J'M

Le printemps est revenu.

Avec lui, son lot d'hormones dégoulinantes d'amûûr...
Alors bien sûr, c'est aussi le signe des jupes qui raccourcissent, des décolletés qui plongent, des jolies piétonnes qu'on mâte laisse traverser lorsqu'on est en voiture (non, non, rassurez-vous, je ne vais pas jusqu'à siffler les demoiselles !)...
Et puis, sans vouloir balancer, elles ont lancé les hostilités (là et là ou encore là) en honorant la femme qui partage leur vie d'un superbe billet, débordant d'amour et de reconnaissance... ça faisait vraiment envie.
Ce que n'a pas manqué de noter MaB, vu que depuis peu, elle ne se contente plus de mes écrits bloguesques, et de constater que je n'avais pas encore fait de déclaration à ce sujet à la sphère entière.
J'ai eu beau ce week-end lui faire de bons petits plats (oui, en ce moment, je suis d'humeur testeuse... j'essaie des nouvelles recettes de soupes, de purées et de cakes divers et variés... une vraie tuerie !), rien n'y a fait...j'ai bien senti son petit regard à la fois demandeur et réprobateur. Il est vrai que j'ai beaucoup de mal à exprimer mes sentiments, à plus forte raison à des gens que j'aime.


Nous nous sommes donc rencontrées via un forum (ne cherchez pas, il n'existe plus aujourd'hui !).
Je n'étais pas au top de ma forme mentale : plâtrée (vous verrez que ce petit détail aura toute son importance plus tard) et immobilisée pour 8 semaines à cause d'une bête fracture tibia-péroné, sortant d'un bon vieux largage en bonne et due forme, en 2ème année de thèse sans aucune subvention (je me suis même endettée sur 60 mois... autant vous dire qu'il est IMPERATIF d'avoir mon concours cette année !).
Mais je l'ai repérée dès ses premiers messages grâce à son style déjà inimitable..."tiens, une nana qui écrit plus de 3 mots à la suite sans fautes d'orthographe... en plus elle habite sur Paris et elle a l'air plutôt posée..." Bon. Je n'étais pas vraiment "morte de faim", mais disons que le temps commençait à être un peu long, toute seule. J'avais envie de rencontrer des filles du monde, voir d'autres personnes que mes colocs adorées, célibataires mais hétéros (oui, j'habitais à l'époque avec 2 copines de fac, de l'équipe universitaire de hand, dans un grand pavillon de 150 m²-4 niveaux, jardin, sauna-pour 3 personnes et pas cher... ouais, la chance !) et les quelques potes qui passaient par là.
Je m'étais alors lancée dans une grande découverte d'un certain nombre de lesbiennes célibataires sympas sur la place de Paris. Le procédé était simple : drague ouverte discussion à bâtons rompus sur le tchat, passage sur msn, puis invitation à diner, en tout bien tout honneur en ce qui me concerne (la plupart de mes convives ont dû être bien déçues par l'issue des repas, c'était bien mon drame d'ailleurs... raalala... inhibition quand tu nous tiens !). MaB est tombée dans mes filets de dragueuse amateurE... ses allusions lourdes non dissimulées à travers de multiples QCM me faisaient bien rigoler derrière mon écran, je me suis laissée prendre au jeu... ça avait quelque chose d'assez érotique, même ! Mais j'avais aussi envie de concret... le truc, c'est que j'avais un plâtre (vous voyez, on y revient), et une mobilité plus que limitée, mes seuls déplacements étant réduits à la prise de sang hebdomadaire et aux allers-retours sur les fesses dans l'escalier.
J'ai donc proposé une rencontre, dans un bar, pour le côté rassurant du lieu public (ben oui, autant j'ai pu inviter tout un tas de nanas chez moi, autant j'avais peur d'aller chez les autres, seule), le jour de la quille-du-plâtre.
Evidemment, 8 semaines de plâtre ça laisse des traces... un mollet aussi gros que mon avant-bras, un pelage doux et soyeux et un certain fumet...
Evidemment, les hopitaux ont toujours du retard, même s'ils sont militaires (oui oui... j'ai atterri dans un hôpital militaire après 3 jours de souffrance... je croyais que c'était une grosse entorse... je me suis fait engueuler par ma mère comme si j'avais 15 ans... elle m'y a quasi trainée de force... mais c'était bien).
Du coup, au lieu d'un verre en terrasse, ça s'est transformé en une petite bouffe improvisée chez elle : bien m'en a pris d'accepter !

