mercredi 19 mars 2008

De l'utilisation utile du taser...

D'habitude, je suis plutôt non-violente... je n'ai mis que 2 coups de poings dans ma vie : une fois à un gars vraiment lourd qui voulait me forcer à sortir avec lui (je lui ai clairement refait le portrait... il ne m'a plus jamais parlé, ni même approché... ni lui, ni les gros blaireaux qui lui servaient de camarades au lycée) et une fois après la victoire de la France en Coupe d'Europe de foot sur les Champs Elysées (j'étais avec mes potes, on consommait des substances légèrement illicites, mais je n'ai pas voulu partager avec un p'tit mec tout sec, ce qui m'a valu un fouetté-épaule... j'ai flippé, j'ai tapé... à la grande surprise de mes potes :
- Nan mais ça va pas, t'es une ouf de lui mettre une patate comme ça !!
- C'est lui qui a commencé...
- 'tain, l'batard, on va lui mettre sa race !
- Non, allez, c'est bon, il a compris... cassons-nous avant qu'il appelle ses potes !
Tout ça pour dire que je ne fais jamais usage de la force pour obtenir ce que je veux. Sauf que lorsqu'on est pionne assistante d'éducation en ZEP (Zone d'Education Prioritaire), et bien à défaut de violence, il faut gueuler... et pas qu'un peu. Ou alors user d'accessoires.

Parmi cette catégorie, on peut citer, le degré d'efficacité étant croissant :
- la prise de carnet avec mot à la famille et/ou heure(s) de colle : efficace jusqu'au milieu de la 5è chez les garçons, début 4è chez les filles... après, aucun intérêt, ils ont compris qu'ils pouvaient arracher les pages et/ou signer à la place de leurs parents...
- le sifflet : son niveau sonore brisant un certain nombre de tympans, il est très peu utilisé à partir du collège contrairement aux écoles primaires... allez savoir pourquoi...
- le mégaphone pour annoncer les services de la cantine : ce soutien non négligeable permettrait de conserver sa voix pleine et entière tout au long de l'année... il nous a été refusé par l'intendant qui a décrété que son utilisation témoignerait de notre faiblesse... mouais.
- le fouet : également très peu utilisé (on se demande vraiment pourquoi...) pour dompter les fauves mettre en rang les élèves...
- la barre de fer ou la batte de baseball : pas mal de points positifs dont l'effet de dissuasion, son seul point négatif : ça laisse trop de traces...
- le taser : ultime recours pour faire face aux regroupements d'élèves dans la cour ou dans les couloirs et éviter de se prendre des coups perdus...

Bon... tout ceci pour signaler que la vie d'AE n'est pas de tout repos. Peut-être que je vais demander prochainement un complément de formation... pas dans la gestion des groupes, non. Mais dans la résistance aux gaz lacrymogènes, façon CRS. Oui, vous avez bien lu. Vous ne rêvez pas.
Cette semaine, c'est le grand jeu. Après le petit pont massacreur (dans lequel celui qui se prend un petit pont se fait sauter dessus par l'ensemble des participants), le si tu regardes ma main quand je te dis de regarder tu te prends un steak (ndlr : le steak est une claque derrière la tête), le lancer de 6ème (dans lequel un grand s'amuse à pousser violemment un petit contre d'autres élèves), et bien, depuis quelques jours, certains élèves (comme par hasard, toujours les mêmes...) se sont procurés des "gazeuses" qu'ils s'amusent à vider en classe ou dans la cour... deux attaques ce matin. Je vous laisse imaginer l'état des autres élèves, les yeux gonflés et larmoyants, le visage tuméfié (le serum phy', c'est bien beau, mais pas probant... et vu qu'il n'y a plus de distributeur de sodas, pas moyen de faire des compresses imbibées de cola, le seul remède efficace. Qu'on se le dise !), et la frayeur de toute l'équipe éducative. Après une fouille minutieuse (franchement, c'est pas la joie... je VEUX et EXIGE une formation complémentaire !) des classes, nous n'avons pas trouvé de preuves flagrantes autres que la "dénonciation anonyme" d'autres élèves.

Et là, je me demande jusqu'où tout cela va aller... si demain je me prends un coup de lacrymo, ou je me tape une crise d'asthme carabinée (ça doit faire au moins 15 ans que ça ne m'est plus arrivé... même pendant une manif !), ou je porte plainte. Ou les deux. Faudrait alors que je pense à une nouvelle réorientation professionnelle... après géographe et enseignante, pourquoi pas instructeur ? Au moins, j'aurai le droit de me défendre.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il parait que ça va recruter sévère, au Ministère de l'Intérieur...Avec ta connaissance de la guerilla urbaine, t'as toutes tes chances...

Kanou a dit…

J'y ai bien pensé, mais il faudrait que je coupe mes dreadlocks, et que j'arrête de rigoler après mes "cigarettes"... ;-)

Anonyme a dit…

Propose-leur ton herbe, ça les décoincera.
Ah?
J'ai dit une connerie?
Ok, je sors.

ZeStE a dit…

décidément, tu vis ma vie ou quoi??? J'ai été AE dans un collège zep... je compatis...

Kanou a dit…

Oui...merci... mais bon, je l'ai choisi...j'aurai pu aller dans un coin tranquille, avec des petits merdeux pareil, mais en plus qui te méprisent parce que tu ne gagnes QUE le smic (et encore, tu ne leur dis pas que tu bosses à mi-temps,parce que c'est sûr que 500 €, ça fait un peu miteux !)