vendredi 11 avril 2008

Tout le monde n'a pas eu la chance...

Non.
Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes.

De la naissance à la mort, le Parti rythme la vie des fidèles adhérents camarades.
Pour ne citer qu'eux, voici 5 piliers qui me paraissent fondamentaux (ou qui en tout cas, ont rythmé ma vie).

Le baptême parrainage civil
Dans les premières années de la vie d'un enfant, il est bon de lui donner un parrain et une marraine qui garantiront une éducation saine et républicaine en cas de défaillance des parents.
En théorie.
Dans la pratique, ce sont souvent de bons potes, si possible "hors-parti", question d'équilibre. J'ai été parrainé un jour d'été 81... c'était une première pour la petite mairie du village de ma grand-mère !

L'éveil
Lors des premières sorties du cocon familial, l'enfant doit se familiariser à la vie en communauté, et s'éveiller au goût du partage. Pour cela, il est placé dans des garderies pendant les grandes manifestaitons à la gloire du Parti, en soutien à son organe de presse, j'ai nommé la Fête de l'Humanité. Ces garderies sont tenues par les Femmes en lutte ou la Librairie des Femmes.
C'est assez vague dans mon souvenir... juste des femmes, cheveux mini-vagués et grandes lunettes, me demandant si je veux goûter une galette d'épeautre avec du fromage de chèvre ou chanter avec un tambourin.
Car les mères doivent s'émanciper et vivre leur vie de femme aussi en allant s'arsouiller au ti punch avec les camarades du stand cubain ou au gros rouge avec ceux du stand Bourgogne.
Il convient également de donner aux enfants de saintes saines lectures : Pif Gadget offre matière à réflexion sur le monde.
Et puis évidemment un langage châtié... ce qui m'a vallu 27 ans plus tard les quolibets de la grand-mère de MaB qui trouvait que mon registre de langue n'était pas tellement approprié pour une partie de tarot de fin de repas arrosé...

La formation intellectuelle
Tout au long de sa vie, le jeune est libre de ses décisions. Il est toutefois vivement encouragé lorsqu'il manifeste quelconque désir militant.
J'ai commencé par un syndicat lycéen, j'ai ensuite fait un court passage aux Jeunesses Communistes, puis plus tard, j'ai atterri à l'UNEF et à l'UEC. J'ai fait mes "classes".
Théoriquement, après ça, on peut rejoindre les "grands", ceux du Parti. Et intégrer une cellule... de quartier, de département d'université, de laboratoire, d'usine, de service hospitalier, que sais-je encore... ILS sont partout !
Et puis un bon camarade se doit d'avoir lu un certain nombre d'ouvrages référents : Le Manifeste et Le Capital de Marx, les Thèses d'Avril et L'Etat et la Révolution de Lénine...et l'intégrale de la Revue Esprit.

L'éducation des enfants
Il est préférable de ne pas exposer les enfants aux appels de la société consumériste.
C'est pourquoi j'ai été élevée à coups de Tex Avery (près de 8h d'entregistrements VHS) et de documentaires animaliers (du genre Cousteau...).
J'ai découvert assez tard qu'il y avait des chaînes, avec des émissions, des dessins animés japonais (aaah La Cinq... je t'ai bénnie... j'avais le droit de regarder Princesse Sarah et un petit bout d'Olive et Tom avant d'aller à l'école) et des gens qui parlaient dedans.
Oui, vous pouvez le dire. J'étais assez crédule à 7-8 ans.

Le passage dans l'au-delà
Les camarades n'assistent pas à la cérémonie religieuse. Ils sont au bistrot rade d'en face, ou pas loin, à se rappeler comment ils refaisaient le monde, ensemble.
Et puis, lors d'un dernier hommage, ils posent leur main sur le cercueil, au lieu de la traditionnelle agitation de goupillon (je ne sais pas si on agite un goupillon dans d'autres religions, je n'ai jamais assisté qu'à des cérémonies cathos...).


Voilà.

Disons que mon quotidien a été rythmé par cette culture... jusqu'au début des années 90. Après, mes parents ont commencé à lâcher du lest sur l'éducation de leurs enfants.

Résultat :
- une lesbienne anarcho-syndicaliste,
- une dessinatrice anarcho-teufeuse,
- un bassiste anarcho-punk.

Il parait qu'on a mal tourné...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

mdr vous allez finir en maison de correction !!!!!!

Kanou a dit…

Euh...ben... laissez-nous vivre !!

Le vrai risque, c'est que l'on prenne un jour notre carte... pas à l'ordre du jour pour l'instant !

Anonyme a dit…

Un jour on se prendra un verre et je te parlerai de mes années d'écolière en uniforme à La Havane, avec salut au Che et serment d'allégeance au Parti tous les matins dans la cour.

Kanou a dit…

Et bé... dire que j'ai failli partir à 16 ans 2 mois à Cuba pour aider les planteurs de canne à sucre...mais c'était trop cher pour ma petite bourse !

Audrey a dit…

Bonjour j'ai découvert ce blog par hasard en tapant le nom d'un vieil ami connu à actup dans les années 90 il y a 3 jours. Je ne sais pas pourquoi google m'a emmenée ici, en tout cas depuis que j'y suis, j'y reste. J'ai trouvé drôle de tomber sur le blog d'une AE (comme moi et AVS aussi) en ZEP (comme moi) motivée pour le concours de PE (comme moi mais l'an prochain) lesbienne (comme moi décidemment...) et fille de communistes (hum, bon bin comme moi...). Voilà en général je ne commente pas les blogs de gens que je ne connais pas, mais je me retiens depuis quelques notes jusqu'à ce que je tombe sur celle là...J'ai ri et une pointe de nostalgie de Pif Gadget et des enregistrements VHS en VO de Tex Avery qu'on regardait mon frère et moi pendant des heures entières pour ne pas s'abrutir avec ces dessins animés japonais moches et mal animés dixit Maman...On se tapait des grandes goulées de la 5 pendant leurs réunions de cellule, à leur insu jusqu'à ce que je fredonne le générique de Tom Sawyer dans un moment d'égarement. Mais qui diable avait pu me mettre dans la tête que "C'est l'Amérique le symbole de la liberté"? Je vanne un peu comme ça, mais je n'échangerais pour rien au monde mon enfance de tournées d'huma, de muguet, de fête de l'huma et de stand Pif le Chien.
Juste un petit salut comme ça en passant puisque décidemment certains pans de nos histoires semblent similaires.

Kanou a dit…

Et bien, salut et gloire, camarade !

Bienvenue ici en tout cas !