mardi 29 avril 2008

Lady Marmelade (voulez-vous coucher avec moi ce soir)

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais les gens ne comprennent pas toujours bien le sens des mots. Prenez, par exemple, le besoin et l'envie. Ils se mélangent les pinceaux avec ces deux machins là, le besoin et l'envie. Quand ils ont envie, ils sont tout énervés. Moi non. Si là, je vous disais ce dont j'ai envie, je serais pas du tout stressée. Je serais tout sourire. En revanche, si vous m'affamez, si vous me forcez à écouter du Frédéric François à fond pour me priver de sommeil, là je vais éventuellement vous péter la gueule. Mais, c'est parce que c'est un besoin. Si, si, je vous jure, ils se plantent. Combien de fois ai-je entendu "j'ai envie de faire caca" ? Combien de fois mon esprit a t'il répondu (oui, j'ai jamais osé la faire à haute voix, mon nez est fragile...) "non, tu en as besoin, parce qu'à moins d'être scato, je ne vois pas qui aurait envie de faire un truc pareil !"... Bref, les gens confondent. Mais ce n'est pas ce dont je voulais vous entretenir.

Ma bafouille de ce soir est une sorte de confesse à votre égard. Oui, je n'ai pas toujours été une fille sage. Oui, il y a bien eu un avant Kanou. Avec ma délicieuse amante/épouse, je suis toute dévouée, romantique et je me fais aussi câline qu'un chat persan qui ne voue à son poil doux que la caresse. Mais, retirez à cela toute notion de complicité, tendresse, vie à deux, bref, tout ce qui fait que je suis en couple et il ne vous restera que le persan.

Avant de commencer, je vous prierais de bien vouloir écarter vos enfants de l'écran ou d'en assumer les conséquences et j'autorise également ma femme à ne pas lire ce qui va suivre.

Si vous avez lu ce que j'ai précédemment écrit, vous savez que j'ai quitté la demeure familiale à l'âge de 19 ans. Tout va bien, c'est un bel âge, sauf que je n'avais pas vraiment eu le temps d'anticiper puisque le coup de pied au cul était assez inattendu. Ce n'était pas la fête à Neu Neu tous les jours, mais je voyais pas l'histoire se dérouler comme ça quand même.

Me voilà donc, vers 21 heures, sur mon quai de RER en train de me demander où j'allais bien pouvoir dormir. Un rapide coup d'oeil à mon porte-monnaie me permet juste d'avoir envie de me jeter sous le prochain train. Je me résonne et recouvre soudainement la mémoire. A ceux à qui ça a pu échapper, je n'ai que 19 ans et l'ampleur du choc justifie ce type d'absence momentanée de l'usage du cerveau. J'ai un portable et des amis ! ouf ! Je compose, d'abord en choisissant mes préférés, puis en me rabatant sur les seconds rôles, enfin acceptant les figurants, les que vous choisiriez en dernier, pourvu qu'ils veuillent bien m'accueillir chez eux pour une nuit. Résultat : un forfait d'un mois éclaté en une heure et une folle envie d'aller plonger dans la Seine depuis le pont des Arts. Je me suis dit, je suis pas morte, ils m'ont pas eu. Je fantasme, je suis impecc. Faut le dire vite, j'étais pas aussi en forme que je voulais bien me le faire croire. J'avais la dalle. Alors, je suis allée dans un bar lesbien, à l'époque, Chez Carmen. Et Carmen, elle a même pas voulu écouter mon histoire en entier, elle m'a servi un sandwich et une tarte aux pommes et elle m'a dit "mange, quoiqu'il arrive, mange". Je lui ai dit que le lendemain j'avais cours, que je voulais bien dormir aussi, elle m'a répondu "dormir, tu trouveras toujours, mais surtout mange."
J'ai appliqué. Le moindre centime que j'ai gagné en servant un soir ici ou un soir là, en me cramant le bout des doigts et en me faisant saigner les orteils, je le passais dans la bouffe. Du coup, j'avais point de sous et surtout point de fiche de paye pour prétendre à un toit. Bornée comme j'étais, je voulais aller au moins jusqu'à la licence, je gardais donc la monnaie pour payer mes bouquins et les expos.
J'ai rapidement trouvé une solution à mon problème. Paris regorgeait de lesbiennes mortes de faim, prêtes à tout pour ne pas dormir seules. Il y avait à l'époque deux boites lesbiennes à Paris : le Katmandou et chez Moune. Trois bars : chez Carmen, le sofa et la champsmélé. Bien assez d'endroits pour ne jamais craindre de passer la nuit dehors.

