dimanche 27 avril 2008

Tout le monde n'a pas eu la chance... d'avoir des parents cons !

Je ne vais pas surenchérir sur la petite pouffiasse à qui j'ai bien envie de refaire le portrait, ma femme vous a déjà tout dit, ou presque, il n'y a rien à écrire de plus à ce sujet. Non, je vais plutôt continuer les présentations.

Vous commencez déjà à me connaitre un peu mieux. Vous savez que j'ai 36 ans, que je vis avec la plus belle femme au monde (ouais, je sais, j'ai du bol), que je suis négociatrice en Immobilier, que je suis petite, que je bois, que je fume, que je fais des trucs cochons sous la couette, qu'en dehors de ça, je ne suis pas sportive, que je suis bordélique, écrivain, que j'ai un beauf et une belle soeur extras, que je pisse la porte ouverte... Ouais, vous en savez pas mal finalement !

Mais je ne vous ai rien dit encore à propos de ma famille à moi. Si tant est que je puisse appeler ça une famille, étant donné l'éclatement géographique (et ça c'est rien) et le fait que la moitié se fasse la gueule pour de sombres raisons. Sordide.

Pour bien comprendre l'histoire, vous devez d'abord savoir que je suis un "accident". Mes parents étaient très jeunes quand je suis née (ma maman avait à peine 18 ans et mon papa, 23). Ils travaillaient dans ce qui était à l'époque une "grande banque nationale", avant qu'elle ne soit privatisée, rachète la 20th Century Fox et ait Bernard Tapie comme client. Cette banque existe toujours, mais aujourd'hui, il paraît qu'elle rend les gens heureux. Comme dirait l'aut' pouff en se tortillant du derrière : "c'est chelou" ! C'est là qu'ils se sont rencontrés. Mon père était un coureur de jupons de première catégorie et ma mère jouait encore à la marelle avec ses copines devant chez ses parents en sortant du boulot. Vous voyez le genre. Bref, il l'a draguée lourdement (je tiens de lui) et a fini par se la faire. Ma mère, qui découvrait le loup pour la première fois en fut tant ravie qu'elle devint nymphomane. Ils ont donc multiplié les 5 à 7, un coup dans le bureau fermé à l'heure de déjeuner, à l'arrière de la 2cv (je ne vous le conseille pas, c'est un peu étroit), dans un hôtel miteux de la rue des Pyrénées et même chez deux des quatre parents, si d'aventure, ils avaient décidé de sortir ou de partir en vacances. Une véritable frénésie sexuelle. Mais, ce qui devait arriver à force de jouer avec le loup, arriva : moi.

Une fois que j'étais là, bien au chaud dans son ventre, il fallait bien se décider à faire quelque chose. Mon père était un Casanova mais pas un enfoiré. Ils se sont donc mariés. Puis, pour des raisons que j'ignore, ils ont commencé à se faire tout un tas de films, comme quoi j'allais être un garçon. Le premier du côté de ma mère (y a que des meufs) et comme mon père était fils unique, la garantie de voir perdurer le nom de famille. Ils ont même acheté un peu de layette de garçon, ont peint la chambre du bébé en bleu, ont réfléchi à des prénoms de petits mecs, tout persuadés qu'ils étaient de voir mon zizi bientôt.
Vous imaginez la suite. Leur déception fut immense, ils sont restés inconsolables pendant sept ans, jusqu'à la naissance tant attendue de mon petit frère (ils en ont chié pour l'avoir quand même).
Il existe encore des traces de leur traumatisme, que ma mère a du montrer des milliers de fois et souvent même à des gens que je ne connaissais pas. Dans l'album de photos familiales, il y en a une de moi, qui date du jour où je suis née et sur laquelle je dors à poings fermés. Ma mère aime bien écrire des commentaires sous les photos, dans ses grands albums. Sous la mienne, elle a écrit "raté, c'est une fille".

Vous comprendrez donc aisément pourquoi la communication n'a pas toujours été des meilleures avec mes parents.