Et là... pfiou... je ne sais pas si j'ai été seulement attirée par son cerveau ou par son physique, les deux sans doute, mais elle dégageait une sensation d'assurance qui m'a, justement, rassurée !
Ca fait plus de 3 ans que ça dure !
Alors bien sûr, j'ai appris avec le temps que MaB avait aussi ses petites faiblesses... et aussi ses petits défauts (que je pardonne dans leur intégralité ici-même). Comme balancer toutes les miettes de la table par terre pour débarrasser, faire tomber systématiquement la cendre de son petit cigare entre le cendrier et le PC (quand ça n'est pas carrément sur le clavier...), pisser la porte ouverte, laisser trainer ses chaussettes sales au pied du lit, ou mettre une plombe à se réveiller au son sur-saturé de ChanteFrance (90.9 FM pour les franciliennes, sinon ici pour le reste du monde)...

Mais qu'est-ce par rapport à tout le bien être qu'elle m'apporte ?

Des broutilles du quotidien qui n'ont presque aucune conséquence, à part une bonne gueulante de ma part sur le moment (oui, en plus, elle laisse exprimer mes côtés autoritaires, même s'ils ne l'atteignent pas vraiment...ça la rend dingue mon côté "maitresse" !!).
Quand elle ne m'offre pas des poèmes d'Aragon, elle m'en écrit... et en amatrice de poésie, je dois dire que ça m'excite grave met mes sens en éveil.
Quand ce ne sont pas des poèmes transis d'amûûr, elle me laisse lire en avant-première sa prose. J'ai même le droit de faire des commentaires : j'ai a-do-ré, j'aime bien, c'est sympa comme histoire...
Et puis elle me tient tête... et ça n'est pas donné à tout le monde... avec l'âge, je me suis un peu calmée, à son contact aussi, mais je n'aime pas avoir tort, et encore moins la contradiction, surtout quand j'ai raison.
Malgré tout cela, elle est restée auprès de moi, elle a même accepté de se lancer avec moi dans l'aventure de l'homoparentalité... je suis sûre que mon futur côté mère-juivechatte la fait un peu baliser quand même !

J'aime me réveiller la nuit, pouvoir me blottir contre elle et m'enivrer de son odeur...
J'aime l'idée de vieillir à ses côtés, même si ça semble assez hétéropatriarcal comme idéal...
J'aime l'emmener dans des coins perdus pour un coucher de soleil...
J'aime jouer au tarot avec ses grands-parents jusqu'à plus soif, même si ils me font boire pour m'empêcher de compter correctement les atouts...
J'aime lui préparer des petits plats aux mille et unes saveurs...
J'aime la voir se trémousser avec ses copines sur de la musique de merde des tubes des années 80... bon... ça n'arrive pas souvent, vous l'aurez compris...j'ai testé dernièrement la nuit des Follivores au bataclan...et... plus jamais !
J'aime qu'elle vienne, et c'est bien la seule à le faire, me supporter, à toute heure et en tout lieu, lors de mes matchs de hand... je note l'acte de désintéressement complet, étant donné qu'elle n'aura JAMAIS accès aux douches, JAMAIS, tu m'entends ?
J'aime voir son œil friser lorsque j'étale ma culture en ayant l'air de rien je brille dans les salons...
J'aime son regard gourmand lorsque je... oui... non... euh... enfin...

Je l'aime, quoi !