Ce que j'ai fait. Je n'ai passé qu'une nuit sur un banc en un an de galère. Merci mesdames. Et comme dirait JJG :
Ce soir, je veux leur rendre hommage
Ce sera la seconde fois
Qu'elles sachent qu'il m'est dommage
De ne le faire que par la voix.

C'est une combinaison un peu particulière
Que celle de deux qui se rencontrent la nuit
Elle paraît un temps plus légère
Parce qu'elle est enivrée de folie

Bon j'arrête la version poème, parce que c'est plus soft, plus joyeux, c'est vrai, mais c'est pas ça la vérité.

La vérité, c'est :
* Certaines ont un peu peur et vite se dérident, elles ont choisi cette première fois, celle qui n'aura pas de demain. Elles s'offrent inertes, puis elles s'éveillent pour m'offrir cet amour tout frais que jamais je n'oublierais.
* Certaines sont expertes en la matière et n'ont jamais reçu dans leur lit que des plans cul. Elles sont sures d'elles mais elles faiblissent quand j'arrive à leur tenir tête. Je leur dois le fabuleux héritage de garder les yeux ouverts aux bons moments.
* Certaines se badigeonnent de crème pour avoir la peau toute douce. Je glisse, je m'échappe, la prise est difficile. Je finirais par caler mon rythme sur cette curieuse ligne sinusoïdale. Et grâce à elles, je ne me prendrais plus jamais un bourre pif.
* Certaines vivent une double vie. Elles ont homme et enfants, maison et chien, parfois même deux, chiens. Elles préfèreront un trois étoiles à l'hôtel du quartier et me feront monter le petit-déjeuner en chambre avant de repartir. Elle m'apprendront combien l'amour est fragile. Combien il faut en prendre soin et ne jamais se laisser aller.
* Certaines ne sont que feu et braises, mais sont si effrayées qu'elles ne se résoudront jamais à me laisser jouer de mes mains. Elles attendent "la" bonne, celle qui fera battre leur coeur et peindra leur vie. Elles ont raison, mais que leur baiser était doux. Je n'étais pas celle qu'elles attendaient. j'ai appris à attendre.
* Certaines m'ont rendue amoureuse et là, c'est moi qui ai souffert de mon propre jeu. J'ai puisé un peu de leur force, elles en avaient tant.
* Certaines sont des personnes connues, ou reconnues, peu importe. Elles veulent juste s'autoriser un moment anonyme. A plusieurs ou à deux. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse, comme il disait Alfred. Je n'étais que l'arôme. J'en ai gardé l'essence.

Non, je n'ai détaillé aucune nuit, je ne me suis pas embarquée dans un Kama Sutra en bonne et due forme. Maintenant, si vous êtes nombreu(ses)x à le réclamer, je m'y verrai contrainte.

5 commentaires:

ZeStE a dit…

Tout d'abord, merci d'avoir cité du JJG. Je me sens moins seule.
Ensuite, respect, chapeau bas, d'avoir survécu à tout ça, et de prendre ta p*tain de revanche sur le monde: tu peux tous les narguer, maintenant que tu as ta femme, ton job, et bientôt votre bébé.
Et enfin, parce que j'imagine qu'on aura besoin de mon vote pour celles qui désirent ardemment ce kama sutra: oui, nous voulons des détails!! (mais c'est juste pour être solidaire avec les autres qui le réclameront, bien sûr...).

Anonyme a dit…

Bon, l'emmerdeuse elle radote, elle se répète, elle te fait sûrement un peu suer, mais quand même: Tu préviens, quand tu publies, sinon elle te pète la gueule.

MaB a dit…

zeste : ça devait finir par arriver... Un jour, je citerai peut-être même Renaud ;-)
Ta solidarité est toute à ton honneur...

L'Emmerdeuse : oui, je préviendrai... Dis, on devait pas se boire une bière ?

Anonyme a dit…

Quand tu veux pour la bière, vieille branche, mais fichtre, diantre, comment donc te contacter afin de procéder à la planification toute rigoureuse de ce rendez-vous hautement festif?

MaB a dit…

Par l'adresse qui est sur mon profil que diable !!! :-)