Ajoutez à cela que je n'ai pas choisi de faire mon droit ou des études scientifiques (le jour où je leur ai dit que je m'étais inscrite en Histoire de l'Art, j'ai bien cru qu'ils allaient me faire une syncope), que je suis lesbienne, que je ne suis pas une poupée Barbie, ni un canon de beauté, que je ne lève pas le petit doigt en buvant mon café (en plus je bois même pas de thé, quelle horreur !) et que je ne me dandine pas quand je marche. Il en fallait moins que ça pour qu'ils me foutent à la porte. Ce qu'ils ont fait quand j'ai eu 19 ans.

Aujourd'hui, les choses se sont un peu arrangées, mais parce que j'y ai vraiment mis du mien. Que voulez-vous, je n'y peux rien, je suis comme ça, c'est pas les meilleurs parents du monde mais ce sont les miens, alors je fais avec. Je ressens même une petite pointe de fierté dans l'oeil de mon père parfois. Surtout depuis qu'il sait qu'un de mes livres va probablement être publié.

Je n'ai presque pas connu mes grands parents paternels. Ma grand-mère était très malade et est morte quand j'étais très jeune et comme mon père s'est engueulé avec le sien, je ne l'ai revu que le jour de son enterrement. Pour faire connaissance c'était limite.

Mes grands parents maternels ont eux été mes vrais parents. J'ai vécu avec eux jusqu'à mes six ans, je ne rentrais chez mes parents que le week end. Ce sont deux êtres d'amour. Ils sont juste géniaux. Ils me comprennent, m'ont toujours soutenue, m'aiment et ne m'ont jamais jugée. Mon grand père a fui Franco avec ses parents et a rencontré ma grand-mère quelques années plus tard, d'abord à un enterrement (drôle d'endroit pour une rencontre), puis au camp de Drancy. Bien qu'il n'ait jamais pratiqué, mon grand père est d'origine juive (je ne le suis donc pas, puisqu'on l'est par la mère, raison pour laquelle je ne pratique pas non plus), par sa grand mère je crois et ma grand mère était issue d'une famille de communistes. Mon grand père et son meilleur ami ont réussi à s'évader, il a emmené ma grand mère avec lui. Ils ne se sont plus jamais quittés.

J'ai la chance de toujours les avoir. Kanou et moi allons déjeuner chez eux régulièrement. Ils l'aiment bien, ils sont contents de la savoir à mes côtés. Bon, ils la font picoler pour gagner au tarot, mais elle ne leur en veut pas. Je crois même que ça l'amuse.

Mon frère est un con. C'est raide, mais c'est vrai, il est con. Comme finalement, c'était lui le premier gars de la lignée, il a tout eu. Mais tout. Pas un seul caprice, pas une seule de ses volontés débiles n'a été refusé. Nous vivions dans le 93, dans une ville assez pourrie, mais mes parents avaient la plus belle maison (c'est leur truc ça). Adolescent, mon frère fréquentait quelques gars de la cité du coin avec qui il fumait des pétards et draguait les filles.
Et puis, un jour, il a rencontré ma belle soeur et il s'est dit que ça la foutait mal d'être pote avec des arabes. En fait, c'est surtout parce que ma belle soeur est raciste. Il a coupé les ponts.

Mes parents ont profité du plan social de la banque du lion et sont partis ouvrir leur boîte dans le Sud. Mon frère étant commercial (lui aussi), ils lui ont proposé de venir bosser avec eux. Ma belle soeur a elle été embauchée en tant que secrétaire. Il y a près d'un an, mes parents ont voulu prendre leur retraite. Ils ont offert leur entreprise à mon frangin. Le jour où ma mère a signé les papiers de la cession à un euro avec ma belle soeur (qui elle ressemble à une "Barbie-vulgaire"), cette dernière lui a fait savoir qu'elle ne souhaitait plus jamais la voir. Le contrat de donation prévoyait que mon frère verse un mi-temps à ma mère pour de petits travaux de comptabilité en attendant qu'elle touche sa retraite (reste deux ans), ce qu'ils n'ont bien évidemment pas honoré. Ils n'ont pas payé non plus le loyer pour le local sur lequel mes parents ont encore un crédit. Puis, ils ont trouvé un autre local et les ont plantés. Mes parents sont donc endettés jusqu'au cou et ne voient plus leur petit-fils. Mon frère a eu ce qu'il voulait, il n'a plus besoin d'eux, ils n'existent plus. J'ai bien essayé de le raisonner mais tout ce qu'il a trouvé à me dire, c'est que je devrais être de son côté parce que les parents m'en ont fait baver. Il est con.

