et agréables.
Le "Ker Kanou" est tout près de la mer. L'eau n'y est jamais bien chaude mais le lieu est un havre de bonheur. Il n'y a jamais "trop" de monde, ici les parasols se tiennent à distance respectable. Des petites cabanes bleues et blanches garnissent le littoral. On y trouve des palmes, des masques et tubas, des parasols envahis par la poussière, des jeux de plage pour les enfants. Les chiens peuvent dégourdir leurs jambes entre les rochers sans craindre de rencontrer la moindre espèce vivante, à part peut-être quelques huitres sauvages, d'intrépides escaladeurs ou de jeunes amoureux venus se cacher là. La marée basse offre le spectacle insolite d'un plongeoir perdu au milieu du sable, de quelques rochers ensevelis à marée haute et de sable encore humide généreusement garni d'empreintes d'oiseaux et de toutes sortes de pointures. L'iode balayée par le vent remplit les pores de la peau, le massage est au delà de toute tendresse et offre une détente maximale.
Même Raymond Domenech (que nous avons vu en vrai !) y a une maison, tout comme Aimé Jacquet, une sociétaire de la comédie française et quelques notables à la retraite. C'est dire si le lieu est tout aussi paradisiaque que d'autres, bien que peu connu.
Bref, ce week end m'a fait un bien fou. J'avais presque oublié qu'il était si plaisant de bien respirer, de vivre au rythme de la nature et de profiter du calme.
Serais-je devenue un parisienne en voie d'exil ?
Attention, qu'on ne s'y trompe pas, j'adore Paris. Son architecture, son histoire, ses quartiers atypiques qui se suivent mais ne se ressemblent pas et qui, réunis, forment cette grande et belle ville. Ses couleurs, ses musées, ses berges de Seine et ses ponts. J'aime me promener sans but précis et revoir pour la énième fois une statue, un immeuble à la façade audacieuse, une petite rue pavée perdue entre les boulevards où s'engouffrent des milliers de véhicules. J'aime écrire dans ses parcs, me poser sur un banc et regarder le monde vivre sans même se douter que je l'observe. J'aime sa mixité qui frôle parfois l'indécence. Ici où brule la ferveur populaire, là où se montre l'aristocratie bling-bling. Au coin de cette rue où trône, majestueux et intouchable, un hôtel restaurant bardé de moulures et de dorures, tandis qu'ont été étalées non loin quelques couvertures, couches de fortunes pour quelques beuglards pleins de vinasse étoilée et de cruelles désillusions. Quelques pas encore et voici la caresse olfactive d'un marché exotique dont on ne pourra apprécier le plaisir qu'après avoir franchi l'insupportable obstacle qu'est cette grille au sol dont jaillit un fumet d'excréments réchauffés.
Oui, j'aime tout ça. Je suis un peu l'Obelix parisienne, baignée, dès mes premières heures, dans ce jus de vies aromatisé au champagne ou à la bière.
Ce que je ne supporte plus, ce n'est pas cette ville dont je suis depuis longtemps la plus fidèle des compagnes, mais la vie qu'il nous est possible d'y mener. Je suis lasse de ce rythme insensé que je ne parviens plus à suivre, de cette agressivité qui, lentement, sournoisement, a su pervertir ses milliers d'habitants. Mes sinus ne parviennent plus à lutter efficacement contre les attaques permanentes des polluants. Mon corps est endolori par ce drôle de climat citadin qui vous oblige à enchainer les couloirs de vents glacials et l'humidité crasse. Mon portefeuille est devenu anorexique, écoeuré par ce prix à payer, il refuse de se remplir et se vide inlassablement. La promiscuité a eu raison de ma patience, je fuis les bains de foule obligatoires, ceux des transports en commun, des commerces dédiés aux petits budgets, pris d'assaut par une population démunie, frustrée, haineuse, et qui a tellement de bonnes raison de l'être que je n'arrive même pas à leur en vouloir. Alors, je m'enferme dans ce bel appartement, dans une banlieue dynamique mais où il y a tant à faire, condamnée à vivre les fenêtres fermées pour cause de bruits incessants de route nationale, de travaux et d'odeur frélatée.
Pour le grand week end du 1er mai, nous sommes parties en Bretagne dans la maison familiale du clan de Kanou. Et comme toutes les maisons bretonnes s'appellent "Ker" quelque chose, je l'appellerai, le "Ker Kanou".
Le "Ker Kanou" est dans un petit village qui a, malgré une évolution inévitable de la civilisation, gardé toutes ses allures de village breton. Avec sa place de l'Eglise, son unique tabac, sa boulangerie, sa crèperie et ses petits vieux qui se promènent. Le "Ker Kanou" possède un grand jardin, où fleurissent les tulipes et les fraisiers. Où jaillissent sur un parterre de marguerites et de myosotis un cèdre immense et de beaux troènes qui garantissent une intimité déjà si bien préservée. C'est un lieu de villégiature pour les chats du quartier qui viennent y chercher un instant de paisibilité avant de repartir en chasse. On y entend les oiseaux, l'air est pur et chargé d'odeurs douces et agréables.
