Ce qu'il y a de formidable dans ma profession, n'en doutez pas, c'est vous, mes clients. Ah, mes clients, ma plus longue histoire d'amour, quinze ans de vie commune (et oui, j'ai toujours travailler là où il y avait quelque chose à vendre) et pas un seul accroc, pas une seule engueulade, vous êtes à mon rayon des "beaux souvenirs". Un client, c'est formidable. Ca pense vous endormir en jouant le rôle du gars à qui vous la ferez pas et qui ne se fera jamais, non, jamais avoir, ou alors c'est très con et ça en devient très drôle. Il existe également une espèce en voie de disparition sévèrement menacée par le réchauffement climatique : le client sympa. Celui là, à lui tout seul, il arriverait presque à vous faire oublier les autres, mais non, il peut pas. Alors, je m'en vais de ce pas déverser mon venin avant qu'il ne m'empoisonne en vous présentant quelques dignes représentants des espèces de clients qui, eux, nettement moins incommodés par les caprices du climat, sont en voie de prolifération...
J'appelle le client numéro un :
Bonjour numéro un. Vous, vous êtes un gars prévenant, vous arrivez même à défiscaliser sur le dos de votre arrière grand-mère qui est morte depuis 1964 (la date m'est venue spontanément, j'ai p'tet soif...). Vous seriez maire du 5ème, vous feriez probablement voter les morts. Vous défiscalisez sur tout d'ailleurs : les loyers exorbitants que vous percevez de jeunes étudiants qui n'ont guère le choix, vous ou les ponts, 75% du salaire de la gardienne à qui vous ne donnez jamais rien mais dont vous usez et abusez des services, les honoraires de l'agence. Bref, vous avez l'apanage d'un vrai statut social : vous êtes défiscalisateur. D'ici là que le trésor public vous fasse un chèque, il n'y a qu'un pas. Heureusement, vous louez des studios refaits à neuf, parce que les travaux... hop, on défiscalise !
J'appelle le client numéro deux :
Bonjour numéro deux. Vous, vous êtes le client pratique. A l'image de l'après shampoing, le client deux en un. Je vends mon petit deux pièces pour acheter un trois pièces. Pourquoi ? Mais, madame vient d'étaler la réponse en m'adressant un sourire baveux et niais et en étalant son gros chandail en laine sur sa panse, pour montrer qu'elle est garnie. Chez vous, c'est un musée Ikea, la cuisine, la chambre, la salle de bains. Même les chiottes. Sauf la bibliothèque dans l'entrée, fabriquée sur mesure par un "ami artiste" en fer forgé, que vous laisserez là, parce que ça ne se déménage pas. Parlons en de la bibliothèque : belle collection de Boule et Bill, un dictionnaire (tout n'est peut-être pas perdu) et les Harry Potter en anglais. La classe, j'y arrive pas moi, à les lire en anglais.
J'appelle le client numéro trois :
Bonjour numéro trois. Vous, vous êtes le client bavard. Au premier rendez-vous, je sais que votre épouse préfère la levrette au missionnaire. Et comme vous êtes prolixe, adepte de la logorrhée diarrhéique, vous vous êtes fixé des limites. Un rayon de cinquante mètres où il n'y a que des immeubles anciens, sauf que vous, il vous faut du récent, voire du neuf. Mais les agents immobiliers sont des magiciens, vous ne cessez de le dire, il finira donc bien par sortir de toutes ces petites mains qui s'agitent pour vous, un bel immeuble neuf au beau milieu du carrefour.
- Oui, mais est-ce que ça va pas être un peu bruyant, non parce que moi, je veux du calme.
Oui, j'ai bien compris que vous vouliez, vous m'en inondez presque de votre vouloir.
J'appelle le client numéro 4 :
Bonjour numéro 4 (c'est chiant hein à la longue ? nan mais y a pas de raison, je partage vraiment là). Vous, vous êtes le client ignorant. Vous ne savez pas. Vous ne savez pas combien de sous vous avez, vous ne savez pas ce que vous voulez, vous ne savez pas. On a beau s'acharner, poser un bon milliard de questions, vous ne savez pas. Alors, on vous aide à savoir, on se tape tout le boulot des autres (les banques, la mère, la femme). On calcule le budget, parce que vous êtes tout juste capable de dire combien vous gagnez tous les mois, on affine le projet en montrant des photos pour avoir une petite idée de ce qui pourrait vous plaire et on fait plein de visites, parce que finalement vous êtes attachant, à ne pas savoir. Votre faiblesse est là, prenez garde. Parce que si en face de vous, droit dans les yeux, on vous affirme qu'on sait pour vous, vous sombrez dans le grand n'importe quoi. Un jour, vous me remercierez si toutefois vous arrivez à savoir.