J'ai aussi des cousins et des cousines, proches ou éloignés, je les aime bien, leurs parents et leurs enfants aussi, mais je les vois peu. Cela dit, chaque fois que nous nous retrouvons, nous passons un bon moment.

Voilà, là vous en savez encore plus. Et vous avez compris pourquoi ma belle famille est jolie, même si je les égratigne un peu.

Un jour, ma femme et moi, nous aurons des enfants. Je crois que c'est cette famille là que j'attends. La mienne. La notre. Celle de l'amour. Je sais que ce sera bien, parce que je ressens vraiment ça déjà, juste à deux. Elle est ma famille.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Le jour où t'es publiée, j'achète.
Les yeux fermés.
Et sinon, la seule famille qui vaille, crois-moi, c'est celle qu'on se construit, de petit bout en petit morceau.
"On choisit ses copains, mais rarement sa famille"...Ben si, justement, quand les copains deviennent un bout de famille, quand les mômes des copains deviennent les frangins des tiens...

Anonyme a dit…

Je suis entièrement d'accord avec toi. Je vous souhaite de rapidement élargir la petite famille que vous fondez Kanou et toi. Mais je suis bien placée pour savoir que c'est plus facile à dire qu'à faire!

ZeStE a dit…

ouahou... c'est du gratiné, tout ça...
Moi je serai la deuxième à acheter ton bouquin. Peut être même qu'on aura le droit à une petite dédicace?
Bon, sinon, on sait maintenant que tu as tenté l'amoûûûûr dans une 2CV... eh eh! y'a des détails qui n'm'échappent pas...

MaB a dit…

L'emmerdeuse : et oui, on ne choisit pas sa famille, mais je vais me répéter, je fais avec ! Disons tout de même que je suis d'accord avec toi : le meilleur reste à venir...

Poppie : c'est toujours un plaisir de lire ce genre de commentaire... oui, plus facile à dire qu'à faire, mais l'essentiel est de faire, non ?

Zeste : mmmh rien ne t'échappe je vois... arfff peut être un jour j'oserais vous faire une bafouille avec les endroits testés et mes conseils avisés :-)

Et merci aux folles dépensières qui sont prêtes à acheter mes livres sans en avoir lu une ligne... La dédicace sera à la hauteur de votre dévouement :-D

Mylène (MyLzz59) a dit…

Tous mes voeux vous accompagnent, pour vos futurs enfants ;-D

-MyLzz59-

Anonyme a dit…

Ton histoire me rappelle aussi un peu celle d'un cousin. Pour lui, c'était l'inverse, sa mère aurait voulu une fille, qui est venue peu après, et a été bien plus gâtée. Aujourd'hui à 30 ans, il commence tout juste à reprendre pieds au fond de sa vie, et ses parents le soutiennent!...
J'admire ta persévérance à communiquer avec les tiens malgré les différends, et après tout ça : une envie de fonder une nouvelle famille ! C'est chouette.

MaB a dit…

Mylzz : merci mille fois pour ces agréables voeux... :-)

Bulle : pseudo ou vrai prénom ? Non, parce que si c'est ton vrai prénom, j'adore ! Euh, sinon, y a rien d'admirable, au contraire, mais je prends le compliment... C'est toujours sympa ! :-D

Anonyme a dit…

la famille, la famille, LA FAMILLE!!!! de quoi s'arracher jusqu'au dernier tif!!!

MaB a dit…

Et oui Niko mais heureusement que je me suis retenue, je serais probablement chauve !! :-)