vendredi 4 avril 2008

Atavisme ta mer

Arrière petite-fille (et arrière-arrière aussi...) de pêcheur à la morue (non...rien à voir avec mon homosexualité), petite-fille de marin et fille de navigateur de plaisance... la mer fait partie de ma vie : l'atavisme a fait son œuvre.

Alors que je n'étais encore qu'à l'état fœtal, bien au chaud dans le ventre de ma mère, j'ai parcouru les mers du monde ('fin la Manche, l'Atlantique et la Méditerranée, c'est déjà pas mal !!).
Et puis je suis née, mes parents ont continué à me trainer sur des coquilles de noix en pleine tempête, parfois, sur une mer d'huile, souvent.
Un jour, j'ai su nager : j'ai donc eu le droit de monter toute seule sur un dériveur, un Optimist...


J'ai appris à border/choquer ma voile, à loffer au plus près du vent, à empanner, à abattre, à louvoyer, et aussi à faire du rappel, à désaller et à remonter dans le bateau après...
Sur le coup, ça m'a fait moyennement marrer... mais j'ai appris à aimer ça.
A peu près au même moment, mon père s'est enfin décidé à s'acheter son propre bateau...un petit voilier de 6m50. Et nous voilà partis en famille sur les mers durant les 5 semaines de congés payés de mon père... pas de chiottes (juste un seau...pour 4), des bolinos à gogo (spaghetti, brandade de morue et hachis parmentier) et une cabine comprenant une petite couchette double (que je partageais avec ma petite soeur) et 2 couchettes cercueil (rien à voir avec la mort, c'est juste que ces couchettes sont fermées, sauf la tête...).

Un jour, j'ai été trop grande (enfin surtout trop lourde...) pour l'optimist. Je suis passée par plusieurs types de dériveurs, monocoques, multicoques, en simple, en double, pour opter finalement pour le dériveur familial, un 420.

Et le voilier familial a lui aussi été trop petit avec la naissance de mon frère... renouvèlement de la flotte : un Arpège de 9m25, réaménagé pour la course au large.
Je vous laisse imaginer le côté spartiate des vacances : un coin cuisine plus grand que le coin toilettes, coincé entre l'équipet à vestes de quart et les voiles, 1m50 de hauteur sous bareau (on apprend vite fait à chier dans 1m3, ballotée dans tous les sens...), les facilités glauques des ports lors des escales, voire pas de facilités du tout, le cul humide quasi en permanence...
MaB a testé récemment la navigation côtière avec mes parents... elle trouve que les bretons sont masochistes...je ne vois pas pourquoi !

C'est donc tout naturellement que j'ai appris à reconnaitre les phares, les balises et les côtes bordant l'Atlantique et la Manche lors de nos séjours en mer... mais aussi les cailloux, les algues, les coquillages et autres crustacés. J'ai vécu des moments vraiment merveilleux, des couchers de soleil dans la baie de Lampaul (Ouessant), des dauphins qui jouent avec la proue du bateau au large des îles Chausey, des bains de minuit dans de l'eau à presque 15° (oui, c'est frais... et si on reste trop longtemps, on peut devenir bleuté...), la visite des douaniers pour voir si mon père n'était pas un trafiquant de drogues (à l'époque, c'est plutôt moi qui me suis sentie visée, étant donnée la quantité non-négligeable de produits illicites et odorants planquée entre 2 slips humides... mais l'odeur du saucisson de l'apéro a eu raison des papilles du chien-policier !), la lecture des Travailleurs de la mer in situ (sur une plage de Guernesey), des orages secs à marrée basse (imaginez un bateau tout seul posé sur le sable dans le fond d'une petite crique avec des éclairs fendant le ciel d'une nuit étoilée... grandiose et carrément flippant à la fois), voir mon père faire du vélo (il n'en fait QUE sur les îles... je me suis toujours demandée pourquoi !)...
Le seul truc, c'est que je suis malade en mer lorsque je ne barre pas... toutes ces années ont donc été émaillées par des heures de matage de fond de seau (c'était le seul truc qui calmait mes nausées, scotcher sur le fond du seau...) - il était vert... R.I.P. "radar"... il repose aujourd'hui par au moins 300m de fond au beau milieu de la Manche.
Depuis, la recherche médicale a mis au point des produits qui rééquilibrent l'oreille interne sans ensuquer... les patchs de scopolamine (c'est un produit qui est donné initialement pour des malades atteints de Parkinson). Ca a changé mes vacances lorsque j'ai pu en mettre !

C'est peut-être à cause de tout cela que j'ai ce côté masochiste l'esprit d'aventure.

Bon.

Je préfère quand même la terre ferme... le bon vieux plancher des vaches, les montagnes, les sentiers poussiéreux, les cailloux préhistoriques et les longues marches sac au dos.

Mais moi, que vais-je transmettre à nos enfants à venir ?
La mer, la montagne, le camping, la voile ?
Comment transmettre cette culture familiale liée à la mer, en même temps que celle de ma femme, petite-fille de réfugié républicain-juif-espagnol ?

Pour l'instant, juste un rêve qui permettrait d'allier ces 2 tendances, le côté spartiate itinérant et le côté terre-ferme :

quand je serai grande, j'aurai un camping-car !



3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ben comme nous, quoi, entre le côté Normand-maritime de Val et mon côté judéo-cubain...
Vous aurez des mômes qui diront "Maazel Tov" sur le pont d'un bateau tout neuf, et qui vous crieront "Kenavo!"pendant que vous les regarderez s'éloigner vers l'horizon...

ZeStE a dit…

y'a pas de problème: il n'y aura qu'à mettre le camping car sur un bateau!! :-)

Kanou a dit…

L'inconvénient futur du camping-car, ça sera lorsque les gosses seront trop chiants, on ne pourra pas les faire courir derrière... alors que sur un voilier, ya qu'à les attacher dans une annexe, derrière ! ;-)