J'appelle le client numéro 5 :
Bonjour numéro 5 . Vous, vous êtes le client rare. Vous avez économisé durement pour acheter votre logement parce que vous en aviez marre d'enrichir le client numéro un. Vous voulez juste un truc à vous. Vous déclinez gentiment votre budget, vos critères qui sont si surprenants de réalisme que ça vous en donne envie de pleurer. Vous êtes si clair, si précis que deux visites suffisent pour vous montrer votre perle à vous. Vous achetez en négociant un peu, pour la forme, mais respectez le marché comme si vous me respectiez. Alors que, le savez-vous client numéro cinq ? Le marché et moi, on est pas copains. Parce que moi, j'aimerais bien que ce soit moins cher et que les gens puissent se loger facilement. Ah oui, vous aussi. Vous m'invitez même à déjeuner le jour de la signature chez le notaire, parce que vous êtes un client rare.
J'appelle le client numéro 6 : (allez c'est le dernier pour cette fois, j'arrête, promis)
Bonjour numéro six. Vous, vous êtes le client pervers. De plus, vous avez un tic fort disgracieux qui parasite la conversation : à chaque fin de phrase, vous vous grattez les couilles. Morpions, manque d'hygiène, trouble obsessionnel compulsif, nul ne connait la véritable raison de votre petite manie. La première fois que vous êtes rentré dans l'agence, vous êtes allé vers la secrétaire, parce qu'elle est grande et blonde et vous avez été bien déçu lorsqu'on vous a conduit vers moi. Vous préférez les blondes à forte poitrine, mais qu'à cela ne tienne la brune a aussi des seins. Vous osez une petite remarque, je serais bien mieux mise en valeur si je me maquillais. Vous appréciez moins ma réaction que votre sortie :
- Vous m'avez bien dit une salle de bains attenante à la chambre pour votre fils ?
J'apprends rapidement, qu'en fait, madame prend les décisions et je ne m'adresse bientôt plus qu'à elle. Vous revenez un jour, pour saluer la secrétaire qui vous ignore et vous dit poliment que je suis déjà en rendez-vous. Elle vous la souhaite bien bonne, la soirée.
Alors à tous ceux qui critiquent sans fondement (quoiqu'un jour je vous ferai les collègues aussi, parce que parfois vous avez bien raison) les agents immobiliers, je veux dire ceci : nous sommes des êtres humains qui doivent chaque jour, au péril de leur salaire composer avec d'autres êtres humains qui veulent notre peau.
J'appelle le client numéro un :
Bonjour numéro un. Vous, vous êtes un gars prévenant, vous arrivez même à défiscaliser sur le dos de votre arrière grand-mère qui est morte depuis 1964 (la date m'est venue spontanément, j'ai p'tet soif...). Vous seriez maire du 5ème, vous feriez probablement voter les morts. Vous défiscalisez sur tout d'ailleurs : les loyers exorbitants que vous percevez de jeunes étudiants qui n'ont guère le choix, vous ou les ponts, 75% du salaire de la gardienne à qui vous ne donnez jamais rien mais dont vous usez et abusez des services, les honoraires de l'agence. Bref, vous avez l'apanage d'un vrai statut social : vous êtes défiscalisateur. D'ici là que le trésor public vous fasse un chèque, il n'y a qu'un pas. Heureusement, vous louez des studios refaits à neuf, parce que les travaux... hop, on défiscalise !
J'appelle le client numéro deux :
Bonjour numéro deux. Vous, vous êtes le client pratique. A l'image de l'après shampoing, le client deux en un. Je vends mon petit deux pièces pour acheter un trois pièces. Pourquoi ? Mais, madame vient d'étaler la réponse en m'adressant un sourire baveux et niais et en étalant son gros chandail en laine sur sa panse, pour montrer qu'elle est garnie. Chez vous, c'est un musée Ikea, la cuisine, la chambre, la salle de bains. Même les chiottes. Sauf la bibliothèque dans l'entrée, fabriquée sur mesure par un "ami artiste" en fer forgé, que vous laisserez là, parce que ça ne se déménage pas. Parlons en de la bibliothèque : belle collection de Boule et Bill, un dictionnaire (tout n'est peut-être pas perdu) et les Harry Potter en anglais. La classe, j'y arrive pas moi, à les lire en anglais.
J'appelle le client numéro trois :
Bonjour numéro trois. Vous, vous êtes le client bavard. Au premier rendez-vous, je sais que votre épouse préfère la levrette au missionnaire. Et comme vous êtes prolixe, adepte de la logorrhée diarrhéique, vous vous êtes fixé des limites. Un rayon de cinquante mètres où il n'y a que des immeubles anciens, sauf que vous, il vous faut du récent, voire du neuf. Mais les agents immobiliers sont des magiciens, vous ne cessez de le dire, il finira donc bien par sortir de toutes ces petites mains qui s'agitent pour vous, un bel immeuble neuf au beau milieu du carrefour.
- Oui, mais est-ce que ça va pas être un peu bruyant, non parce que moi, je veux du calme.
Oui, j'ai bien compris que vous vouliez, vous m'en inondez presque de votre vouloir.