Le "Ker Kanou" est tout près de la mer. L'eau n'y est jamais bien chaude mais le lieu est un havre de bonheur. Il n'y a jamais "trop" de monde, ici les parasols se tiennent à distance respectable. Des petites cabanes bleues et blanches garnissent le littoral. On y trouve des palmes, des masques et tubas, des parasols envahis par la poussière, des jeux de plage pour les enfants. Les chiens peuvent dégourdir leurs jambes entre les rochers sans craindre de rencontrer la moindre espèce vivante, à part peut-être quelques huitres sauvages, d'intrépides escaladeurs ou de jeunes amoureux venus se cacher là. La marée basse offre le spectacle insolite d'un plongeoir perdu au milieu du sable, de quelques rochers ensevelis à marée haute et de sable encore humide généreusement garni d'empreintes d'oiseaux et de toutes sortes de pointures. L'iode balayée par le vent remplit les pores de la peau, le massage est au delà de toute tendresse et offre une détente maximale.
Même Raymond Domenech (que nous avons vu en vrai !) y a une maison, tout comme Aimé Jacquet, une sociétaire de la comédie française et quelques notables à la retraite. C'est dire si le lieu est tout aussi paradisiaque que d'autres, bien que peu connu.
Bref, ce week end m'a fait un bien fou. J'avais presque oublié qu'il était si plaisant de bien respirer, de vivre au rythme de la nature et de profiter du calme.
Serais-je devenue un parisienne en voie d'exil ?
7 commentaires:
En exil ? Quitterais-tu Paname ? ou serais-tu comme ces clients du magasin qui sont tellement heureux de retrouver l'air pur et leur maison de campagne..mais qui ne peuvent rester plus de quinze jours loin de la capitale? ^^
Comme je te comprends!! Nous n'habitons "que" Lille (pardon...), et déjà je ne supporte plus l'ambiance "ville", je suis à deux doigts de dire "ok" à L qui veut m'emmener dans un petit village de paysans en banlieue lointaine...(oui, fin pas trop loin de Lille quand même...) Alors Paris!! Paris!!!!!!!!! Paris, c'est chouette d'y aller une fois de temps en temps en weekend... mais je crois que jamais au grand jamais je ne serais capable d'y vivre!! Comme toi, j'apprécie de plus en plus les endroits paumés, même si, dans les endroits paumés par ici, il n'y a pas la baraque de Raymond (ben non, puisqu'il est là-bas!!).
Moi qui habite un petit village varois (dans les 10 000 habitants) je peux te dire que parfois, la vie de la ville, ça donne envie.
J'entends par là, qu'il ne se passe pas grand chose autour de chez moi.
Pour ce qui est des concerts par exemple, on a le droit à Fiori, Fabian, RTL Disco Party Tour je-sais-pas-trop-quoi, ou encore Holiday on ice et Cadeloro, autant dire pas grand chose.
Pour ce qui est des pièces de théâtre, faut même pas chercher à en trouver de sympa, y'a rien, sauf des troupes pourries avec trois pelés un tondu...
En clair, passé Lyon, y'a plus rien.
En plus, "on" (Toulon et ses environs) est réputé pour être un "mauvais public", autant dire que les groupes et tout leur staff ne vont pas se battre pour passer faire un concert.
Enfin bref.
Je pourrais parler pendant des heures de mon désarrois face à cette absente de programmation, mais bon, je vais m'abstenir. ^^
Je pense en fait, que le bon compromis serait un village en périphérie d'une grande ville.
Je n'ai jamais vraiment habité de très grande ville mais je suis bien d'accord avec toi et pour ne pas reprendre les paroles de Zeste, j'aime aller à Paris pour m'y balader mais j'espère ne jamais à avoir y habiter un jour! Et puis la nature, l'air pur et le calme me manqueraient trop!
"parisienne en exil" ne sonne pas si mal non?
ciao
J'ajouterais aussi : "un p'tit coin de Paris contre un coin de paradis (breton!)" ;-) ça ne peut que faire du bien!
Moi non plus, J'aime plus Paris...
H --> une petite villégiature sur une île, ça te tente ?? J'suis sûre qu'il y a bouts de terre à vendre près de Terre-Neuve !
Mouhaha. ;-))
Sans déconner... MaB est une vraie parisienne, du moins lorsque je l'ai rencontrée ! Elle habitait dans son "village" de Montmartre, et avait du mal à passer au-delà du périph'. Ouais.
Et puis un jour, elle a pris le RER, et elle s'est installée dans ma banlieue.
Quant à moi, je ne suis pas du tout une parisienne. Le seul truc qui me retient, ce sont les potes, parce que la culture-confiture parisienne me gonfle... je me sens en complet décalage avec tout ce qui se dit "branchouille" : boire des verres dans un bar bondé qui pue la sueur (je ne te parle même pas des boîtes...), voir des expos elles-aussi blindées en se faisant bousculer par des pseudos-amateurs d'art pleins de suffisance, se faire des petits restos hors de prix et où tu as faim lorsque tu ressors, être dévisagée des pieds à la tête parce que tu oses aller à un concert de punk n'roll en jeans, et même pas de converses. Bref.
A Paris, je pense qu'on me prend pour une ringarde... ce qui me sauve, ce sont mes locks. Et encore, quand je ne passe pas pour une droguée-glandeuse.
La vie en province, pourquoi pas, mais en Bretagne, carrément ! Même si je préfère la montagne (la vraie, pas les collines des Monts d'Arrée), parce que j'y suis née.
Allez, un petit foot sur la plage avec Raymond ?
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