J'appelle le client numéro 4 :
Bonjour numéro 4 (c'est chiant hein à la longue ? nan mais y a pas de raison, je partage vraiment là). Vous, vous êtes le client ignorant. Vous ne savez pas. Vous ne savez pas combien de sous vous avez, vous ne savez pas ce que vous voulez, vous ne savez pas. On a beau s'acharner, poser un bon milliard de questions, vous ne savez pas. Alors, on vous aide à savoir, on se tape tout le boulot des autres (les banques, la mère, la femme). On calcule le budget, parce que vous êtes tout juste capable de dire combien vous gagnez tous les mois, on affine le projet en montrant des photos pour avoir une petite idée de ce qui pourrait vous plaire et on fait plein de visites, parce que finalement vous êtes attachant, à ne pas savoir. Votre faiblesse est là, prenez garde. Parce que si en face de vous, droit dans les yeux, on vous affirme qu'on sait pour vous, vous sombrez dans le grand n'importe quoi. Un jour, vous me remercierez si toutefois vous arrivez à savoir.
J'appelle le client numéro 5 :
Bonjour numéro 5 . Vous, vous êtes le client rare. Vous avez économisé durement pour acheter votre logement parce que vous en aviez marre d'enrichir le client numéro un. Vous voulez juste un truc à vous. Vous déclinez gentiment votre budget, vos critères qui sont si surprenants de réalisme que ça vous en donne envie de pleurer. Vous êtes si clair, si précis que deux visites suffisent pour vous montrer votre perle à vous. Vous achetez en négociant un peu, pour la forme, mais respectez le marché comme si vous me respectiez. Alors que, le savez-vous client numéro cinq ? Le marché et moi, on est pas copains. Parce que moi, j'aimerais bien que ce soit moins cher et que les gens puissent se loger facilement. Ah oui, vous aussi. Vous m'invitez même à déjeuner le jour de la signature chez le notaire, parce que vous êtes un client rare.
J'appelle le client numéro 6 : (allez c'est le dernier pour cette fois, j'arrête, promis)
Bonjour numéro six. Vous, vous êtes le client pervers. De plus, vous avez un tic fort disgracieux qui parasite la conversation : à chaque fin de phrase, vous vous grattez les couilles. Morpions, manque d'hygiène, trouble obsessionnel compulsif, nul ne connait la véritable raison de votre petite manie. La première fois que vous êtes rentré dans l'agence, vous êtes allé vers la secrétaire, parce qu'elle est grande et blonde et vous avez été bien déçu lorsqu'on vous a conduit vers moi. Vous préférez les blondes à forte poitrine, mais qu'à cela ne tienne la brune a aussi des seins. Vous osez une petite remarque, je serais bien mieux mise en valeur si je me maquillais. Vous appréciez moins ma réaction que votre sortie :
- Vous m'avez bien dit une salle de bains attenante à la chambre pour votre fils ?
J'apprends rapidement, qu'en fait, madame prend les décisions et je ne m'adresse bientôt plus qu'à elle. Vous revenez un jour, pour saluer la secrétaire qui vous ignore et vous dit poliment que je suis déjà en rendez-vous. Elle vous la souhaite bien bonne, la soirée.
Alors à tous ceux qui critiquent sans fondement (quoiqu'un jour je vous ferai les collègues aussi, parce que parfois vous avez bien raison) les agents immobiliers, je veux dire ceci : nous sommes des êtres humains qui doivent chaque jour, au péril de leur salaire composer avec d'autres êtres humains qui veulent notre peau.
9 commentaires:
Moi, je suis une cliente n°05, je peux t'appeler ?!?
pas de problème ;-)
oups, m*rde, je suis le numéro 4, je crois... 'fin, je sais pas... ;-)
Joli message!
je te pardonne parce que tu viens de me faire mourir de rire avec ton "... ce sera tout Chantal?". C'est horrrrrrible, j'arrive plus à m'arrêter !!!
Je suis N°4, Val est N°5, et toi tu as intérêt à continuer à bloguer à quatre mains, parce qu'entre Kanou et MaB, on risque l'addiction pathologique.
J'adore.
Voilà.
Ah ben voilà, j'allais le dire, chuis une numéro 5! l'agent immo m'a même envoyé une carte de voeux alors que la vente était conclue depuis plus de 6 mois! Maintenant que je t'ai lue je comprends pourquoi...
L'emmerdeuse : venant de toi, je prends ça comme un compliment ! :-)
Après le "joli message" de Zeste, je ne m'attendais à aucune autre flatterie...
Bon cette bière, c'est pour quand ? ;-)
Val : euh moi aussi j'envoie une carte de voeux à certains clients... certains...
Je me suis rendue compte que j'en avais oublié quelques uns, I'll be back ! :-)
Mdrrrrrrrrrrrr, c'est tellement ça et encore ce n'est qu'un ptit échantillon que nous avons à supporter, car si MAb les a en face d'elle, moi je les ai au tel en 1er lieu et parfois c'est folklorique.
Oui c'est moi l'assistante commerciale qui je regroupe tout ces métiers en même temps : secrétaire, standardiste, psychologue, femme de ménage, serveuse, assistante sociale et défouloir pour patron frustré
bref je suis TOUTES LES FEMMES DE TA VIE, EN MOI REUNIS !
Il y a de quoi devenir cinglé non ??
Zezette-la-blonde aux multiples personnalitées
fais gaffe ma chérie, la schizophrénie te gagne, elle grignote du terrain... :-D
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